• Un gouvernement ni gauche ni gauche

    Un gouvernement ni gauche ni gaucheLe gouvernement de campagne a été annoncé avec des appâts électoraux pour faire oublier la personnalité du premier ministre : François Bayrou pour la moralisation de la vie politique, François Nyssen à la culture et Nicolas Hulot pour l'écologie. Nicolas Hulot dans ce gouvernement, c'est un "crève-cœur", nous dit Jean-Luc Mélenchon. L’ancien animateur de l’émission « Ushuaia » avait même lancé des diatribes contre le libéralisme et le capitalisme, déclarations reprises dans un article du journal « L’Humanité ». C’était en octobre 2015. Il avait même jugé plus récemment le programme « L’avenir en commun » comme le plus sérieux et le plus complet pour la cause écologiste.

    Hulot associé à Edouard Philippe, c'est l'association du chou et de la chèvre. On sait que c'est le chou bio qui sera mangé par la chèvre havraise. Edouard Philippe a travaillé au sein d’Areva comme son directeur de communication, Charles Hufnagel. Il est un défenseur du nucléaire et des énergies fossiles. Le Monde diplomatique avait publié un article fin 2016 sur les étranges affaires d’Areva en Afrique en posant la question : « Comment comprendre qu’Areva ait dépensé plusieurs milliards d’euros pour l’achat de trois mines fantômes en Namibie (Trekkopje), en Afrique du Sud (Ryst Kuil) et en Centrafrique (Bakouma), avant de les fermer précipitamment sans en avoir tiré un gramme de minerai ? Quatre milliards d’euros de pertes sèches inscrites dans les comptes de l’entreprise publique, soit l’équivalent de vingt années de budget de l’État centrafricain… » 

    Selon les résultats des législatives, certains ministres ne feront que passer. A noter que Christophe Castaner a obtenu un poste de porte-parole qui correspond à sa seule compétence : la langue de bois. Le renouvellement passe par une étape de politique politicienne avec un dosage savant des ministres et secrétaires d'Etat. Le nouveau porte-parole a été le seul autorisé à s’exprimer devant les journalistes à l’issue du premier conseil des ministres. Malgré un discours lissé, il a commis un énorme lapsus révélateur. Alors que le Premier ministre a claironné que le gouvernement avait été constitué pour durer, Castaner a parlé d’une équipe « expérimentale » au lieu de « expérimentée ». Comment ne pas penser à l’expérience électorale pour obtenir une majorité absolue ?

    Le choix du premier ministre est à la fois stratégique et idéologique. Edouard Philippe est un énarque comme Macron. Il est ultralibéral et a voté contre les lois sur la transparence avant de refuser de donner des informations chiffrées sur son patrimoine immobilier et ses revenus à la Haute autorité qui lui a infligé un blâme. Il va pourtant diriger un gouvernement dans lequel François Bayrou est chargé de proposer un texte sur la moralisation de la vie politique. Notre nouveau premier ministre était un cumulard opposé à la loi sur le non-cumul des mandats. Selon le Canard enchaîné, il cherchait à trouver un emploi dans le privé pour compenser la perte de certains de ses mandats, finalement Macron lui a trouvé la place à Matignon. Il a une réputation de machiste qui ne rassure pas les féministes, car il a voté contre les lois sur l’égalité homme/femme. Il aurait même participé à l’écriture de romans érotico-machistes. On note que Macron avait promis un « ministère plein et entier du droit des femmes » et que l’on trouve dans le gouvernement, en cherchant bien, tout juste un « secrétariat d’Etat à l’Égalité entre les femmes et les hommes », pilotée par Marlène Schiappa. C’est une promesse non tenue et la liste va être longue à l’instar de la campagne électorale de François Hollande à laquelle Macron aurait activement participé.

    Le député-maire du Havre, nommé premier ministre, était un député classé parmi les mauvais élèves de l’assemblée nationale car il aurait fournir un travail parlementaire négligeable. Sur le plan politique, il a participé à la création de l’UMP avec Alain Juppé dont il est resté proche et qu’il a soutenu lors de la Primaire de la droite. Il a ensuite soutenu François Fillon jusqu’à l’annonce des turpitudes de ce dernier. Il s’agit donc d’un juppéiste, ciblé par l’équipe d’Emmanuel Macron en vue des Législatives, pour casser les Républicains et obtenir une majorité faite d’anciens PS, de centristes et de Juppéistes en premier lieu pour attirer aussi des Sarkozystes déçus et des Fillonnistes abandonnés. 

