• CHARTE ETHIQUE ET DEMOCRATIQUE

    Sommaire 

     

    Introduction………………………………………………………………………………...1 

    Redonner sens et dignité à la fonction élective……………………………..2 

    Garantir des pratiques financières transparentes et honnêtes ……..2 

    Rendre compte en continu de l’exercice du mandat  …………………….4 

    Impliquer pleinement chaque citoyen-ne  ……………………………………..4 

    Réinventer la Démocratie au sein même de l’Assemblée ……………….5

     

    Introduction 

    Dans la démarche, cette Charte nous la faisons notre, pour toutes élections (nationale, territoriale, départementale, municipale). Cette Charte n’est pas une vague promesse. Elle constituera à chaque instant un engagement de chacun-e d’entre nous. Par cette Charte, nous posons la pierre d’angle d’une nouvelle perspective politique. Bien plus qu’un simple code de conduite, par ses principes éthiques et démocratiques, elle est le préalable nécessaire à tout projet crédible qui entend rompre avec les errances des pratiques du passé. En ce sens, elle ouvre une voie d’espoir. Cette Charte est un précieux outil au service des citoyen-nes, mais aussi – par ses effets induits – de la société toute entière. Cette Charte se veut exemplaire, tant dans son contenu que par la façon ouverte et collaborative qui a permis son élaboration. Nous nous engageons bien évidemment à la compléter, sans rien en retrancher, en restant vigilant-es , s’il advenait que des articles nouveaux ou une rédaction plus précise s’avéraient nécessaires.

    Cette Charte appelle une nouvelle génération d’élu-es, non plus dépendant-es de la finance, mais fortement lié-es par les engagements qu’ils-elles auront pris devant leurs concitoyen-nes.

    Par les horizons qu’elle ouvre, cette Charte entend également permettre à des gens neufs, riches de la diversité de leurs origines mais jusqu’ici exclus de l’engagement citoyen à cause de leur âge, de leur sexe, de leur situation sociale ou familiale, de s’investir pleinement – chacun à sa mesure et selon son désir – dans la vie civique. Elle contribuera ainsi à faire de chaque lieu de concertation ou de décision des espaces démocratiques qui seront infiniment plus représentatifs de la mixité de notre société.

    Cette Charte dit nos valeurs humanistes et laïques. Voilà pourquoi nous l’avons voulu aussi ambitieuse que notre projet, afin de redonner toute noblesse à l’engagement politique.

    LA CHARTE CI-DESSOUS 

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  • Les casseurs, inconsciemment ou volontairement, servent les politiques. Pour ces derniers, ce qui compte, c'est que le soir des manifestations, à la télévision, on ne parle pas des revendications mais des dégâts causés par les casseurs qui, de leur côté, poursuivent le même objectif : ils veulent qu’on parle d’eux. Il ne s’agit pas pour les casseurs de manifester contre la loi Travail mais contre la police.

    Le calcul est cynique des deux côtés. Celles et ceux qui soutiennent les casseurs ne l’ont sans doute pas compris. Bien évidemment, les bavures policières montrées sur les réseaux sociaux ne font qu’attiser cette haine de la police dont veulent se servir les casseurs pour entraîner les jeunes manifestants dans la violence.

    De l’autre côté, la manifestation des policiers n’arrange rien. Cette manifestation a été organisée par le syndicat Alliance. Jean-Luc Garnier, premier secrétaire d’Alliance, a pris sa retraite en 2005 à l'issue de son dernier mandat. Libre de tout engagement, il a rejoint l'équipe de Nicolas Sarkozy. Ce syndicat est classé à droite et s’est développé lorsque Nicolas Sarkozy était Ministre de l’Intérieur avec pour objectif de contrer d’autres syndicats jugés trop à gauche.

    La manifestation policière devait dénoncer  la « haine anti-flic ». Plusieurs personnalités politiques comme Eric Ciotti (LR) Geoffroy Didier (LR), Bruno Ratailleau (LR), Marion Maréchal-Le Pen (FN), Gilbert Collard (FN), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) étaient présents. Marion Maréchal-Le Pen a pu tester sa popularité auprès des policiers en se livrant à des selfies. Parmi les rares représentants de gauche, le député Olivier Falorni (ex-PS) a été aperçu. La droite et l’extrême droite ont donc politisé un peu plus un événement organisé à la fois contre les manifestations et contre le pouvoir socialiste. La récupération ne s’est pas faite attendre, du côté de Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard, qui, devant l’assemblée nationale, ont attaqué le Ministre de l’Intérieur en lui reprochant ne pas défendre la police. « Vidé de sa substance, banalisé, l'état d'urgence semble être davantage devenu une arme médiatique pour le gouvernement qu'un blouclier protégeant les Français efficacement », a déclaré la benjamine et de son côté l’avocat a poussé sa diatribe : « Le vêtement est trop grand pour vous, et vous disparaissez sous les loques de l'état d'urgence ». 

