• Le droit de manifester dérange...Depuis le temps qu’ils se frôlent, les deux thèmes. Ou plutôt, qu’on les frotte l’un à l’autre comme des silex, qu’on les tricote dans le récit politico-médiatique dominant. Terrorisme et contestation sociale : depuis le temps que les Giesbert, les Gattaz et les autres essaient de les apparier, de les marier, de faire prendre la mayonnaise. Depuis le temps qu’on exploite les concomitances, qu’on sollicite les rapprochements, qu’on déchaîne le matraquage sémantique: voyous, chantage, violences, barbares, intimidations, preneurs d’otages, terroristes… C’est ainsi que débute un article de  Daniel Schneidermann Arrêt sur images. Publié le 15/06/2016 sur le site du Nouvel Obs/Rue89.

    Cet article est justement intitulé : Prétexte providentiel : l’enfant, les casseurs et l’hôpital Necker.

    Quelle indécence lorsque l’on connaît la situation de l’hôpital public aujourd’hui ! MM. Valls et Cazeneuve, sont « révoltés »  par des vitres brisées mais on ne les entend pas chercher une solution pour qu’un généticien clinique ne doive plus travailler 70 heures par semaine car la direction de son hôpital n’a pas les moyens d’employer un nouveau docteur ni même une secrétaire, qu’elles en sont les conséquences sur tous ces gentils petits enfants malades au chevet desquels nos ministres accourent depuis hier pour instrumentaliser l’émotion. Quand les aides-soignantes et les infirmières sont épuisées, usées et rémunérées au minimum, qu’en est-il de la qualité des soins et de l’attention nécessaires pour ceux qui passent des mois voire des années dans des couloirs d’hôpitaux? Qui poursuit la casse des hôpitaux publics par des suppressions d'emplois et des réductions budgétaires? L’état de délabrement du service public les émeut moins qu’un débordement de casseurs. Peut-être une bavure sans intention de s’attaquer à un hôpital d’enfants ? Nous ne le saurons pas si nous nous contentons d'écouter tous ces politicards faussement outrés sur les chaînes de télévision complices de l'instrumentalisation politique des événements.

    Un hôpital pour enfants n'est pas une des cibles habituelles des casseurs. Qui pourrait le croire ? Habituellement les casseurs « politisés » ciblent les banques, les assurances et les publicités. Ce sont des cibles symboliques qui concernent des gens qui engrangent des milliards au regard desquels les dégâts sont limités. Cela n’a pas empêché Sarkozy de vouloir faire payer la casse à la CGT dont tout le monde sait qu’il veut la mort, même si aucun casseur n’appartient à ce syndicat. Sarkozy a-t-il demandé que les instances footballistiques, qui organisent la coupe d’Europe, paient les dégâts occasionnés par les hooligans ? Est-ce que les supporteurs doivent assurer la sécurité des rencontres ?

    Au milieu de tout cela, quelques vitres de l’hôpital Necker ont été brisées. Le plan « émotionnel » des plaques de verres cassées et de centaines de milliers de familles éprouvées par les maladies de leurs enfants, est affligeant. C’est la stratégie de communication mise en œuvre depuis hier, par MM. Cazeneuve et Valls, allègrement reprise par la Droite et relayée sur un plateau doré par tous les médias. Tous ces journalistes qui entrent dans ce plan ne font que mettre leur hypocrisie professionnelle au service de la manipulation de l’opinion publique. Leur cible: la CGT.

    Le Ministre de l’Intérieur, de sa voix monocorde voulant afficher un calme olympien, n’a pas hésité à ajouter le drame d’un enfant de 3 ans dont les parents policiers ont été assassinés de façon abjecte. La CGT serait-elle aussi responsable de la tuerie d’Orlando ?

    "A un moment où la France accueille l'Euro, où elle fait face au terrorisme, il ne pourra plus y avoir d'autorisation de manifester si les conditions de la préservation des biens et des personnes et des biens publics ne sont pas garantis", a déclaré Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. François Hollande a décrété, mercredi 15 juin en Conseil des ministres, qu'il n'y aurait plus d'autorisation de manifester si la sécurité n'était pas garantie. Qui garantit la sécurité ? N’est-ce pas le Ministère de l’Intérieur et non pas les organisations syndicales ? Ce sont des casseurs extérieurs aux syndicats qui perturbent les manifestations. De quelle sécurité parle-t-on ? Est-ce celle des manifestants blessés par les forces de police ?

