• Triptyque d'une semaine d'actualité nationale...

    Pendant La semaine dernière,  l’actualité aura été à prédominante nationale avec l’affaire Fiona, les Roms et le travail le dimanche. Trois sujets bien différents mais qui ont un point commun : l’instrumentalisation de l’actualité.

    1°/ Nous sommes d’accord pour dire que la mort de la petite Fiona est une tragédie et que les attitudes de sa mère et de son compagnon ne plaident pas en leur faveur. Pour notre part, nous nous en tiendrons à cette considération et laisseront la justice faire son travail le plus sereinement possible. Par contre, nous dénonçons l’instrumentalisation du martyre d’une enfant lorsque que nous apprenons l’ouverture sur Facebook d’une page "La peine de mort pour la mère et le beau père de la petite Fiona"  qui compte des milliers de fans. Créée le 25 septembre, l’administrateur a dit qu’il souhaite : "Que la sanction soit terrible" en ajoutant  : "Le titre est fait pour avoir un impact lourd mais je sais très bien que la peine de mort n'existe plus en France !(très regrettable croyez-moi)". Une autre page "Peine de mort pour Cécile Bourgeon", agrémenté de l’injure  "Cécile Bourgeon la pute" dans son url, a déjà rassemblé près de 10.000 personnes. On peut y ajouter d’autres pages comme "Pour que Cécile Bourgeon et Berkane Maklouf soient condamnés à mort" et les flots de commentaires haineux qui y sont déversés. Les partisans de la peine de mort n’hésitent pas à jouer les charognards tout en s’apitoyant sur le sort des victimes. Ces pages de Facebook  en sont encore la manifestation nauséabonde. Les réseaux sociaux ne véhiculent pas que des bons sentiments et là nous sommes dans le pire.

    2°/ Quel cynisme déployé dans l’instrumentalisation des nuisances qu’apporte un camp de Roms à quelques riverains et aux larcins commis par quelques individus !  D’abord on réduit les Roms à des nomades vivant de rapines et de mendicité. On se souvient des propos racistes du maire UMP de la Ville de Croix (Nord) : il a déclaré (suite au drame de Nice) « que si un Croisien commettait l’irréparable contre un Rom il le soutiendrait ». Le rapprochement de l’UMP avec le Front National est en marche. Fillon peut s’en réjouir. Rares sont les journalistes qui expliquent que sous l’appellation de « Roms », on veut chasser de France des familles roumaines qui ont fui la misère et la discrimination dont ils sont les victimes dans leur pays. Tous ne sont pas des nomades contents de l’être mais nombreux sont des SDF contraints de l’être. Ils sont 17.000 en France et Paris, compte à elle-seule 20.000 d’autres SDF bien français… Les Français sont-ils d’accord  pour montrer du doigt des pauvres à qui on refuse l’eau, interdit des métiers, à qui on refuse des logements et qu’on jette hors de leurs campements. Sentiraient-ils peut-être trop mauvais ?  Que la droite et l’extrême-droite utilisent les Roms comme les bouc-émissaires de leur politique d’émigration et sécuritaire, ce n’est pas nouveau mais qu’un ministre de l’intérieur d’un gouvernement de gauche déclare que les Roms ne veulent pas s’intégrer et doivent être renvoyés chez eux, c’est nouveau. Voilà une position droitière qui amène ceux qui le croyaient encore à se demander si Hollande, Ayrault et Valls sont toujours à gauche. ( Pour notre part, la question est  réglée depuis plusieurs mesures comme les plus emblématiques que sont l’accord ANI et le crédit d’impôt de 20 milliards aux entrepreneurs).  On oublie que les Roms sont des Roumains et donc des Européens à qui on a réservé un statut spécial en France puisqu’ils n’ont pas le droit d’y travailler contrairement aux ressortissants des autres pays de la communauté européenne.  Ce statut discriminatoire prendra fin bientôt mais on les stigmatise pour accélérer les destructions des camps et les expulser pour faire de la politique-spectacle en vue des prochaines élections municipales. L’Europe a ainsi, en son sein, des pays qui considèrent les Roms comme une sous-catégorie d’Européens, une sous-catégorie humaine. Alors d’aucuns disent que l’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, d’autres tempèrent en ajoutant qu’on peut juste en prendre une partie. On préfère sans aucun doute la libre circulation des marchandises et des capitaux à celle des hommes. On préfère délocaliser les entreprises pour exploiter la misère des salariés dans leurs pays (En Roumanie par exemple) plutôt que de voir ces travailleurs venir chercher des salaires décents en France. Il faut rappeler aux racistes ce que Jean-Luc Mélenchon répète : « Frapper les pauvres c’est le fumigène des lâches ! La France aura honte un jour de ces moments glauques et cruels comme elle a eu honte des pogroms d’italiens et de polonais des années 20, des magrébins des années 60». Les déclarations xénophobes du Ministre de l’intérieur sur les Roms divisent le gouvernement. Mme Cécile Duflot a fustigé son collègue. Il est regrettable qu’elle ait accepté platement d’être tenue à l’écart de la politique en matière d’environnement et d’écologie alors qu’elle représente le parti des Verts. Nous ne l’avons pas entendue sur d’autres sujets sociaux. Cette rodomontade subite et inhabituelle de la ministre de légalité des territoires et du logement (qualifiée jusqu’alors de bon élève du gouvernement) ne fera pas oublier les divergences dans son parti avec ceux qui restent attachés à la politique environnementale et à l’écologie dont les Verts ont été écartés.

