• Contre les peuples et la démocratie

    Le projet traité portant sur la création d'un grand marché transatlantique pour le commerce et l'investissement se négocie actuellement dans l’opacité et la discrétion la plus totale, entre les Usa et l'Europe. Notre président François Hollande y apporte allègrement son appui sans en dévoiler, ne serait-ce que les grandes lignes et sans demander l’avis des partis politiques, des syndicats, des institutions démocratiquement élues de notre pays. Pourtant ce projet de traité risque de bouleverser les rapports sociaux, politiques et économiques  de ce bas monde. Selon quelques indiscrétions qui sont parvenues à filtrer, le projet de traité présente beaucoup de dangers pour notre souveraineté. Appliqué, il va contribuer à accélérer et à aggraver les politiques d’austérité et de régression sociale menées sur notre continent. Il consacrera la primauté des multinationales, surtout nord-américaines, sur le droit national. Demain, par exemple, ces mêmes multinationales pourront traîner devant un tribunal international privé un Etat, des entreprises nationales ou encore des collectivités territoriales. Ou encore s’emparer des secteurs publics au nom de la libre concurrence, casser ce qui reste du principe de solidarité et de protection sociale. Il y a danger dans la demeure. Le mot n’est pas fort.

    Pour en savoir plus sur ce fameux traité, nous présentons un argumentaire élaboré par un membre du Front de gauche, Bernard Calabuig. Edifiant.

     

    Note rédigée à partir des matériaux suivant : articles du Monde diplomatique novembre 2013 et février 2014, notes de la fondation Copernic et d’ATTAC, livre de Patrick Le Hyaric député européen et directeur du journal l’Humanité Dracula contre les peuples, dossier de Cerises décembre 2013, documents du collectif citoyen Stop TAFTA.

    De quoi s’agit-il ?

    Il s’agit d’un processus engagé depuis des décennies, visant à construire un nouvel empire euro-américain, sous domination des États-Unis, Madame Clinton qualifie ce projet « d'un OTAN économique ». Le traité élaboré dans l’opacité la plus totale, vise à constituer d’ici à 2015 un grand espace de libre échange représentant la moitié du PIB mondial et le tiers des échanges commerciaux. Le droit des investisseurs prendrait le pas sur celui des gouvernements. Pour ce faire, une part importante du droit international serait privatisée par un mécanisme dit de « règlement des différends entre investisseurs privés et États », ceux-ci seront réglés par des tribunaux arbitraux privés. Tribunaux spécialement créés pour arbitrer les litiges entre investisseurs et États, et doter du pouvoir de prononcer des sanctions commerciales contre ces derniers.

    Un tournant géopolitique

    Sous couvert de libre échange c’est le dumping social, monétaire et environnemental généralisé qui organisera une loi de la jungle avec la mise en concurrence des salariés, des paysans, des assurés sociaux, des retraités, des petites et moyennes entreprises, des consommateurs, des deux côtés de l’atlantique. Ce projet est combiné à un autre traité de « Partenariat transpacifique que les États-Unis négocie en parallèle, en Asie. L’ensemble constitue un tournant géopolitique, arrimant définitivement l’Union européenne aux politiques Étasuniennes contre les pays émergents et en particulier la Chine. Le but est de renforcer les capacités exportatrices de l’Europe et des USA, au détriment des pays émergents. Pour leurs multinationales, les dirigeants étasuniens et européens cherchent avec ce projet une réponse à la crise débouchés qu’ils ont eux-mêmes créée avec les politiques d’austérités. Le monde occidental cherche à juguler sa perte d’hégémonie dans un mode en plein bouleversement, avec la montée de pays en développement :Inde, Chine, Brésil et aussi Nigeria, Colombie.

    Un processus qui vient de loin

    Les discussions entre dirigeants nord-américains et européens sur le projet transatlantique datent de très longtemps. Elles ont été chaque fois ajournées, tant les oppositions populaires étaient importantes. Au point qu’entre 1995 et 1997, un autre projet a été discuté dans l’ombre des cabinets gouvernementaux, prévoyant de nouveaux droits pour les sociétés multinationales au détriment des États. Il était baptisé « Accord Multilatéral pour l’Investissement » (AMI). Chacun se souvient qu’il a été mis en échec sous la pression populaire après que le Monde diplomatique en eût révélé le contenu.

    Guerre des idées et opacité

    Aujourd’hui un groupe de travail appelé : « dialogue transatlantique du mondes des affaires » regroupant 60 représentants des multinationales, se conduit comme un bureau politique de l’internationale du capital, ces gens se concertent, donnent leurs avis aux membres des gouvernements. Toutes les dispositions contenues dans ce traité ne pourront être amendées qu’avec le consentement unanime des pays signataires. De fait imperméable aux alternances politiques et aux mobilisations populaires, le traité s’appliquerait de gré ou de force.

