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    Aquilino Morelle le conseiller politique spécial de François Mitterand, quitte ses fonctions en grandes pompes mais par la petite porte. A grands coups de pompes dans le derge ! Lorsque nous parlons de pompes, il s’agit de ses souliers de petit marquis qu’il faisait cirer dans un salon de l’Elysée. Sa démission intervient après sa mise en cause par le site Mediapart pour un conflit d'intérêt présumé. Il est soupçonné d'avoir travaillé secrètement pour un laboratoire pharmaceutique alors qu'il était en même temps rattaché à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). Bien sûr ce sera à un tribunal de le juger, si une enquête est ouverte.

    Aquiliuno Morelle est docteur en médecine devenu énarque. Son premier poste le mène à l'inspection générale des affaires sociales(IGAS). De 1997 à 2002, il est la « plume » de Lionel Jospin, Premier ministre. En 2001, il est candidat pour le PS dans la ville de Nontron en Dordogne. où il est battu par le maire sortant, Pierre Giry.Depuis 1998, il est membre de la French-American FoundationInvesti par le PS pour les législatives de 2002 dans la deuxième circonscription des Vosges, il renonce finalement à se présenter.  Après 2002, il part travailler chez Euro RSCG, mais revient à la politique dès 2004 et soutient avec Laurent Fabius le « Non » lors du référendum du le traité de constitution européenneIl se présente aux législatives de 2007 comme représentant du Parti socialiste.  Il est battu au premier tour. En 2011, après avoir corédigé le rapport de l'IGAS sur l'affaire Médiator, il est le directeur de campagne d'Arnaud Montebourg lors de la Primaire présidentielle socialisteLors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2012, il rédige des discours de François Hollande qui, le 15 mai 2012, le nomme conseiller politique auprès de lui.

    Cet ancien haut fonctionnaire de l’Igas aurait  travaillé secrètement pour le laboratoire pharmaceutique danois Lundbeck en 2007, alors qu'il était fonctionnaire de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). Cette double activité est pour le moins déontologiquement incompatible  et qui pourrait avoir donné lieu à des petits arrangements rémunérés. Aquilino Morelle aurait notamment organisé des rendez-vous entre des représentants du laboratoire Lundbeck et des membres du Ceps, organisme interministériel chargé de fixer le prix des médicaments et les taux de remboursement. Cela pourrait expliquer qu’il n’est pas signalé ses liens avec ce laboratoire alors qu’il aurait dû le faire lors de sa nomination à l’Igas. De toute façon, «oOn n’autorise jamais un inspecteur à travailler pour une entreprise privée. Alors un laboratoire pharmaceutique…", commente un ancien directeur de l'Igas, interrogé par Mediapart

    Aquilino Morelle, qui aime les chaussures de luxe fabriqués sur mesure aux prix exorbitants et qu’il entretient comme des oeuvres d’art, disposaient à l’Elysée, pour ses besoins familiaux et personnels, de deux chauffeurs officiels, de secrétaires et de passages au sauna toujours selon Médiapart. On nous explique qu’il est né d’une famille modeste, qu’il a vécu à Belleville avant d’habiter le Seizième arrondissement de Paris et d’en prendre les habitudes. C’est un arriviste. Son comportement apparaît décalé et politiquement immoral lorsque François Hollande et son premier ministre mettent en actes une politique d’austérité qui pénalise les petits revenus.

    La Haute autorité pour la transparence a annoncé, dans la foulée, étudier le dossier d'Aquilino Morelle. La haute instance dit avoir entamé "une étude plus approfondie de ses déclarations d'intérêts et de patrimoine", remises en janvier dernier par l'ex-conseiller élyséen, comme par tous les collaborateurs du président.

    Au-delà de la personne d’Aquilino Morelle, descendant d’immigrés espagnols comme Manuel Valls et Anne Hidalgo, ce nouveau scandale, comme celui de Patrick Buisson, pose la question de la crédibilité de la parole politique. Ce sont des conseillers et à ce titre, ils rédigent les discours de leurs mentors.  Nos présidents de la république débitent ces discours écrits par des communicants chargés de faire du storytelling. Pendant sa campagne électorale François Hollande a récité de l’Aquilino Morelle. Ni le rédacteur du discours ni celui qui le récite n’y mettent la moindre parcelle de sincérité. Tous profitent d’une république bananière pendant qu’ils imposent au peuple tous les sacrifices. Tous s’indignent ensuite des accusations de « tous pourris » dont profite l’extrême-droite ou qui détourne les électeurs des urnes.

    U scaparu

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  • Dans la perspective des élections européennes Manca alternativa adresse un courrier au Parti communiste et au Parti de gauche pour une rencontre rapide au cours de laquelle pourraient être définis le contenu et les modalités d'action de la campagne électorale.

    Chers camarades,

    Les élections municipales sont derrière nous, mais voici que déjà les élections européennes arrivent à grands pas.

    Nationalement nos trois organisations ont déjà tracé les conditions du rassemblement du Front de gauche dans les  7 régions  et définis les deux premiers de chaque liste. Politiquement l’orientation sociale-libérale du PS, du Président de la République et de son gouvernement nous impose une réaction à la hauteur des enjeux.

    Lors de la réunion de notre collectif de Manca Alternativa /Ensemble du 16 avril, nous avons souhaité   proposer une rencontre de nos trois organisations pour échanger  sur la situation politique et les perspectives à venir. 

    Il nous semble opportun, pour ne pas dire urgent, qu’à la veille de ces prochaines et importantes échéances nous puissions réfléchir  en commun aux conditions politiques du lancement en Corse de la campagne des élections européennes du Front de Gauche.

    Dans l’attente de votre réponse, recevez nos fraternelles salutations.

