• Vivre dignement

    VIVRE DIGNEMENt

    Philippe Ollandini

    Parmi les grandes thématiques de campagne, le maintien et la progression du pouvoir d’achat (ou, mieux, du pouvoir de vivre dignement) apparaît clairement comme le thème central tant dans la tête des citoyen-ne-s que dans les propositions des candidats aux élections législatives. Cela n’a rien d’étonnant compte tenu du fait que cette préoccupation est celle du quotidien et plus particulièrement de celui des classes populaires, urbaines ou rurales.

    En effet, le pouvoir d’achat, concrètement, est assimilable à l’ensemble des revenus permettant aux ménages de faire face à leurs dépenses de base (obligatoires et nécessaires) : se loger, se chauffer, se nourrir, se rendre au travail… et aux dépenses qui rendent la vie plus douce : s’instruire, se soigner, se divertir, échanger et partager… et tout cela dans de bonnes conditions. Et ces revenus recouvrent tout à la fois les revenus d’activité (dont le salaire, l’allocation chômage et les primes), les pensions de retraites, les prestations sociales, mais aussi ceux provenant de la rente.

    La question du pouvoir d’achat est ainsi sensible en Corse, sans doute un peu plus que sur le continent parce que, d’une part, les revenus y sont globalement plus faibles et que, d’autre part, certaines dépenses y sont plus élevées (soit en volume, soit en prix, voire les deux comme le carburant). En effet, les dépenses liées au logement (que ce soit sous forme de loyers ou d’annuités de remboursement de prêt, d’assurances, mais aussi dans une moindre mesure de chauffage et de charges), mais aussi, et surtout, celles liées aux déplacements sont un poste très élevé dans le budget d’un ménage corse quelle que soit la région. Les données de l’INSEE recueillie indiquent en outre que celles-ci s’accroissent pour les ménages les plus pauvres et que les ménages résidants dans les zones rurales et périphériques des deux grandes agglomérations sont plus impactés que ceux des zones urbaines. Dans le premier cas, les dépenses d’énergie (et donc celles de carburant) sont sensiblement plus élevées que dans le second où le coût lié strictement au logement est en revanche plus élevé. Par ailleurs, l’impact de ce deux postes sur le revenu global se répercute sur celui lié à l’alimentation, conduisant inexorablement à réduire ce poste (abandon des petits commerces pour les GSM et des produits AB pour les produits bon marché) sans oublier ceux considérés comme non obligatoires. Dès lors, l’inflation actuelle (essentiellement spéculative) sur l’énergie et la spéculation déjà ancienne sur le foncier et le bâti et la faiblesse du parc locatif public vont alourdir très vite ces postes de dépense.

    Il faut donc intervenir de manière efficace et très vite.

    Mais que peut donc faire un gouvernement pour maintenir le pouvoir d’achat ? Plusieurs leviers sont actionnables, seuls ou coordonnés :

    1. agir directement sur la dépense : bloquer (par décret) les prix et les loyers (temporairement selon la loi), diminuer ou supprimer (par la loi) la fiscalité directe ou indirecte sur certains produits (TVA, taxes, redevances…), fixer (par la loi) des taux de marge maximum aux GMS sur certains produits (les produits AB, notamment) ;
    2. agir directement sur la ressources financières des ménages : augmentation (par décret) du SMIC et de l’indice des fonctionnaires, incitation à l’ouverture de négociations salariales, augmentation (par décret) des minima sociaux, diminuer (par la loi) la fiscalité directe (par la réduction des taux sur les premières tranches incluant la CSG) ;
    3. agir indirectement sur la dépense : en incitant à la construction de nouveaux logements économiquement accessibles, en développant les circuits courts et l’accès gratuit aux services publics (en créant ou renforçant les régies ou des pôles publics de l’énergie, de l’eau, des transports, du crédit, du logement, du foncier, par exemple).

    Le programme de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (NUPES) reprend l’essentiel de ces mesures. Il faut donc s’appuyer sur cette réalité : en étant élu député et en intégrant l’un des groupes de la NUPES, les engagements pris par Dylan Champeau et Catherine Laurenti devant les électrices et électeurs se concrétiseront au travers des mesures que la nouvelle majorité populaire s’engage d’ores et déjà à voter dès cet été et il lui sera possible de présenter des amendements, spécifiques à la Corse, susceptibles d’être retenus plus sûrement que ceux pouvant être déposer par un autre élu dans l’opposition.

    *Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne.

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