    Tout cela se déroule sur un fond de guerre des idées. La propagande ultra libérale développée depuis le milieu des années 1980, vise à faire accepter le concept de « libre-échange » dans son sens capitaliste comme facteur de progrès et de prospérité. Car les mots de libre échange ne portent pas d’emblée, la mise en concurrence et la guerre économique. Il y a de grandes chances, que comme d’habitude les experts qui savent tout, traiteront les opposants à ce projet « d’antiaméricain », « d’euro sceptiques », « de protectionnistes… » Tout cela se fait aussi dans l’opacité, rien ne doit filtrer. Instruction a été donné de laisser journalistes et citoyens à l’écart des discussions. Un article du Monde Diplomatique du début de l’année indique que l’ancien ministre du commerce américain Ronald Kirk a fait valoir, l’intérêt « pratique » de préserver un certain « degré de discrétion et de confidentialité ». Patrick Le Hyaric, parlementaire européen s’est procuré le document en

    discussion intitulé « Mandat de discussion entre les États-Unis et l’union européenne », traduit seulement en anglais il est classé « diffusion restreinte » il a été publié intégralement dans un ouvrage intitulé : Dracula contre les peuples (Édition l’Humanité). La fondation Copernic, ATTAC, le collectif Stop TAFTA, regroupant des dizaines d’organisations dénoncent ce projet. Il est un des enjeux de l’élection européenne du mois de mai.

    Encore plus de libéralisme

    Je ne serai pas exhaustif, je pointerai seulement des articles qui me semblent les plus marquants, les articles 2 et 3 inscrivent l’accord dans le cadre de la libéralisation des échanges prévue par l’organisation Mondiale du Commerce (OMC). A noter que dans son examen de la politique commerciale de l’UE, publié le 16 juillet 2013, l’OMC s’inquiète de la hausse du nombre d’entreprises détenus par les État depuis la crise. Avec le traité, les investisseurs pourraient contourner les lois et les décisions qui les gêneraient, permettant par exemple aux pétroliers d’imposer en France l’exploitation du gaz de schistes et autres hydrocarbures dits non conventionnel. La suppression de ce qui reste des droits de douanes renforcerait la concurrence de tous contre tous. Tout ce qui protège la santé, l’alimentation, les droits sociaux, l’environnement, l’éducation et la culture, les services publics est susceptible d’exploser avec l’application de ce traité.

    L’article 4 du document concerne les collectivités territoriales.

    Il est précisé que le traité s’applique à « tous les niveaux de gouvernement ». Si l’Union européenne est signataire de cet accord avec les États-Unis, elle engage les autres niveaux de décisions que sont les collectivités territoriales. L’accord a pour but d’ouvrir à la concurrence des secteurs qui sont de la responsabilité des politiques publiques locales : la santé, l’eau, les transports…Les multinationales veulent avoir la main mise sur tout ce que nous avons préservé du marché. De façon plus explicite encore dans le chapitre « protection des investissements » article, 21, 22, 23, 24 : « Toutes les autorités infranationales et entités (comme les États et Municipalités) devront se conformer aux dispositions du présent accord de protection des investissements ».

    Le tribunal privé

    Les articles 21, 22 et 23 dans le chapitre Protection des investissements traitent de ce tribunal arbitraire. L’article 45 lui est entièrement consacré. Toute société multinationale pourrait faire appel à un tribunal privé pour poursuivre un État dès lors qu’elle contesterait certaines politiques nationales, que ce soit en matière de droit social, ou environnemental, ou encore de politique de la santé. Au bout du compte la loi ne serait plus décidée par les élus nationaux et européens, mais par les jurisprudences édictées par les tribunaux arbitraux privés. Cette procédure existe déjà dans certains accords bilatéraux. Ainsi on a pu voir récemment des sociétés européennes engager des poursuites contre l’augmentation du salaire minimum en Égypte ou contre la limitation des émissions toxiques au Pérou. Les juges qui plaident la cause de leurs puissants clients représentent un tout petit monde : 15 juristes de l’investissement international se partagent 55% des affaires traitées à ce jour. (Source Monde diplomatique).

    Les marchés contre la souveraineté

    Les multinationales ont besoins d’un marché grand ouvert, stable et sécurisé. C’est la raison pour laquelle elles agissent pour des législations mondiales qui soient favorables au marché capitaliste libre. Elles ont aussi besoin de partis politiques à leur service, d’institutions stables, sans risque de développement de mouvements de contestation syndicaux, sociaux, écologiques ou politiques Cela les conduits à réclamer l’unification du travail des polices, des douanes, de l’armée, des tribunaux à une échelle transnationale. Notons aussi dans l’article 23 la formule : « La protection contre l’expropriation directe et indirecte », ce qui revient à limiter, voire interdire les nationalisations.

    Il est possible d’agir !

    La date de 2015 est fixée pour conclure ce traité. Mais tout dépendra de l’ampleur des réactions populaires. Chaque État membre aura le droit d’utiliser son droit de veto, synonyme de fin du processus de discussion et de rejet du projet. Le parlement européen pourra le faire aussi. Ce sont les députés européens, issus du scrutin de mai 2014 qui auront à se prononcer. Le rapport de force politique au sein de ce parlement sera donc important pour la suite. Des collectivités territoriales de gauche ce sont prononcées dans des motions contre ce projet. Récemment, dans une réunion publique à Tournus, Arnaud Montebourg a dit que « ce traité ne verrait pas le jour ». Peu importe le degré de sincérité de ces

    déclarations, elles montrent que lorsque le débat est public, il devient difficile de défendre l'indéfendable. L’échec des négociations préparatoire au traité serait une victoire pour les peuples, il suppose un grand rassemblement populaire.

