• Le pas de trop voulu par Hollande et Valls  

    Le pas de trop voulu par Hollande et Valls  Hollande et Valls, en ayant recours à l’article 49.3 qu’ils fustigeaient jadis, ne font qu’aller jusqu’au bout d’un jeu politique pervers basé sur leur analyse des forces politiques qui se partagent le pouvoir. Ils savent qu’une motion de censure ne peut être votée sans la Droite qui avait approuvé la première mouture de la loi Travail dite El Khomri, du nom de la ministre du travail nommée pour porter le projet. Ils ont fait un pas de trop prémédité.

    Hollande et Valls ont mené une politique d’alternance libérale. Ils ont discrédité la gauche en poursuivant une politique de Droite. En marchant sur les platebandes libérales des Républicains et des centristes, ils les ont complètement décomplexés et leur arrogance n’en est que plus grande. C’est la radicalisation de cette droite menacée par la montée de l’extrême-droite que Hollande et Valls exploitent maintenant. C’est le bon moment car les candidats aux Primaires de la Droite ont dévoilé leurs programmes. Lorsqu’on passe en revue leurs propositions similaires, c’est un programme commun ultralibéral qui s’inscrira dans le fil de la loi El Khomri en l’aggravant. Les électeurs seront une fois encore placés dans le choix entre le pire et le moins pire.

    Le pas de trop voulu par Hollande et Valls  Les arguments pour empêcher les députés de gauche de voter la motion de censure de la droite sont les préliminaires de l’argumentation de Hollande et du gouvernement en vue des prochaines élections présidentielles. La Droite assume ouvertement la politique antisociale qu’elle prépare et, en le dénonçant, les socialistes légitimistes pensent se situer toujours à gauche auprès de l’électorat de gauche. On n’en croit pas ses oreilles, lorsque l’on entend Myriam El Khomri dire à la presse que les députés qui voteront la motion de censure de la Droite seront considérés comme étant de Droite, alors que son collègue Emmanuel Macron s’est mis en marche avec le crédo « ni droite ni gauche ». De son côté, le président du groupe socialiste Didier Guillaume (celui qui compte les voix partisanes) a dit qu’il n’y avait pas de motion de droite et de motion de gauche devant le menace de cette dernière. Pour lui, une motion est déposée pour faire tomber le gouvernement. Il faudrait que ces gens-là accordent leurs violons car leurs argumentations sont cacophoniques.  Etre à gauche, c’est être au parti socialiste. Etre socialiste, c’est renier le socialisme devenu trop archaïque. Etre de gauche, c’est avoir un discours moderniste pour une politique réactionnaire. Etre progressiste, c’est accepter la précarité au nom de la croissance économique.

    François Hollande, plutôt que de respecter sa promesse de changement, a fait le choix de l’alternance libérale. Il a ouvert des brèches dans les acquis sociaux et, avec la loi Travail, il transforme le Code du travail en simple manuel de déontologie. Chaque patron pourra imposer de nouvelles normes. Avec les nouvelles conditions des licenciements économiques, le patronat tiendra le manche pour pratiquer le chantage au chômage. Nul ne doute que la Droite ira plus loin mais à qui la faute ?

    Aujourd’hui, on peut lire dans la presse que des frondeurs ne signeront pas la motion de censure de la droite, en reprenant l’argumentation des légitimistes qui leur ont mis le pistolet sur la tempe. Ils ne veulent pas s’associer au « plus pire » et sont prêts à capituler devant le pire. L’article 49.3 leur permet de sortir de la crise interne sans approuver la loi El Khomri. Ils pourront en faire état devant leurs électeurs. Benoît Hamon et Christian Paul ont déjà écarté la possibilité de voter jeudi une motion de censure déposée par la droite.

    Sur France 2, Benoit Hamon a déclaré : « La motion de censure de la droite, il faut imaginer que vous avez beau être en désaccord avec Manuel Valls, préférer à Manuel Valls Nicolas Sarkozy qui propose de supprimer 600.000 ou 300.000 fonctionnaires tous les cinq ans, cela dépend des candidats de droite, de supprimer l'ISF, de porter la retraite à 65 ans, c'est un peu compliqué de préférer ce projet-là à celui du gouvernement ». Sur Europe A, son collègue Christian Paul est allé dans le même sens : « Quand je regarde les programmes de la droite, d'Alain Juppé ou de François Fillon, notamment en matière de droit du travail ou de réduction de la fonction publique, je n'ai pas très envie, je n'ai même pas envie du tout, au fond, de joindre ma voix à (celles) de députés qui veulent supprimer des centaines de milliers d'agents publics, qui veulent profiter de la brèche que constitue la loi El Khomri pour faire davantage s'ils viennent aux responsabilités … Il y a un moment où l'arithmétique fait loi. Il n'y a pas, me semble-t-il, 289 députés qui soient prêts à voter ensemble ». Pourtant il ne manque que les voix des frondeurs pour y arriver, soit 35 à 40 voix. Elles ont fait défaut lors des précédentes utilisations de l’article 49.3 notamment pour le vote de la loi Macron.