    A Bercy, Bruno Le Maire, homme de droite qui voulait lutter contre "l’assistanat" en privatisant Pôle emploi et en plafonnant toutes les aides sociales à deux tiers du smic. Rue de Grenelle, l’ancienne DRH de Danone et Dassault Systèmes s’occupera du Travail... Tous les sujets économiques et sociaux seront ainsi traités par des ministres de droite ou issus des milieux d'affaires.

    Nous avons même un clin d’œil en direction de « Sens commun » avec Gérald Darmarin, opposant déterminé au mariage gay. Il a été nommé ministre du budget à la droite de Bruno Le Maire.

    Il ne faudrait pas se laisser une fois encore manipuler par une presse qui va encenser ce gouvernement d’ouverture ( à droite toute) et l’intelligence de Macron qui récupère celles et ceux qui n'ont pas réalisé leurs ambitions personnelles dans les clans politiques sclérosés. C'est une marche forcée qu'il veut imposer en se servant du pourrissement d'une classe politique qui est restée trop longtemps entre les mains de quelques uns. C'est avec des frustrés aux dents longues qu'il compte obtenir une majorité à sa botte, en leur distribuant des postes et des sièges éjectables pour celles et ceux qui ne se soumettront pas. Si ce dernier obtient une majorité parlementaire, il gardera Edouard Philippe comme premier ministre et Gérard Collomb à l'Intérieur pour faire face au front social par une répression féroce. Il gardera sans doute aussi Jean-Michel Blanquer. Nous ne prendrons pour exemple que ce directeur de l’ESSEC nommé ministre de l’éducation nationale. L’ESSEC est un groupe d’écoles de commerce tournée vers la mondialisation. Il  forme des cadres et des dirigeants d’entreprises. C’est donc la « culture de l’entreprise » et l’apprentissage qui vont prendre le pas sur la culture générale. Jean-Michel Blanquer n’est même pas véritablement issu de la société civile lorsque l’on regarde son C.V puisqu’il a collaboré plusieurs fois avec les pouvoirs en place (surtout avec la Droite) que ce soit le Ministère de l’éducation nationale ou la présidence de la république. Il aurait même été déjà pressenti comme ministre de l’éducation nationale par Dominique de Villepin qui n’a pas donné suite  à cette candidature. Jean-Michel Blanquer est dans les arcanes du pouvoir depuis plusieurs décennies. Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé sur sa nomination de ce technicien à la tête de l’Education nationale, en disant : ""je déplore qu'ils veuillent gérer l'éducation nationale comme une école de commerce"

    Macron doit penser avoir fait un gros coup en mettant Françoise Nyssen, éditrice actes sud, à la culture. Cette dernière a appelé à voter EM contre MLP au second tour des élections présidentielles dans une lettre ouverte reprise par le président du CNL. L’éditrice écrit « Oui je voterai avec joie et détermination pour EM ». Elle fait  référence à sa propre grand-mère comme un clin d’œil à Emmanuel Macron qui parle souvent de la sienne. Elle cite même Pierre Rabhi. Ce dernier est trop vieux pour s’être vu offert le ministère de l’écologie et c’est Nicolas Hulot qui a été préféré.

    Le gouvernement est en marche vers les Législatives. La presse va apporter sa contribution. On y note aussi quelques remaniements. David Pujadas ne fait plus l’affaire, on lui préfère Anne-Sophie Lapix qui s’était montrée particulièrement perfide avec Jean-Luc Mélenchon. On connaît sa carrière et sa façon souriante de tendre des traquenards aux politiques qu’elle est chargée de déstabiliser. Elle a des permanents à la table de son émission « C. à vous » dont Patrick Cohen qui serait débarqué par France inter… Thomas sotto subit le même sort à Europe 1 et serait remplacé par qui ? Patrick Cohen ! Allez savoir pourquoi ? Ne serait-ce pas les humoristes et chroniqueurs de France inter et de la matinale d’Europe 1 qui seraient indirectement visées ? Emmanuel Macron l'a bien martelé : il veut que le temps médiatique s'adapte au temps politique, et non plus l'inverse. Mais l'influence de la présidence de la République sur le monde journalistique ne concerne pas uniquement l'agenda. L'Élysée entend également choisir quels seront les journalistes qui couvriront à l'avenir l'action présidentielle. Il fait des castings pour tout et se conduit comme un directeur des ressources humaines : il embauche. Et dire qu’il a osé traiter de dictateur un Jean-Luc Mélenchon qui est la cible d’une presse soumise et parmi laquelle Macron va choisir les plus dociles.

