• dallas_lepenLe père, la fille et l’héritage FN

    « Tuer le père » est le titre d’une  nouvelle écrite par Amélie Nothomb, écrivaine à succès, sur les rapports familiaux et extra-familiaux. Ce récit oedipien n’a aucun rapport avec la famille Le Pen, si ce n’est le titre qui symboliquement illustre la dernière péripétie des divergences idéologiques affichées par Marine  après les incartades du patriarche dont les idées fascistes remontent à la surface dans des crises de sénilité politique. Pour lui, les fours crématoires sont toujours des détails de l’histoire de la dernière guerre mondiale, l’occupation allemande était plutôt cool, Pétain un grand homme injustement condamné et les Pétainistes d’aujourd’hui de braves patriotes. Voilà de quoi contrecarrer la dédiabolisation du Front national et les discours rassurants d’un Philippot accusé par le vieux gardien du Temple frontiste de Chevènementisme rampant.

    Jean-Marie Le Pen, comme il l’avait déjà fait dans le passé, se répand dans le journal fasciste « Rivarol » et annonce son intention de se représenter à 87 ans aux élections régionales en région Paca. Marine est montée d’un cran plus haut comme une marée d’équinoxe pour submerger les propos de son père qu’elle interdit de candidature FN aux prochaines élections.

    Jean-Marie le Pen est-il aussi allé trop loin en s’affirmant sans complexe et faux-semblant, de droite en opposition au vernis social de sa fille et de son équipe de communicants ? Le père veut tuer la stratégie de la fille et la fille est contrainte de tuer le père. Ils nous servent une tragédie grecque, une dramaturgie entre infanticide et parricide politiciens sur fond de jalousie et de trahison.

    Le vieux fasciste ne pourrait accepter d’être éclipsé par sa fille qui n’a pas attendu sa mort pour le déposséder de l’action politique et le ranger au musée frontiste. Marine a poursuivi la dédiabolisation tout en apprivoisant les nazillons, fascistes et gros bras qui répandent des propos nauséabonds sur les réseaux sociaux, tout en restant en embuscade, à la lisière du FN. Marine pratique la politique de la benne à ordures qui récupère toutes les frustrations, toutes les outrances et toutes les protestations parfois légitimes pour les recycler en emballage de programme électoral. Elle doit faire face à la frustration et les outrances de son géniteur et mentor politique qui vient de se torcher le c… avec cet emballage. Il a commenté par cette phrase : « On n’est trahi que par les siens ». 

    Derrière cette nouvelle  droite  national-populiste incarnée par Marine Le Pen, il y a la réalité d’une idéologie passéiste « national-socialiste allemande »  dont le fonds de commerce est la xénophobie et le racisme, pour y installer une autocratie fascisante. On ne le redit jamais assez.  L’Histoire le rappelle à qui veut l’entendre. Hitler et Mussolini sont dans les livres d’Histoire. Le Pen a toujours regardé par-dessus l’épaule de Rivarol, comme le journal qu’il affectionne lorsqu’il s’agit de cracher son venin.  L’extrême-droite, c’est de la préhistoire. Elle est à contre-courant de la construction d’une humanité en devenir.

    L’idéologie de l’extrême-droite est toujours la même. Le présent est décadent lorsqu’il  n’est pas conforme à leur nostalgie d’un âge d’or que furent des années de plomb. Le retour à l’immobilisme devient un progrès. Les libertés individuelles et du suffrage universel sont dangereux et nuisent à la sécurité intérieure. L’absence d’élite politique est une décadence de l’ordre religieux et moral. Le métissage est contraire à l’intérêt national qui dépend de la démographie. On peut y ajouter l’anti-intellectualisme et la censure des mœurs.

    Se pose la question de la réalité du duel mortel entre Marine et son père. Tous les deux peuvent nous jouer le dernier acte de la mise en scène frontiste pour convaincre des progrès idéologiques accomplis avec l’aide de la propagande de dédiabolisation qui a trouvé une large complaisance dans la presse libérale. Marine a tout à gagner dans ce scénario avec comme point de mire les Présidentielles de 2017. Jean-Marie le Pen se fait encore plaisir à son âge avec quelques pieds de nez, procédés de communication qu’il affectionne. Il fait son baroud d’honneur dans l’esprit nostalgique de ses exploits guerriers en Algérie. Les lieutenants de la fille pardonneront le vieil acteur qui ne veut pas quitter la scène tout en mettant l'accent sur sa sénilité. Les chamailleries ressemblent à une donation-partage orchestrée.  