    Une motion de gauche jointe à la motion de droite renverserait le gouvernement. Une motion de gauche sortirait du dilemme les frondeurs qui ne signeront pas celle de la Droite. Nous doutons de la volonté de tous les frondeurs qui n’ont jamais montré beaucoup de détermination. Il faut bien que quelques députés socialistes maintiennent une sensibilité de gauche pour rassurer l’électorat. Cependant, une trentaine de personnes se sont réunies ce mercredi matin, dont Benoît Hamon, Aurélie Filippetti, Yann Galut (courant La Fabrique au sein du PS), et encore Jean-Luc Laurent (MRC). Il n'y avait pas d'aubrystes en revanche. Laurent Baumel a estimé "possible" de "réunir les 58 signatures" nécessaires pour aboutir au dépôt d'une motion de censure. Pour atteindre ce minimum requis de 58 députés, il aurait fallu qu'une bonne trentaine de PS s'ajoutent aux dix Front de gauche, aux sept à dix écologistes (dont Cécile Duflot et Noël Mamère) et à quelques autres (deux MRC apparentés PS et deux ex-PS) prêts à voter une motion "de gauche" contre le gouvernement. Le délai de dépôt vient d’être clôturé à 16 Heures 35. Il manquait  2 voix. Les Aubrystes ont fait défaut. Il n’y aura pas de motion de censure de gauche. C’était couru. L’opération  politicienne a réussi mais ne tient pas compte du mécontentement populaire. Un président élu sur le mensonge applique, à coups de 49.3,  le programme d’un Manuel Valls qui était bon dernier aux primaires socialistes avec 5% des voix.

    Une anecdote révélée par BFMTV semble significative de l’omerta qui règne au sein du parti socialiste. Le 10 mai derbnier, après 22 heures, BFM TV consacrait un débat à la Loi Travail et à la question "un accord impossible?". Pour débattre, la chaîne d'info avait invité Olivier Falorni, député divers gauche de Charente-Maritime, et Elliot Lepers, initiateur de la pétition "Loi travail, non merci!". Mais la présence de ces derniers semble avoir agacé l'entourage de Manuel Valls. En pleine émission, en direct, le journaliste a reçu un SMS du cabinet du Premier Ministre demandant pourquoi BFM TV n'avait pas invité en plateau des personnes soutenant le texte. Le présentateur a répondu en direct : « Je vais vous expliquer les choses très clairement, personne n'a souhaité venir défendre ce texte. Beaucoup ont été sollicités, mais personne n'a souhaité le faire ». Si les députés socialistes manquent de courage pour s’opposer à la rue Solférino où Jean-Christophe Cambadélis est gardien du temple, seule la garde prétorienne de François Hollande vole au secours de Manuel Valls, empêtré dans loi Travail.

    Didier Guillaume, président du groupe socialiste au Parlement, l’a imprudemment dit : « Une motion de censure est déposée pour faire tomber le gouvernement ». Il a précisé qu’elle n’est ni de droite ni de gauche. Voilà une bonne raison de la voter d’où qu’elle vienne. Ce n’est pas sa motivation exprimée qui compte, c’est son objectif qui est clair : retrait de la loi Travail et démission de Manuel Valls avec, dans ses valises, tout son gouvernement. Quant à François Hollande, son compte sera réglé en 2017.

    Si cette loi antisociale passe sans vote, par le coup de force que constitue l’article 49.3, le calcul politicien de Hollande et de Valls peut s’avérer destructeur d’une gauche qu’ils ont trahie. Les députés socialistes qui ont défendu et défendent encore ce texte de loi en porteront la lourde responsabilité. Comme ils porteront la responsabilité du retour d’une droite encore plus dure à laquelle ils auront fait le nid. Hollande et Valls, en usant de l’article 49.3, justifient l’autoritarisme et, en réprimant les manifestations comme ils le font, nous préparent à une dictature. Ils ont mené un travail de sape du syndicalisme de lutte ( avec le concours des dirigeants de la CFDT)  en même temps que des acquis sociaux.

    Seule une véritable alternative pourrait sortir la Gauche du piège dans lequel elle a été placée. Cette alternative doit s’amorcer par le renversement du gouvernement Valls. Ensuite, François Hollande devrait quitter l’Elysée sans briguer un nouveau mandat. La Gauche devrait se reconstruire autour de celles et ceux qui n’ont pas trahi ses valeurs. Il s’agit de faire d’abord un travail d’information sur tous les fronts pour contrer la propagande de la grande presse tombée aux mains du patronat. Les Nuits Debout contribuent à cette information et, à ce titre, devraient être soutenues. Des mouvements, comme Manca alternativa en Corse, se sont constitués en marge des partis en place. Nous invitons chacune et chacun à aller à leur rencontre pour reconstruire la Gauche sur ses valeurs humanistes.

    Il s’agit d’adapter l’entreprise à l’homme et non pas, comme l’ont fait Hollande et Sarkozy, d’adapter l’homme à l’entreprise. Il n’aura pas échappé à certains que la loi Travail est arrivée à l’Assemblée nationale, alors que le 10 mai 2001 est la date de l'adoption de la loi Taubira "reconnaissant la traite négrière transatlantique et l'esclavage".  Le 10 mai est la journée commémorative de l'abolition de l'esclavage en métropole. Cela a dû échapper à François Hollande, Manuel Valls et Jean-Christophe Cambadélis qui ont célébré hier cette journée en ayant recours à l’article 49.3 pour imposer une loi qui casse le code du travail. Bravo pour le symbole !

     

    U Barbutu

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 11 Mai 2016 à 21:22

    Pour Jean-Luc Mélenchon, il est possible d'atteindre le nombre de votes nécessaire à la seule motion de censure déposée (celle de la Droite). Il le démontre ci-dessous mathématiquement. Malheureusement derrière les chiffres, il y a les frondeurs. Certains ont déjà annoncé qu'ils ne la voteraient pas. Ils vont considérer que leur démarche s'arrête au projet avorté de la motion des Gauches et que leur honneur est sauf. Ils vont ainsi éviter l'exclusion et l'absence d'investiture aux prochaines élections législatives, tout en étant la caution de gauche d'un parti socialiste muselé par Hollande, Valls et Cambadèlis. Voici l'article optimiste de Jean-Luc Mélenchon:
    http://melenchon.fr/2016/05/11/loi-el-khomri-valls-pas-encore-gagne/

     

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