    Le droit de manifester dérange...La sortie de Manuel Valls ne s’est pas fait attendre. Toujours dans l’outrance et le menton accusateur. Cinq vitres cassées et c’est tout un hôpital qui est dévasté, pour le Premier Ministre !  Haro sur la CGT (comme si ce syndicat était le seul à manifester) ! Menace d’interdiction des manifestations !

    Le Chef de l’Etat et le Premier Ministre veulent casser la lutte sociale. Tous les prétextes sont bons à prendre et l’actualité apporte son lot. Manuel Valls réclame une pause pour pouvoir faire passer la loi Travail avec un nouveau tir au 49.3 sur la démocratie. L’article 49.3 est devenu son arme législative favorite alors que lui-même et Hollande le dénonçait jadis comme un déni de démocratie, une « brutalité ». Dans ses interventions, il cible la CGT, préférant ignorer les six autres syndicats associés dans une intersyndicale à la pointe de la lutte sociale. Sarkozy en est réduit à la surenchère dans l’anti-cégétisme primaire en demandant que cette grande centrale syndicale soit traînée en justice pour les violences et les dégradations des casseurs, individus pourtant en marge des manifestants et dont la répression dépend des forces de police et de leurs donneurs d’ordre. Ces casseurs apparaissent comme les meilleurs alliés du pouvoir et les ennemis des syndicats. Il suffit d'aller sur leurs blogs pour savoir qu'ils reprochent aux syndicats leur non-violence sans résultat. Si, parmi eux, se trouvent des jeunes politisés à l’extrême-gauche, la politique menée et la répression de tous les manifestants ne peuvent qu’augmenter leur nombre. Le traitement médiatique et politique fait de manifestations alimente la révolte.

    La presse télévisée joue un rôle primordial dans la publicité faite à ces groupes de casseurs, tout en les utilisant comme épouvantails contre les manifestations. Les commentaires des chiens de garde du libéralisme économique sont omniprésents et jamais contredits. Les préfectures de police fournissent des chiffres ridicules (à moins que le Ministère de l’Intérieur ne les divise par cinq et parfois plus). Tout est fait pour minimiser un mouvement social qui est loin de s’essouffler mais que l’on veut étouffer, quitte à entretenir la violence.

    Manuel Valls et sa garde prétorienne, avec le soutien inconditionnel d’un François Hollande autiste, ont choisi l’autoritarisme non pas pour assurer l’ordre public mais pour soumettre les salariés à un désordre social dicté par le libéralisme économique et le monde de la Finance. Ils n’ont, comme méthode, que le passage en force et la répression. Manuel Valls et François Hollande n’agissent plus au nom de l’intérêt général mais pour ne pas perdre la face au sein de la classe politique dominante. Ils ont renié les valeurs de gauche et, pour se maintenir au pouvoir, il leur faut tuer la gauche et le syndicalisme de lutte. Hollande va se présenter comme le meilleur candidat pour l’électorat de droite et le « moins pire » pour l’électorat de gauche, en espérant se retrouver face à Marine Le Pen au deuxième tour.  Ses cibles sont connues : Le Front de gauche et la CGT. Mais il lui faut conquérir un électorat de droite. Il table sur la Loi Travail et sur l’autoritarisme que, avec Valls, il affiche en permanence. Il a déjà, dans sa trousse à outils électoraux, le renforcement du régime présidentiel avec la suppression du Premier ministre, évoqué avant lui par François Fillon et Nathalie Kosciusko-Morizet. Il a certainement d’autres promesses, comme les centres de rétention pour Djihadistes car, nous le savons, la question sécuritaire sera au cœur de la campagne présidentielle, un contexte favorable au Front National et qui sert à marginaliser les luttes sociales. Il promettra quelques friandises à la gauche et aux écologistes, quelques édulcorants pour faire passer l’amertume. Macron a défini la ligne « ni droite ni gauche » qui permet tous les zigzags et les voltes faces idéologiques.

    Manuel Valls, François Hollande et les dirigeants du Parti Socialiste veulent perpétuer l’alternance libérale avec une droite qui doit se radicaliser toujours davantage pour se démarquer du Hollandisme. Le PS et la droite sont d’accord sur un point : éliminer le Front de gauche  et la CGT. Ils sont d’accord pour marginaliser les organisations politiques et syndicales qui empêchent le libéralisme économique de tourner en rond  au rythme quinquennal des cycles présidentiels bien huilés.