    Manca Alternativa/Ensemble

    Ajaccio, le 17 avril 2014

                                                                                                                                          

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    « Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées.

    Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.

    On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.

    Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu.

    Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutienne devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir. »

    Cet extrait du "Meilleur des mondes" d'Aldous Huxley circule régulièrement sur les réseaux sociaux car il faut reconnaître qu’il est d’actualité dans un monde où l’individu se voit dépossédé de la maîtrise de son existence et où même les démocraties ne lui permettent pas de jouir de sa liberté puisque tout s’achète et tout se vend, tout est une question d’argent et dépend donc du  pouvoir de l’argent.

    Que peut-on attendre d’un pouvoir politique entre les mains de communicants qui racontent des histoires comme on raconte des contes de fées aux enfants ? La propagande libérale a pris le nom de « Storytelling » et singe les campagnes publicitaires. Qu’apprend-on d’une presse qui n’est qu’un relai au service des mêmes communicants et qui établit une hiérarchie de l’information non pas en fonction de l’importance des événements mais en privilégiant le people et le fait divers ? Quelle est la qualité d’une information ramenée à des dépêches laconiques sans approfondissement ? Quel crédit peut-on accordé à des campagnes de propagande qui divisent les gens en politiquement corrects et en extrémistes ? Le pouvoir médiatique désigne les gentils et les méchants. Il écoute les gentils et s’acharne à décrédibiliser les méchants quant il ne les exclue pas du paysage audiovisuel. Pour rester dans le système, il faut l’intégrer.

    Nous disposons d’un grand nombre de chaînes télévisées et d’une télécommande mais tous les journaux télévisés balancent les mêmes informations, les mêmes commentaires et on retrouve le plus souvent les mêmes intervenants. Lorsque l’on veut se distraire, on tombe sur des jeux débiles, des concours de cuisiniers et de chanteurs, des émissions de téléréalité ou des séries policières à gogo. Rares sont les chaînes tournées vers la culture. On a fabriqué le téléspectateur de masse et c’est l’audimat qui détermine les programmes proposés en général par les mêmes producteurs et les mêmes animateurs omniprésents jusque sur les radios. On diffuse massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupe les esprits par ce qui est ludique et futile. L’accès au savoir devient de plus en plus difficile et élitiste. Il suffit de connaître le prix d’un livre, les tarifs des théâtres et des cinémas pour s’en convaincre.

    La vision du « meilleur des mondes » que nous a laissée Aldous Huxley prend forme au fil du temps. Nos enfants et nos petits-enfants n’auront connu que cela. On leur met dans les mains des jeux vidéo qu’ils peuvent transporter de partout. Les écrans remplacent la lecture. Ils communiquent par SMS, ce qui réduit le langage à un petit lexique codifié. A l’inculture s’ajoute l’indigence lexicale et grammaticale.

    L’information destinée au grand public est anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. C’est pour cela que la légèreté est favorisée plutôt que le sérieux de l’existence. De faux débats sont ouverts sans véritable contradiction pour faire passer la propagande libérale et ses mesures antisociales. Les cibles sont toujours les mêmes : salariés, fonctionnaires, retraités, assurés sociaux…etc. Aujourd’hui, la responsable du chômage des jeunes est le Smic. Pascal Lamy et Hubert Védrine, deux personnalités classées par les médias proches des socialistes et de François Hollande ont lancé l’idée d’un Smic jeune au rabais et le patron du Medef, Pierre Gattaz, a bien entendu emboîter le pas. Il n’en est pas à une provocation près. C’est chez lui un reflexe naturel. Même Florence Parisot à qui il a succédé à la tête du grand patronat, a trouvé que toucher au Smic relevait d’une logique de l’esclavage. Le pas a cependant déjà été franchi avec les abus provoqués par les détachements de travailleurs européens. A Bruxelles, sur un chantier de la Gare du Nord, des ouvriers portugais détachés travaillaient pour 3,4€ l’heure et certains ont déposé plainte car les salaires ne leur étaient pas versés (pour en savoir +, cliquer ICI)

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    Dans le journal Les échos, un article est consacré au dernier ouvrage de Jeremy Rifkin. L'essayiste américain prédit que l'économie mondiale telle que nous la connaissons va se transformer en profondeur par une société où le capitalisme sera éclipsé par les mouvements collaboratifs et la production à petite échelle. Publié la semaine dernière aux Etats-Unis, « The Zéro Marginal Cost Society[1] » reprend des thèmes déjà abordés dans plusieurs livres qui ont rendu Rifkin célèbre, notamment « La Fin du travail » (La Découverte, 1995) et « La Troisième Révolution industrielle » (Les Liens qui Libèrent, 2011). Mais ce nouvel essai réactualise ses prédictions passées à la lumière des dernières tendances technologiques et sociétales. Selon lui, les nouvelles technologies, en réduisant quasiment à néant les frais de stockage et de distribution, mettent à mal le modèle capitaliste. Le premier exemple qu'il donne est celui de la communication : « Un tiers de l'humanité publie déjà ses propres informations avec des téléphones ou des ordinateurs relativement bon marché, et peut l'échanger sous forme de vidéo, de son et de texte à un coût marginal proche de zéro. »  Après avoir bouleversé les médias, Internet toucherait tous les secteurs. L'éducation se transforme déjà grâce aux cours en ligne donnant accès à des professeurs de haut niveau pour un coût quasi nul. Le financement participatif et le microcrédit court-circuiteront les acteurs traditionnels de la banque et de la finance. Même l'énergie, secteur capitalistique par excellence, va devoir s'adapter à un modèle où chaque individu peut devenir « prosommateur[2] », c'est à dire à la fois producteur et consommateur, grâce aux énergies renouvelables et aux réseaux intelligents - une thèse déjà au cœur du précédent livre de Rifkin et qui a fait de lui un prosélyte très recherché de la transition énergétique, sollicité notamment par la Commission européenne ou la région Nord - Pas-de-Calais.