    Allez ! Tout le monde devrait se mettre en marche ! Mais est-ce que les électeurs vont emboîter le pas jusqu’à la dernière phase d’une opération sans précédent pour mettre le pouvoir entre les mains d’un président qui n’est ni de gauche ni de gauche. Les Législatives seront l’occasion de limiter ce pouvoir et de ne pas être mis au pas pour une marche forcée vers la régression sociale. Derrière cette propagande outrancière qui est passée de l’extase du couronnement à l’extase de l’habileté politique qui devient la plus grande vertu d’un Président de la république, se profile un autocrate manipulateur et manipulé qui conduira une politique autoritaire pour imposer la casse du code du travail, la précarité, la réduction des prestations sociales, la fiscalisation de la classe moyenne et des petits patrimoines, la culture de l’entreprise dans l’éducation nationale,  le centralisme par la suppression de la taxe d’habitation pour mettre les collectivités locales à la merci financière de l’Etat… etc. Et au-delà de cela, Macron est animée par une idéologie ultralibérale qui remplace la solidarité par l’individualisme avec pour seul espoir chez les jeunes : être un jour milliardaire.  

    Un gouvernement ni gauche ni gaucheRappelons qu’Emmanuel Macron et Edouard Philippe proposent une révolution d’énarchistes membres du groupe Biderberg et de l’autre club d’influence « Le siècle ». Cela en dit long sur les ficelles qu’ils ont dans le dos.

    Lorsque vous mettrez votre prochain bulletin dans l’urne, il ne s’agit pas jouer à « qui veut gagner des millions ? » mais à qui veut vivre dans une société plus juste, donc plus égalitaire et plus fraternelle. La liberté, il faut garder les moyens d’en jouir. Il n’y a plus de liberté lorsque l’on est plus maître de ses moyens d’existence face à la violence économique du capitalisme sauvage. Le libéralisme économique conduit alors à un seul choix offert entre l’asservissement et le chômage.

    Les législatives ne sont plus des élections locales parce que le véritable enjeu est national. Il s’agit d’élire des députés, de donner ou de refuser les pleins pouvoirs à un seul homme, monarque républicain mais aussi marionnette dont on ne peut plus ignorer qui sont ses marionnettistes. Nier l’évidence ne change pas la réalité du cursus d’Emmanuel Macron jusqu’à l’Elysée. En outre, Macron est un poujadiste qui n’apportera rien à la collectivité territoriale de Corse. Ce n’est pas en serrant longuement la main à Paul Giacobbi le jour de son intronisation à l’Elysée qu’il a montré sa connaissance du contexte politique insulaire et sa volonté de moraliser la vie politique. Rappelons que le député radical de gauche qui a viré macroniste est sous le coup d’une condamnation en premier instance ; 3 ans de prison ferme 100.000 € d’amendes et 5 ans d’inéligibilité pour détournements de fonds publics. Lorsque l’on regarde la liste des postulants insulaires soutenus par « La république en marche », on ne peut pas parler de renouvellement et la plupart sont plus ou moins liés au clan Giacobbi.

    Le renouvellement, vous le constaterez chez « La Corse insoumise » qui présente des candidats nouveaux issus réellement de la société civile. A Ajaccio, dans la 2ème circonscription, c’est même Dylan, 18 ans, qui sera la plus jeune candidat de France.


    Législatives – Fracture ouverte entre La France insoumise et le parti communiste

    Entre le piège de l’ultralibéralisme accompagné par la régression sociale et le Front national, il existe un espoir : l’insoumission. A ce gouvernement ni gauche ni gauche, il faut opposer une forte opposition de gauche et, pour le contrer, une majorité parlementaire de cohabitation qui gouvernera en appliquant le programme « l’avenir en commun ».  La meilleure façon de ne pas se faire manipuler est d’aller à contre courant de la propagande ultralibérale orchestrée par les grands patrons de la presse. Ils ont cassé le parti socialiste parce que ses dirigeants étaient complices. Ils veulent casser la Droite pour la remplacer. Ils ne tueront pas la gauche du progrès social et de la juste distribution des richesses.

    Battone

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