• La Bible, les Évangiles, le Coran, La Torah,  L’Iliade, L’Enéide, La Chanson de Roland… des histoires qui ont contribué à façonner l’imaginaire des peuples. Nous sommes dans les domaines des religions et des mythologies.

    «Il me faut pour tenir le coup des histoires à dormir debout... » chantait Guy Béart…
     
    storytelling_salmon

    Depuis les années 1990, aux Etats-Unis puis en Europe, l’art de raconter des histoires a été investi par les logiques de la communication et du capitalisme triomphant, sous l'appellation anodine de « storytelling ». L’art de raconter des histoires est devenu une arme aux mains des « gourous » du marketing, du management et de la communication politique, pour mieux formater les esprits des consommateurs et des citoyens. Derrière les campagnes publicitaires, mais aussi dans l'ombre des campagnes électorales victorieuses, de Bush à Sarkozy, se cachent les techniciens sophistiqués du storytelling managment ou du digital storylelling. C'est cet incroyable main mise sur l'imagination des humains que révèle Christian Salmon dans un livre, au terme d'une longue enquête consacrée aux applications toujours plus nombreuses du storytelling.
    Les managers doivent raconter des histoires pour motiver les salariés, les militaires en Irak s'entraînent sur des jeux vidéos conçus à Hollywood et les spin doctors (conseillers en communication et marketing politique agissant pour le compte de personnalités politiques) construisent la politique comme un récit...l’histoire édifiante de Barack Obama, celle de Nicolas Sarkosy, celle de Ségolène, le complot palpitant des nations voyous pour produire des armes de destruction massive.…

    Nous aimons que l’on nous raconte des histoires. «Un récit, c’est la clé de tout», confirme M. Stanley Greenberg, spécialiste américain des sondages. Chez les adultes, l'art de raconter des histoires   est-il devenu l’art de "formater les esprits" pour les aliéner ? Cela pourrait être certainement l’objet d’une fiction.  Dans une réalité qui copule avec la fiction, selon Christian Salmon, ancien Président de l’éphémère Parlement international des écrivains, le Storrytelling serait la nouvelle "arme de distraction massive" qui managerait le monde depuis les années 90. Le storyteller est le conteur mais aussi le menteur. Le storytelling signifie donc  « l ‘art de conter, de raconter des histoires ».  L’expression «avoir l’art de raconter des histoires » contient une connotation de manipulation mentale selon laquelle il est utilisé pour détourner de la réalité et fabriquer du réalisme. C’est la méthode marketing qui consiste à influencer le consommateur, et celle des gouvernants en direction de l'électeur. Le futurologue danois Rolf Jensen a appelé « the Dream Society », la société du rêve, dans laquelle « le travail, et non plus seulement la consommation, sera dirigé par des histoires et des émotions "Nous sommes un empire, et lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité", a dit un conseiller de Bush.

    Et si l’incrédulité devenait une arme contre les storrytellers ? A la stratégie de Shéhérazade, on oppose celle de Saint Thomas. Les politiques, depuis les années 90, ont compris l’intérêt du Storytelling dans la communication capitaliste et politique avec l’explosion de l’Internet et plus généralement des nouvelles techniques de communication. Le récit est le meilleur vecteur du sens. Le sens y est incarné par des personnages, il se révèle dans l'irruption des situations, il devient manifeste au travers des conclusions que l'on en tire. Le récit, le conte, l'art de créer et de dire des histoires, est le chemin le plus court et le moyen le plus percutant pour créer du sens et le transmettre à un public.

    Nous sommes, écrit Salmon, passé dans une civilisation "d’injonction au récit". A partir de ce constat, il interpelle la fiction romanesque et cinématographique dont les auteurs, selon lui, avaient compris ce qui se tramait avant que les chercheurs n'aient pu le formuler. Notre émotion est atteinte dans son intimité et utilisée par le marketing et le politique. Elle est plus sollicitée que par les auteurs de fiction.

    On utilise la fiction pour prévenir le réel. Le Pentagone a fait appel à Hollywood ! Pour exemple, après les attentats du  11 septembre, les hauts responsables américains réunissent quelques réalisateurs et scénaristes pour imaginer des scénarii d’attaques terroristes afin de penser les parades.