    Perspectives

    A la fin de son livre Patrick Le Hyaric résume fort bien les enjeux et les nouveaux contours de la lutte des classes à l’échelle internationale. Ci-dessous en quelques extraits :

    « La part des pays occidentaux dans l’économie mondiale va passer de 56% à 25% d’ici à 2030, selon un rapport de la CIA intitulé « Le monde en 2030 vu par la CIA ». La crise de l’hégémonie des États-Unis ouvre la voie à la fin de cinq siècles de domination occidentale. Ce rapport reconnaît que le modèle capitaliste occidental est terrassé par la crise et « non par les terroristes ». « La menace vient de l’intérieur même du système ». Voilà qui donne une idée des puissantes contradictions qui provoquent le craquèlement du système. On peut même penser que les peuples refuseront toute hégémonie nouvelle… »

    « Mais dans les vingt prochaines années, la planète comptera 8, 5 milliards d’habitants, qui grâce aux réseaux sociaux disposeront de plus d’informations, plus éduqués, plus cultivés. Gageons qu’ils aspireront à maîtriser leur destin. Mais dans les vingt prochaines années la demande croissante de ressource en eau de 40%, en nourriture 35% en énergie 50%, pourrait conduire à des pénuries, à des tensions, voire à des guerres ».

    Tels sont les enjeux à venir : guerre économique ou coopération.

    Bernard Calabuig

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  • Alors que nous écoutions un représentant de la diaspora arménienne en France faire un discours aux côtés de François Hollande pour les cérémonies parisiennes de la 99ème commémoration du génocide arménien, une phrase prononcée introduit notre propos aujourd’hui. Il a dit : « Plus le monde se mondialise, plus les questions se globalisent, plus il y a besoin de solidarité..." (Ara Toranian , 24 avril 2014)

    Faites la solidarité ! Fêter la solidarité !

    La mondialisation telle que les puissances de l’argent la font évoluer construit un monde de plus en plus morcelé et de moins en moins solidaire. Elle ne relève que de l’ordre économique et politique. C’est le modèle économique néolibéral appliqué à l’ensemble du globe qui laisse sur le côté les pays récalcitrants ou sous-développés. La mondialisation organise sans humanisme le transfert des personnes, des informations, des biens et des services avec pour règle la compétitivité et la croissance. La mondialisation n’est pas la solidarité internationale comme on voudrait le faire croire. Ce ne sont que des consensus et des compromis qui sont mis en œuvre dans des circonstances déterminées. Les Etats se soumettent à la loi du marché avec ses espaces et ses zones monétaires. Les peuples subissent cette loi avec la mise en place de politiques d’austérité et la dérèglementation du travail.

    La solidarité devrait pousser les hommes à s’accorder une aide mutuelle. La solidarité est un problème de conscience vis à vis de l’autre. Aujourd’hui, elle régresse sur le plan international et cela produit un monde individualiste et communautariste avec ses soubresauts et leurs victimes.

    D’aucuns nous diront qu’il existe une action humanitaire internationale et la charité. L’humanitaire ne s’occupe que de l’homme biologique et ne fait pas évoluer l’humanisme. « Tout se passe comme si, dans l’humanitaire, l’homme n’était plus qu’un objet d’une forme singulière d’écologie, comme s’il n’était plus qu’une des occasions de cette universelle sollicitude pour le vivant et le naturel qui tient lieu aujourd’hui de conscience », écrivait le philosophe Robert Redeker[1] dans un article intitulé« L’humanitaire devant l’avenir » (critique de la non anthropologie humanitaire). L’auteur ne crache pas dans la soupe humanitaire. Il reconnaît des intentions louables à ce qui s’y engagent et des actions nécessaires. Toutefois  l’humanitarisme n’est pas un humanisme, à moins de réduire ce dernier à la simple préoccupation envers l’être humain individualisé et isolé de la société.

    Citons aussi un extrait du texte « De la dépolitisation humanitaire », écrit par Benoît Coutu : « La construction idéologique humanitaire du sujet-victime dépouille le sujet de toute identité politique en le réduisant à sa seule souffrance. Une identité de victime est justement ce qui ne peut n’être ni devenir une identité politique, qu’elle ne peut être ni l’amorce d’un mouvement politique ni être un sujet politique puisque « impropre » à la subjectivation politique... Vulgairement, nous serions tentés de dire que si l’homme est un « animal politique » depuis Aristote, à force de nier le caractère politique de l’homme en se revendiquant d’un apolitisme universel ou en le réduisant à un homo economicus, il ne lui reste plus que sa dimension animale ! »

    La charité s’est placée à l’avant-scène de l’action sociale, là où la politique ne donne plus de réponses aux besoins d’utilité sociale. L’interventionnisme à visage humanitaire fait florès dans des guerres qui n’en finissent plus, répartissant les hommes entre bonnes et mauvaises victimes. Malheureusement, l’humanitaire sert souvent de manteau de vertu camouflant lâchetés et renoncements, voire des intérêts financiers et économiques.

    L’humanisme est un idéal à atteindre. On ne peut pas l’atteindre en lui tournant le dos. Si l’on passe par l’inhumain pour s’en approcher, il ne faudrait pas faire, une fois pour toutes, de l’inhumanité un humanisme.  L’individualisme et la compétition ne sont pas des valeurs humanistes. Le pillage des richesses naturelles n’est pas une action humaniste. Le marché des armes n’est pas une activité commerciale solidaire et humaniste. La destruction de la planète n’est pas une œuvre humaniste…etc. On pourrait allonger la liste de toutes ces perversions de la mondialisation qui n’est qu’un internationalisme mercantile pour lequel l’humanité se divise en deux catégories d’individus : les exploiteurs et les exploités, autant dire les bourreaux et les victimes de demain.