    « The Zero Marginal Cost Society » va encore plus loin, en prophétisant que les objets eux-mêmes finiront par avoir un coût marginal quasi nul et que leur production sera, en tout cas partiellement, assurée à l'échelle locale grâce aux progrès de l'impression 3D. On a déjà vu que de petites pièces peuvent être fabriquées à domicile. La production ne coûtant presque plus rien, l'échange va se généraliser et devenir une valeur primordiale pour la « génération du millénaire ».

    L'Internet des objets, les énergies renouvelables, les logiciels libres, l'économie sociale et solidaire, l'intelligence artificielle et les imprimantes 3D seraient les facteurs du déclin du capitalisme selon la prospective de Jérémy Rifkin. Un article complet de Benoit Georges « La révolution collaborative » sur cet ouvrage est consultable sur le site du journal Les échos en cliquant ICI.

    On comprend que chacun doit s’interroger sur la société qui se construit ou se détruit sans nous et que nous laisserons aux générations futures en sachant que l’utopie est simplement ce qui n’a pas encore été essayé, comme l’adit justement Erich Fried. La politique est la science de la liberté, écrivait Proudhon. Elle peut être aussi un instrument de soumission du plus grand nombre à des oligarques et des dictateurs. C’est notre crédulité qui fait leur pouvoir. « L’argent est un bon serviteur et un mauvais maître ». Alexandre Dumas fils a écrit dans « La dame aux camélias » ce que nous subissons d’un capitalisme qui a établi que l’homme n’était pas fait pour la liberté car il en abuserait. La liberté n’est possible qu’en restant maître de son existence. Le même capitalisme commet des crimes en son nom et corrompt les démocraties. Si on ajoute tous les moyens de fichage et de surveillance utilisés, le concept « Big Brother » n’est plus tout à fait de la science-fiction. Les révélations sur les écoutes de la NSA en sont un exemple encore frais dans les esprits. En France, La loi de programmation militaire a été adoptée à l’Assemblée nationale en 2013. C’est un texte qui, outre, le budget des armées comporte un volet Internet qui fait la part belle à la collecte des données personnelles des internautes. Les services de l’État peuvent légalement accéder à ces données sans autorisation préalable d'un juge.

    Quel espoir de changer le cours imposé des choses ? «  Quand une multitude de petites gens dans une multitude de petits lieux changent une multitude de petites choses, ils peuvent changer la face du monde. » nous enseigne Friedrich Nietzche. Une politique qui met l’humain d’abord n’est pas irréalisable comme d’aucuns veulent le faire croire. Son impossibilité est due à cette croyance entretenue que rien de peut changer. Les idées anciennes ne sont pas des idées progressistes. Le capitalisme n’est pas porteur d’idéologie nouvelle. Il maintient une économie de marché mise sous perfusion. Il lui faut de la sueur et du sang, des esclaves et des guerres.

    U barbutu

     



    [1] Le coût marginal zéro de la société.

    [2] Le prosommateur est un néologisme issu du mot anglais prosumer qui décrit les tendances des consommateurs à se professionnaliser et à s'approcher de plus un plus du producteur, par le biais de ses connaissances, d'un accès plus grand à l'information et de ses convictions politiques

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  • Le Président du Medef vient de se surpasser dans le domaine de la plaisanterie de mauvais goût. Après avoir dit tout le bien qu’il pensait du pacte de responsabilité concocté par le pouvoir dit socialiste, tout en profitant au passage pour réclamer de nouvelles exonérations de cotisations patronales, le voilà qui récidive et comme dirait ma grand-mère : « Il fait fort le lascar ». Pierre Gattaz nous balance une gracieuseté en proposant d’instaurer un salaire intermédiaire pour les jeunes, inférieur au Smic ! Lumineuse idée. Parce que voyez-vous, braves gens, le Smic actuel (1445 euros bruts mensuels) est trop élevé ! Donc, pour intégrer plus facilement des jeunes dans les entreprises payons-les moins chers. Il vaut mieux des gens sous-payés, que des gens livrés à eux-mêmes, en proie à la désespérance et à l’oisiveté. Fabuleuse logique.

    Alors, bien évidemment, de nombreuses réactions se sont fait entendre. Presque tout le monde fustige l’honnête proposition de Pierre Gattaz, y compris Laurence Parisot qui se fend d’une belle déclaration : « Proposer un salaire en dessous du Smic, s’apparente à une logique esclavagiste. » Bravo, on approuve. Mais cette déclaration est-elle sincère, ne procède-t-elle pas d’un règlement de compte avec son successeur à la tête du Medef ? Laurence Parisot n’aurait-elle pas digéré son éviction, elle qui caressait le rêve d’un troisième mandat ? Pour leur part, les syndicats des salariés se sont déclarés contre une telle ineptie, contreproductive, qui consiste  à tirer les salaires vers le bas et qui risque de nous précipiter un peu plus vite dans cette logique infernale expérimentée, entre autres, par les Grecs et les Espagnols. Les alliés politiques et naturels du Medef, la droite, le Front national, n’ont pas osé reprendre à leur compte la proposition, même s’ils n’en pensent pas moins.