    La loi dite El Khomri (du nom d’une ministre collaborationniste par ambition) est la voie ouverte à la précarité, à l’allongement du temps de travail et aux bas salaires. La France est le mauvais exemple pour l’Europe de la Finance qui veut mettre tous les pays européens sous tutelle libérale avec la complicité des dirigeants nationaux comme Sarkozy et Hollande en France. Ils ont déjà leurs successeurs qui les talonnent. C’est pour cela que cette loi doit être retirée à un an des élections présidentielles car elle grève notablement et durablement le progrès social.

    Le droit de manifester dérange...Ce n’est pas en minorant le nombre des manifestants et en instrumentalisant l’émotion d’événements (sans lien avec les manifestants, les syndicats et l’opposition de gauche) que Hollande et Valls étoufferont le mouvement social contre la Loi Travail. Ce n’est pas en interdisant des manifestations, après avoir laissé des casseurs agir, qu’ils muselleront la révolte. La pause qu’ils veulent imposer aux syndicats, c’est eux qui doivent la faire en retirant la loi Travail de la prochaine session parlementaire et en renonçant à l’article 49.3. Lorsqu’un chef de l’Etat et un gouvernement n’ont plus que les mouvements de menton d’un premier ministre, un autoritarisme buté et le mensonge comme moyens de s’exprimer, c’est qu’ils n’agissent plus dans le respect de la démocratie. Ils sont responsables du désordre et de ses conséquences. Ils n’arriveront pas à incriminer le Front de gauche et la CGT qui ne sont pas seuls dans la lutte sociale. Valls, Hollande et consorts sont les fauteurs de troubles.

    Le mandat de Président de la république n’est pas un blanc-seing obtenu sournoisement. Même appuyé par une campagne de presse mensongère, "interdire les manifestations" serait un aveu de leur faiblesse et non pas un acte d’autorité. L’autoritarisme est la force des faibles. C’est une fuite en avant pour défendre des intérêts particuliers. A la fin, ceux qui n’ont plus rien à perdre deviennent toujours plus forts que ceux qui ont tout à perdre.  Le citoyen ne se laissera pas confisquer le débat politique par l’usage abusif du 49.3. La loi Travail n’aura aucune légitimité parce qu’elle est unanimement rejetée. La justice sociale est un droit légitime qui est bafoué par un projet de loi scélérate organisant sa régression. La politique menée par Hollande et Valls s'annoncent grave de conséquences.  

    Jean Frade

      

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  • Des propos inacceptables du Premier Ministre Manuel Valls

     

     

    Communiqué de la Cgt

    Le Premier Ministre vient d’accuser la CGT d’être responsable des violences intervenues en marge de la manifestation nationale du 14 juin, à Paris, contre le projet de loi travail. La CGT tient à rappeler au Premier Ministre que cette mobilisation, comme les précédentes, n’a pas été organisée par la CGT mais par 7 organisations syndicales de salariés et de jeunesse qui, depuis 4 mois, dans l’unité, demandent le retrait de ce texte régressif. Quelle est la réalité des faits ? C’est en marge du cortège de cette manifestation, déposée par les organisations et validée par la Préfecture de police de Paris, que des bandes de casseurs se sont à nouveau livrées à des exactions que la CGT a d’ailleurs condamnées officiellement, une fois de plus, dans son communiqué national. Le Premier Ministre ne peut ignorer qu’il incombe aux pouvoirs publics, dont il a la première responsabilité, d’assurer la sécurité et le maintien de l’ordre. La CGT souligne le sang-froid et la maîtrise des militants de son service d’ordre qui, sans faillir, ont pris les dispositions nécessaires afin de garantir la sécurité des participants à cette manifestation massive. En conscience et prenant en compte les informations données par les services de la Préfecture, les organisations syndicales ont fait le choix de ne pas aller jusqu’au bout du parcours prévu, malgré la frustration légitime des participants, pour ne pas les exposer davantage à la violence et aux incidents générés par des éléments extérieurs. Face à cette contrainte, une fois encore, l’ensemble des services d’ordre des organisations ont su créer et mettre en œuvre les conditions pour que les participants, venus de toute la France, puissent rejoindre leurs moyens de transport. La CGT tient à rappeler au Premier Ministre que, comme il n’est pas de la responsabilité des supporters d’assurer la sécurité dans et autour des stades de l’euro de football, de la même façon il n’est pas de la responsabilité des manifestants d’assurer la sécurité dans et autour d’une manifestation autorisée par la Préfecture de police. Menacer d’interdire les manifestations est le signe d’un gouvernement aux abois. Plutôt que de faire l’inventaire tendancieux d’éléments à charge contre la CGT, Manuel Valls ferait bien mieux d’entendre la majorité des salariés, des jeunes et plus largement des citoyens qui rejettent ce projet de dumping social et de destruction de notre modèle de société.