    Ce n’est pas le monde qui change ? Selon Evan Cornog, professeur de journalisme à l’université Columbia, « la clé du leadership américain est, dans une grande mesure, le storytelling ». «  La politique, théorise Clinton, doit d’abord viser à donner aux gens la possibilité d’améliorer leur histoire. » Les gourous de la communication moderne se sont mis à ne plus jurer que par l’art de raconter des histoires. La bonne histoire (« good story ») est conviée pour remobiliser l’employé, ou susciter un regain d’engagement du consommateur. C’est le coeur de la théorie managériale du « storytelling ».

    L’idée de Christian Salmon est d’avoir rapproché ces techniques de celles mises en oeuvre dans le monde politique. Quelques jours avant l’élection présidentielle de 2004 aux Etats-Unis, un conseiller de G.W. Bush prend à parti un journaliste en lui reprochant d’appartenir à la reality-based community, à la communauté de ceux qui croient à la réalité. C’était un peu comme le traiter de ringard, car le monde, il en était sûr, ne marchait plus ainsi. Il s’agit de convertir chacun de nous en spectateurs naïfs car nous sommes plus avides de fiction que de réalité.

    Salmon précise que le monde de demain sera le résultat d'une lutte entre les narrations imposées et les contre-narrations libératrices. Il explique aussi que  les artistes sont prévenus, et ont déjà commencé à lutter. Et les journalistes ?

    « Si vous lisez une lettre et que vous découvrez que l’auteur a « pioché» le matin, vous penserez peut-être qu’il a travaillé dans son jardin. Si vous savez que cet auteur est Flaubert, vous commencerez à douter du sens de « pioché ». Si vous êtes familier de Flaubert, vous saurez exactement ce qu’il entend par « pioché ». Je ne dis pas qu’il faut que tous les journalistes deviennent des auteurs mais je crois que nous ne devons pas perdre l’habitude de lire les auteurs. Je n’ai jamais rien appris d’important en lisant les journalistes mais des auteurs ont changé ma vie. On ne change pas la vie de quelqu’un avec du digeste, du parfaitement défini, de l’objectivité, du sans ambiguïté. » C’est Thierry Crouzet, journaliste qui l’a écrit sur son site Internet.

    Ne plus subir la réalité mais la créer ! Les gouvernants sont aujourd’hui capables de vendre leur réalité comme une marque. L’art de gouverner se confond avec celui de raconter des histoires. Le discours officiel s’adresse au cœur plus qu’à la raison, à l’émotion plus qu’à l’opinion… souvent aux peurs. Le pouvoir exécutif devient un pouvoir d’exécution du scénario présidentiel. Evidemment, tout cela n’arrive pas qu’aux autres. Et bien non ! Salmon conclut le livre en traitant du nouvel ordre narratif en France où, comme ailleurs, nous aimons que l’on nous raconte des histoires.

    « Comment faire pour retrouver la réalité ? Peut-être en commençant par juxtaposer toutes ces histoires à dormir debout. Ensuite en entrant dans les détails, où se cache toujours le diable, lui bien réel. Car les histoires ne marchent qu’en gros. Dans le détail, elles ne marchent pas du tout ou apparaissent pour ce qu’elles sont : de la fiction qu’on a plaisir à temporairement faire semblant de croire (techniquement, les philosophes appellent cela la suspension temporaire de l’incrédulité) », commente Yves Michaud dans un article sur l’ouvrage « Storytelling » de Christian Salmon.

    La suspension temporaire de l’incrédulité ! Pierre Bayard, écrivain et universitaire, s’y oppose lorsqu’il s’agit de fiction. On doit selon lui revenir sur les fictions et s’amuser à démontrer, comme il l’a fait, qu'Œdipe n’a pas tué son père ou que l’affaire du chien des Baskerville n’a pas été élucidée par Sherlock Holmes.

    Pierre Bayard fait une relecture qui s’appuie sur la critique policière, partant du postulat que des meurtres racontés par la littérature n’ont pas été commis par ceux que l’on a accusés. "En littérature comme dans la vie, dit-il,  les véritables criminels échapperaient souvent aux enquêteurs en laissant accuser et condamner des personnages de second ordre."

    Sans tomber dans une théorie de la conspiration planétaire,  si j’ai un conseil à transmettre et une leçon à tirer aujourd’hui, c’est le même que Pierre Bayard : «être toujours libre de réinventer un roman à son goût, de s’y investir sans crainte, d’en quereller le sens, et de batailler avec l’auteur, ligne à ligne ». Un exercice qui vous servira contre cette réalité inventée par les storytellers de l’économie et de la politique.