    Une question se pose. Est-ce que la saillie de Gattaz est une simple plaisanterie, une provocation ? C’est peu probable. Cela ressemble plutôt à un test, à un ballon d’essai. Cette idée de Smic jeune n’est pas nouvelle, rappelons-nous les fameux Cpe. Récemment, on a pu entendre deux éminents socialistes, Pascal Lamy, ancien directeur général de l’Omc et Hubert Vedrine, ancien ministre des Affaires étrangères de Mitterrand, formuler des propositions comparables. Il est probable qu’on y pense dans les services de l’Elysée et de Matignon.  D’ailleurs, pour information, François Hollande a reçu à déjeuner trois « éminents économistes » – pas ceux des Economistes atterrés – bien dans la ligne ultralibérale, Gilbert Cette, Philippe Aghion et l’indicible Elie Cohen. Ainsi par exemple Gilbert Cette a laissé entendre que « rien ne doit être tabou », en matière de bas salaires.

    Cette inadmissible prétention du patronat, qui si elle était appliquée, contribuerait à une paupérisation accélérée d’une majorité des salariés dans notre pays. Les syndicats de salariés, le Front de gauche et toutes les forces de progrès devront s’opposer avec force contre une logique sociale et économique qui nous mène à la catastrophe. Une autre voie est possible.

    Maria Maddalena Lanteri

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  • europe_euro

    L’Union bancaire désigne dans l'Union européenne un processus européen de surveillance et de gestion des faillites éventuelles des 130 plus grands établissements bancaires. Sa création, liée aux enseignements de la crise de la zone euro, est regardée parfois comme la plus grande étape vers un fédéralisme européen depuis la création de l'euro. Seuls les pays de la zone euro sont directement concernés, les autres États membres de l'Union européenne sont libres d'y prendre part s'ils le souhaitent.

    Il aura fallu quatre années de travaux pour que l’union bancaire soit définitivement adoptée par l’Union européenne hier, mardi 15 avril. Il s’agit de mettre en place un mécanisme de contrôle qui, dès 2014, supervisera les 130 plus grandes banques de la zone euro afin d’éviter qu’elles ne mettent en péril sa stabilité financière.

    Cela nécessite d’abord la création d’un fonds bancaire de 55 milliards d’euros d’ici 2025. Donc les banques ont dix ans devant elle alors qu’un pays comme la France a été mis en demeure de réduire sa dette de 50 milliards d’euros d’ici 2015. D’ici 2025, les Etats demanderont l’aide du Mécanisme européen de stabilité en cas de problèmes bancaires comme l’a fait l’Espagne en 2012.

    Un mécanisme de surveillance unique (MSU)est donc prévu. La supervision unique des banques de la zone euro sera ainsi assurée à partir de la fin de cette année par la Banque centrale européenne. En cas de difficultés financières graves d’une banque, une procédure sera engagée. Un Conseil de résolution composé de fonctionnaires et de représentants des Etats devra préparer des mesures pour résoudre le problème bancaire. Les actionnaires, les créanciers et les gros dépositaires devraient participer au sauvetagede leur banque. Si leur action ne suffit pas, le fonds de résolution entrera en jeu. Pour que certains pays ne soient pas trop sollicités, si l'effort demandé dépasse les 5 milliards d'euros, les autorités nationales de tous les pays de l'Europe devront participer au vote de l’aide apportée. Si le fonds de résolution ne suffit pas à régler le problème, c'est aux pays européens et en premier lieu au pays de la banque en difficulté d’y remédier.

    Parmi l’argumentaire mis à disposition sur le site europa.eu, nous avons relevé : « Le nouveau cadre financier robuste qui sera mis en place pour les 28 États membres préserve et renforce tout à la fois le marché unique. Il correspond également à la mise en œuvre par l'Union des engagements en matière de réglementation financière qu'elle a pris dans le cadre du G20 ».

    Voilà, ce qui avait été annoncé. Le Parlement européen a définitivement adopté, mardi 15 avril à une très large majorité, un ensemble de textes complétant l'union bancaire. Le Mécanisme de résolution unique (MRU) complète ainsi le Mécanisme de supervision unique (MSU), adopté l'an dernier. Pour éviter un report sine die, l’union bancaire a été sauvée sans enthousiasme malgré les déclarations optimistes. Le Parlement européen et les Etats membres se sont entendus, après seize heures de délibérations et au chant du coq, sur un accord final prévoyant la création d’un mécanisme unique de gestion des faillites bancaires. Il s’agit là  du saut fédéral le plus important depuis la création de l’euro et il est franchi in extrémis avant la fin de la législature actuelle et les élections européennes prévues fin mai. Toutes les avancées de l’Union bancaire ont été réalisées avec la méthode du marathon parlementaire, dont on peut questionner l’intention et le bien fondé.

    Des eurodéputés ont toutefois critiqué d’abord la place trop importante laissée aux Etats et aux gouvernants nationaux dans la prise de décision de l’autorité de résolution.  Le compromis trouvé a réduit le champ d’influence des Etats, mais ces derniers auront toujours le dernier mot pour les cas les plus importants. Une bataille a été menée pour amender nettement le compromis provisoire qu’avaient trouvé les ministres des finances des Vingt-huit. L’Allemagne est restée très raide sur ce dossier et sa stratégie ne s’est révélée qu’en partie payante, puisqu’elle a fait beaucoup plus de concessions que prévu notamment sur  la création du fonds de résolution. Les Etats voulaient que ce fonds prenne 10 ans pour être totalement financé à hauteur de 55 milliards d’euros, et que la mutualisation des efforts entre pays soit complète. Le Parlement réclamait que la durée soit ramenée à 3 ans. L’Allemagne a accepté  que tout soit ramené à 8 ans au lieu de 10. Toutefois la mutualisation sera malgré tout accélérée plus encore dans les premières années, car le partage des efforts s’élèvera à 60 % dès la deuxième année, avant que ça n’atteigne les 100 % à la huitième année. Ce fonds pourra bien emprunter les marchés si ses réserves sont insuffisantes pour gérer le renflouement d’un établissement au bord de la faillite.