    Montreuil, le 15 juin 2016

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  • On ne lâche rien !Aujourd’hui a été une date importante dans la mobilisation des salarié-e-s, jeunes, privé-e-s d’emplois et retraité-e-s pour combattre le projet de Loi Travail. Le Ministère de l'Intérieur a produit ses chiffres ridicules au regard de la participation. Les records de mauvaise foi sont à attribuer au Préfets de police de Paris et Marseille. A Marseille, la préfecture annonce 5000 manifestants alors qu'ils étaient plus de 100.000. A Paris, ils étaient plus d'un million et les autorités avancent le chiffre de 75.000. Des chaînes de télévision ont toutefois constaté une hausse du nombre de manifestants, tout en se focalisant sur les agissements des casseurs à Paris. 

    Jusqu’à présent, le gouvernement a choisi le déni de démocratie avec l’utilisation du 49.3, l’autoritarisme et la répression. Au Sénat, la majorité réactionnaire de droite revient à la première mouture du projet de loi, celle voulue par le Medef et y ajoute le retour aux 39 heures. La journée du 14 juin a été une grande journée de mobilisation d’un mouvement qui, loin de s’essouffler comme les chiens de garde veulent le faire croire, s’amplifie de jour en jour. De nouvelles actions sont déjà prévues en juin.

    Le projet demeure inacceptable et doit être retiré. Les quelques modifications préconisées par la CFDT et apportées par le gouvernement sous la pression sociale ne changent pas l’objectif du projet initial : l’inversion de la hiérarchie des normes contenue dans l’article 2 qui porte un mauvais coup au code du travail et laissera libre cours à la déréglementation entreprise par entreprise, branche par branche. La « flexibilité » voulue est la précarisation des emplois en faisant du CDI, un contrat à durée déterminée par l’employeur qui disposera de l’assouplissement des conditions de licenciement économique. Le référendum d’entreprise est une opération menée contre le syndicalisme de façon à tirer profit du chantage au chômage. Entreprise par entreprise, branche par branche, les salaires seront réduits et le temps du travail rallongé. La médecine du travail est réduite à une mission quasiment inefficace. La loi Travail aura des répercutions dans la fonction publique dont l’avenir est menacé. Ce sont tous les salariés qui sont concernés. La loi El Khomri est la voie ouverte à la politique de la droite pour une régression sociale de grande envergure.   

    L’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce mais aussi l’Allemagne peuvent mesurer les conséquences de la réduction du coût du travail sur le dos des salariés.  Leurs organisations soutiennent la lutte sociale en France par des messages de solidarité. Tous s’interrogent sur la pertinence du projet gouvernemental en France. C’est une régression sociale qui tire toute l’Europe vers le bas.

    En Espagne, les accords d'entreprise, c'est 50% de salaire en moins. 2015, c'est encore l'envolée des patrimoines des plus riches. La baisse de 5 points de l'employabilité... L'augmentation des salariés pauvres. Mais sinon il faut baisser les garanties des salariés... Le programme des néolibéraux est clair. Et leurs résultats si évidents. Alors si vous voulez lutter contre cette tendance si catastrophique sur tous les plans : environnementaux, sociaux et humains,  manifestez-vous partout où s’est organisée la lutte !  Nous n'avons pas à payer le prix de leur égoïsme, de leur absence de vue et de leur incompétence à construire un monde vivable pour toutes et tous.

    Le football et l’Euro ne mettront pas un frein à la lutte sociale contre la casse du code du travail. C’est un carton rouge que l’on va donner au gouvernement, à Valls et à Hollande. Leur instrumentalisation du « pire social » annoncé par la droite et du vote réactionnaire du Sénat ne doit pas faire oublier que le « pire social » aujourd’hui c’est la loi El Khomri. Donnez de votre présence aux manifestations organisées en Corse et sur le Continent.

    Partout, la votation citoyenne organisée par les 7 organisations syndicales doit permettre à tous les salarié-e-s, jeunes, privé-e-es d’emplois, retraité-e-s et citoyen-ne-s de s’engager dans la mobilisation.

    PARTICIPEZ-Y EN DÉPOSANT LE BULLETIN DE VOTE !

