• Syriza fait naître un espoir qui dérange

    tsipras_éluLes élections en Grèce ont été l’occasion d’observer le déchaînement de propagande anti-gauche sur certaines chaînes de télévision. BFMTV a occupé les premiers rangs avec ses journalistes-présentateurs et ses chroniqueurs propagandistes. Un festival d’hypocrisie et de manipulation de l’information. Cette chaîne était déjà au premier rang de ce qu’il ne faut pas faire pendant la cavale des frères Kouachi et la prise d’otages dans le supermarché kacher à Paris. Elle s’est encore distingué dimanche avec l’interview de Jean-Luc Mélenchon face à des harpies plus que des journalistes. Et dire que l’on veut faire passer ce porte-parole du Front de gauche pour un caractériel !  N’importe quel autre  homme (ou femme) politique de droite ou socialiste aurait sans aucun doute disjoncté devant l’agressivité et la mauvaise fois d’Apolline de Malherbe, qui n’a fait aucun effort pour cacher son animosité envers Jean-Luc Mélenchon, resté souriant malgré tout. Cette dame tient un discours sous des questions biaisées qui s’apparentent plus à un débat droite-gauche qu’à un entretien journalistique. Nous vous mettons l’interview en ligne pour en juger.

    Sur la même chaîne, nous avons eu droit à Christophe Hondelatte qui a dit (avec la même moue dégoûtée que d’autres sur cette chaîne dès qu’il est question de la gauche) qu’Alexis Tsipras avait milité au parti communiste. Il est allé chercher le deuxième prénom  d’un des fils du leader de Syriza « Ernesto » pour révéler, ou plutôt dénoncer, qu’il s’agissait d’une marque d’admiration pour Ché Guévara. Sans aucun doute, deux tares pour ce présentateur journaleux auquel est venu se joindre un chroniqueur politique de la chaîne, propagandiste patenté du sarkozysme, le haineux Eric  Brunet qui a dénoncé la lâcheté de la Grèce. Nous vous proposons de voir ou revoir le direct pour mesurer toute la perversion de l’animateur et de certains intervenants. Pour Christophe Hondelatte, Alexis Tsipras est un bolchévique le couteau entre les dents. 

    La victoire de Syriza est chargée d’espoir. Malgré des déclarations politiques hypocritement favorables, cet espoir dérange et fait peur à la doxa libérale qui a lancé une charia journalistique contre la gauche dite radicale. Il faut s’attendre à de nouvelles campagnes de presse agressives. L’hypocrisie s’est affichée dans la classe politique. Certains se sont montrés consensuels pour, sans doute, dénoncer ensuite la radicalité de Syriza. D’autres continuent à faire du populisme sur le dos du peuple grec. En France, l’accession de Syriza aux affaires met François Hollande au pied du mur. Vat-t-il, après les félicitations officielles, hurler avec la meute libérale ? Ou bien va-t-il avoir le courage politique d’affronter Angela Merkel aux côtés de Syriza ? Nicolas Sarkozy s’est fendu d’un communiqué verbal pour ne rien dire, tout en faisant l’éloge de Samaras, avant de courir en Allemagne discuter avec la chancelière. On a l’impression que l’ancien Président de la république battu en 2012 et nouveau président UMP profite d’une union républicaine qu’il a déjà pourtant fragilisée, pour inventer une coprésidence avec François Hollande. C’est déjà insupportable et cela risque de durer encore deux ans.