    Au bout des palabres, les Eurodéputés étaient satisfaits de l’aboutissement de leur travail parlementaire. Du côté français, Sylvie Goulard (Modem) se réjouissait : « Il faut se souvenir d’où l’on vient et de l’évolution des mentalités en quatre à cinq ans. Nous allons avoir une supervision unique des banques, un système de gestion des faillites et un fonds de résolution mutualisé. Même si tout n’est pas parfait, ce sont des progrès immenses ». Michel Barnier, le commissaire européen chargé des services financiers, avait réagi sur Twitter : Avec ce vote,"nous disposons d'un système véritablement européen pour superviser toutes les banques de la zone euro et traiter leurs faillites éventuelles". Il ajoutait« «un grand pas en avant pour séparer crise bancaire et crise souveraine. Une vue de l’esprit d’un ultralibéral qui ssure le service après vente. Ce n’est pas cette supervision libérale et un fonds de 50 milliards qui va changer le système bancaire et donc les conséquences d’une crise financière toujours possible puisqu’anticipée. Il se félicitait aussi d’un accord historique en un temps record. Accord rime richement avec record mais la crise a éclatée en 2009, faut-il le rappeler. Depuis lors, il y a eu plutôt tergiversations suivies d’une précipitation de dernière heure en fonction d’une échéance électorale et du prochain sommet européen. La rime aurait été moins riche avec « report » et surtout plus hasardeuse.

    L’accord politique est arrivé à quelques heures d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des 28 à Bruxelles. Il s’agissait de la dernière séance plénière de la législature. Cette échéance passée, l’ensemble du texte aurait dû être renégocié avec le prochain Parlement. Nous l’avons évoqué : un compromis entre les Etats avait déjà été difficilement établi, à cause de l’attitude intransigeante de l’Allemagne, notamment sur le mécanisme de prise de décision et le rythme de montée en puissance du fonds qui sera mis en place et abondé par les banques. Pour Angela Merkel, il fallait éviter d'être pris en otage par des établissement « too big to fail » (« trop grand pour faire faillite »). Est-ce que le but sera atteint ?  Il reste à savoir si la gestion des faillites bancaires empêchera les crises financières surtout avec la menace que représente le  « trading à haute fréquence ».

    Une nouvelle forme de criminalité financière est apparue avec le trading à haute fréquence qui consiste à utiliser des algorithmes informatiques complexes pour acheter et vendre d'importants volumes d'actions à haute vitesse pour tirer parti des infimes différences de prix des différents marchés dans le monde. Il a pris de plus en plus d'importance. Sur une place boursière comme le London Stock Exchange, il représente par exemple un tiers des échanges. Mais il est sujet à controverse et avait en particulier attiré l'attention lors du crash flash de 2010 quand l'indice Dow Jones Industrial Average avait brièvement chuté de près de 1 000 points à la suite d'un échange automatisé. Des mesures ont été promises pour contrôler cette spéculation qui crée l’instabilité plus grande et plus soudaine des marchés avec la mise en place de l'une des législations les plus sévères au monde. Les contrôles comprendraient des tests obligatoires des algorithmes utilisés pour minimiser le risque systémique, ainsi que l'introduction de systèmes de coupe-circuits pour suspendre les échanges si la volatilité des prix devient incontrôlable. Les modifications proposées font partie d'une réforme plus large du secteur financier désignée sous le nom de MiFID (Markets in financial instruments directive). Un vote est prévu au Parlement européen, au cours de cette dernière session plénière (14-17 avril) de l'Assemblée. Ce vote est une étape vers une adoption formelle par le Parlement, les gouvernements de l'UE devant aussi signer ces projets. Donc rien n’est opérationnel à ce jour. C’est un système de fraude de grande ampleur pour Michael Lewis, qui avait révélé le scandale des subprimes. Plusieurs enquêtes judiciaires sont ouvertes. Jean-François Gayraud, auteur du Nouveau Capitalisme criminel, explique pourquoi les États sont aveugles et s'interroge :« Où est l’intérêt général et l’utilité sociale de tout cela ? D’autres défendent ce système de transaction. « Si le trading haute fréquence peut apporter certains bénéfices, il faut s'assurer qu'il ne cause pas d'instabilité et qu'il ne soit pas une source d'abus de marché », a rappelé dans un mail Michel Barnier, cité par Computerworld UK. C’est ce même Michel Barnier qui vante l’union bancaire.

    "Les financiers ne font bien leurs affaires que lorsque l'Etat les fait mal". Ce precepte de Talleyrand reste à méditer. Les banques européennes vivent de l’argent de la BCE et de celui de leurs clients. On peut penser que si ce n’est pas la BCE et les Etats qui paient, ce seront les clients. Quels clients et par quelles ponctions supplémentaires ? On a du mal à penser que ce seront les gros clients et les actionnaires. On peut imaginer que les frais bancaires vont encore augmenter. Concernant le fonds de résolution, il pourra emprunter les marchés si ses réserves sont insuffisantes pour gérer le renflouement d’un établissement bancaire en difficulté grave, mais les détails restent encore flous.  Cet accord n’améliorera sans doute pas la complexité et la lourdeur du système européen de gestion des faillites. Le plus inquiétant est qu’il anticipe sur des crises à venir et que la politique libérale s’installe comme une politique de crise permanente avec ses avatars que sont le chômage massif et la précarité.