    La solidarité suppose un échange à différents niveaux de la société et non pas  la mise en compétition des individus qui aboutit à la destruction de la solidarité jusqu’à sa plus petite forme qui est familiale. Le libéralisme économique et la mondialisation en marche induisent des effets contraires à une solidarité active. Chacun est mis en compétition avec l’autre. La mise en concurrence permanente développe l’égoïsme et la xénophobie.

    eurohumain

    La solidarité active est pourtant possible, nécessaire et urgente. Pour cela, il faut refuser les effets négatifs de cette mondialisation économiques et financière, dus aux valeurs et aux croyances du libéralisme économique  que sont la « concurrence nécessaire, la déréglementation  et la privatisation de tous les secteurs d’activités » au profit  de quelques-uns. Cette économie de marché et de rente se développe par la croissance économique et de spéculation financière. Lorsqu’il n’y a plus de croissance, ce sont les peuples qui en pâtissent.

    Cet abandon de tout, jusqu’à l’Etat lui-même, au secteur privé et cette vision néocolonialiste du monde conduisent à l’exploitation sans restriction des ressources naturelles et des hommes, jusqu’à un point de non retour dont les plus grandes victimes seront nos enfants. Le plus grand nombre sera jeté dans la précarité et la misère si les démocraties ne changent pas de cap. Le tiers-monde est une poudrière que des millions de migrants cherchent à fuir vers un Eldorado pour se perdre dans le triangle des Bermudes d’une humanité dont ils sont exclus. Cet Eldorado devient un enfer social avec ses millions de chômeurs et de travailleurs précaires.

    En France, l’ensemble de la société paye les charges sociales, de santé, la réparation des dommages causés par l’activité déréglementée des entreprises privées. C’est l’impôt qui finance le système éducatif qui forme les futurs salariés qui pour une grande majorité utilisent les routes ou les transports publics. Tout cela doit-il être mis à la disposition des exploiteurs pour qu’ils fassent toujours plus de profits? Il est courant de dire que la solidarité se fait sur le dos du contribuable alors que des milliards sont consacrés au secteur privé. Il est passé sous silence que la dépense publique est un précieux levier de croissance. On préfère, à chaque crise économique, désigner les mêmes boucs émissaires : les fonctionnaires, les retraités, les chômeurs, les malades, les immigrés…etc.

    Cette mondialisation est en passe de s’imposer. Nos politiques, acquis au libéralisme économique, ne cessent de nous répéter que la mondialisation est inévitable, irréversible et nécessaire. Ils ne disent pas que ce système ne profitera jamais à l’ensemble de la planète, mais à certains pays et à certains individus de ces pays.

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    Cette situation résulte d’un des effets les plus pervers de la mondialisation qui est le transfert du peu de richesse du bas de la société vers le haut, ce qui est la conséquence directe de la rémunération du capital au détriment du travail. Si la mondialisation produit plus de biens et services, cette production ne profite qu’à une petite partie de la population mondiale. Des multinationales s’approprient tout ce que produit la planète, y compris l’eau tout en polluant l’air. Partout les intérêts particuliers se substituent à l’intérêt général. Des lobbies agissent et influencent le cours politique des choses. On le constate dans la construction de cette Europe austéritaire où s’est installé le « grand trafic néolibéral » pour reprendre un opus écrit par Gabriel Amard[2] qui a lutté pendant 25 ans, pour sortir les lobbies et la finance de la vie communale. Son combat le plus emblématique est sans nul doute celui contre les multinationales de l’eau, qu’il raconte dans La Guerre de l’eau, et L’eau n’a pas de prix. Pour toutes ses actions en faveur des biens communs du vivant, il s’est vu remettre un passeport de citoyenneté universelle à la Maison de l’UNESCO en mai 2013.

    Le système néolibéral de la mondialisation est conçu et organisé pour profiter à la classe aisée de tous les pays, par conséquent l’intérêt des uns est en conflit direct avec l’intérêt des autres. Pour que les uns s’enrichissent, il faut que les autres s’appauvrissent.

    Face à ce rouleau compresseur libéral, la solidarité est le seul rempart avec la  nécessité de réaffirmer nos valeurs universelles et de renforcer la démocratie. La solidarité mondiale doit supplanter la mondialisation économique.  L’humain d’abord ! C’est le cri d’alarme à entendre.  Solidarité ! C’est la solution pour créer une alternative politique à une fausse fatalité. Mondialisons la solidarité, pas la misère ! Des solutions concrètes existent. Des économistes les expliquent, comme le font les « Economistes atterrés » et d’autres jamais sollicités par la presse audiovisuelle qui a son gotha d’experts patentés dont il est nul besoin de rappeler l’Almanach. Pour s’informer, il suffit de ne pas subir passivement une propagande libérale qui monopolise la plus grande partie des média. Des sites existent et des conférences sont données.

    A Ajaccio, à l’initiative de Manca alternativa/Ensemble et du Parti de gauche, membres du Front de gauche, une conférence débat sur le thème « Changer l'Europe » est organisée Mardi 13 mai 2014 à 18 heures avec la participation d'Henri Sterdyniak, économiste à l'Ofce-Sciences politiques de Paris, membre de l'association les Economistes atterrés. C’est l’occasion d’entendre un autre discours que la rengaine néolibérale habituelle destinée à endormir les consciences.

     U barbutu

     


    [1] Il a écrit aussi « L’inhumain humanitaire », essai sur une écologie de l’humain.