    Cette manifestation policière et droitière autorisée sur la place de la république a été vécue comme une provocation par des manifestants de Nuits debout, à qui l’accès en aurait été interdit. Une contre-manifestation non autorisée s’est soldée par l’attaque d’un véhicule de police isolé. Il s’agissait de deux fonctionnaires, un homme et une femme. Ils n’étaient impliqués ni dans le service d’ordre ni dans la manifestation policière mais revenaient d’une intervention de sécurisation routière sur le périphérique de Paris. L’attaque a été très violente et le véhicule incendié. Les images ont été largement diffusées. Les deux fonctionnaires ont été protégés par des manifestants contre un petit groupe de casseurs, casqués et masqués. Bien entendu, cet épisode affligeant anime les réseaux sociaux avec des commentaires agressifs de part et d’autre. Pour nous, malgré les violences illégitimes de policiers lors des manifestations, cet acte est ignoble. On s’aperçoit que les casseurs en action s’amusent et la violence n’est qu’un jeu, un exploit dérisoire. C’est politiquement nul. C’est simplement criminel. Les deux policiers, un homme noir et une femme, n’ont rien à voir avec la répression policière des manifestations. Ce comportement haineux est aussi condamnable que celui du policier auteur de violences illégitimes. Il est contre-productif puisqu’il justifiait la manifestation des policiers à quelques rues de là et ne fera qu’attiser les haines.

    Une fois encore les casseurs ont ainsi occupé la Une des journaux et occulté les raisons des manifestations du 17 mai. Aujourd’hui nouvelles manifestations dans une actualité focalisée sur une catastrophe aérienne. Editions spéciales, défilé des experts et des politiciens, Hollande dans le rôle qu’il affectionne, celui de soutien moral des familles endeuillées. En dehors de cette  tragédie donnant la mort en spectacle,  les journaux télévisés ne s’intéressent plus qu’aux casseurs dont la violence normalise la répression policière et justifie les bavures. En revendiquant par une pancarte avoir voulu « rôtir des poulets » dans leur véhicule, les casseurs ont fait monter la violence d’un cran.  Les slogans « tout le monde déteste la police » ou « la police assassine » remplacent ceux hostiles à la loi Travail.

    On a reproché aux services d’ordre des syndicats de ne pas intervenir contre les casseurs lors des manifestations. Maintenant, ces services d’ordre syndicaux sont traités de collabos par les casseurs et sont les premiers pris à partie lorsqu’ils interviennent. Matraques, bâtons, battes: en fin de manifestation mardi, des SO CGT et FO se sont armés « après avoir été caillassés et traités de collabos». C'était une première depuis le début de la mobilisation contre la loi travail en mars. Des images montrent que la violence est aussi du côté des casseurs.

    Deux policiers du syndicat CGT ont rencontré des manifestants de Nuits debout et le journal en ligne Reporterre relate la rencontre. Le secrétaire général de CGT Police, lorsqu’il est interrogé sur les violences policières, répond : « Si on trouve « toujours des gens irresponsables », les principaux coupables sont « les donneurs d’ordres ». « Les groupes violents sont clairement identifiés avant les manifestations. Pourtant, rien n’est fait, dénonce-t-il. Parfois, nous voyons des manifestants s’équiper de casques et d’armes juste devant nous, et aucun ordre n’arrive. Le 8 avril, on a poussé la compagnie de CRS pour que des personnes violentes puissent rejoindre la place. Évidemment, le soir même, c’est parti en vrac. Après, tout ceci est instrumentalisé au niveau politique.» Vous pouvez lire l’article ICI.

    Au-delà des violences commises par les casseurs et les policiers, la politique menée par François Hollande et Manuel Valls a créé le climat propice à des conflits sociaux durs et à la montée de l’extrême-droite. La gestion des manifestations n’a fait qu’aggraver les tensions. Le Chef de l’Etat et son Premier ministre portent donc la responsabilité politique de tous les débordements. Lorsque la répression devient une méthode de gouvernement, il ne faut rien attendre de bon. Nous sommes entrés dans le cycle de la violence. Lorsque la trahison devient un comportement idéologique, il ne faut rien attendre de juste.

    François Hollande et Manuel Valls n’ont fait qu’aggraver la méfiance des Français envers la classe politique. Certains n’espèrent plus rien des élections et mêmes des manifestations. Ils sont lassés par la guerre des chiffres entre organisateurs et ministère de l’Intérieur   et le traitement qu’en fait la presse. Il n’est pas étonnant que des groupes anarchistes d’un côté et l’extrême-droite de l’autre pensent pouvoir exploiter le contexte social. Nos élus ont pensé obtenir la paix sociale, grâce à la lutte contre le terrorisme et à l’Etat d’urgence, et, dans cette perspective, ont décidé d’une régression sociale sans précédent. Lorsque la soumission est ce que le politique attend du peuple, le parti socialiste peut s’attendre à de cinglantes défaites lors des prochaines élections. François Hollande a plombé la Gauche et il faudra du temps pour qu’une gauche alternative se construise. Elle se reconstruira en dehors de lui et de sa garde prétorienne. Il n’aura aucune place dans l’histoire de la gauche française si ce n’est celle de social-traître.

    Aujourd’hui, avait lieu la énième manifestation contre la loi Travail. A Paris, le seuil de la pollution bat encore les records avec le déluge de gaz déversé par les forces de l’ordre. On se dit que cela illustre bien le fait que Manuel Valls et François Hollande fabriquent des usines à gaz pour enfumer tout le monde.  D’aucuns se demandent si cela a encore un sens, alors que les casseurs ont pris pour cibles la police, des vitrines de magasins et de banques. Cela a-t-il encore un sens alors que la loi sera bientôt définitivement non votée par un deuxième recours à l’article 49.3 ? Le coup de force de l’autisme politique est programmé. La grève générale n’est-elle pas la seule arme sociale  plus efficace que les manifestations ? Des blocages ont été annoncés dans les ports, les aéroports et les gares. Manuel Valls a déjà averti qu’il enverrait les forces de l’ordre pour y mettre fin. N’est-ce pas encore une intimidation qui pousse au recours à la violence, celles et ceux qui n’y ont pas encore adhéré ? Nul ne peut dire où mènera la fuite en avant du pouvoir en place, si ce n’est que la fin de quinquennat sera encore plus désastreuse que les quatre années passées.