    Travailleurs, chômeurs,  jeunes, vieux, malades, handicapés, automobilistes, piétons, locataires, propriétaires, consommateurs, téléspectateurs, Internautes, lecteurs,  électeurs…   Citoyens, soyez incrédules !

    Qui est citoyen ? « Est citoyen quelqu’un qui est capable de gouverner et d’être gouverné. » a dit Aristote. Donc, si vous êtes capable d’être gouverné, vous êtes capable de gouverner. Pour cela, il y a une contre-éducation politique à faire. Il faut se déshabituer à suivre une élite. Chacun doit être conscient qu’il est apte à prendre ses responsabilités et refuser d’être dominée. Refusez le béni-oui-ouisme ! Ne soyez pas les victimes de la globalisation des cultures en étant celles de la globalisation économique et politique. Ne laissez pas d’autres construire votre imaginaire autour de leurs projets de globalisation. Méfiez-vous de l’exploitation que les storytellers font des espaces nouveaux de communication et d’échange. En affirmant que la globalisation est un paradigme unique et irréversible, ils excluent une partie de la population mondiale. C’est une triste réalité à dénoncer et non pas une « good story» à gober.

    En 2007, Sarkozy et son équipe de storytellers ont raconté des histoires. Aujourd’hui, la réalité est la crise. Ils vous racontent encore des histoires sur cette crise. Ils se disent protecteurs en vous servant un discours infantilisant. Soyez incrédules, informez-vous en dehors d’une presse au service du storytelling politique. Ne soyez pas les figurants d’une société faite pour les patrons, les nantis et leurs banquiers. Soyez ce que vous pouvez être : des acteurs politiques qui s’informent, refusent d’être infantilisés, réfléchissent et restent libres!

    Réalisez que ce ne sont pas les idées de la Gauche qui menacent la santé, la culture, la sécurité, l’économie et le pouvoir d’achat du plus grand nombre. Ce n’est pas la Gauche qui menace vos biens matériels.

    Ne vous laissez pas raconter des histoires contraires à la réalité de la politique que vous fait subir la Droite depuis plusieurs années. La crise, c’est eux. L’austérité, c’est eux. La flambée du chômage, c’est eux. Les cadeaux fiscaux aux plus riches, c’est eux. Le démantèlement de vos services publics, c’est eux.

    Refusez d’être les victimes de leur violence économique et d’être dépossédés de la maîtrise de vos conditions d’existence.

    Google Bookmarks

    votre commentaire
  • En 2007, Sarkozy avait prévu sa défaite en 2012. Ne le décevez pas! Lors de l'émission "A vous de juger", Nicolas Sarkozy s'était engagé sur 5% de chômeurs à la fin de son quinquennat et conseillait aux Français d'en "tirer les conséquences" s'il finissait à 10%. Aujourd'hui, le taux de chômage en France atteint les 10%, le temps d'en tirer les conséquences est donc venu…

     

