-
Zéro est arrivé à Buckingham!
Quelle Europe pour demain ? En France, la campagne de presse sur le Smic jeune au rabais et le travail le dimanche s’inscrit dans le dumping social qui prend de l’ampleur… «Contrat zéro heure» au Royaume-Uni, «mini-job» en Allemagne, «contrat intermittent» en Italie, travail temporaire très développé en Espagne ou au Portugal.
En matière d’inventivité pour aller vers un nouvel esclavage, l’Angleterre mérite pleinement son titre de « Perfide Albion ». Outre Manche, selon un sondage réalisé par le Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD), ils seraient plus d'un million à être employés dans le cadre de ce «contrat zéro heure» qui ne garantit ni temps de travail ni salaire minimum, et le salarié peut être prévenu la veille de sa journée de travail du lendemain. Il doit être disponible et n’est payé que lorsqu’on lui donne du travail. Selon le journal The Guardian, McDonald’s, Subway, la Tate Gallery, la chaîne de magasins Sports Direct, Ryanair et même Buckingham Palace ont recours à ce contrat esclavagiste. L’Europe est-elle comme le zéro, qui, sans avoir de valeurs en soi, en ajoute à toutes choses ?
Jusqu’où ira le patronat européen pour mettre en harmonie les législations nationales du travail ? Selon l’évolution de cette Europe de la Finance et des lobbies, on sait que, au nom de la compétitivité, la variable choisie est le coût du travail. Alors en France, les gouvernements libéraux agissent par des campagnes de propagande économique et par petites touches. Aujourd’hui c’est le Smic Jeune. Des entreprises licencient et remplacent des CDI par de l’intérim. A quand le « contrat zéro heure » ? A quand le remboursement « Zéro » de la plupart des médicaments avant d’en arriver à des assurances maladie privées ? A quand le gel définitif des retraites prises à 70 ans ? L’Europe va-t-elle devenir ce que sont aujourd’hui les Etats-Unis, une société divisée en deux : les très riches et les précaires ?
Nous entrons dans la campagne des Européennes. Le choix à faire n’est pas réduit entre un libéralisme durablement installé ou le repli ultra-national proposé par l’extrême-droite fascisante. Il existe une alternative possible à gauche, si les ouvriers et les classes moyennes ne veulent pas se voir imposer la précarité et au bout la misère pour que quelques uns prospèrent chaque jour davantage.
Dans un poème de Lanza del Vasto, chantre de la non-violence active qui a rejoint Gandhi, un passage donne à penser : « Qui se calfeutre et n’aime pas le vent, N’aura pas l’aventure et n’aura pas l’espace, Ni les pleurs du départ, ni son destin devant, Celui-là passe et ne sait pas qu’il passe… »
Faire l’autruche face à ce qui suscita la révolte des Anciens, c’est se livrer pieds et poings liés à ceux qui exploitent l’humanité jusqu’à provoquer des guerres pour vendre des armes. Déserter les urnes alors que le sort du plus grand nombre se joue dans la construction d’une Europe faite pour les puissances de l’Argent, c’est déserter sans avoir combattu. La révolte des urnes est une révolte non-violente et elle peut encore changer le cours des événements orchestrés à Bruxelles, avant de faire du Monde un champ de batailles avec ses guerres civiles.
Une alternative est encore possible avec le Front de gauche et tous les partisans d’une Europe des peuples non soumis au diktat de la Troïka avec ses professionnels de la politique, ses technocrates et ses lobbies. La lutte sociale est comme un ressort et un jour il se détend pour revenir à sa longueur initiale. Il faut alors repartir de zéro. Tout est une question de tension et la pression se fait de plus en plus forte sur tous les acquis sociaux. Zéro, ce n’est pas au contrat de travail qu’il faut le mettre mais c’est la note de cette Europe qui se construit sans nous. Il est grandement temps de réagir sans attendre que le ressort social ne casse et que tous les salariés soient catégorie zéro, réduits au néant social… zéro revenu assuré, zéro congé payé, zéro arrêt maladie, zéro retraite… etc.
U Barbutu
Tags : Europe, contrat zéro, contrat, zéro, élections, européennes, Smic jeune, social, gauche
-
Commentaires