    Finalement la police, le gouvernement, la presse et les casseurs auront annihilé l’action de milliers de manifestants ? La cible de toutes ces violences est l’action syndicale. La police a laissé faire les casseurs dans un premier temps et les casseurs servent maintenant à diaboliser les manifestations, tout en occupant l’actualité. Cela n’a pas démoralisé les manifestants mais a minimisé leur action en occultant les revendications. Toutefois perdre une bataille, ce n’est pas perdre la guerre déclenchée par Hollande et Valls. Au train où va la régression sociale et, avec les projets politiques de la droite, le mécontentement devrait s’amplifier. Les menaces terroristes et la collaboration des dirigeants de la CFDT ne suffiront pas à maintenir la paix sociale. Ce n’est plus une guerre de tranchée mais une reconquête des acquis sociaux qui s’annonce, même si Hollande et Valls essaient de se persuader du contraire.

    Fucone

     

     

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  • Il n'est plus possible d'espérer une réforme de l'Union européenne 

     

    Thomas Coutrot est économiste et membre des Economistes atterrés. Dimanche 15 mai, il a participé à un débat sur l'Europe et ses institutions, sur la place de la République, à Paris, dans le cadre des "nuits debout". Ses analyses rejoignent celles en cours de discussion au sein de Manca alternativa. Pour lui, il est désormais impossible de changer de l'intérieur l'Europe, dominée par les marchés financiers et la Troïka. Cette Europe qui contraint tous les pays membres à de sévères politiques d'austérité et empêche toute expression démocratique et toute recherche de voies originales de développement économique et social.

    Thomas Coutrot pense qu'il est possible de construire une autre Europe, plus petite, dans un premier temps, une Europe du Sud, sur la base de rapports de coopération et non de subordination.

    Nous publions une video parue dans le journal l'Humanité du 17 mai.

    http://www.humanite.fr/videos/thomas-coutrot-ne-peut-plus-esperer-la-reforme-de-lunion-europeenne-607124

     

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  • Souvenirs d'un révolutionnaireDans son livre "Souvenirs d'un révolutionnaire", Gustave Lefrançais n'a pas prétendu faire oeuvre d'historien. Il voulait simplement expliquer aux générations futures comment s'était formée sa conscience en prenant part "aux efforts communs pour hâter la délivrance". 

    Ce livre délivre un témoignage. Il est aussi pédagogique par les temps qui courent. Il a été réédité par les éditions La Fabrique. L'éditeur le présente ainsi: "Jeune instituteur sur les barricades en juin 1848, premier président élu de la Commune de Paris en mars 1871, la trajectoire révolutionnaire de Lefrançais est fulgurante. Dans ces Souvenirs, on le suit de prisons en exils, de meetings en batailles sanglantes, on participe à ses enthousiasmes, à ses détestations. Souvent drôle, toujours modeste, toujours clairvoyant, Lefrançais est un étonnant mémorialiste. Communiste, il n’a que mépris pour les socialistes à la Louis Blanc. Libertaire, il fait partie de la minorité de la Commune, opposée aux tendances autoritaires d’une majorité jacobine-blanquiste. Élu député du IVe arrondissement, il manque démissionner (« Je ne reconnaîtrai jamais aucune validité au suffrage universel, tant qu’il se manifestera au moyen d’un scrutin secret »). Lefrançais est notre ami, notre contemporain. Comme l’écrit Daniel Bensaïd dans sa présentation, « On est à mille lieux de la République prêtre, de la République pionne, de la République d’ordre, disciplinaire et inégalitaire ; à mille lieux d’une gauche servile aux possédants, de ses reniements et de ses renégations ; de ses révérences et de ses génuflexions. Avec Lefrançais, on est en bonne compagnie. »

    Dans l'édition du Canard enchaîne du 11 décembre 2013, Igor Capel lui a consacré un article sous le tire "Vive la Sociale!"

    Souvenirs d'un révolutionnaire

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  • Est-ce le moment de la clarification au PS ?François Hollande a de plus en plus le regard de Buster Keaton sur le visage de Louis XVI. Il est devenu un comique triste, un roi grotesque avec sa favorite, ses courtisans et ses vassaux.  Le 8 mai dernier, lors de la cérémonie officielle devant la flamme du soldat inconnu, il a voulu défendre son bilan en l’associant à la victoire de 1945, alors  que son joker libéral Emmanuel s’est occupé de récupérer le mythe de la pucelle d’Orléans.  Le 8 mai 1945, c’était la fin de la guerre contre le nazisme. C’était aussi les grandes idées du Conseil de la résistance. Le 8 mai 2016, c’est la loi Travail et l’usage abusif de l’article 49.3 de la constitution.

    Et le bilan de quatre années d’exercice d’un président qui a trahi ses électeurs ? Aux pieds du soldat inconnu, Hollande a solennellement fait preuve de son autosatisfaction coutumière qui est devenue la feuille de route de tous ses communicants. Le fil de l’argumentaire est le leitmotiv présidentiel : « Nous avons bien redressé le pays depuis quatre ans.» C’est dit en écho à son « La France va mieux ». Et d’écho en échos de sa garde prétorienne, la méthode Coué est devenue le mode de communication hollandien. Les 600 000 chômeurs supplémentaires depuis mai 2012 apprécieront. Il est improbable que la méthode Coué agisse sur eux.  Surtout que l'article 52 de la loi Travail ne fait qu'aggraver leur situation.