    Pour ou contre la Loi Travail ? Pour ou contre de nouveaux droits ? Organisez un vote et exprimez-vous sur votre lieu de travail ou d'études. Pour accéder au site, cliquer ci-dessous.

    On ne lâche rien !

     

     

     

    http://votationtravail.fr/

    Ce site permet d'annoncer la tenue de chaque bureau de vote et ses résultats sur une carte.

    Pidone

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    Pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la prochaine présidentielle

     

    Manca alternativa a décidé d’appuyer la candidature de Jean-Luc Mélenchon.

    On entend de-ci de-là que c’est prématuré, discutable. Bref, qu’il vaut mieux attendre. Ce n’est pas notre opinion.

    L’heure n’est plus aux tergiversations, aux atermoiements, aux manipulations politiciennes et autre expectative.

    Certes, l’impatience n’est pas une vertu révolutionnaire, dit-on parfois et ce depuis des lustres. Mais l’attente, c’est encore pire. L’attente qui dure, c’est au bout la mort. Il suffit de lire l’admirable livre de Dino Buzzatti : « Le désert des Tartares ».

    Pourquoi un tel engagement de notre part ? La candidature de Jean-Luc Mélenchon a au moins un mérite, celui de taper dans la fourmilière des castes, des professionnels de la politique, des représentants de la pensée unique. En outre, le discours de Jean-Luc Mélenchon est clair. Il refuse toute compromission avec des forces politiques qui ont conduit notre pays dans la voie de l’austérité et de la régression sociale.

    Il est bon de rappeler quelques vérités.

    Quatre ans au service des marchés financiers et de mépris pour les électeurs de gauche

    Mais où sont donc les engagements du candidat François Hollande lors de la présidentielle de 2012 ? Mais où sont donc  le changement « c’est maintenant » ou encore l’ennemi « c’est la finance » ? Quatre ans se sont écoulés et les promesses se sont envolées. Quatre ans au cours desquels notre président s’est surtout distingué à mépriser ceux  qui l’ont porté au pouvoir. Quatre ans au service exclusif des marchés financiers et du Medef. Sans entrer dans le détail citons les mesures significatives qui ont comblé d’aise Pierre Gattaz, patron des patrons : ratification du traité budgétaire européen, CICE, pacte de responsabilité et actuellement contre-réforme du Code du travail qui dynamite les acquis de décennies de dures luttes sociales et politiques. Cette contre-réforme  a suscité un grand mouvement de protestation des salariés, des lycéens et des étudiants. Ce mouvement a atteint un niveau remarquable, malgré tous les moyens de dissuasion déployés par le pouvoir dit socialiste et les media aux ordres, sans compter les attaques de la droite, du Front national – fameux défenseur des pauvres – et Pierre Gattaz qui est tombé dans l’abjection en traitant les militants de la Cgt de voyous et de terroristes !

    Le mouvement social dure depuis plus de trois mois. Il ne s’épuise pas, au grand dam du pouvoir dit socialiste et du Medef. D’autres mobilisations se profilent pour exiger le retrait pur et simple du projet de loi sur le travail.

    C’est dans ce contexte social, économique et politique difficile que commencent les manœuvres dans la perspective des élections présidentielle et législatives. Les ambitions se révèlent. Les  candidats se bousculent au portillon. La droite se voit déjà au pouvoir. Le Front national est en embuscade et continue sa propagande de haine, en pensant récupérer toujours plus le mécontentement qui grandit dans le pays. Le Front de gauche n’a pas su profiter de la perte de crédibilité du Parti socialiste et de nos gouvernants, en grande partie à cause – il faut le souligner  - de ses divisions internes, de son incapacité à sortir du cadre étroit des partis qui le composent et de la stratégie à géométrie variable développée au cours des dernières élections municipales, départementales et régionales. Résultat ! Un grand nombre d’électeurs de gauche se sont réfugiés dans l’abstention. Cela s’est vérifié en Corse.

    Les primaires à gauche, une opération enfumage

    C’est dans ce contexte également qu’une opération «  primaire à gauche » a été lancée par un certain nombre de gens dits de gauche. Cette opération a fait un bide retentissant. Le Parti socialiste, dans la foulée,  nous invite à une primaire associant toutes les composantes de la gauche. On croit rêver. Le Parti communiste, un moment intéressé, par la force des choses,  fait marche arrière  et demande d’attendre pour qu’une candidature « miracle » sorte du chapeau, en octobre prochain, tout en préservant des alliances futures pour les législatives. Les Verts nous préparent une candidature à eux, soit Cécile Duflot, soit  Nicolas Hulot, homme de gauche, comme il se doit. Un homme qui rêve de dépasser les clivages politiques actuels et de proposer une nouvelle alliance qui fleure bon le pseudo vivre ensemble. Un homme qui, lors d’un récent passage sur les antennes de BFM/TV, n’a même pas eu une parole de soutien au mouvement social contre la loi Khomeri.