    La famille Le Pen donne le spectacle d’une mauvaise tragédie grecque parce qu’elle n’est qu’une comédie grotesque, une pantomime politicienne. Marine et son père sont les personnages d’un feuilleton politique façon « Dallas » avec, en arrière plan, la succession d’une PME politique et un changement de stratégie de communication pour jouer dans la cour des grands à la bourse des élections.  La presse libérale y trouve matière à ratiociner. Elle ne sait faire que  cela jusqu’à perdre son âme et le sens du mot « journalisme ».

    Battone

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  • Journée de grève interprofessionnelle le 9 avril 2015

    MANIFESTATION DEPART 10H PLACE ABBATUCCl

    Combattre et réduire le chômage, permettre la création d'emplois en changeant de politique économique, préserver les droits et tous les régimes sociaux, garantir et promouvoir le service public, augmenter les salaires (secteurs public et privé), les retraites, les pensions et les minimas sociaux, constituent des priorités sociales, de surcroît en période de crise.

    Les organisations syndicales CGT, FO et FSU de corse du sud affirment leur détermination pour faire aboutir ces revendications et lutter contre l'austérité et ses impacts destructeurs tant socialement, économiquement que démocratiquement.

    Le « pacte de responsabilité », la rigueur budgétaire, la réforme territoriale, nombre de dispositions du projet de loi libérale « Macron » ainsi que plusieurs décisions des pouvoirs publics et du patronat aggravent la situation des salarié(e)s, des retraité(e)s et des chômeurs(ses).

    De nombreuses luttes et mobilisations syndicales sont d'ores et déjà engagées dans les entreprises, les services publics et les secteurs professionnels.

    Pour faire converger ces revendications et exiger du gouvernement et du patronat qu'ils y répondent, les organisations syndicales CGT, FO et FSU s'engagent dans un processus de mobilisation. Conscientes de leur responsabilité, elles invitent les retraité(e)s et les chômeurs(ses) à se mobiliser et appellent l'ensemble des salarié(e)s, du public et du privé, à une journée de grève interprofessionnelle et à manifester le 9 avril 2015.

    Communiqué de la Cgt, de la Fsu et de FO

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    CUBA

    La révolution est-elle toujours en marche ?

    Nous publions très volontiers, en plusieurs fois, le carnet de route de Jacques Casamarta, rédigé lors d'un séjour à Cuba, en février 2015. Analyse lucide qui sort des commentaires traditionnels, soit dithyrambiques, soit franchement hostiles.

     

    CIMG1228Cuba est un pays qu'il faut découvrir. La beauté de ses paysages, villes et villages, n'a d'égale que la générosité des gens, leur courtoisie, leur simplicité. C'est un pays riche de son histoire, de son patrimoine historique, culturel et social. C'est un pays où l'on se sent en sécurité où que l'on aille.  Ca bouge, ça danse, ça chante à Cuba....

    Pourtant, Cuba et son économie sont mal en point. L'embargo américain imposé au pays depuis plus de cinquante ans, est probablement générateur de cette situation, car aucun pays ne peut vivre aujourd'hui sans coopérations. Mais si l'embargo a indéniablement porté tord au pays et à sa population il ne peut à lui seul tout expliquer... En tous cas, les Cubains que nous avons interrogés à ce sujet attendent beaucoup des nouvelles annonces du Président Obama, à condition que celles-ci finissent par être définitivement entérinées aux États Unis.  L'un d'entre eux, Julio que nous avons rencontré dans la ville de Trinidad, nous a confié son espoir, mais aussi son scepticisme. "Obama se dit aujourd'hui ami de Cuba, mais pour être ami il faut aussi respecter Cuba pour ce qu'il est" et de rajouter "il ne faudrait pas qu'il s'imagine manger Cuba, on ne laissera pas faire...". Julio est très avenant et fier de nous parler de son pays, de la résistance des citoyens de Trinidad face aux colons espagnols. Cuba a réalisé ses deux révolutions, mais "Fidel Castro a donné son identité au pays, un grand homme qui a fait beaucoup pour Cuba" insiste-il. 