    Google Bookmarks

    votre commentaire

  • impossible

    L’expression a été lâchée par notre président lors de la conférence de presse qu’il a organisée à l’issue de l’historique sommet social à l’Elysée d’aujourd’hui.  « Il faut prendre des décisions fortes et rapides. Des mesures d’urgence sont indispensables », a-t-il déclaré avec toute la solennité qui sied à la situation actuelle. On a failli le croire.
    Quelles sont ces décisions et ces mesures de choc pour faire face à l’accroissement du chômage, à la hausse du coût de la vie et à la poursuite des délocalisations (voir la dernière en date, celle qui menace la société Lejaby en Haute Loire) ?
    Sarkozy s’est appliqué à énumérer ces décisions et mesures, avec toute la conviction qu’on lui connaît. Lui le protecteur des Français.
    Il faut tout faire pour maintenir le lien entre le salarié menacé de perdre son emploi et son entreprise, a-t-il martelé avec force. Donc on va privilégier le chômage partiel. Mieux vaut cette formule que de laisser des individus sur le carreau. Les chômeurs de longue durée vont enfin voir le bout du tunnel. On va leur proposer des mesures de réinsertion. Les jeunes n’ont pas été oubliés. On aidera les petites entreprises à les embaucher, en les exonérant de charges sociales, pendant six mois. Enfin, Pôle emploi, quelque peu malmené ces derniers temps se voit octroyer mille emplois supplémentaires, en contrat à durée déterminée. Il était temps. Coût total de l’opération : 430 millions d’euros. Il ne s’agit pas de nouvelles dépenses pour l’Etat. On prendra la somme sur d’autres postes. Le tour est joué. On habille Pierre pour déshabiller Paul.
    Ces mesures, un peu tardives, n’ont pas convaincu les syndicats des salariés. Seule la Pariseot, grande prêtresse du Medef, a exprimé avec jubilation sa satisfaction. Qui se ressemble, s’assemble.
    Quant aux décisions qui fâchent, genre Tva sociale, on verra plus tard.
    Une fois de plus, au-delà de mesures qui ne cassent pas trois pattes à un canard notre président s'est livré à une opération enfumage de première à cent jours de l’élection présidentielle. Au fait, a-t-il dit quelque chose sur son fameux bilan après cinq ans de pouvoir ? A-t-il
    simplement évoqué un semblant de responsabilité dans la  crise actuelle ? Faut pas rêver. Chasser le naturel, il revient au galop. Décidément il est incorrigible. Y a-t-il encore beaucoup de gens pour se laisser berner ? Il est vrai qu’il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

     

    Google Bookmarks

    votre commentaire
  •  

    harvey3David Harvey est né dans le Kenten en  Angleterre. Il s’est d’abord Installé aux U.S.A pour devenir professeur associé en géographie à l’Université Johns-Hopkins de Baltimore. Harvey a multiplié ses efforts pour développer une perspective marxiste en géographie. The Limits to Capital, publié en 1982 et qu'il considère comme son ouvrage majeur, est une extension de la dimension spatiale de la théorie marxiste du capitalisme, alors que Marx s’était peu intéressé aux questions géographiques.

    Aujourd’hui, il est un penseur leader sur l'économie mondiale, le théoricien marxiste le plus traduit dans le monde et  un éminent professeur d'anthropologie à la Graduate Center de la City University of New York. Il est l'auteur de plusieurs livres, notamment Le Nouvel impérialisme, en 2010, et Le capitalisme contre le droit à la ville. Néolibéralisme, urbanisation, résistances, en 2011.

    Il decrypte le règne du capital. Surtout, il dépoussière l’héritage marxiste en lui adjoignant une dimension spatiale, posant l’étude des espaces du Capital comme préalable indispensable à une compréhension globale du monde tel qu’il tourne (mal).

    Il a donné en 2010 une conférence à l’Ecole d’architecture de Belleville. Il s’y est éloigné de la géographie pour se concentrer sur le thème des son dernier livre, encore inédit en français, L’énigme du capital. À partir d’une analyse basique des différentes étapes de la production, se focalisant sur la récente crise généralisée, il pointe les diverses failles du système et les inégalités criantes qu’il engendre. Avec cette interrogation, en toile de fond: puisque ce système est si mauvais, pourquoi ne pas en changer ?

     

    harveyDe ses interventions sur la crise financière, en 2010, RSA-animate en a fait une animation a la fois convaincante et drôle. Il dit notamment «  Les gens ont trop lu Hayek et ont cru à l’efficacité des marchés. Il est temps de revenir à  Keynes et on prend Hyman Minski au sérieux sur l’instabilité inhérente aux activités financières » Il fait ainsi référence à trois grands économistes de Vingtième siècle.  Il ajoute «  Le capitalisme ne résout pas ses problèmes de crise, il les déplace géographiquement. Et c’est le mouvement dont nous sommes les témoins aujourd’hui. Tout le monde dit « Ok ! on commence à s’en sortir aux States » et la Grèce fait « Bang ! » et tout le monde dit : « Que fait-on des Piigs ? »… PIIGS, Ce sont les initiales de Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne (Spain en anglais). Un sigle qui signifie cochons en anglais et qui traduit le mépris des poids lourds de l'Union pour ces petits pays confrontés aujourd'hui à de graves difficultés économiques.