    Hollande  ajoute : «Je fais en sorte qu’il puisse y avoir un certain nombre de redistributions qui se fassent dans la maîtrise de nos finances publiques. » Les magistrats de la Cour des Comptes doivent bien rigoler de leur ancien collègue. Les déficits dépasseront les 300 milliards d’euros fin 2016. A part Nicolas Sarkozy et son quinquennat où la dette a progressé de plus de 500 milliards, personne n’a fait pire.

    Concernant la redistribution dont il parle, il se croit obliger de préciser : « Il ne s’agit pas de cadeaux qui devraient être faits. Je n’ai pas cette conception-là ».  Il veut sans doute parler des 1,6 milliards pour fabriquer des emplois fictifs temporaires pour les jeunes et des 32 milliards d’euros annuels de la formation professionnelle , des 2,4 milliards pour relever le point d’indice des fonctionnaires et des 265 millions d’euros de primes pour les instituteurs. Tout cela est bien tardif et fait dire à la Droite que ce sont des frais de campagne électorale mis à la charge du contribuable. Et les milliards du CICE qui n’ont pas créé d’emploi mais ont servi à régler des dividendes aux actionnaires et les augmentations de salaires des patrons ? Il a oublié les vrais cadeaux fiscaux que la Droite trouve insuffisants. Les cadeaux, il les a fait au patronat et aux actionnaires. Maintenant, il fait du sous-poudrage électoral et tente d'inverser la courbe du chômage comme il le peut.

    Hollande assure que, « lorsque l’effort a été mené, lorsque les comptes publics sont redressés, il faut qu’il y ait un soutien à des catégories qui ont participé à l’effort ». Il se moque du monde. Deux jours plus tard, Valls a recours au 49.3 pour imposer la loi Travail et attise la guerre sociale qui est entrain de s’aggraver. On comprend que les mesures envers ceux qui ont subi la crise ne sont qu’une cosmétique sociale préélectorale. Pendant quatre ans, il a apporté son soutien au patronat et aux actionnaires qui n’ont fourni aucun effort. A celles et ceux qui ont subi la crise et à qui il a imposé des efforts, il propose une précarité aggravée par la casse du code du travail.

    Faut-il en rire ?

     

    Le 8 mai 2016 ne sera pas une victoire de la Gauche.  C’est le début d’une guerre sociale dont tout le monde ignore les conséquences. Celui qui se dit un homme de compromis aura amené la France à l’ultralibéralisme avec le projet de ranger le socialisme au musée des souvenirs trahis. Ses compromis sont une trahison des valeurs de la gauche et ne sont que des reculs sociaux. Le 49.3 n’est pas fait pour un armistice social. Il conduit le Parti socialiste à de sérieux revers électoraux. Cette période de collaboration libérale risque d’installer une Droite plus arrogante qu’auparavant avec un glissement vers l’extrême-droite mettant en péril les libertés individuelles et le vivre ensemble.

    Est-ce le moment de la clarification au PS ?La liste des griefs est  longue : état d'urgence permanent, régression sociale, répression… mais aussi absence de vison globale, hypocrisie en matière d’écologie de celui qui  se prétend   leader international sur le sujet. La France préside la COP 21. Quelle belle affaire ! L’article 49-3 est l’arme de la trahison en même temps qu’un déni de justice, qu’une brutalité. Les gesticulations des frondeurs ne maintiennent plus l’illusion d’une aile gauche au PS.  Manuel Valls veut une clarification. Il ne supporte plus celles et ceux qui ne veulent pas suivre « la voie qu’il propose », sa conception de la social-démocratie. Monsieur 5% aux primaires socialistes de 2012 (bon dernier) a, avec Hollande, imposé son idéologie libérale et ses méthodes musclées au PS. La déviance libérale du Parti socialiste est le résultat des mensonges électoraux et de la mainmise opérée sur sa direction par des socio-traitres. Le socialisme ne fait déjà plus partie du fond idéologique du PS. L’étiquette ne correspond plus au contenu. On doit rappeler que Manuel Valls le voulait ouvertement avant d’être nommé Premier Ministre, puisqu’il avait suggéré d’en modifier l’appellation en abandonnant « socialiste ». Toutefois, on se demande pourquoi il a adhéré à ce parti à l’affiche socialiste puisque le socialisme est selon lui archaïque et se trompe depuis cent ans. Aurait-il fait de l’entrisme pour extirper une idéologie qu’il a toujours méprisée ? Pour Manuel Valls, la Gauche de lutte est confortable et abstraite. Ce qui l’intéresse, c’est le pouvoir, c’est-à-dire une pseudo-gauche gestionnaire, car il tient à son appartenance à une gauche qu’il veut redéfinir sans que l’on en comprenne les contours en dehors d’une gestion libérale autoritaire. Quel mépris envers les luttes sociales et les principes fondateurs du socialisme ! Quelle adhésion au système de l’alternance libérale ! Quelle régression du combat politique !

    Valls veut une clarification. C’est le moment de dire : Basta ! La rupture radicale avec le PS et tous ses représentants est salutaire pour la Gauche. Ceux qui, au PS, se sentent trahis par leur dirigeants et leurs gouvernants n'ont qu'à prendre leur responsabilité et rejoindre une gauche alternative au lieu de cautionner l’alternance libérale.