    [2] Dans Le Grand Trafic néolibéral, Gabriel Amard démonte la manière dont est née et surtout la façon dont fonctionne l’Europe austéritaire. Un «â€¯manuel de désobéissance européenne », voilà la nouvelle arme qu’il propose pour expliquer et lutter contre l’Europe des lobbys, pour débusquer les endroits où les intérêts particuliers se substituent à l’intérêt général. Cette clarification est plus que nécessaire au moment où les extrémistes et les intégristes de tous bords prospèrent sur la peur de l’Europe. Europe 2020, Politique agricole commune, TSCG, le militant du parti de gauche décrypte pour vous avec précision chaque recoin de la novelangue européenne. Il explore chacun des lieux de la domination des marchés, pour que le peuple s’en mêle, pour qu’une remise en cause de ce système puisse avoir lieu et plaide pour l’interdiction des lobbys.

     

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  • Jeudi 24 avril 2014, au lendemain de la visite chahutée de François Hollande à Carmaux, Jean-Luc Mélenchon a visité le musée Jaurès à Castres, dans le même département. Chaleureusement accueilli, il y a prononcé un discours pour célébrer Jaurès et dénoncer l'imposture de l'hommage de François Hollande. Lorsque Jean-Luc Mélenchon dit "célébrer Jean Jaurès", il ajoute que son intention n'est pas de se l'approprier comme d'autres l'ont fait...


    "Nous célébrons Jaurès !" - J.-L. Mélenchon par lepartidegauche

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  • contrat_travail_zéro

    Quelle Europe pour demain ? En France, la campagne de presse sur le Smic jeune au rabais et le travail le dimanche s’inscrit dans le dumping social qui prend de l’ampleur… «Contrat zéro heure» au Royaume-Uni, «mini-job» en Allemagne, «contrat intermittent» en Italie, travail temporaire très développé en Espagne ou au Portugal.  

    En matière d’inventivité pour aller vers un nouvel esclavage, l’Angleterre mérite pleinement son titre de « Perfide Albion ». Outre Manche, selon un sondage réalisé par le Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD), ils seraient plus d'un million à être employés dans le cadre de ce «contrat zéro heure» qui ne garantit ni temps de travail ni salaire minimum, et le salarié peut être prévenu la veille de sa journée de travail du lendemain. Il doit être disponible et n’est payé que lorsqu’on lui donne du travail. Selon le journal The Guardian, McDonald’s, Subway, la Tate Gallery, la chaîne de magasins Sports Direct, Ryanair et même Buckingham Palace ont recours à ce contrat esclavagiste. L’Europe est-elle comme le zéro, qui, sans avoir de valeurs en soi, en ajoute à toutes choses ?

    Jusqu’où ira le patronat européen pour mettre en harmonie les législations nationales du travail ? Selon l’évolution de cette Europe de la Finance et des lobbies, on sait que, au nom de la compétitivité, la variable choisie est le coût du travail. Alors en France, les gouvernements libéraux agissent par des campagnes de propagande économique et par petites touches. Aujourd’hui c’est le Smic Jeune. Des entreprises licencient et remplacent des CDI par de l’intérim. A quand le « contrat zéro heure » ?  A quand le remboursement « Zéro » de la plupart des médicaments avant d’en arriver à des assurances maladie privées ? A quand le gel définitif des retraites prises à 70 ans ? L’Europe va-t-elle devenir ce que sont aujourd’hui les Etats-Unis, une société divisée en deux : les très riches et les précaires ?

    Nous entrons dans la campagne des Européennes. Le choix à faire n’est pas réduit  entre un libéralisme durablement installé ou le repli ultra-national proposé par l’extrême-droite fascisante. Il existe une alternative possible à gauche, si les ouvriers et les classes moyennes ne veulent pas se voir imposer la précarité et au bout la misère pour que quelques uns prospèrent chaque jour davantage.

    Dans un poème de Lanza del Vasto, chantre de la non-violence active qui a rejoint Gandhi, un passage donne à penser : « Qui se calfeutre et n’aime pas le vent, N’aura pas l’aventure et n’aura pas l’espace, Ni les pleurs du départ, ni son destin devant, Celui-là passe et ne sait pas qu’il passe… » 

    Faire l’autruche face à ce qui suscita la révolte des Anciens, c’est se livrer pieds et poings liés à ceux qui exploitent l’humanité jusqu’à provoquer des guerres pour vendre des armes. Déserter les urnes alors que le sort du plus grand nombre se joue dans la construction d’une Europe faite pour les puissances de l’Argent, c’est déserter sans avoir combattu. La révolte des urnes est une révolte non-violente et elle peut encore changer le cours des événements orchestrés à Bruxelles, avant de faire du Monde un champ de batailles avec ses guerres civiles.

    Une alternative est encore possible avec le Front de gauche et tous les partisans d’une Europe des peuples non soumis au diktat de la Troïka avec ses professionnels de la politique, ses technocrates et ses lobbies. La lutte sociale est comme un ressort et un jour il se détend pour revenir à sa longueur initiale.  Il faut alors  repartir de zéro. Tout est une question de tension et la pression se fait de plus en plus forte sur tous les acquis sociaux. Zéro, ce n’est pas au contrat de travail qu’il faut le mettre mais c’est la note de cette Europe qui se construit sans nous. Il est grandement temps de réagir sans attendre que le ressort social ne casse et que tous les salariés soient catégorie zéro, réduits au néant social… zéro revenu assuré, zéro congé payé, zéro arrêt maladie, zéro retraite… etc.