    Disons-le tout net !  Toutes ces opérations relèvent de l’enfumage et ne visent qu’à préparer in fine une nouvelle candidature de François Hollande, désormais surnommé monsieur « Ca va mieux », depuis sa dernière et brillante prestation télévisée ou, sans lui, une candidature de son entourage. On se retrouverait dans une situation pour le moins ubuesque, celle de cautionner un candidat qui est responsable de la situation économique et sociale du pays ! On reprendrait les mêmes et on recommencerait.

    Dans le même temps, on assiste à une campagne outrancière contre Jean-Luc Mélenchon, dans les media. Les dirigeants « socialistes » ne sont pas en reste. Il est regrettable que des responsables du Front de gauche participent à la curée.

    Un soutien conditionnel

    Répétons-le, Manca alternativa décide d’apporter son soutien à Jean-Luc Mélenchon. Mais ce soutien n’est pas inconditionnel. Entre autres, il est demandé une clarification sur les problèmes spécifiques à la Corse.

    Cette candidature doit s’appuyer impérativement sur un vrai programme alternatif, de rupture avec le système actuel, dans la plus grande clarté et sur un vaste réseau de citoyens. L’élection présidentielle et les élections législatives ne sauraient être l’affaire de quelques individus, mais celle du plus grand nombre.

    Le principe de l’alternance entre gens « raisonnables » doit être dénoncé et combattu avec la plus grande fermeté. Il faut dire basta à cette partie de ping-pong entre la droite et le social-libéralisme. La France n’est pas condamnée à emprunter toujours la même voie. La voie de l’austérité et de la régression sociale, celle de la soumission aux marchés financiers et à la Troïka. Rien n’est inscrit dans le marbre.  Il existe une autre voie, celle du bien commun, de la solidarité, de la vraie rupture avec le système actuel.

    Oui, c’est possible.

     

    mancalternativa@yahoo.fr

    www.mancalternativa.com

     

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  • Là où est Macron, la résistance s'affiche

    Communiqué de Ensemble!

    Mouvement pour une alternative de gauche écologiste et solidaire.

     

    Là où E. Macron passe la résistance s'affiche. Après Lunel (Hérault) et sa sortie sur les costards, c'est à Montreuil (Seine-Saint-Denis) qu'E. Macron a touché du doigt la colère des salariéEs. Ils ne sont pas des « agitateurs professionnels » comme feint de le croire le ministre de l'Economie, mais des travailleurs résolument contre la loi travail. Dans la perspective de la manifestation nationale du 14 juin, les grèves, manifestations et mobilisations continuent alors que le Sénat va donner au texte de loi un tour encore plus libéral et destructeur des droits sociaux. Dans les raffineries, à la SNCF, à Air France, malgré la pression conjointe du Medef, des directions d'entreprises et du gouvernement, qui prennent prétexte de l'Euro et des inondations pour inciter les grévistes à arrêter leur mouvement, la grève continue, les blocages aussi. « Ensemble! » est solidaire des mobilisations en cours et se reconnaît dans les slogans lancés aujourd'hui à Montreuil : « plutôt en grève qu'en costard » et « ni chair à patron, ni chair à matraques ». Tous ensemble, faisons du 14 juin une puissante manifestation nationale afin d'obtenir le retrait de la loi travail.

    Le 6 juin 2016.

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  • Lettre à Jean-Luc Mélenchon

     

    Nous publions la lettre que Roger Martelli, historien, a adressée à Jean-Luc Mélenchon. Cette lettre est parue dans la revue "Cerises", des Communistes Unitaires. Nous en partageons le contenu.