     

    Battone

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  • La politique du moins pirePas de miracle ! L’arithmétique parlementaire s’est vérifiée. Seulement 146 députés ont voté la motion de censure déposée par la Droite. Il faut reconnaître que cette Droite n’invite guère à les suivre. Les intentions de ses candidats aux élections présidentielles ont servi d’arguments au Président du groupe socialiste et à Manuel Valls. Comme le dit le proverbe : « Au royaume des aveugles les borgnes sont rois ».

    Nous avons eu l’épisode de la tentative de dépôt d’une motion des gauches. Il n’aurait manqué que deux voix. De toute façon, cette motion n’aurait servi à rien, puisque la Droite ne l’aurait plus votée que les frondeurs n’ont pas voté la motion de droite. Nous avons donc assisté à une mascarade parlementaire de plus, exacerbée par le recours au 49.3.

    La politique du moins pireNous sommes dans un jeu politicien. Le sort de cette loi va se jouer dans la rue. Nous savons qu’il ne faut rien attendre de nos députés et de nos sénateurs qui sont toutes et tous dans des calculs électoraux. La partition sera toujours la même et prépare une nouvelle alternance libérale. Du côté du pouvoir en place, Manuel Valls réclame une clarification  au Parti-socialiste. Pour lui, les frondeurs ne doivent plus mettre en cause la conception qu’il a de la social-démocratie à la française. On sent bien qu’il souhaite se débarrasser de la fronde pour s’ouvrir une possibilité d’alliance avec les centristes. De son côté, François Hollande sera plus enclin au statu quo pour ne pas compromettre sa candidature en 2017. Il ne voit sans doute pas d’un bon œil l’émiettement du parti socialiste avec la constitution d’un nouveau parti qui le priverait de caution de gauche. Hamon va peut-être y aller ? Montebourg attend à l’orée du bois. Quant à Emmanuel Macron, tout laisse à penser qu’il ne va pas tarder à prendre du large pour se mettre officiellement en marche vers les Présidentielles et chercher des alliances à droite. On parle de pacte politique entre lui et Hollande. Si c’est le cas, on sait que, dans ce genre de pacte, il y en a toujours un qui se fait avoir au bon moment, celui des Présidentielles.

    Avec leur politique libérale et droitière, Hollande et Valls ont déplacé le marqueur à Droite. Les programmes présidentiels, annoncés par Sarkozy, Juppé, Fillon, Le Maire et le reste, ne font que surenchérir sur la fameuse philosophie de la loi Travail. Ils sont tous aussi réactionnaires les uns que les autres, sinon plus. La Droite assume, ouvertement et avec une arrogance plus grande que jamais,  une politique toujours plus antisociale.  En le dénonçant, les socialistes légitimistes pensent se situer toujours à gauche auprès de l’électorat de gauche.  On croirait entendre une anaphore, figure de rhétorique préférée de François Hollande. Etre de gauche, c’est être au parti socialiste. Etre de gauche, c’est renier le socialisme devenu trop archaïque. Etre de gauche c’est avoir un discours moderniste pour imposer une politique réactionnaire mais supportable au regard de celle promise par la Droite. Etre de gauche, c’est utiliser  démocratiquement l’article 49.3 pour faire passer des lois rejetées par tous. Etre de gauche, c’est accepter la précarité au nom de la croissance économique. Etre de gauche, c’est se montrer progressiste sans l’être. Voilà, la philosophie des Hollande, Valls, Macron, El Khomri, Cambadélis, Le Guen, Le Foll…ect.

    Valls voudrait mettre fin à la confrontation entre patrons et salariés. Il semble oublier que toutes les avancées sociales ont été arrachées dans la confrontation. Rien n’a été obtenu dans la concertation sans lutte sociale.  Ce sont les avancées sociales qu’il fait régresser au nom de la concorde sociale. Ce sont des victoires syndicales dont il veut annuler les effets. Lui et Hollande ont un mot-clé : compromis. Lorsque l'on écoute le discours de Pierre Gattaz, peut-on croire à des compromis entre gens de bonne volonté ? Valls y croit-il lui-même ? On peut en douter.

    Hollande et Valls ont ouvert des brèches dans les acquis sociaux et, avec la loi Travail, ils font du Code du travail un recueil de lois facultatives. Chaque patron pourra imposer de nouvelles normes. Avec les nouvelles conditions des licenciements économiques, le patronat tiendra le manche pour pratiquer le chantage au chômage. Par exemple, dés que l’entreprise aura un problème de trésorerie, le spectre du chômage économique planera sur les salariés. 

    L’argumentation de Valls contre la motion de censure servira aussi pour la campagne présidentielle. Nous l’avons déjà entendue dans la bouche de deux frondeurs. Après le dépôt de la motion de censure par la Droite, Benoit Hamon a déclaré : « La motion de censure de la droite, il faut imaginer que vous avez beau être en désaccord avec Manuel Valls, préférer à Manuel Valls Nicolas Sarkozy qui propose de supprimer 600.000 ou 300.000 fonctionnaires tous les cinq ans, cela dépend des candidats de droite, de supprimer l'ISF, de porter la retraite à 65 ans, c'est un peu compliqué de préférer ce projet-là à celui du gouvernement ». Sur Europe 1, son collègue Christian Paul était allé dans le même sens : « Quand je regarde les programmes de la droite, d'Alain Juppé ou de François Fillon, notamment en matière de droit du travail ou de réduction de la fonction publique, je n'ai pas très envie, je n'ai même pas envie du tout, au fond, de joindre ma voix à (celles) de députés qui veulent supprimer des centaines de milliers d'agents publics, qui veulent profiter de la brèche que constitue la loi El Khomri pour faire davantage s'ils viennent aux responsabilités … Il y a un moment où l'arithmétique fait loi. Il n'y a pas, me semble-t-il, 289 députés qui soient prêts à voter ensemble ».