    Sur le bord des routes, et dans tout le pays, de l'est à l'ouest et du sud au nord, Cuba affirme son ancrage à ses révolutions et notamment sa dernière. 

    "Un socialisme efficient, solidaire, combatif, soutenable"... Il valorise le travail, la production, le patriotisme... Plébiscite ses héros de révolutions à commencer par Fidel Castro, son frère Raul, le Che et tous les autres... 

    Mais qu'en est-il exactement ? La révolution est-elle toujours en marche ? Et Cuba a-t-il aujourd'hui les moyens de sa politique, de ses ambitions maintes fois affichées ? 

     

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    Un peu d’histoire

    Pour tenter une approche, plusieurs éléments sont à prendre en compte et en premier lieu, l'histoire du pays. Cuba est une île des Caraïbes et comme ses voisines elle a subit le poids de la colonisation. La sienne était espagnole depuis la découverte de l'île par Christophe Colomb au 16ème siècle où les indigènes indiens ont été chassés pour ne pas dire exterminés par les conquistadors dont le plus célèbre reste Diego Vélasquez.

    Pays de l'esclavage il aura subit pendant plus de 4 siècles cette colonisation et aujourd'hui sa culture est afro-cubaine. La religion catholique, elle-même, a du s'adapter à cette réalité. Cette histoire aura profondément et durablement marqué le pays et l'architecture coloniale avec ses belles demeures est probablement ce qu'il reste de mieux de cette époque. 

    C’est en 1898 que le pays fera sa première révolution pour conquérir son indépendance face aux espagnols. Le héros principal, mais qui n'aura pas survécu aux combats libérateurs reste incontestablement José Marti, poète, écrivain, journaliste, mais aussi et surtout fondateur du "parti révolutionnaire cubain». Il reste encore aujourd'hui la grande figure historique dont on ne compte plus les statues, rues, places, dans les villes et même les villages. Cette mémoire est encore fortement présente dans la société cubaine d'aujourd'hui et continue de l'irriguer.

    Mais Cuba s'est libéré de quatre siècles de colonisation espagnole, pour retomber aussitôt dans le néo-colonialisme où plus précisément sous la tutelle ou la domination de son puissant voisin du nord, les États Unis, qui feront du pays "le bordel des Amériques".  Cuba était devenu le lieu de toutes les perversions et même le célèbre Al Capone dans les années 30 avait élu domicile dans le plus grand et majestueux hôtel de La Havane.

    Ce n'est qu'en 1959 que Manuel Batista le dictateur à la solde des Etats Unis  sera chassé du pouvoir par Fidel Castro, le Che, et ses compagnons d'armes. Une nouvelle page de l'histoire de Cuba s'ouvrira. 

    Dans de nombreuses villes, les places de la Révolution ornées de statuts et autres monuments rappellent ces heures glorieuses.  Des musées ou encore mausolées à l'image de celui de Santa Clara censé abriter les restes du Che et de 38 de ses camarades tués en Bolivie le 8 octobre 1967 sont valorisés et accueillent des milliers de personnes par jour. 

    Partout, durant notre séjour, nous avons eu le sentiment que les cubains en grande majorité étaient fiers de leurs révolutions... En tous les cas, ils en parlent, et dans la rue, les écoles, les musées et monuments, rappellent ces mémoires, même si aujourd'hui beaucoup ont le sentiment que la révolution est en panne de perspectives. Les raisons en sont probablement multiples. 

     

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    Cuba, pays de contrastes

    Cuba a tenté de s'adapter et s'ouvrir, tout en essayant de rester lui-même, mais le pari n'est pas facile à tenir.