     

    Mon cher Jean-Luc,

    Je serai avec toi au rassemblement du 5 juin. Jamais je n’ai connu une situation aussi étonnante que celle que nous vivons, tant de nuages noirs et tant de lumières, éparses ou regroupées pour contredire les ténèbres. La politique telle qu’elle se pratique est bien malade. Et pourtant le désir de politique vraie est incroyablement tenace, dans les rues et sur les places, au grand jour ou dans la nuit. Nous ne savons pas ce qu’il adviendra du mouvement en cours contre la loi Travail. Soyons seulement persuadés qu’il a besoin de s’adosser à de la perspective politique, pour que la colère ne tourne pas au ressentiment, pour que le pire toujours possible ne l’emporte pas sur le meilleur à notre portée. Le pire serait que grandisse l’image d’un espace politique anémié, occupé par les seules forces du consensus résigné. Le pire serait la reproduction de ce que l’on est en train de nous construire, pierre après pierre, et qui nous conduit tout droit à la cantine du Front national, en 2022 si ce n’est pas en 2017. Le pire serait que l’on s’habitue doucement à ce que des femmes et des hommes se réclamant de la gauche y contribuent. Le Front national n’a jamais connu de poussée aussi grande que dans des moments, après 1984 et à la fin des années 1990, où un gouvernement réputé de gauche a tourné le dos aux attentes de ceux qui l’avaient porté au pouvoir. Voilà plus de trente ans que ces gouvernants singent la compétitivité, la flexibilité, la pseudo-modernité chères à la finance et à la droite. Aujourd’hui encore, ils veulent nous faire croire qu’il faut aller plus loin encore dans le vertige libéral. Nous serions ainsi voués à passer sans cesse de Mitterrand à Jospin, puis de Jospin à Hollande, pour en arriver à Valls et peut-être à Macron. Il faudra bien que cela cesse, si l’on ne veut plus aller de recul en recul. On pense ce que l’on veut de la compétition présidentielle, et mieux vaut en penser du mal. Mais force est de constater qu’elle continue de passionner et de mobiliser. Que les forces critiques ratent l’échéance et il ne leur reste que les larmes pour pleurer et, au bout du compte, la gauche trinque et le peuple prend des coups. Depuis le coup d’éclat de Jacques Duclos à l’élection présidentielle de 1969, la gauche de gauche a accumulé les déboires, de reculs en débandades. Chacun, à un moment donné, a cru qu’il pourrait tirer seul son épingle du jeu, chevènementiste, communiste, trotskyste, écologiste et j’en passe. On voulait monter très haut et, chaque fois, on est descendu un peu plus bas. Une seule fois, nous avons démenti nos tristes habitudes : nous nous sommes rassemblés et nous avons marqué la donne politique. Comme nous l’avions fait en 2005, dans le combat contre le projet de traité constitutionnel européen. Cette fois dont je parle, c’était en 2012, et tu étais notre candidat. Nous ne pouvons pas revenir en deçà. Bricoler une improbable union de la gauche, pour aller au second tour à n’importe quel prix ? Et pour faire quoi ? Revenir au discours hollandais du Bourget ? On sait où cela nous a menés. Repartir à la case Jospin ? C’est entre 1997 et 2002 que le FN a pris son envol. En fait, tout bricolage, toute stratégie des petits pas ou des petits mieux, fût-ce au nom de la nécessaire unité, est une redoutable impasse. L’échec patent de la gauche de gouvernement tient à un fait majeur : elle n’a pas voulu voir que l’efficacité démocratique et sociale suppose désormais d’agir à la racine de nos maux, dans l’économique, dans la conception du social, dans la dynamique démocratique. Ce qu’il nous faut, c’est nous reconstituer ; nous avons donc besoin de “constituant”. Entendons bien sûr ce mot dans l’esprit de 1789 : pas seulement l’écriture d’un texte constitutionnel, mais la définition de tout ce qui le fonde, les finalités, les critères, les méthodes, le mouvement nécessaires pour construire une société qui ne soit pas une jungle. Nous devons viser un processus populaire de renversement, qui ferait passer de l’accumulation au bien vivre, de la “gouvernance” à la souveraineté du peuple, de l’appropriation privative au bien commun. En bref, nous n’avons pas besoin d’une gauche un tout peu plus à gauche, mais d’une gauche de rupture. C’est en rompant que l’on améliore les choses, même si l’on y parvient progressivement. On nous dit qu’il ne faut pas se hâter, qu’il convient de vérifier si l’on est d’accord, de fixer d’abord un programme minimum. Mais voilà plus de 20 ans, depuis le coup de tonnerre du mouvement de novembre-décembre 1995, que nous discutons, que nous élaborons des plateformes, que