    Ces deux frondeurs ont signé le projet de dépôt d’une motion de gauche. Une motion de gauche jointe à la motion de droite aurait-elle renversé le gouvernement ? On sait que non, puisqu’il aurait fallu que tous les députés de Droite votent aussi la motion de gauche. Ce n’était qu’une démarche symbolique. On a le droit de penser que quelques députés socialistes maintiennent une sensibilité de gauche pour rassurer l’électorat. La tentative de motion de censure des gauches n’aura été qu’une gesticulation parlementaire. Aucune fronde ne fait bouger les lignes dans le gouvernement. Valls rejette toute contestation à sa gauche, qu’il qualifie de confortable et abstraite. Cette attitude est celle d’un homme de Droite, si un doute pouvait encore exister dans les esprits.

    La politique du moins pireHollande a-t-il encore une aile gauche ? Le Premier Mai dernier, en marge des milliers de manifestants, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, honorait la mémoire de Léon Blum et du Front populaire. Il osait un parallèle historique affligeant entre les lois sociales de 1936 et la loi Travail de 2016. Il souhaitait à Hollande la victoire du Front populaire. Quelle insulte aux travailleurs qui avaient conquis en 1936 les 40 heures, les congés payés et les délégués du personnel ! Quel mépris pour celles et ceux qui défendent aujourd’hui, par des grèves et dans la rue,  ce qui a été obtenu par des grèves et dans la rue ! Ce pou repu a eu le culot d'écrire un livre intitulé "A gauche, les valeurs décident de tout".

    L’opération  politicienne de Valls et Hollande était gagnée d’avance. Elle a réussi sa première étape et  ne tient pas compte du mécontentement populaire. Un président élu sur le mensonge applique, à coups de 49.3,  le programme d’un Manuel Valls qui était bon dernier aux primaires socialistes avec 5% des voix. La Droite et le Front national leur servent d’épouvantails pour espérer gagner les prochaines présidentielles.

    La loi est adoptée par l’Assemblée nationale sans débat sur le fond et va aller devant le Sénat. C’est la deuxième étape plus difficile. Toutefois, la loi reviendra devant l’assemblée et, à coup de 49.3, sera adoptée définitivement. Valls et Hollande pensent certainement avoir gagné la bataille politique mais ils n’ont pas gagné la guerre sociale. On ne muselle pas l’électorat de gauche et tous les syndicats comme ils l’ont fait pour les élus socialistes. Chacun d’eux devra rendre des comptes devant les électeurs.

    On a le sentiment que les libéraux de tous bords (y compris Valls et Hollande) prennent les élections présidentielles comme une commission nationale chargée d’examiner les appels d’offres politiques et de choisir le bénéficiaire d’un marché libéral pour cinq ans. Valls et Hollande s’annoncent comme la meilleure offre en matière de coût social. En terme administratif, l’offre retenue devrait être celle du « moins disant », celui donc qui soumet le devis le moins socialement coûteux pour une même prestation. Le marché libéral est un marché de dupe car ce sont toujours les mêmes qui bénéficient du marché et ce sont toujours les mêmes à qui ça coûte des acquis sociaux.

    La politique du moins pireLe pouvoir socialiste, comme celui de la Droite, a cru pouvoir mener une politique sans tenir compte de l’opinion publique. Ils pensent tous faire l’opinion grâce à leurs chiens de garde. Pourquoi en tiendraient-ils compte ?  Depuis quatre ans, on nous serine qu’il faut faire des efforts et des concessions pour sortir de la crise. Maintenant, à un an des élections, la loi Travail vient solder chèrement le coût social accompagné par un discours d’autosatisfaction. Il paraît que « ça va mieux » et que la croissance s’annonce. L’article 49.3 est utilisé pour le bien de tous et fait partie du dialogue social. Ne vous plaignez pas ! Il y a pire : Copé veut gouverner par ordonnances. La droite veut revenir à 39 Heures, supprimer l’ISF, supprimer des centaines de postes de fonctionnaires, rendre obligatoires les indemnités forfaitaires des Prud’hommes, donner l’initiative des accords d’entreprises aux patrons, plafonner le RSA… etc. Quelle aubaine pour faire accepter la loi Travail et espérer qu’elle sera vite digérée ! Les nouvelles promesses électorales serviront de pansement gastrique.

    Contrairement à ce qu’il veut faire croire, Hollande a vite abandonné par cynisme ce qui est le fondement de la gauche, l’idée de la lutte et du changement de l’ordre social. Le changement ne fut qu’une promesse électorale. Il a tenu le cap libéral. Il ne s’est pas mis en mouvement, il a suivi le mouvement. Il a méprisé une grande partie de ses électeurs. Il a méprisé sa majorité au parlement et donne des idées à la Droite pour aller plus loin dans le régime présidentiel. Pour neutraliser Valls, il a propulsé Emmanuel Macron au gouvernement.. Ce dernier   rêve du retour à la royauté car, selon lui, c’est ce que souhaitent les Français chez qui l’exécution de Louis XVI aurait laissé un vide.  