    U Barbutu

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  • arton71639-340x480

    En Corse, une communauté ne fait pas parler d’elle. Il s’agit des Arméniens et pourtant ils sont quelques centaines, souvent épouses ou époux d’insulaires. Bien sûr, on connaît le chanteur Patrick Fiori dont le père est un Arménien de Marseille et la mère corse. Jacques Fusina a traduit en langue corse le texte d’Aragon (mis en musique par Léo Ferré) qui rend hommage à l’Affiche rouge et au résistant  communiste arménien Missak Manouchian. C’est la chanteuse corse Jacky Micaelli  qui chante la version corse. Il existe des liens entre la Corse et la diaspora arménienne de Marseille. Un représentant de la chambre de commerce franco-arménienne (marié à une Corse) réside à Monticellu. L’Associu Scopre en collaboration avec l’Association Culturelle Arménienne des Pennes Mirabeau et en partenariat avec Tavagna Club, avait organisé trois journées d’échanges entre la Corse, l’Arménie et le Karabagh.. C’était à Marignana en juillet 2011.

    La chapelle grecque d’Ajaccio avait pour gardien un vieil Arménien et quelques commerces en Corse sont tenus par des descendants du génocide arménien. Si vous pratiquez la belotte corse ou marseillaise, sachez qu’elle a les mêmes règles que la belotte arménienne. C’est la belotte découverte. Il existe une page sur le réseau social Facebook « Les amis de la Corse et de l’Arménie ».

    Nous n’allons pas faire un parallèle entre la culture arménienne et la culture corse comme le faisait la revue « Fora ! » dans ses premiers numéros. Nous savons qu’il existe bien des points communs en commençant par la cuisine et la passion de la  musique. I muvrini, dans leur album «  vô lu mondu » (je vais le monde) chante  un couplet avec le chanteur arménien du groupe Bratsch (I Muvrini - Lluis Llach & ghabarian, corse - catalan – arménien).

    U ventu dice un tu nome

    Da rompe a chjostra di tu campa

    Calvacu mari è corgu mondi…

    Les mers défilent au long du voyage

    Pour découvrir la liberté

    Ma vie s’arrime à tant de peuples

    Tantôt en lutte ou en prière

    A tant d’attente, à tant d’espoir

    Pour la lumière qui reviendra...

    E vo lu mondu

    Comme les Arméniens, les Corses ont une communauté de destin et doivent faire survivre une identité qui a traversé les siècles.  Il y a ce sentiment d’appartenir à une culture à transmettre et à une généalogie, sauf que celle des Arméniens a été brisée par un génocide dont c’est aujourd’hui la 99ème commémoration. C’est un peuple d’orphelins et dépossédé de la plus grande partie de sa terre…dans un an, le 24 avril 2015, ce sera le centenaire. Des Corses sont issus d’un autre peuple qui a souffert des persécutions ottomanes au Seizième siècle. Les ancêtres des Grecs de Cargèse étaient des Maïnotes originaires de Vitylo ou Oitylos (Laconie.) Pour fuir le joug ottoman, 800 Grecs décidèrent de s'expatrier. Des familles Papadakis sont devenus des Papadacci, des Stefanopoulos des Stefanopoli… pour donner deux exemples. Lors de la première guerre mondiale, des Corses sont morts en combattant les Turcs alliés des Allemands. Dans son histoire plus ancienne, la Corse a subi les razzias des flottes barbaresques de l’empire ottoman, l’esclavage et la conversion forcée à l’Islam.

    Dans l’actualité, après 99 années de négationnisme et au pouvoir depuis douze années de négationnisme d’Etat au sujet du génocide arménien (perpétré le 15 avril 2015 par les Turcs et organisé par le mouvement des Jeunes Turcs), le premier Ministre turc Erdogan a présenté ses « condoléances » aux petits-enfants des Arméniens tués sans prononcer le mot de « génocide ».  D’aucuns penseront qu’il s’agit d’une avancée historique qui, pourtant, apparaît peu crédible lorsque l’on connaît les prises de position négationnistes d’Erdogan. Il s’agit plutôt, selon la grande majorité des Arméniens, d’une stratégie de communication à la veille de la commémoration d’aujourd’hui et à un an du centenaire de ce premier génocide du Vingtième siècle. Par ailleurs Erdogan est en campagne électorale pour devenir président d’une république dont il veut changer la constitution pour être le grand chef d’Etat d’un régime présidentiel. Il veut se donner une image plus humaine aux yeux de l’opinion internationale par un faux-discours humaniste. Il est contesté en Turquie où il est soupçonné d’être impliqué dans un scandale politico-financier. Il a alors organisé des purges dans les milieux judiciaire et policier. Il s’est attaqué aux réseaux sociaux sur l’Internet en faisant voter des lois liberticides. Il faut rappeler que la Turquie est l’un des pays où il y a le plus de prisonniers politiques dont de nombreux journalistes. C’est aussi le pays où Hrant Dink un journaliste armeno-turc a été assassiné le 19 janvier 2007 devant les locaux du journal Argos à Istanbul, sans que toute la lumière soit faite sur cet assassinat.