    Pourtant Cuba a bien des atouts. Il y a des domaines ou il a réussi. Sa politique éducative lui permet de revendiquer aujourd'hui un taux d'alphabétisation de plus de 99% et tout le monde s'accorde à dire que la santé est gratuite pour tous. Des pays de l'Amérique latine qui se trouvaient au même niveau, voir bien plus développés il y a un siècle sont loin derrière aujourd'hui. Mais pour Miguel qui travaille à l'Alliance Française de Santiago "Cuba s'occupe de l'éducation et de la santé, mais on ne trouve pas suffisamment de stylos et les médicaments n'ont parfois pas la qualité nécessaire". Ce que nous confirmera à sa manière Rider, ingénieur à la compagnie électrique dans la même ville "les médicaments se payent en Pesos cubains, ils ne sont pas chers, mais ils sont rares à cause de l'embargo ... par contre on trouve dans les pharmacies des médicaments génériques fabriqués au pays, mais ils manquent souvent certaines molécules", donc moins efficaces. 

    La culture, est aussi un domaine politique de prédilection. Chaque ville cubaine possède plusieurs musées, salles d'exposition, théâtres, ou maisons de la Culture... En près d'un mois passé à Cuba, à cheval entre ces mois de janvier et février 2015, nous avons pu pleinement profiter de concerts, spectacles de danse ou expositions dans des musées, théâtres, ou encore plus simplement sur des places publiques. Pour Vladimir, un sculpteur sur bois que nous avons rencontré à Holguín, il y a "beaucoup d'artistes à Cuba, l'art est très important pour le pays, mais malheureusement, les débouchés manquent" devait-il nous expliquer, tout en nous demandant de bien vouloir faire la promotion de ses œuvres dans notre pays.  Il est clair que le développement des arts dans toutes ses dimensions est largement apprécié à Cuba, mais pour les artistes, il manque une certaine ouverture... Dans ce domaine aussi, l'embargo reste un carcan, dans la mesure où les artistes ne peuvent se rendre sur la terre la plus proche de leur île, les États Unis d'Amérique. 

    Un autre aspect devenu culturel et patrimonial aujourd'hui, est un cas unique et mérite d'être relevé. Les vieilles voitures américaines ont quelque chose de surréaliste et en même temps elles donnent le sentiment d'être éternelles ou que le temps s'est figé. Encore aujourd'hui, plusieurs dizaines de milliers de ces véhicules, toutes marques et couleurs confondues sont en service. Elles sont au moins aussi vieilles que la révolution en 1959. Si le plaisir des yeux est là, la pollution dégagée par les gaz d'échappements est une gêne évidente. Néanmoins, cela nous amène à réfléchir sur l’évolution de nos sociétés occidentales et le rapport à la consommation où l'économie libérale impose aujourd'hui que les choses ne durent pas. Il y a probablement un juste milieu à trouver entre ces deux extrêmes. 

    En général, les gens mangent à leur faim à Cuba, il y a beaucoup de terres agricoles et le pays a développé une forte production dans le domaine agroalimentaire, même s'il semblerait que ce domaine, soit moins prospère que par le passé. A Santiago par exemple, la deuxième ville du pays, Julietta notre logeuse est très réaliste sur la situation du pays. Elle n'est pas facile dit elle. "Santiago dans un temps lointain était une cité ou il y avait entre 15 et 20 usines de production de canne à sucre, aujourd'hui il en reste 3 et la production est exportée. Les cubains utilisent le sucre du Brésil mais qui n'a pas les mêmes qualités gustatives".  

    Mais la canne à sucre, la banane, le café, le cacao et le tabac restent et représentent encore une ressource importante, comme l'élevage de bovins et chevaux....

    Les 3400 kilomètres parcourus durant ce séjour en près d'un mois nous auront permis de constater la variété de la faune et de la flore, la beauté de la forêt tropicale, mais aussi le travail de la terre, parfois avec des méthodes ancestrales, mais minutieusement exploitée pour donner de la ressource...

    Car l'industrie n'est pas le point fort, même si la ville de Moa au Nord Est de l'île, place Cuba au 8ème rang mondial pour la production de nickel. 

    Enfin, le secteur du tourisme. Il est devenu aujourd'hui le moteur du développement. C’est dans ce domaine surtout que Cuba semble s'être adapté le plus et ceux qui ont connu le pays il y a 15 ou 20 ans, trouvent que Cuba à déjà bien changé. 