    Annotations avant lecture de la Vidéo: 

    Friedrich Hayek, né Friedrich August von Hayek (8 mai1899, 23 mars1992) est un philosopheet économiste de l'École autrichienne, promoteur du libéralisme, opposé au socialismeet à l'étatisme. Sa pensée est connue à travers son livre La Route de la servitude, publié en 1944. Il a reçu le « Prix Nobel » d'économie en 1974 pour « ses travaux pionniers dans la théorie de la monnaie et des fluctuations économiques et pour son analyse de l'interdépendance des phénomènes économique, social et institutionnel ». Hayek s'est intéressé à de nombreux champs de la connaissance humaine, comme l'économie, le droit, la psychologie, la philosophie ou la science politique. Il est l'auteur d'ouvrages de philosophie politique comme La Constitution de la liberté(1960) ou Droit, législation et liberté(1973-1979), ouvrages significatifs du libéralisme contemporain.

    John Maynard Keynes (5 juin1883- 21 avril1946) est un économiste britanniqued e notoriété mondiale, reconnu comme le fondateur de la macroéconomie moderne pour lequel les marchésne s'équilibrent pas automatiquement, ce qui justifie le recours à des politiques économiques conjoncturelles. Le keynésianisme, la nouvelle économie keynésienne, le néo-keynésianisme ou le post-keynésianisme plus interventionniste sont des concepts et des courants de pensée issus de l'œuvre de Keynes. La pensée de Keynes, notamment le courant keynésien dit de la synthèse néoclassique longtemps dominant aux États-Unis, a perdu une large part de son influence à partir du début des années 1980 avec la montée en puissance du monétarisme et de la nouvelle économie classique. Cependant, la crise économique de 2008-2009 a semblé marquer un regain d'intérêt.

    Hyman Minsky(23 septembre1919, 24 octobre1996) est un économiste américain s'inscrivant dans le courant de pensée post-keynésienne. On appelle parfois « moment Minsky » le point où les investisseurs surendettés sont contraints de vendre en masse leurs actifs pour faire face à leur besoin de liquidité, déclenchant une spirale de baisse auto-entretenue du prix de ces actifs et un assèchement de la liquidité.L'une des idées centrales de Minsky, exprimée dans Stabilizing an Unstable Economy(1986), est que la stabilité engendre l'instabilité, le capitalisme lui-même se déséquilibrant intrinsèquement: se lassant de profits modérés, les investisseurs, en période de croissance, commencent à prendre des risques plus élevés, mettant en péril la stabilité du système. Dès lors, seule une régulation financière peut permettre de limiter la spéculation et de prolonger une croissance stable

    La vidéo est sous-titrée en français...

     

     

    Signé: Pidone

    Google Bookmarks

    votre commentaire
  • pomidou_giscard

    Une disposition est à l'origine de l'endettement des états : l’article 104 du traité de Maastricht qui avalisa la loi Giscard-Pompidou-Rothschild de 1973. Cet article interdit aux états d'emprunter à leur banque nationale (prêt sans intérêts) et les oblige à se tourner vers les banques privées qui prêtent avec intérêts. Des projections démontrent qu'une dette sans intérêts se résorbe. Ce sont les intérêts qui ont fait boule de neige et grossit astronomiquement cette dette. C’est donc ce système ultralibéral qui a créé la crise. Ce sont les banques et les investisseurs qui en tirent profit. 

    Les banquiers privés ont placé leurs hommes au cœur des Etats et privatisent la création monétaire. G. Pompidou, avant d'être président de la République était un banquier. De 1945 à son élection comme président de la République en 1969, il exerçait des fonctions au gouvernement français tout en continuant à travailler au service de la banque Rothschild de1954 à 1958 et de 1959 à 1962. Le 8 janvier 1959 il devint Directeur général de la Banque Rothschild. Pourtant, il a néanmoins été nommé en mars 1959 au Conseil constitutionnel où il a siégé jusqu'en 1962. L'article 25 de la loi du 3 janvier 1973, de Pompidou et  Giscard d'Estaing, "interdit au Trésor public d'être présentateur de ses propres effets à l'escompte de la Banque de France". On observe depuis un grave manque d'indépendance de l'Etat français au profit des intérêts privés des banquiers.

    L'une des idées centrales de Hyman Minsky (économiste américain), exprimée dans Stabilizing an Unstable Economy(1986), est que la stabilité engendre l'instabilité, le capitalisme lui-même se déséquilibrant intrinsèquement:en se lassant de profits modérés. Les investisseurs, en période de croissance, commencent à prendre des risques plus élevés, mettant en péril la stabilité du système. Dès lors, seule une régulation financière peut permettre de limiter la spéculation et de prolonger une croissance stable.L’instabilité inhérente des activités financières est la véritable cause de la crise.