    Lorsque le compromis provisoire a été arrêté, Jean Manuel Barroso avait déclaré : « Cela permettra de renforcer la confiance et la stabilité sur les marchés financiers et d'aider à rétablir les conditions de prêt normales pour l'économie réelle ». A l’Union bancaire, qui est une union trompe-l’œil, nous préférons l’union des peuples européens qui ne doivent pas être dépossédés de leur avenir. Il n’y a aucun volontarisme politique derrière cette usine à gaz mais un nouvel abandon du Politique face à la Finance. L’union bancaire est l’illustration de cette Europe de la Finance qui nous conduit vers un fédéralisme propice au dumping social, à la délocalisation et à des politiques d’austérité. C’est le système monétaire au service des banquiers qui en est la principale cause des crises économiques et sociales. L’union bancaire ne change pas le système.

    De nombreuses banques ont été directement soutenues par des aides publiques, ont été nationalisées, ont bénéficié de soutiens financiers européens. La banque centrale européenne a également joué un rôle non négligeable de résolution de crise puisqu’elle s’est substituée au marché interbancaire afin d’éviter l’effondrement de ce dernier. Il faut rappeler que « En trois ans, d'octobre 2008 à décembre 2011, l'UE a consacré 1 600 milliards d'euros - soit 13 % de son produit intérieur brut (PIB) annuel (...) - au sauvetage de son système bancaire, selon la Commission européenne", ce que relevait Le Monde.fr en janvier 2013.

    La BCE ne prête qu’aux banques qui ne prêtent qu’aux riches. Les Etats sont pris en otages par des gouvernants libéraux dont la politique se réduit à gérer la dette et faire payer les crises financières aux peuples. La crise financière fait partie de cette politique et elle en est même devenue le fondement. Les Etats ne sont plus que les débiteurs surendettés des grandes banques qui vont se servir dans les coffres de la BCE. Le vrai prix, ce sont les peuples qui le paient par la précarité, le chômage, la misère et le recul de tous les droits sociaux. Le travail n’est plus que la variable d’ajustement d’un coût de production. La croissance est un vase de Soissons dont le coupable tout désigné est le coût du travail. Pour des jours meilleurs, le salarié devra attendre le retour de la croissance comme on attend Godot dans la pièce de Samuel Beckett. On nous fait ramer, sans espérance et dans une galère, vers une rive inconnue. Comme si les Amériques étaient encore à découvrir. Ce n’est pas un nouveau monde qui nous est promis mais le meilleur des mondes d’Aldous Huxley avec le big brother des banquiers.

    L’Union bancaire est une nouvelle étape pour préparer les conditions d’une Europe fédérale dans le  grand marché transatlantique. On veut nous faire croire que ce sont les banques qui devront se sauver elles-mêmes sans faire appel aux contribuables. Il faudrait être naïf pour penser que l’essentiel de cette union bancaire soit là. C’est une nouvelle prise de contrôle d’une union européenne libérale et financière  sur l’avenir des peuples européens. Et dire que l’ouverture d’un compte bancaire devient un droit universel alors que des droits sociaux ne le sont pas.  Il fallait d’abord construire une Europe des peuples, une Europe sociale avant d’être marchande et on s’en éloigne chaque jour tout en apportant de l’eau aux moulins de la xénophobie et de l’ultranationalisme. Le fondement de l’Europe, c’est l’Humain avec un grand H et non pas la finance. On veut encore nous faire croire que, au lieu de s’enrichir sur la spéculation, les bénéficiaires du capitalisme vont investir et créer des emplois, alors qu’on organise simplement la stabilité des marchés financiers pour limiter les faillites bancaires. Que la spéculation dispose d’une caisse de garantie n’est certainement pas le gage d’une sortie de crise économique et sociale.

    En marge de l’union bancaire, le parlement européen vient d’autorisé officiellement la présence de lobbies en leur proposant de s’inscrire dans un registre pour mener des actions au grand jour. Il n’est donc pas question de les interdire, seuls sont illicites les cadeaux faits aux députés. Non seulement ce registre n’est pas obligatoire mais la seule sanction prévue est d’en être radié. Les églises ou les sectes sont exemptées de déclaration conformément à l’article 17 du traité de Lisbonne. Nous serions curieux de savoir si les lobbies financiers et bancaires se sont inscrits pour des actions transparentes. Jean-Luc Mélenchon a qualifié ce vote de mascarade.

    Comment juger un parlement européen qui, au même moment, autorise officiellement les lobbies et ratifie un accord sur l’union bancaire ? Comment ne pas penser à toutes ces décisions qui sont prises sans consulter les peuples alors que des lobbies agissent dans l’ombre ? Ce n’est certainement pas la bonne méthode pour gagner la confiance des peuples. L'union bancaire est-elle le résultat du lobbying ou la transcription législative d'une volonté politique d'assurer l'intérêt général? On peut s'interroger alors que la régression sociale s'accentue. Par exemple, il n'existe pas de Smic européen mais, en France, il est déjà question de créer un Smic jeune sous-payé alors que les autorités allemandes n'ont pas encore instauré le Smic et qu'il est chiffré en dessous du celui pratiqué dans notre Héxagone. L'union bancaire a été plus facile à construire que l'union sociale dont on peut penser qu'elle sera tirée vers le bas.