    Tous les jours, l'aéroport José Marti de la Havane et celui de Santiago de Cuba, déversent des milliers de touristes dans le pays. Beaucoup vont se concentrer dans les grands hôtels en ville ou sur la côte, en mal de belles plages.  D'autres vont utiliser quelque chose qui est relativement nouveau à Cuba, et qui a permis tout en diversifiant l'offre, d'assurer en général une excellente prestation, les "Casa Particulare", des chambres d'hôtes chez l'habitant. L'économie du tourisme est ainsi devenue le premier apport de devises pour Cuba et c'est probablement pour une part non négligeable, ce qui permet au pays de résister à l'embargo américain. C'est une activité en plein essor, génératrice de nouveaux emplois pour certains et, un complément de salaire pour d'autres.

    Le tourisme à ainsi développé des petits boulots et notamment dans les villes, le travail de"rabatteur", celui qui vous propose une "Casa Particulare, ou un restaurant" et qui a trouvé ainsi dans la situation économique difficile du pays, un moyen de gagner un peu d'argent et d'arrondir les fins de mois. A Santiago notre rabatteur s'appelle Felix, il a 56 ans et bénéficie d'un travail de fonctionnaire, "mais la vie est chère et pas facile" nous dira-il. Félix nous apprend qu’il y aurait "un millier de Casa Particulare, rien qu'a Santiago et que c'est Raul Castro qui a assoupli la politique cubaine en ce domaine".

    Jacques Casamarta

    A suivre.

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    Hollande à la recherche d'une nouvelle majorité

     

    Les clameurs se sont tues ou presque. Les Départementales sont derrière nous. Chacun a tiré ou essaie de tirer les enseignements de ces élections qui malgré leur caractère local ont pris une dimension nationale. Les Français, dans leur grande majorité, ont jugé très sévèrement la politique d’austérité et de régression sociale du pouvoir dit socialiste. Ce fut pour ce dernier la déroute. A force de tourner le dos à ses engagements de la campagne des présidentielles. A force de céder aux injonctions de la Troïka et de la Merkel, François Hollande  paie chèrement ses reniements. Ceux-ci ont permis à la droite de se refaire une virginité. Un comble, d’autant que les positions de la droite, en matière sociale et économique, ne différent pas fondamentalement de celles des socialistes. Seule la lutte pour les places les oppose.

    Le Front national poursuit sa progression. Il pollue de plus en plus les consciences de ceux qui sont touchés par la désespérance et la misère. Son leitmotiv reste le même : « C’est la faute des immigrés ».

    Le Front de gauche résiste, mais il n’arrive pas à capter les déçus du « socialisme ». Il y a au moins deux raisons à cette incapacité.

    Tout d’abord, il n’a pas bénéficié de la même bienveillance de la part des media comme le Parti socialiste, l’Ump et la Marine Le Pen. Ensuite, il paie  également son manque de lisibilité dans sa démarche, encore trop marquée par ses divisions internes.

    Par ailleurs, nous sommes confrontés à un grave problème, celui de l’abstention. Il a tendance à s’aggraver d’élection en élection. Il atteint aujourd’hui près de 50% des inscrits. Il affecte surtout l’électorat de gauche et les jeunes. C’est inquiétant pour l’avenir.

    Le pouvoir actuel a-t-il tiré les enseignements des élections ? Apparemment non. Il constate la déroute et en rejette la responsabilité sur la division de la gauche. Pas un mot sur les conséquences de sa politique d’austérité sur le pays, surtout sur les catégories les moins fortunées. François Hollande et son premier ministre s’entêtent à tenir le cap. Pour eux, il n’est pas question de changer de politique. Leur politique est la seule valable. Dire le contraire relèverait de l’utopie ou de l’irresponsabilité ! Ils sont en proie à de graves problèmes au sein de leur propre majorité. Ils cherchent désespérément de colmater les brèches en proposant quelques os à ronger et à trouver de nouveaux alliés. Les écologistes et les centristes vont l’objet d’une grande sollicitude. Et c’est là que la politique politicienne réapparaît dans toute sa splendeur. Déjà, une fraction d’Europe Ecologie les Verts sont sensibles aux sirènes socialistes. D’aucuns piaffent d’impatience. Ils se verraient bien au gouvernement pour quelques maroquins.