    En France, c’est la Droite qui a mis en place le système qui a généré une dette astronomique pendant que les banquiers et les spéculateurs s’enrichissaient  avec les euros de la Banque centrale européenne. Merci Messieurs Georges Pompidou et Giscard d’Estaing !... Interrogé en 2008, Valéry Giscard d’Estaing déclara que « La réforme des statuts de la Banque de France, adoptée sous le mandat de Georges Pompidou et lorsque j’étais ministre des Finances, est une réforme moderne qui a transposé en France la pratique en vigueur dans tous les grands pays : il s’agissait à l’époque de constituer un véritable marché des titres à court, moyen et long terme, qu’il soit émis par une entité privée ou publique» et évitant ainsi « une situation d’inflation monétaire permanente ».Aujourd’hui, c’est aux peuples que ces « imbuffati » (gonflés) font payer la crise. En France, contrairement aux Allemands, la croissance est davantage tributaire du marché intérieur que des exportations. En diminuant le pouvoir d’achat des Français, Sarkozy ne fait pas le choix de la croissance mais celui de la récession. Il abandonne la souveraineté nationale au bénéfice d’une Allemagne qui n’a aucun intérêt à remettre en cause l’article 104 du Traité de Maastricht auquel il veut ajouter la « règle d’or » pour verrouiller le système.

    Alors que la plupart des peuples européens subissent la crise, le gouvernement allemand impose la loi du système bancaire privé malgré les dettes qu’il génère et cela pour rester le premier exportateur européen. « Acheter allemand »,  proclament leurs publicités. Le premier de la classe gardera la meilleure note. En défenseur intransigeant de l’ultralibéralisme, il n’est pas près de la perdre. Montrer en exemple, Merkel  assure le maintien d’un système mis en place par les banquiers et en premier lieu la banque américaine Goldman Sachs qui dirige en sous main l’Union européenne. Goldman Sachs a été le plus grand contributeur à la campagne Obama. Tim Geithner, le secrétaire au Trésor d’Obama, a choisi comme bras droit un lobbyiste qui travaille depuis dix ans pour Goldman.aux Etats-Unis, où la règle de l’article 104 n’a pourtant pas son équivalent.  En Europe, c’est encore le système bancaire américain et ses agences de notation qui commandent même dans cette période de crise. Goldman Sachs a placé des ancien cadres. Une Europe sans réel leader mais affublée du couple ultralibéral franco-allemand dans lequel l’Allemagne mène la danse pour mettre au pas anglo-saxon.

    En France, la droite au pouvoir est celle des avocats d’affaires, des cadres de l’Oréal et d’autres entreprises financières ou non. La politique menée par Sarkozy le démontre depuis cinq ans avec les cadeaux fiscaux aux plus riches (dont Liliane Béttencourt, la fraudeuse du Fisc, pour 30 millions d’euros réglés par le Trésor public) et la rigueur pour le peuple. Il mène une politique de démantèlement des services publics au détriment de la santé, de la sécurité, de l’enseignement et de l’emploi. Le champion du chômage et de la dette n’assume même pas son bilan catastrophique. Il est plus facile de désigner des boucs émissaires.

    Il est temps de lui dire : « D’abord l’humain ! » et de le renvoyer à Neuilly s’occuper de ses anciens administrés richissimes.

     

    tchaosarko

     Signé: Pidone

    Google Bookmarks

    votre commentaire
  • Aiò est une onomatopée corse utilisée comme une interjection et que l’on peut traduire par « Allons ! ». Si on la double « Aiò, Aiò ! », on pourra traduire alors par « Allons donc »! C’est surtout le nom d’un petit journal qui circule dans les écoles à Bastia.

    Sur le site Calameo, cet enseignant d’une école bastiaise, Serge Merle,  a mis le N° 42 de ce journal en livre virtuel. Nous nous sommes renseignés auprès d’une amie bastiaise :  Aiò est un journal qui est mis à la disposition de beaucoup d'enfants scolarisés à Bastia. Il est tri-lingue : français, corse et italien. Il parle un peu de tout et actuellement on est arrivé au N°42.