    Jusqu'où iront-ils si le peuple ne les arrête pas ? Cette constitution de la Cinquième république contient les outils juridiques qui permettent tous les coups de force contre la démocratie. La lutte contre le terrorisme justifie des lois de plus en plus liberticides et fait vivre les Français en état d’urgence. Nous sommes entraînés dans une fuite en avant.

    Les élections sont les seules occasions de sanctionner l’autoritarisme, l’arrogance et le mépris. C’est l’occasion aussi de ne pas tomber dans le piège du vote FN au premier tour pour se jeter dans celui du vote utile au second tour. Pourquoi laisser  l’alternance libérale nous conduire à une soumission toujours plus pesante ? Pourquoi choisir de rester dans le moins pire pour éviter le pire ?

    Hollande et Valls veulent faire croire qu’ils sont la seule alternative de gauche. Ils ne sont qu’une alternance de centre-droit. Voter pour un candidat de gauche qui s’engage à faire une réforme constitutionnelle et à redonner la parole au peuple est devenu une urgence démocratique et républicaine. Ce n’est pas la Droite qui améliorera la situation sociale. Ce n’est pas l’extrême-droite qui mettra fin à l’alternance libérale. Ce n’est pas le partie socialiste qui changera le Système. Le seul espoir de changement est à gauche, pas cette pseudo-gauche gestionnaire qu’ont toujours incarné les présidents socialistes.

    Il est toujours temps de choisir l’insoumission à l’ordre libéral qui conduit à l’autocratie, à l’oligarchie et au fascisme. Il est toujours temps de défendre des acquis sociaux qui n’ont jamais été octroyés et qui sont le résultat de luttes sociales. 

    Sept syndicats appellent à des grèves générales et des actions les 17 et 19 Mai prochains. Ce seront deux occasions de montrer l’ampleur du rejet de la loi Travail et de l’article 49.3 de la constitution. C’est par la lutte sociale que chacun de nous défendra les acquis sociaux contre la précarité et l’arbitraire.

    La politique du moins pireLa politique du moins pire

    U Barbutu

     

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  • Le robot macrombiotique 2017Lors d'une interview en direct sur Sudouest.frEmmanuel Macron a fait une déclaration qui a vexé Manuel Valls lorsqu’il l’a lue. Le ministre de l’économie répondait à une question sur le mélange des genres qu’on lui reprocherait : "J'entends les gens qui me le reprochent. Mais qui sont-ils ? Des gens qui ont été chefs de partis et ministres eux-mêmes. Des gens qui ont été maire de grandes villes de province et ministres régaliens quand ils n'ont pas été maire et Premier ministre. Soyons sérieux. Que me reproche-t-on ? Le mélange des genres que ces gens ont systématisé. Je ne fais pas partie de cette caste politique et je m'en félicite. Nos concitoyens sont las de cette caste". Cela a donné lieu à un recadrage en pleine séance parlementaire et des caméras n’en ont pas perdu une miette.

    Manuel Valls s’est senti visé et Emmanuel Macron, tout penaud, a dit hypocritement qu’il visait Alain Juppé. Ce en quoi, Valls lui a rétorqué qu’il aurait dû le dire clairement, avant de détourné la tête avec mépris.  Bon ! On peut dire aussi que, lorsque l’on se sent morveux, on se mouche : finalement, on en déduit que Manuel Valls fait partie de cette caste sur laquelle Macron crache pour justifier qu’il n’a jamais été élu. Il met en avant sa virginité électorale et élève ainsi au rang de vertu son arrivisme qui l’a fait surgir des arcanes du pouvoir en place. La cooptation et le parrainage semble, pour lui, plus vertueux qu’une élection. Il doit considérer l’énarchie comme une noblesse administrative (et non une caste) à laquelle il appartient et qui le dispense des urnes corruptrices. Le secrétaire général du PS s’interroge : Emmanuel Macron s'imagine-t-il en Sully (du nom d'un conseiller d'Henri IV, ndlr) ou bien finira-t-il en Brutus contre son père François Hollande envers qui il se réserve le dernier coup de couteau ? Il ne veut pas croire à une telle trahison mais, si Macron n’est pas Brutus, serait-il simplement le descendant du préfet du prétoire romain Macron ? L’histoire romaine nous révèle qu’un certain Quintus Naevius Cordus Sutorius Macro, dit « Macron », est né vers 21 av. J.-C. et mort en 38. Selon Tacite et Dion Cassius, il serait l'assassin possible de l'empereur Tibère. L’histoire peut-elle se répéter vingt et un siècle plus tard ? Macron est Macron et d’aucuns s’interroge sur sa nature humaine. Même son épouse pense qu’il est un chevalier venu d’une autre planète. 

    Renault Tarlet fait, sur Facebook, un portrait satirique du « chevalier venu d’une autre planète » (tel que le décrit son épouse sur Paris-Match). L’Internaute a décelé chez le ministre de l’économie un prototype fabriqué dans les laboratoires du Medef. Voici ce qu’il nous dit de la fiche de présentation de Lobotomax 2000 : « Les laboratoires du MEDEF ont la joie et la fierté de vous présenter leur dernière création : le robot Lobotomax 2000. Lobotomax 2000 est muni d'un algorithme qui lui permet de créer en quelques millièmes de secondes des kilomètres de logorrhée néolibérale, avec une capacité de vacuité et de crétinisme auto-satisfait jamais atteinte par aucun humain ni aucune machine jusqu'alors. Posé au milieu d'une foire à la saucisse ou de la rédaction du magazine Challenges, Lobotomax 2000 peut produire en quelques fractions de secondes des phrases de haute volée telles que " Aller de l'avant vers un projet multiple, c'est l'état d'esprit positif nécessaire à un agir pluriel". Les performances de Lobotomax 2000 sont stupéfiantes. Il peut produire en un souffle autant de néant que toute la rédaction du Nouvel Obs en toute une semaine. Il est, de plus, pourvu d'un module qui lui offre un sens de l'humour à peu près équivalent à celui d'une tronçonneuse à essence, indispensable pour lui permettre de déclarer qu'il ne "fait pas partie de cette caste politique" sans éclater de rire. Votez Lobotomax 2000, car quand notre pays est au bord du précipice, il est tant d'aller de l'avant (proverbe lemming) ».