    Pidone

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  • Il y a quelque chose d’indécent dans le discours actuel des dirigeants occidentaux à propos des événements qui secouent  l’Est de l’Ukraine. Le pompon revenant à notre ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, toujours prompt à suivre docilement les grands frères de l’Otan et d’en rajouter une louche. Que disent nos démocrates ? Les occupations de commissariats de police, d’établissements publics dans certaines villes russophones, sont illégales, inadmissibles, condamnables. Et d’y voir bien évidemment, non plus l’œil, mais la main de Moscou. Cela prêterait à sourire si la situation n’était pas pleine de danger. Mais qu’ont-ils faits tous ces démocrates patentés, lors des événements de la place Maïdan, à Kiev, au mois de mars ? Ils ont tout simplement applaudi, appuyé les manifestants, pas toujours très pacifiques, suscité et peut-être inspiré le coup d’Etat qui a renversé le président Viktor Yanukovytch, pourtant élu par une majorité d’Ukrainiens ? Que disaient-ils des massacres de dizaines de personnes, sur cette même place et des exactions des milices fascistes qui ont tenu le pavé et les barricades pendant des semaines ? Pour autant, doit-on pleurer sur le sort de Yanukovytch et de sa clique ? Certainement pas. L’individu est un pur produit d’un régime oligarchique, mis en place après la chute de l’Urss et son démantèlement. Où corruption rimait avec autoritarisme. Mais il faut aussi s’interroger sur les putschistes et les membres du nouveau gouvernement provisoire ukrainien. Ils sont issus, comme les sortants du même système, du même moule.

    Donc, aujourd’hui on assiste à un scenario à peu près comparable, mais à l’envers. Ce n’est plus la place Maïdan, mais plusieurs villes de l’Est du pays. Des milliers de pro-russes ou russophones descendent à leur tour dans la rue, occupent des bâtiments publics, érigent des barricades, et réclament soit le rattachement à la Russie, à l’instar de la Crimée, soit la création d’un Etat fédéral, avec une large autonomie pour les différentes régions. Qu’en pensent nos occidentaux ? Ce qui était bon à Maïdan, ne l’est plus à Donetsk ou à Kramatorsk ?

    Face à une telle situation, Kiev menace d’intervenir militairement contre les manifestants. Déjà, on compte plusieurs morts. Le risque d’une guerre civile est grand, aux conséquences dramatiques pour l’Ukraine. Il est temps de  dire assez à cette escalade de la violence, aux diverses manipulations, aux interventions extérieurs, y compris de nos bons occidentaux dont on peut mesurer par ailleurs leurs exploits en Syrie, en Libye, en Irak ou en Afghanistan. Rappelons pour mémoire la manière dont a été gérée la crise dans les Balkans et son terrible bilan. L’Ukraine ne doit devenir un champ de bataille dans lequel s’affronteraient des intérêts contraires à ceux de ses habitants, quelles que soient leurs origines. La solution du problème ne peut être que politique et doit être trouvée par les Ukrainiens eux-mêmes.

    Jean Antoine Mariani

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  • Nous publions très volontiers une tribune parue dans l'Humanité et signée par Frédéric Genevée et Patrick Parny, membres du Conseil exécutif du Pcf. Cette tribune pose toute une série de questions qui traversent également notre mouvement Ensemble. Entre autres, les questions de la dérive droitière du Parti sociliaste, du déni de la réalité poltique, de la défaite électorale de la gauche dans son ensemble, y compris du Front de gauche. Pourquoi, par exemple, ce dernier n'a-t-il pas été capable de capter une partie des déçus du "socialisme hollandais" ? La tribune pose également la question de la nécessité de la construction d'un nouveau Front de gauche élargi, débarrassé de querelles instestines et partisanes. Les élections européennes devraient être le départ de la reconquête de l'électorat populaire, non pas sur de l'incantation, ni de l'imprécation, mais sur la base de propositions concrètes pour Un' Altra Europa.

    "Les élections municipales sont marquées par un échec cinglant du Pari socialiste et aussi du Parti Communiste même si nous résistons mieux.Cette défaite n’est pas seulement le fait du rejet du gouvernement et de sa politique. Elle constitue une étape supplémentaire de la crise politique, économique, sociale et culturelle que nous traversons. A force de succession de politiques libérales et néolibérales, les principes mêmes de ces politiques finissent par s'imposer à tous jusqu'à pénétrer les couches populaires. La baisse des « charges » des entreprises est acceptée comme un moyen de créer de l'emploi. Les comportements individuels changent. Le désir de réussite individuelle dans une concurrence acceptée remplace la recherche d'une émancipation personnelle dans un cadre solidaire. Les campagnes électorales ont été le théâtre sans précédent des querelles de personnes et de la recherche de la place éligible à tout prix. Ce glissement idéologique rend plus difficile toute évolution de société. Nous assistons à une véritable hystérésis sociale collective. Confrontés à un avenir économique incertain, nos concitoyens sont peu enclins à accepter la remise en cause de normes traditionnelles. Il faut se rassurer. La désignation de bouc-émissaires qui justifie les discriminations et la xénophobie est plus facile que la recherche de justice et d’égalité. La famille et son patriarche rassurent beaucoup plus que la reconnaissance des différences et de l’égalité de droits pour toutes et tous. La défaite électorale est d'abord une défaite idéologique. L'hégémonie culturelle du libéralisme est le plus sur garant des intérêts de l'oligarchie financière qui nous gouverne, nous devons la combattre. 

    Le fonctionnement des institutions de la 5ème République continue de réduire la citoyenneté au choix d'un homme ou d'une femme tous les cinq ans suivi de votes pour ou contre le parti du président qui renforcent toujours le bipartisme. On vote PS ou UMP en pensant voter gauche ou droite et en gommant toute différence à l’intérieur de ces deux camps.

    Notre bataille pour une sixième république n'est donc pas une action à la marge de nos propositions sociales et économiques. Elle est essentielle.

    Mais revenons à la question politique centrale que nous avons à résoudre. Comment se fait-il que nous soyons sanctionné et « mis dans le même sac » que ce gouvernement auquel nous ne participons pas ?

    Le clivage simplifié gauche/droite fonctionne contre nous, sauf dans les villes que nous dirigeons où nous sommes considérés comme les représentants de la gauche. Dans toutes les autres villes dirigées par la droite, à deux exceptions près, le socle politique que nous avons ne permet pas de gagner.