    Mais la majorité n’a pas le monopole de la pulitichella comme on dit en Corse. Ici, on y excelle. Dans le Sud, par exemple, l’Ump a raflé tous les sièges au Conseil départemental. Le triomphe à peine savouré que les leaders de la droite se déchirent sur la question de la présidence. L’unité de façade scellée pour le temps des élections éclate au grand jour, mettant à nu les ambitions personnelles des uns et des autres. On est bien loin des problèmes sociaux et économiques qui se posent à la majorité des populations de la Corse du Sud. Triste spectacle qui alimente un peu plus le « Tous pourris ».

    Fort heureusement, il y a des forces politiques qui refusent cette pratique scandaleuse. La politique ne doit pas servir des intérêts personnels, mais des intérêts collectifs. Il faut en finir avec les combines, le clientélisme, la corruption. La politique doit devenir l’affaire de tous les citoyens et non de professionnels complètement déconnectés de la réalité des territoires. Manca alternativa/Ensemble s’est inscrite dans une démarche nouvelle, avec une pratique nouvelle et des gens nouveaux, tous issus du monde du travail, des milieux syndicaux, associatifs et coopératifs. Aux dernières élections départementales, dans les 2e et 3e cantons d’Ajaccio, elle a présenté, avec le Parti de gauche, des candidates et des candidats qui ont obtenu plus de 16%, en moyenne, des suffrages exprimés. Ce fut une grande et bonne surprise d’autant plus que les deux formations partaient de rien, sans moyens matériels et financiers et sans couverture médiatique. Et dire que d’aucuns nous prédisaient une belle déculottée ! Ils en seront pour leurs frais. En tous cas, c’est un résultat encourageant pour l’avenir. C’est la preuve qu’il existe un potentiel qui refuse l’austérité, rejette les pratiques claniques qui ont fait tant de mal à la Corse et aux Corses. Un potentiel à partir duquel on peut bâtir une véritable alternative à l’austérité. Manca alternativa sera de ce combat.

    Osons l’avenir.

    Angelo Leonetti

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    Communiqué de Ensemble!

    Mouvement pour une alternative de gauche écologiste et solidair

    Après une nouvelle défaite pour la politique gouvernementale,

    Construire un nouveau rassemblement populaire,

    pour une alternative de gauche, sociale et écologique

    Les élections départementales marquent une troisième défaite, après les élections municipales et européennes, pour le Parti Socialiste et les orientations mises en œuvre par F. Hollande et M. Valls. Cette politique du gouvernement plonge le pays dans l’austérité et le chômage, sans rupture avec celle que la droite menait précédemment. En mettant en œuvre une politique ouvertement pro patronale et au service de la finance, le gouvernement porte l’entière responsabilité d’une démobilisation de l’électorat populaire de 2012. On aurait tort de voir dans le maintien de l’abstention à un haut niveau le reflet de l’indifférence ou de la passivité, mais plutôt une manifestation de colère devant un comportement qui utilise le suffrage universel pour bafouer ce qu’il revendique.

    La droite profite de cette situation, et enregistre une nette victoire en regagnant la majorité des départements. Elle radicalise son discours et ses actes, elle cherchera à imposer demain encore plus d’austérité et de précarité. Il faudra résister à ces nouvelles régressions qu’elle engagera dans les départements.

    Surtout, le Front National s’enracine sur tout le territoire et capte un quart de l’électorat, même s’il fait élire moins de candidat-e-s qu’il ne le prétendait et ne réussit pas  à gagner un seul département. Il constitue un danger mortel pour la société française. Son programme vise à détruire les conquêtes sociales et démocratiques réalisées par le peuple de ce pays. Il vise à diviser, à opposer les un-e-s aux autres, à jouer sur les peurs, le racisme, le sexisme et l’homophobie.  Son histoire, ses soutiens, et la politique qu’il mène là où il dirige des collectivités le montrent : ce n’est pas un parti démocratique et il pratique les mêmes politiques que la droite contre les solidarités et les protections sociales.

    Une partie de l’électorat de gauche s’est mobilisé quand il fallait, au second tour, pour empêcher l’élection de candidats du Front National. Mais M. Valls aurait tort d’y voir un soutien à sa politique : cette mobilisation contient un niveau d’exigence qui pousse au contraire à une autre politique, à l'opposée de celle de Manuel Valls, qui affirme, droit dans ses bottes, qu’il ne changera rien. La poursuite de cette politique ne peut mener qu’à un désastre supplémentaire.