    Lorsque l’on présente ses condoléances à la famille d’un défunt, c’est dans l’intention de partager sa douleur. Pour que ces condoléances soient sincères, il aurait fallu qu’Erdogan reconnaisse d’abord le génocide. Dans son discours, on ne trouve aucune demande de pardon, contrairement à ce qu’a pu raconter une presse manipulatrice de l’information. Il continue à vouloir faire croire que  le travail historique n’a pas été fait. Ses services diplomatiques en France organisent des manifestations contre la commémoration du génocide et le négationnisme reste d’actualité. Il a fait un coup de communication hier, un jour avant le 24 avril , avant les discours attendus de François Hollande et de Barak Obama. Il parle d’une douleur commune. De quelle douleur s’agit-il pour qu’elle soit commune ? De celle du négationnisme trop douloureux à porter ? Comment la fondre dans celle des petits-enfants d’Arméniens massacrés en masse, exterminés parce qu’ils étaient arméniens. La douleur des petits-enfants des génocidaires est-elle équivalente à celle de leurs victimes ? En lisant l’intégralité du discours d’Erdogan, on se rend compte qu’il n’a pas varié dans sa politique négationniste et que le mot « condoléance » est jeté comme un leurre dans lequel d’aucuns font semblant d’y voir une avancée vers la reconnaissance, donc une raison pour les Arméniens de faire à leur tour un geste. Quel geste ? Se taire à nouveau ? Dire merci ? Renoncer à commémorer le génocide ? Les gens qui s’intéressent à la question du négationnisme et de sa pénalisation, savent que l’Etat turc dispose de relais en France. Le plus connu est l’Institut du Bosphore, créé par le patronat turc et dans lequel on trouve des personnalités françaises du monde politique mais aussi médiatique et des historiens négationnistes. Le candidat François Hollande avait promis une nouvelle loi de pénalisation du négationnisme. Il a été élu. Deux ans se sont passés. Istanbul, le 28 janvier 2014 - A l’occasion de sa visite officielle en Turquie, François Hollande a rencontré à l’Université Galatasaray plusieurs membres du Comité scientifique de l’Institut du Bosphore pour débattre des liens entre la France et la Turquie.

    En ce 24 avril 2014, des commémorations ont eu lieu.  Nous avons une pensée pour tous les petits-enfants d’un peuple victime du génocide arménien et plus particulièrement pour ceux et celles qui ont choisi de vivre en Corse. Ils ne sont pas à l’heure des condoléances mais dans l’attente d’une reconnaissance du génocide par les descendants des génocidaires et l’Etat turc. 99 longues années de négationnisme ! On ne peut croire que, du jour au lendemain, Erdogan change une politique basée sur le lobbying et les menaces, chaque fois qu’un pays a reconnu ou veut reconnaître le génocide arménien.

    Comment accepter d’un Etat autoritaire qui frappe aux portes de l’Europe un négationnisme et un cynisme sans scrupule ? Au-delà du problème du négationnisme, Erdogan est en train de vouloir islamiser une société turque que Ataturk alias Mustapha Kemal voulait laïque. Du Kémalisme, il ne semble vouloir conserver que le négationnisme et le culte de la personnalité dans un Etat qu’il rend chaque jour plus fascisant. Le peuple turc ne pourrait que bénéficier d'une reconnaissance du génocide arménien qui correspondrait à une démocratisation de leur pays.

    Pidone

    Une vidéo touchante sur le génocide arménien:

    I Muvrini

    DeeJero feat. Levon Khozian & MV - My Sad Story par deejero

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    1 commentaire
  • Un internaute nous a envoyé un texte dans lequel il livre ses réflexions sur les dernières élections municipales à Ajaccio. Nous le publions très volontiers, tout en précisant que ce texte n'engage que son auteur. Le débat continue.

     

    Elections Municipales en Corse

    On hésite entre le rire nerveux et la déprime en prenant connaissance par la presse des tractations d’entre deux tours pour les élections municipales à Ajaccio.

    Non content d’additionner au premier tour la quasi totalité de l’éventail politique, du PCF aux nationalistes en passant par la droite libérale, à l’exception heureuse du Front National, Simon Renucci était à deux doigts de brader tout idéal pour fusionner avec l’autre liste nationaliste, constituée de ceux qui n’étaient pas présents sur sa liste du premier tour.

    Heureusement que les dirigeants de la liste « Ajacciu Cità Nova » étaient peut être un peu trop avides de postes puisque le maire sortant et ses colistiers avaient d’ores et déjà accepté leurs principales revendications.

    Même démarche à gauche avec l’intégration, marquée du sceau de la sincérité, dans le programme de Simon Renucci, au dernier moment et aux abois, de deux revendications du Front de gauche, telles que la re-municipalisation de l’eau et la gratuité des transports en commun.

    Il ne s’agissait visiblement que de gagner à tout prix et nous n’aurions pas dû apporter notre soutien lors du meeting d’avant deuxième tour à ce type de renoncement idéologique.

    On nous a également rejoué le slogan « votez Simon, contre la droite et l’extrême droite ».

    Certes, la bataille contre la droite et l’extrême droite est plus que jamais d’actualité, mais en terme de danger pour la démocratie, que pèsent les 8% de la liste FN à Ajaccio par rapport aux revendications portées par les nationalistes des liste de Simon Renucci et de José Fillipi : préférence corse et corsisation des emplois, embauche locale à la mairie d’Ajaccio en lieu et place de recrutements statutaires, statut de résident et sous-citoyens mis à l’index faute d’ancienneté en Corse ou d’absence de « bonne filiation », co-officialité de la langue corse soit l’obligation de l’enseignement et frein à l’embauche des non-corsophones, rupture avec le principe républicain d’égalité de droit au sein de la Nation …

    On a de plus déjà pu mesurer sur quelles listes se porte le vote xénophobe en Corse.

    Si la liste de Simon Renucci l’avait emporté, l’ensemble des organisations politiques et de leurs représentants y figurant,  seraient rentrés dans l’histoire de la ville pour avoir intégré, pour la première fois, des nationalistes dans une majorité municipale.