    Comment élargir ce socle ? Comment faire en sorte que les déçus du Parti socialiste ne se tournent pas vers la droite et l'extrême droite ou vers l'abstention et rejoignent le Front de gauche et le Parti communiste ? C’est là que se joue notre avenir. Formulée autrement, la question politique reste celle de mettre fin à l’hégémonie du Parti Socialiste sur la gauche sans quoi il n’y aura pas de changement.

    Personne ne peut plus croire qu'il est possible de « peser à gauche » pour changer de cap. La sortie de la crise ne peut se faire qu'en rupture avec les politiques libérales. En outre cette attitude ne permet pas de sauver nos élus, comme en témoignent les résultats des municipales et ce concept risque de devenir de plus en plus illusoire. Nos élus risquent d'être entraînés dans les collectivités où ils siègent de façon minoritaire, dans une gestion de plus en plus contrainte du fait de la réduction massive des dépenses publiques. Celle-ci réduit les budgets de fonctionnement et rend impossible la satisfaction des besoins sociaux exprimés au plan local.

    Regagner passe par notre autonomie à gauche et le rassemblement le plus large autour de propositions en rupture avec les logiques libérales. C’est ce que nous avons initié avec notre politique des fronts puis avec le Front de Gauche. L'heure est au développement et au renouvellement de cette stratégie.

    Les choix différents des organisations du Front de Gauche pour les élections municipales dans les grandes villes ont brouillé le message national. Aucun de ces choix n'a démontré son efficacité plus grande en terme de résultat, mais là n'est pas la question. La pérennité du Front de gauche est une question essentielle pour l’avenir et tout ce qui rend moins lisible ce rassemblement génère du désespoir dans notre population.

    Ce rassemblement est-il assez large ? Mais nous n’avons jamais opposé le Front de Gauche à notre effort pour rassembler toutes celles et ceux qui à gauche pensent qu’une autre politique est nécessaire. Et la situation nouvelle née de la nomination de Manuel Vals ouvre de nouvelles opportunités sans doute. «La gauche du parti socialiste» produit des textes que nous pourrions signer. Mais si nous pouvons mener des actions commune très large avec elle contre tel ou tel aspect de la politique gouvernementale ou pour une alternative, dans quelle entité pouvons nous nous rejoindre ? Nous avons besoin de manifester l'existence d'un pôle de rassemblement anti-libéral, ouvert largement, mais présent dans le paysage politique en tant que force politique. Une force qui soit à l’initiative d’une politique et d’une majorité alternatives. Une telle entreprise ne plaît pas à tout le monde à gauche et certains s'ingénient à démontrer qu'il est impossible de substituer une autre gauche à la gauche actuelle. Et la montée du Front national va être utilisée n'en doutons pas pour justifier l'union de toute la gauche pour éviter le pire.

    C’est bien sûr une question politique que nous avons à traiter. Mais un tel choix conduirait encore à la disparition de notre autonomie et à l’impossibilité d’incarner une alternative au Parti socialiste. Par ailleurs EELV reste une organisation marquée d'une grande diversité idéologique. L’écologie politique y côtoie d'autres attitudes politiques très diverses, parfois libérales et ils tiennent bien sûr à leur autonomie.

    Tout cela nécessite que le Front de gauche reste l'organisation qui incarne le troisième pôle de la gauche dans notre pays. C’est cela que nous avons réussi avec les présidentielles sans affaiblir l'originalité du Pcf et en lui redonnant tout son sens au service du rassemblement.

    Quel choix alternatif aurions-nous ?

    C'est la stratégie du Front de gauche qui nous a redonné de la lisibilité politique. Elle a confirmé notre utilité au service de la transformation sociale. La forme de ce rassemblement ouvert, au delà des organisations politiques, à des citoyen-ne-s  engagés autrement dans la politique a répondu au souhait populaire de voir changer les pratiques politiques.

    Et la stratégie «gauche plurielle» conduit, on le sait, à une satellisation mortifère au côté du Parti socialiste.

    Il est grand temps de relancer le Front de gauche. Il faut d'abord clarifier avec nos partenaires son orientation. Le Front de gauche doit être indissociablement un lieu de résistance à toute politique libérale et porteur d'une alternative pour un rassemblement plus large que lui. Il doit aussi dépasser sa forme de cartel d'organisation fonctionnant sur la base de rapport de force interne. Il ne doit pas reproduire le fonctionnement des partis politiques mais vivre comme un rassemblement. Il faut donc donner plus de place à la société civile, à celles et ceux qui sont sans partis et qui cherchent une issue. Nous les avons rencontrés comme élus et comme candidats dans toutes ces élections municipales. Ils ont mené campagne avec nous. Ils attendent de nous que nous leur proposions une issue politique pour notre pays et un cadre commun de combat.

    La condition de cette relance, enfin, c'est le développement d'une démocratie de terrain, décentralisée, autour du Front de Gauche. Ce qui suppose notamment de trancher la question de l’adhésion directe au Front de Gauche. Nous devons partager le pouvoir avec tous ceux et toutes celles qui n’adhèrent à aucun parti, c’est la condition pour une mise en mouvement citoyenne condition de l’élargissement du Front de gauche.

    Sur cette base, pourquoi ne pas lancer un appel national à rejoindre la seule force porteuse d'une alternative à gauche ?.

    Les élections européennes sont l'opportunité de la relance du Front de gauche, saisissons les pour exprimer le besoin de refondation de cette Europe en rupture avec les dogmes libéraux et permettre ainsi le rassemblement le plus large sur une base claire de transformation sociale."

    Frédérick Genevée, Francis Parny,

    Membres du CEN du PCF

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