    Le robot macrombiotique 2017Il s’agit donc d’un prototype de robocoopératif made in Medef. Ce candidat « macrombiotique », programmé « ni droite, ni gauche », est en marche vers les élections présidentielles. Il est conçu avec un système qui traduit en langage moderne l’Ancien régime. Son logiciel a parfois des ratées qui lui valent quelques déboires. Il s’est fait tancer par le colérique Valls et son visage a trahi le bug qui l’a laissé dans une grande solitude sur son banc de ministre. S’il se prend encore quelques camouflées, ses petits camarades vont finir par le mettre en quarantaine pour ne pas déplaire à leur chef. Le problème avec ce type de Lobotomax, c’est que la marche à arrière n’est pas prévue. Le logiciel ne sera changé qu’après les élections de 2017. La future version « Lobotomax 2017 »  pourrait être plus perfectionnée mais pire que la première. Les laboratoires du Medef travaillent déjà sur de nouveaux algorithmes « ni de droite ni d’extrême droite mais surtout pas de gauche ». Le concept plairait déjà à l’intéressé qui n’a pas réussi à afficher une image de Gauche. La Gauche a senti son fumet et ne veut pas de son rôt. Il devra s’assumer à Droite. C’est le constat de son test d’auto-évaluation.

    Ce sont ses capacités de vacuité et de crétinisme qui le rendent plus performant à Droite qu’à Gauche. C’est de ce côté-là qu’il souhaite améliorer ses capacités en laissant tomber toute interface virale avec la gauche. L’électorat de gauche a des antivirus sociaux qui mettent en danger la carrière de Lobotomax, d’autant plus que ses concepteurs ne lui ont donné que des données théoriques sur les gens du peuple. Cela lui a valu quelques dérapages sur le « monde ouvrier féminin » intégré dans sa mémoire comme analphabète et sans permis de conduire. On se souvient encore de ses déclarations sur l’avenir des femmes licenciées de la société Gad : « Il y a dans cette société [Gad], une majorité de femmes, il y en a qui sont pour beaucoup illettrées, pour beaucoup on leur explique: 'Vous n'avez plus d'avenir à Gad ou aux alentours. Allez travailler à 50 ou 60 km!' Ces gens-là n'ont pas le permis de conduire, on va leur dire quoi? »

    Le mieux pour Macron est qu’il opère, après 2017, en terrain favorable comme, par exemple, au sein de la Juppépinière dans laquelle il pourra se développer harmonieusement. Le Sarkoland est aussi une option pour lui. Dans sa mémoire en reconstruction, il est question d’effacer certains de ces discours pour éviter des rechutes. Son credo restera cependant de coller à l’évolution du monde. Ses affinités avec le royalisme seront placées dans une case « nostalgie » avec un code d’accès. Il faudra un nom à particule pour l’entendre redire ce qu’il avait expliqué dans le journal le Point du 8 juillet 2015. Selon ce néo-royaliste, le peuple français n'a pas vraiment voulu décapiter Louis XVI. Toujours selon lui, il nous faudrait un roi. La démocratie comporte toujours une forme d'incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n'est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d'y placer d'autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l'espace. On le voit bien avec l'interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. Pourtant, ce qu'on attend du président de la République, c'est qu'il occupe cette fonction. Tout s'est construit sur ce malentendu.

    Notre Lobotomax a des incompatibilités avec la gauche et avec la République. On l’a dopé avec des algorithmes d’autosatisfaction qui n’excluent pas un dysfonctionnement narcissique pouvant lui laisser espérer rétablir la royauté et se sacrer Emmanuel Ier de France. Le seul espoir de le voir disparaître de la scène politique est qu’il vieillit très vite et que la rouille peut endommager ses circuits déjà rendus défectueux par ses passages à l’ENA et à la banque Rothschild. Changer son logiciel ne fera qu’accentuer son vieillissement prématuré. On ne pourra même plus en faire un Préfet comme l’était son homonyme romain. Ce serait dommages toutefois de l’envoyer à la casse. Il pourrait être exposé comme curiosité politique. Il a montré un intérêt historique et touristique.

    Au Musée de l’homme, il n’aura pas sa place. Cependant, on pourrait rapidement l’envoyer au château de Versailles pour montrer aux visiteurs le prototype expérimental « Lobotomax », royaliste ni de droite ni de gauche, un spécimen unique pour ses malfaçons et son erreur de conception politique. On mettra sur sa fiche de présentation qu’il fut un jeune vieux ayant suscité un certain enthousiasme chez des groupies du Troisième âge. Ainsi, sans remonter jusqu’à l’empire romain, il sera dans son siècle de prédilection, celui des courtisans et des courtisanes. Il pourra « faire de la poussière ».  « Fà u pulvericciu » est une expression corse qui sous-entend «  faire plus de poussière que d’actions véritables ». Il n’en sera que moins nuisible.

    Paul Capibianchi

     

     

     

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