    Les résultats du Front de gauche et de la gauche alternative se sont sensiblement améliorés, au premier comme au second tour : 9,3 % pour les candidat-e-s Front de Gauche et 13,8 % pour les candidat-e-s commun-e-s Front de Gauche/EELV dans 448 cantons, ainsi qu’une résistance face à la droite et au FN des candidat-e-s du Front de gauche plus solide que celle des candidat-e-s socialistes qui défendaient la politique gouvernementale. Ces résultats sont un point de départ à consolider ; iIs montrent que des forces sont disponibles quand le Front de gauche s’engage vers un rassemblement plus large pour proposer une alternative à cette politique de renoncement.

    A l’issue de ces élections, des voix se sont exprimées, au sein même du Parti Socialiste, pour contester la politique du gouvernement. Les différent-e-s représentant-e-s du Front de gauche se sont exprimé-e-s pour appeler à une nouvelle alliance, une nouvelle coalition, un nouveau rassemblement, de toutes les forces qui, à gauche, proposent une alternative à la politique de ce gouvernement. Il s’agit désormais de travailler aux contenus d’un rassemblement entre Front de Gauche, EELV, Nouvelle Donne et socialistes refusant l’actuelle impasse de la politique gouvernementale…

    C’est l’objectif des Chantiers d’Espoir, qui, dès le 11 avril, se mettent en place pour construire la nouvelle dynamique populaire dont nous avons besoin. Allant plus loin que le nécessaire accord entre les forces politiques concernées, ces Chantiers doivent prendre la forme d’une démarche citoyenne et militante, rassemblant des personnalités, des citoyen-ne-s engagé-e-s dans les associations et les syndicats, dans les collectifs de lutte et de résistance. Dans toutes les localités, les forces disponibles peuvent converger et impulser des assemblées citoyennes.

    Pour barrer la route au retour d’une droite radicalisée et en alliance avec  l’extrême droite, il faut offrir un projet alternatif, une volonté d’innovation, un espoir de changement . Et ce projet doit être en rupture avec la politique antisociale et les reculs écologiques et démocratiques du Président de la République et du Premier ministre. Cette alternative devra dégager des pistes cohérentes articulant des mesures concrètes avec un nouvel horizon, qui leur donne tout leur sens. Elle devra se nourrir des exigences issues du mouvement social, autour de grands axes répondant à l’urgence sociale et démocratique : faire sauter les verrous européens qui enferment dans l’austérité perpétuelle, augmenter les revenus et créer les emplois utiles sur le plan social et environnemental, instaurer un contrôle public sur la finance et ne pas laisser les actionnaires faire la loi, entreprendre enfin la transition écologique, engager la société vers une nouvelle étape d’égalité des droits et des solidarités, vers une profonde transformation des institutions pour plus de démocratie…

    Il est possible et nécessaire de concrétiser ce nouveau rassemblement des forces de gauche et écologiste opposées à la politique de Valls, lors des prochaines élections régionales de la fin de l’année.

    Dans l’immédiat, le rassemblement doit se faire entendre avec force en soutien aux actions engagées par les collectifs anti-austérité et les syndicats, notamment la journée de grève interprofessionnelle du 9 avril, contre la loi Macron. Cette loi est le meilleur exemple d’une politique qui préfère répondre aux attentes du Medef qu’aux exigences sociales de la population et en particulier des électeurs et des électrices de gauche, et qui provoque la catastrophe sociale et politique en cours. Il faut la mettre en échec, empêcher son adoption par la mobilisation sociale comme dans les votes aux assemblées. D’autant que quelques heures après la défaite de son parti, Manuel Valls a annoncé une aggravation supplémentaire des mesures qu’elle contient, en « déverrouillant les CDI » dans les PME et en assouplissant les règles qui autorisent la baisse des salaires ou l’augmentation des horaires de travail en échange d’un « non-licenciement » quand la situation de l’entreprise est « difficile »… Ce que la droite n’avait jamais osé, Macron et Valls le font.