nous débattons de projets. Des projets, nous en avons rédigés à la pelle et ce fut toujours passionnant. Chaque fois que nous l’avons voulu, nous nous sommes accordés sur les propositions qui illustraient notre entente. Le programme n’a jamais été un préalable : il a toujours été une conclusion. En réalité, l’entente a un seul socle possible, autour d’une seule question de fond : on rompt pour rebâtir ou on aménage à la marge ? Si notre accord porte sur la rupture – or elle est la base de toutes les convergences depuis quinze ans – il n’est pas besoin de longues semaines pour se mettre enfin en mouvement. Car la situation exige qu’il y ait de l’alternative politique dès maintenant, et pas seulement dans un avenir indéterminé. Il n’est pas vrai que l’on a du temps, qu’il faut laisser se déployer l’action en cours, en attendant qu’en émerge l’idée politique de masse qui changera tout. Je suis certain que le mouvement critique produira sur son chemin de l’invention, de l’inédit, de l’imprévisible. Mais il y parviendra d’autant mieux qu’il pourra s’adosser sur de la proposition politique cohérente, née dans l’espace politique lui-même, fût-il moins vaillant qu’autrefois. Les grèves de juin 1936 ont suivi la victoire électorale du Front populaire, celles de 1968 se sont coulées dans un processus de forte mobilisation électorale à gauche. Dans un pays de vieille politisation démocratique, la confusion, le doute, l’incertitude politiques sont autant de freins à la lutte sociale. Quand l’horizon est politiquement brumeux, la volonté d’agir reste nécessaire et possible, mais elle est en partie corsetée. Ne nous dissimulons pas la contradiction : tant de déceptions et de désillusions font que l’on ne croit plus aux vertus de l’élection présidentielle et pourtant, confusément, on en attend encore quelque chose. On jure que l’on ne s’y laissera plus prendre… et on se résout à voter. Il faut donc que du raccord s’opère immédiatement entre le mouvement qui dit «non» et l’espace public qui veut savoir si l’on peut construire à partir de ce «non». Il faut que l’on sache que, quoi qu’il advienne, en 2017 la gauche de gauche rassemblée sera au rendez-vous, comme la seule dépositaire d’une vieille histoire qui tourne autour de la triple passion, démocratique et populaire, de l’égalité, de la citoyenneté et de la solidarité. Et il doit être clair qu’elle n’y sera pas seulement pour témoigner, mais pour disputer l’hégémonie à un PS qui, à sa tête du moins, a tourné le dos à ses valeurs fondatrices. Depuis des années, Jean-Luc, tu es du côté de ce qui a contribué à faire bouger les lignes à gauche, “l’appel Ramulaud”, la campagne de 2005, les collectifs antilibéraux. Tu as été un des pivots du Front de gauche. Tu portes toi aussi, une part de responsabilité dans ce qui a érodé la dynamique de cette dernière expérience. Mais une part seulement. Et pour des millions de gens, tu as incarné l’esprit du Front de gauche. Si, en 2012, nous nous sommes à ce point collectivement déployés, j’attends celui qui osera dire que tu n’y étais pour rien. On peut être d’accord ou pas avec ce que tu dis à tel ou tel moment. On peut aimer ou pas ta personnalité et ton style. On apprécie ton sens de la formule qui fait mouche, ou on peut s’en irriter. Tu as ta façon à toi de parler de ce qui nous rassemble, la République, la laïcité, la nation démocratique, l’Europe, la fraternité universelle, la gauche, le commun. C’est vrai qu’elle n’est pas toujours la mienne. Pourquoi s’en étonner et s’en offusquer ? Tu es d’une culture politique particulière, dans un espace qui en compte plusieurs. Tu ne masques rien de ce que tu es : tant mieux… Ce qui compte est que, aujourd’hui, dans une large fraction de l’opinion que la gauche désole, mais qui se reconnaît encore dans ses valeurs, tu es entendu comme une voix alternative à celle de la capitulation officielle. Inutile de tourner autour du pot : dans le moment présent, tu es massivement perçu comme un choix utile à gauche. Pour ne pas dire la seule candidature crédible qui soit à gauche… Le 5 juin, on verra bien que tu n’es ni un homme seul ni un sauveur suprême, ni un prophète ni un simple porte-voix. Tu vaux parce que tu es un individu, un homme libre. Mais tu ne vaux jamais autant que quand nous sommes des millions, non pas derrière toi mais à tes côtés. Tu n’as pas besoin de ralliés, mais de partenaires. C’est donc notre intérêt de nous retrouver avec toi. À dimanche 5 juin, par conséquent. Salut et fraternité ●

    Roger Martelli 

    On a besoin d'une gauche de rupture

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