    3°/ Pour terminer ce triptyque  de l’actualité nationale, nous avons eu droit à de nombreux reportages sur les interdictions faites à des grandes surfaces du bricolage en ce qui concerne leur ouverture du dimanche. Les média ont voulu démontrer que les mentalités avaient évolué et étaient en décalage avec les partisans du dimanche chômé. Les Français veulent travailler plus y compris le dimanche pour gagner plus. Voilà le slogan de Sarkozy qui refait  surface  dans les grandes surfaces employeurs connus pour des salaires très bas et un turn-over important des CDD. Mêmes les Catholiques seraient d’accord avec le travail du dimanche. L’un d’eux déclarait qu’il pouvait aller à la messe le dimanche matin et faire du shopping dans un centre commercial l’après-midi (Sans doute est-ce le même que la présence d’un Rom demandant la charité dérange. Prie-t-il pour la paix de l’âme de Fiona ou le châtiment des coupables).  En écoutant bien les salariés interrogés, on se rend compte qu’ils veulent travailler le dimanche pour s’en sortir et boucler les fins de mois. Parmi eux, on trouve des étudiants. Parmi eux certains  travaillent pour payer en collocation des loyers exorbitants car les bourses ne suffisent plus à ceux qui n’ont pas de logements sociaux. Ce sont ceux qui ont été donné en exemple. D’autres de familles plus aisées travaillent pour se faire de l’argent de poche pendant que des travailleurs sont au chômage. Ne serait-il pas juste que tous les étudiants aient les moyens d’étudier sans travailler dans un commerce le dimanche ? Ne serait-il pas plus juste que les salariés des commerces de grandes surfaces soient mieux  payés ? Le travail du dimanche est un faux problème qui cache la réalité du monde du travail. Beaucoup travaillent ou veulent travailler le dimanche non par choix mais par nécessité. Le travail le dimanche vient contrer les hausses de salaires dans des commerces qui profitent de l’inflation. Au lieu d’augmenter le SMIG, on les fait travailler le dimanche pour qu’ils aient la possibilité de boucler leurs fins de mois pendant que ceux qui les exploitent augmentent leurs profits. Comme toujours, le chantage au chômage reste l’arme des ultralibéraux de la finance. Les journalistes ne parlent pas souvent des employés en grève de la faim pour sauver leurs emplois et leurs entreprises. Cette actualité ne les intéresse pas et fait tâche sur la propagande en faveur des heures supplémentaires et du travail le dimanche. On a fait du retour de François Hollande à Floranges un succès alors que sa proposition d’y ’implanter un centre de recherche est une tartuferie de plus après la fermeture des hauts fourneaux. On claironne une baisse insignifiante des chômeurs lorsque de nouveaux plans de licenciements se profilent à l’horizon 2014. Et pour enfoncer le clou, On fait la promotion du travail le dimanche pour annoncer in fine un assouplissement de la législation. On crée des ventres mous dans notre société pour s’y enfoncer.

     Au Parti Socialiste, On pratique la politique du « tiède au ventre mou ». Comme le dernier paragraphe parle du dimanche, Jour du Seigneur pour les Catholiques, cela nous rappelle le titre d’un film de Robert Guédiguian « Dieu vomit les tièdes[1] ». Ce titre est inspiré par un verset de la Bible (Apocalypse 3:14-16) : « Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. » La politique tiède du gouvernement et du Chef de l’Etat sera rejetée demain.

    Nous devons rester lucides devant une information qui est de la propagande. Les médias mesurent avec des sondages non pas l’opinion publique mais l’impact de cette propagande. Tout cela montre le mépris des classes dominantes envers le peuple considéré comme manipulable sur tous les sujets d’actualité. Les conteurs de la politique sont  dans les grands médias.  Tous ces story-tellers  nous racontent des histoires qui détournent  la vérité pour  l’instrumentaliser. On nous raconte aussi longuement des histoires sordides de meurtres d’enfants pour détourner notre attention des grands problèmes de société (travail, santé, école… services publics). On nous montre le mal dans l’homme en évitant de parler du mal dans la société.

    Fucone



    [1]  C'est une oeuvre sans nostalgie, lucide, désenchantée, profondément émouvante, qui parle de l'usure du temps, de la fin du rêve, des transformations d'une société durcie par l'indifférence, la cupidité, taraudée par le racisme…

    dieuvomit

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