    D’aucuns diront que cela remonte à 2010 et qu’il aura fallu la sortie du N°42 our que nous en parlions. Le site Manca alternativa n’a que trois mois d’existence et le N°42 vient à peine de sortir. Il vaut la peine qu’on en parle car il témoigne du travail des enseignants dans une période où l’Education nationale subit des suppressions d’emplois et des fermetures d’écoles. Luc Chatel, leur ministre continue des fonctions de Directeur des Ressources Humaines, sa seule qualification professionnelle acquise dans le groupe L’Oréal. Auront-ils les moyens de continuer un travail de qualité si Sarkozy est réélu ? Le présent démontre que ce gouvernement n’a aucune considération pour l’enseignement public. Nos enseignants rivalisent encore de projets pédagogiques. Nous nous sommes donc arrêté sur celui qui a abouti au journal Aiò.

    école_toga

    Située à Bastia (Haute-Corse) l'école de Toga, où enseigne Mr Serge Merle,  est le tout premier établissement scolaire corse à avoir décroché le label Ecole Internet. A l'occasion de la remise de ce label 2010, l'enseignant Serge Merle a expliqué pourquoi et comment son école a rejoint le réseau Ecoles Internet. Il évoque également les enjeux particuliers que représente, en Corse, le développement du numérique en milieu scolaire. Serge Merle, directeur de l’école de Toga a déclaré : « Cette idée de mettre en réseau tout le monde autour de l’école créé une dynamique très intéressante. De plus, dans notre espace en ligne, les élèves pratiquent l’écrit de manière très dynamique. »

    Depuis lors, l’école communale de Toga a son site Internet. Bon, ce site n’a plus de publication depuis 7 mois mais il existe et souhaitons que cette pionnière du réseau Ecoles Internet en Corse  recueille de nombreux jeunes Internautes..

     

     Signé: Pidone

    Google Bookmarks

    votre commentaire
  • amnésia

    Au Chili, le 9 décembre dernier, le Conseil national de l’Education a approuvé: à la page 31 du programme d’histoire que  le terme de “dictature militaire” soit remplacé par “gouvernement militaire”. Ce changement conceptuel n’est pas anodin, comme voudraient le faire croire certains. C’est bien une « dictature » qui a dirigé le Chili pendant 17 ans. La majorité des Chiliens savent que les militaires ont renversé un gouvernement élu,  gouverné de manière autoritaire, qu’ils ont été portés au pouvoir par un coup d’Etat, qu’ils n’avaient pas le moindre respect pour les droits de l’homme et qu’ils ont transformé radicalement les fondements matériels et subjectifs de la nation chilienne.  Le concept a son importance même si les Chiliens sont capables de débattre en public de leur histoire et si la télévision aborde ouvertement les atteintes aux droits de l’homme avec des séries comme “Les archives du Cardinal” ou la dernière saison de “Les années 80”.  Toutefois les changements conceptuels ne sont ni innocents ni anodins. Ces changements cachent une intention politique et idéologique évidente.  C’est ce passé sans le mot « dictature » qu’on va enseigner aux enfants chiliens.

    La décision du ministère de l'Education de remplacer le mot dictature par celui "régime militaire" dans les manuels scolaires a suscité une levée de boucliers. Un débat qui n'est pas innocent, affirme Cristina Moyano, historienne chilienne : changer les mots, c'est transformer la réalité.

    C’est un exemple qui montre que le négationnisme commence par le refus d’un terme, d’un concept, et que le travail des historiens peut être celui du négationnisme alors même que des images, des témoignages, des documents… que toutes les preuves sont réunies pour que le terme, le concept, entre dans les livres d’histoire. Au Chili, il s’agit du mot « dictature ». En Turquie, du mot « génocide », occulté depuis 1915. Dictature, Génocides… des maux de l’Humanité, des mots  de l’histoire… Doit-on laisser des historiens négationnistes continuer à désinformer et à manipuler l’histoire. Doit-on laisser un pays exporter le négationnisme dans une démocratie ? Le sénat, en France, a l’occasion de répondre à la question le 23 janvier prochain. Un génocide est l’affaire de l’humanité et concerne toutes les démocraties.