    Ne vous laissez pas manipuler par les chiens de garde du libéralisme, ceux qui dénoncent les Grecs comme de mauvais contribuables en usant d’un amalgame honteux lorsque l’on sait que les mauvais contribuables sont les riches armateurs et le clergé dans ce pays ruiné par l’Euro et la dette publique. On se souvient aussi de Christine Lagarde qui avait incité les Grecs à payer les impôts. Quel cynisme alors qu’elle ne paie pas elle-même d’impôts et de taxes sur les gros revenus de son poste au FMI. Ceux qui dénoncent les mauvais contribuables grecs sont ceux qui râlent le plus contre la fiscalité en France tout en usant de toutes les niches fiscales et, pour certains, en ayant recours à la fraude. Certains commentateurs sont allés jusqu’à expliquer que les Français allaient payer la dette publique grecque… dans un scénario catastrophe. Voici ce que nous avons lu : «  À quelle hauteur est exposée la France? La France a déboursé 9 milliards d'euros dans le cadre du premier plan d'aide et 31 milliards d'euros à travers le FESF, soit un total de 40 milliards d'euros. En cas de défaut de la Grèce, cela ferait autant de recettes budgétaires en moins, soit une ardoise de 615 euros par Français ». (Le Figaro - Fabrice Nodé-Langlois Mis à jour le 26/01/2015 à 09:16 Publié le 23/01/2015 à 19:33). Un calcul irréaliste publié pour faire peur à deux jours des élections grecques. Des propos irresponsables lorsque l’on prend en compte la situation économique et sociale de la Grèce. Même des membres du FMI ont reconnu que l’austérité imposée aux Grecs n’a fait qu’aggraver la situation et la dette publique. La politique d’austérité conduit la Grèce à ne plus pouvoir rembourser une dette devenue insupportable. La seule issue est celle portée par Syriza et même les financiers savent que c’est celle qui leur laisse la possibilité d’un remboursement échelonné, à condition de renégocier les intérêts et d’échelonner les remboursements. Pour cela il faut redonner du pouvoir d’achat aux Grecs, redynamiser le marché intérieur pour produire et créer des emplois. Il faut aussi des reformes structurelles que seul Alexis Tsipras a proposées, créer un cadastre, taxer le clergé qui possède la moitié de l’immobilier grec mais aussi procéder à une réforme fiscale trop favorable aux plus riches. Des commentateurs tentent de substituer à la victoire de Syriza la mise en accusation des contribuables grecs.

    L’express a titré « Syriza est-il possible en France ? ». Bien évidemment Christophe Barbier répond que non. Alors on pourrait lui rétorquer que le Front de gauche est possible si Syriza ne l’est pas. Son discours est porté par d’autres (y compris Appoline de Malherbes) qui ont décrété que le Front de gauche ne dépassera jamais les 10% de suffrages. Ils s’y emploient activement mais la majorité des Français a compris que l’Europe de la Finance s’est faite sans eux, contre leur volonté exprimée dans un référendum transgressé, et que les politiques d’austérité les broient.

    Syriza en Gréce, Podemos en Espagne et le Front de gauche en France vont être la cible d’une guerre médiatique dont on a pu mesurer la violence avant, pendant et après les élections grecques qui, malgré la propagande libérale, a donné une large victoire à Syriza. Il faut rester mobilisés plus que jamais contre les politiques d’austérité et les régressions sociales, au moment ou l’assemblée nationale discute de la scélérate loi Macron, un packaging libéral dont on connaît les perversités. On peut citer le travail du dimanche, par exemple mais aussi un projet moins commenté concernant la vente à la découpe d’immeubles vidés de leurs locataires. Jusqu’à la loi Macron, le locataire avait un délai de trois ans pour quitter son logement. Avec Macron, les locataires en fin de bail seront immédiatement expulsés. Tout cela pour créer soit disant des biens locatifs alors qu’on les supprime par spéculation immobilière et financière, en jetant des locataires à la rue. Voilà le type de projet d’un ministre de l’économie qui est un financier de formation et d’expérience à la Banque Rothschild . Quelle honte pour le parti socialiste !     

    Le pouvoir n’est plus qu’une alternance libérale en France. La propagande diffusée sur la plupart des chaînes de télévision ne garantit plus la diversité des opinions. Le PAF est occupé par des présentateurs, journalistes, chroniqueurs, experts et autres intervenants qui, tout en participant au dénigrement systématique des fonctionnaires, occupent des postes qui sont des rentes de situation. Nous sommes attachés à la liberté d’expression qui malheureusement est monopolisée par la classe dominante. Il reste toutefois possible de créer un observatoire de l’audio-visuel auquel remonteraient les manques habituels de neutralité. Ce serait une sorte de contre-poison aux Think-tanks libéraux et autres observatoires d’idées toutes faites qui envoient leurs pseudo-experts à la télévision sur des chaînes complaisantes.

    La neutralité est le corollaire de l’objectivité. Toutes les personnalités politiques doivent être traitées de la même façon. Cela n’exclue pas les questions gênantes dans la mesure où elles ne sont pas de l’ordre de la propagande partisane avec des jugements de valeur à l’emporte-pièce comme c’est souvent le cas. Lorsque l’on fait un métier journalistique ou médiatique, on a un devoir de vérité, de neutralité qui interdit la désinformation, l’information tronquée, l’omission intentionnelle, la fausse information parfois du niveau de l’Hoax sur le Net, c’est-à-dire, la généralisation d’une propagande agressive utilisée pour manipuler l’auditeur.

    Fucone

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