    Pas de quoi se moquer des ultimes tripatouillages à Bastia de François Tati et du PS de Haute Corse, alliés à la droite et à Gilles Simeoni, pour propulser un maire nationaliste dans la deuxième ville de Corse.

    Comment peut retentir de manière claire et limpide la dénonciation, par nos camarades communistes de Haute Corse, du danger du nationalisme aux affaires quand à Porto-Vecchio leurs camarades du Sud s’allient à cet adversaire tant décrié ?

    Alors dès maintenant en Corse et comme partout en France et en Europe, il nous faut construire cette autre gauche qui fasse le choix de ne pas insulter l’avenir, de ne pas oublier les principes qui ont marqué son histoire depuis plus d’un siècle.

    Commençons par une première exigence qui en Corse prend de plus en plus de sens. C’est le choix d’une conception républicaine de la Nation telle qu’elle nous vient de la Révolution française. Celle des citoyens, des droits de l’homme, de l’égalité des droits, de la laïcité, de la prépondérance des services publics sur le marché, celle qui sait se situer du côté des salariés et des classes populaires.

    Nous ne voulons plus en Corse de cette dérive anti-républicaine, qui accepte la différenciation des droits des citoyens en fonction de leur origine ethnique ou culturelle, qui nous conduit vers un fédéralisme propice à la mise en concurrence des régions, au développement basé exclusivement sur les richesses locales, brisant les solidarités, les systèmes de péréquations et leurs outils publics et  accélérant de ce fait les disparités régionales.

    Nous ne voulons plus en Corse de cette dérive vers un dumping social remettant en cause les garanties sociales et source d’enrichissement et de profit pour une poignée d’individus,  pérennisé par la remise en cause des outils de redistribution que sont encore aujourd’hui, par exemple, les droits de succession.  

    Au plan national, le seul espoir réside dans le renouveau d’un Front de gauche  qui ne soit pas considéré par ses membres comme une boîte à outil politique dans lequel chacun puise en fonction de ses propres intérêts tactiques.

    Le  Front de gauche,  c’est le partage équilibré d’un projet d’avenir qui ne peut être que basé sur la loyauté entre ses différentes composantes. Comme on a pu le constater lors de ces élections municipales, il y a du travail. Mais il n’y a pas d’autres alternatives.

    Pour ces élections européennes, nous devons faire progresser l’idée d’une construction qui ne soit pas au service des marchés financiers, qui les soumette à contrôle public au service des citoyens,  qui mette en avant l’idée de service public et la concrétise dans l’exercice d’un maximum d’activités humaines.

    Nous ne voulons plus de cette mise en concurrence des citoyens et des territoires, au nom de la concurrence libre et non faussée, qui détruit les acquis sociaux, développe le chômage et généralise la montée des partis d’extrême-droite.

    Vaste projet qui a pu prendre son origine dans la bataille commune contre le traité constitutionnel européen, puis les élections présidentielles de 2012. Sa relance pour les élections européennes est impérative, au risque d’enterrer, pour les futures générations, un véritable projet émancipateur.

    Puis viendront les élections cantonales et régionales. Il est bien évident que le Front de gauche ne peut rester plus longtemps au sein d’une majorité régionale dite de gauche, qui a abandonné depuis longtemps ses valeurs.

    Claude PERRIN

     

     

     

     

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  • logo260214

    Les élections européennes vont permettre au Front de gauche de proposer une nouvelle Europe, celle des peuples, progressiste et démocratique, débarrassée du joug des marchés financiers et des multinationales. C’est possible, n’en déplaise à tous ces fameux experts et hommes politiques de droite et d’une soi-disant gauche qui défilent quotidiennement dans les media pour nous expliquer que la crise est fatale, qu’il faut se serrer la ceinture, qu’il n’y a pas d’autre Europe possible. L’ultralibéralisme n’est pas inscrit dans le marbre. Le vrai changement dépendra de la volonté des peuples. Tout est question de rapport de force. Les peuples ne sont pas condamnés à toujours subir. Ils peuvent et doivent devenir les acteurs de leurs propres destins. C’est l’enjeu des prochaines élections européennes. S’abstenir, c’est encourager les tenants de l’Europe de la Troïka à poursuivre leur œuvre dévastatrice.

    Nous invitons les Ajacciennes et les Ajacciens à venir débattre du contenu de l’actuelle Europe, de sa nocivité et de cette nouvelle Europe pour laquelle nous nous battons, avec la participation d'Henri Sterdyniak, co-président des Economistes atterrés, sur le thème :

     
    Changer l'Europe

    Mardi 13 mai 2014

    18 heures

    Au CRESP, quartier La Sposata

    Ajaccio

     

    sterdyniak

     

    Henri Sterdyniak, 60 ans, diplômé de l’Ecole Polytechnique et de l’ENSAE, est économiste dans un institut d’études économiques parisien. Il est directeur du département économique de la mondialisation de l'OFCEIl a publié de nombreux articles en macroéconomie, politique économique, économie monétaire et internationale, économie européenne, questions sociales, fiscales et budgétaires. Il est co-président des Economistes atterrés et co-auteur du Manifeste d’économistes atterrés, de Changer d’économie, de Changer l’Europe !,  aux éditions Les Liens qui Libèrent, Paris. La page d'Henri Sterdyniak sur le site de l'OFCE en cliquant ICI.  Sa page sur le site des Economistes atterrés en cliquant ICI

    Inscriptions et questions écrites adressées à : Mancaalternativa@yahoo.fr

    Les Economistes atterrés

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