    En ce qui concerne le génocide arménien, une campagne journalistique odieuse est menée. Nous ne citerons pas les leaders. L’argumentation développée est parfois une insulte aux Arméniens de France. Tel journal se pose en porte-parole de la diplomatie, prêt à céder au chantage. Les média franchissent la ligne rouge de l’éthique. L’indépendance de la presse serait-elle surannée ? En ne voyant que des raisons électoralistes à cette loi, ils oublient le vrai objet du débat qui a eu lieu au Parlement. On ne fait pas de la politique sur un génocide, en éludant la dimension politique du négationnisme relayée par le lobbying pro-turc. Le pire dans cette cabale, c’est une victime de la Shoah refusant aux Arméniens le bénéfice de la loi Gayssot et faisant du mot « génocide » une AOC juive, une marque de fabrique déposée au Tribunal de Nuremberg. C’est ce qui fait le plus mal aux Arméniens car il s’agit alors d’une forme de négationnisme qui vient de là où ils ne s’y attendaient pas. Comment peut-on, par des arguties juridiques, remettre en cause pour les uns ce que l’on a revendiqué pour les autres ? Comment se dire alors l’ami des Arméniens et avoir de la compassion pour ce qu’ils ont vécu ?

    Le négationnisme ne s’arrête pas aux frontières d’un état comme la Turquie. Par le lobbying et  la menace, il veut s’imposer aux démocraties. C’est pour cela que les Etats démocrates ont le devoir, lorsque l’Histoire est écrite, de légiférer pour que le vœu pieux « Plus jamais cela !» entre dans une réalité au lieu de s’enfoncer dans le non-dit complice qui a eu pour résultats, après le génocide arménien, d’autres génocides. Le génocide arménien est historiquement prouvé. Il faut ne pas s’y être intéressé pour penser le contraire. Le négationnisme fait courir de grands dangers à l’humanité. La passivité est coupable et, en droit, il existe la non-assistance à personne en danger. L’Histoire l’a déjà démontré à plusieurs reprises face à la dictature, au fascisme et au nazisme notamment mais aussi à l’impérialisme. On se souvient, en France,  des maladroits « bienfaits » de la colonisation et des ravages que peut faire la justification de l’injustifiable. En outre, contrairement à ce que les adversaires de la pénalisation veulent faire croire, cette pénalisation ne peut que pousser l’Etat turc sur la voie de la reconnaissance et ne peut qu’aider les démocrates turcs. C’est après la reconnaissance du génocide par la France en 2001 que des Turcs ont demandé collectivement pardon aux Arméniens pour ce qu’ils appellent cependant toujours la grande tragédie. Il ne faut pas taire qu’en Turquie, on risque la prison et l’assassinat si on prononce ouvertement le mot « génocide ». Aucun des détracteurs de la loi de pénalisation ne met l’accent sur cet aspect de l’Etat turc. C’est en Turquie qu’il y a le plus de journalistes poursuivis et emprisonnés. Les journaux français ne le disent pas assez et sont plus prompts à défendre un Etat islamiste modéré soit disant démocrate.

    La loi qui a été adoptée par le Sénat concerne tous les génocides reconnus par la France qui a encore du chemin à parcourir puisque seulement deux génocides ont été, à ce jour, reconnus dans l’hexagone : la Shoah et le génocide arménien. Elle pourrait concerner d’autres génocides comme celui du Rwanda. On a parlé un temps du Darfour mais cette actualité n’a plus la faveur de la presse. Dans d’autres pays, des prémices de génocides apparaissent. Il est temps de prendre conscience des dégâts engendrés par l’omerta internationale et le négationnisme. Les Arméniens ont été à l’initiative d’un événement Amnésia internationale pour que l’on se souvienne de tous les génocides. Contrairement à quelques victimes de la Shoah, ils ont fait de leur malheur la raison de se battre aux côtés du malheur des autres. Heureusement y participent d’autres victimes de la Shoah. Cet événement unique se déroule chaque année à Marseille. Le prochain est prévu pour le 24 mars prochain.

    « Le 20ème siècle a été celui des Génocides. Qu’ils soient arménien, juif, tsigane, cambodgien, rwandais, ou plus récemment darfouri, ces crimes contre l’Humanité restent une plaie béante dans la conscience universelle, avec leurs millions de morts, de déportés, d’exilés.Ne pas se souvenir, ne pas condamner ces génocides, ne pas empêcher leur négation, c’est refuser le droit au repos en paix à toutes ces victimes de la barbarie humaine. L’amnésie collective interdit tout travail de mémoire, et pire encore, elle peut conduire à une potentielle reproduction de l’Histoire… »

     

     

    Signé: Pidone

    Google Bookmarks

    votre commentaire