    C’est bien la nécessité et l’urgence d’une alternative de gauche que révèlent ces élections départementales, et c’est bien à la construction d’un nouveau rassemblement populaire qu’il faut s’atteler.

    Le 31 mars 2015.

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  • Valls ou le temps de la mascarade

     

    Manuel Valls continue ses gesticulations et sa logorrhée. On l’a vu intervenir promptement sur toutes les antennes de télé, dès 20h03, dimanche 29 mars 2015, tout juste après la clôture du scrutin du deuxième tour des Départementales. Le verbe était moins haut que d’habitude, plus pondéré. La posture plus humble. Plus de menton en avant. Mardi matin, il remettait ça sur BMF/télé, avec Jean-Jacques Bourdin. Ensuite, il s’est appuyé les députés socialistes. L’après-midi on le retrouvait devant l’assemblée nationale. Qu’a-t-il raconté ? La même chose. La gauche a perdu à cause de ses divisions. Ben voyons, c’est tellement plus facile que de se livrer à une véritable autocritique. Il dit comprendre les Français, en particulier ceux qui souffrent. Il en appelle donc à resserrer les rangs autour de lui et du président de la République. Ainsi, il tente de réembaucher Europe Ecologie les Verts. Parmi ceux-ci, il faut le dire, certains salivent déjà à l’idée d’avoir un maroquin. Belle conception de la politique. Il tente également de colmater les brèches dans le Parti socialiste et de ramener à la raison les frondeurs. Enfin, il veut renouer le dialogue avec le Parti communiste et le Parti de gauche ! Mascarade dans toute sa splendeur.

    Il va donc continuer sa politique, parce que - paraît-il il - n’y en a pas d’autre de possible. Mieux, il accélèrera les « réformes » - que nous préférons appeler contre-réformes. Il est convaincu que celles-ci se traduiront tôt ou tard par une amélioration sur le front de l’emploi. En tout cas, ce n’est pas pour aujourd’hui. Par exemple le groupe Moryglobal, issu du groupe Mory qui avait perdu déjà, l’année dernière plus de 2500 salariés, récidive en annonçant une nouvelle suppression  de 2100 postes de travail. Pourtant ce groupe a reçu de l’Etat 17 millions d’euros  de subventions. Où est passé cet argent public ? Notre premier ministre parle d’aides à l’investissement public et privé. De nouveaux cadeaux au patronat seront prochainement annoncés. Dans quelles conditions ? Comme pour les crédits d’impôts et de recherche et pour le pacte de responsabilité, c’est-à-dire sans engagement des bénéficiaires ? Toutes ces mesures et toutes les exonérations de charges sociales accordées depuis plusieurs décennies ont-elles permis de faire reculer le chômage ? Elles ont surtout profité à grossir les dividendes des actionnaires des grandes sociétés et de favoriser la spéculation financière. Une nouvelle loi Macron se profile à l’horizon, avec le retour prévisible du projet de contrat unique. Un fois de plus, au nom de la compétitivité, on va s’attaquer aux acquis sociaux des salariés. Merci Valls.

    Donc, notre premier ministre va continuer allègrement sa politique d’austérité qui est à l’origine des maux dont souffre une grande majorité de Français, surtout les plus démunis. Faut-il s’étonner des résultats des différentes élections de ces deux dernières années ? Non.  Le pouvoir dit socialiste a redonné une nouvelle virginité à la droite libérale dont la politique que nous avons connue sous la mandature de Nicolas Sarkozy ressemble fort à la politique actuelle. En outre, il a contribué à accroître l'influence néfaste du Front national.Dans le même temps, ce pouvoir dit socialiste a contribué à jeter le discrédit sur l'ensemble la gauche. Le Front de gauche lui-même en a été victime, malgré son opposition claire et nette à la politique d’austérité et de régression sociale.

    Que faire dans ces conditions ? Baisser les bras et accepter de nouvelles déconvenues, se réfugier dans l’abstention ? Ou continuer le combat pour une autre politique ? Mais continuer le combat avec la création d’un vaste rassemblement issu de la vraie gauche, des milieux syndicaux et associatifs, sans esprit partisan ou hégémonique de la part de qui que ce soit. Le temps des coalitions de type électoral est terminé.

     

    Jean Antoine Mariani

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