• Le pas de trop voulu par Hollande et Valls  Hollande et Valls, en ayant recours à l’article 49.3 qu’ils fustigeaient jadis, ne font qu’aller jusqu’au bout d’un jeu politique pervers basé sur leur analyse des forces politiques qui se partagent le pouvoir. Ils savent qu’une motion de censure ne peut être votée sans la Droite qui avait approuvé la première mouture de la loi Travail dite El Khomri, du nom de la ministre du travail nommée pour porter le projet. Ils ont fait un pas de trop prémédité.

    Hollande et Valls ont mené une politique d’alternance libérale. Ils ont discrédité la gauche en poursuivant une politique de Droite. En marchant sur les platebandes libérales des Républicains et des centristes, ils les ont complètement décomplexés et leur arrogance n’en est que plus grande. C’est la radicalisation de cette droite menacée par la montée de l’extrême-droite que Hollande et Valls exploitent maintenant. C’est le bon moment car les candidats aux Primaires de la Droite ont dévoilé leurs programmes. Lorsqu’on passe en revue leurs propositions similaires, c’est un programme commun ultralibéral qui s’inscrira dans le fil de la loi El Khomri en l’aggravant. Les électeurs seront une fois encore placés dans le choix entre le pire et le moins pire.

    Le pas de trop voulu par Hollande et Valls  Les arguments pour empêcher les députés de gauche de voter la motion de censure de la droite sont les préliminaires de l’argumentation de Hollande et du gouvernement en vue des prochaines élections présidentielles. La Droite assume ouvertement la politique antisociale qu’elle prépare et, en le dénonçant, les socialistes légitimistes pensent se situer toujours à gauche auprès de l’électorat de gauche. On n’en croit pas ses oreilles, lorsque l’on entend Myriam El Khomri dire à la presse que les députés qui voteront la motion de censure de la Droite seront considérés comme étant de Droite, alors que son collègue Emmanuel Macron s’est mis en marche avec le crédo « ni droite ni gauche ». De son côté, le président du groupe socialiste Didier Guillaume (celui qui compte les voix partisanes) a dit qu’il n’y avait pas de motion de droite et de motion de gauche devant le menace de cette dernière. Pour lui, une motion est déposée pour faire tomber le gouvernement. Il faudrait que ces gens-là accordent leurs violons car leurs argumentations sont cacophoniques.  Etre à gauche, c’est être au parti socialiste. Etre socialiste, c’est renier le socialisme devenu trop archaïque. Etre de gauche, c’est avoir un discours moderniste pour une politique réactionnaire. Etre progressiste, c’est accepter la précarité au nom de la croissance économique.

    François Hollande, plutôt que de respecter sa promesse de changement, a fait le choix de l’alternance libérale. Il a ouvert des brèches dans les acquis sociaux et, avec la loi Travail, il transforme le Code du travail en simple manuel de déontologie. Chaque patron pourra imposer de nouvelles normes. Avec les nouvelles conditions des licenciements économiques, le patronat tiendra le manche pour pratiquer le chantage au chômage. Nul ne doute que la Droite ira plus loin mais à qui la faute ?

    Aujourd’hui, on peut lire dans la presse que des frondeurs ne signeront pas la motion de censure de la droite, en reprenant l’argumentation des légitimistes qui leur ont mis le pistolet sur la tempe. Ils ne veulent pas s’associer au « plus pire » et sont prêts à capituler devant le pire. L’article 49.3 leur permet de sortir de la crise interne sans approuver la loi El Khomri. Ils pourront en faire état devant leurs électeurs. Benoît Hamon et Christian Paul ont déjà écarté la possibilité de voter jeudi une motion de censure déposée par la droite.

    Sur France 2, Benoit Hamon a déclaré : « La motion de censure de la droite, il faut imaginer que vous avez beau être en désaccord avec Manuel Valls, préférer à Manuel Valls Nicolas Sarkozy qui propose de supprimer 600.000 ou 300.000 fonctionnaires tous les cinq ans, cela dépend des candidats de droite, de supprimer l'ISF, de porter la retraite à 65 ans, c'est un peu compliqué de préférer ce projet-là à celui du gouvernement ». Sur Europe A, son collègue Christian Paul est allé dans le même sens : « Quand je regarde les programmes de la droite, d'Alain Juppé ou de François Fillon, notamment en matière de droit du travail ou de réduction de la fonction publique, je n'ai pas très envie, je n'ai même pas envie du tout, au fond, de joindre ma voix à (celles) de députés qui veulent supprimer des centaines de milliers d'agents publics, qui veulent profiter de la brèche que constitue la loi El Khomri pour faire davantage s'ils viennent aux responsabilités … Il y a un moment où l'arithmétique fait loi. Il n'y a pas, me semble-t-il, 289 députés qui soient prêts à voter ensemble ». Pourtant il ne manque que les voix des frondeurs pour y arriver, soit 35 à 40 voix. Elles ont fait défaut lors des précédentes utilisations de l’article 49.3 notamment pour le vote de la loi Macron.

    Une motion de gauche jointe à la motion de droite renverserait le gouvernement. Une motion de gauche sortirait du dilemme les frondeurs qui ne signeront pas celle de la Droite. Nous doutons de la volonté de tous les frondeurs qui n’ont jamais montré beaucoup de détermination. Il faut bien que quelques députés socialistes maintiennent une sensibilité de gauche pour rassurer l’électorat. Cependant, une trentaine de personnes se sont réunies ce mercredi matin, dont Benoît Hamon, Aurélie Filippetti, Yann Galut (courant La Fabrique au sein du PS), et encore Jean-Luc Laurent (MRC). Il n'y avait pas d'aubrystes en revanche. Laurent Baumel a estimé "possible" de "réunir les 58 signatures" nécessaires pour aboutir au dépôt d'une motion de censure. Pour atteindre ce minimum requis de 58 députés, il aurait fallu qu'une bonne trentaine de PS s'ajoutent aux dix Front de gauche, aux sept à dix écologistes (dont Cécile Duflot et Noël Mamère) et à quelques autres (deux MRC apparentés PS et deux ex-PS) prêts à voter une motion "de gauche" contre le gouvernement. Le délai de dépôt vient d’être clôturé à 16 Heures 35. Il manquait  2 voix. Les Aubrystes ont fait défaut. Il n’y aura pas de motion de censure de gauche. C’était couru. L’opération  politicienne a réussi mais ne tient pas compte du mécontentement populaire. Un président élu sur le mensonge applique, à coups de 49.3,  le programme d’un Manuel Valls qui était bon dernier aux primaires socialistes avec 5% des voix.

    Une anecdote révélée par BFMTV semble significative de l’omerta qui règne au sein du parti socialiste. Le 10 mai derbnier, après 22 heures, BFM TV consacrait un débat à la Loi Travail et à la question "un accord impossible?". Pour débattre, la chaîne d'info avait invité Olivier Falorni, député divers gauche de Charente-Maritime, et Elliot Lepers, initiateur de la pétition "Loi travail, non merci!". Mais la présence de ces derniers semble avoir agacé l'entourage de Manuel Valls. En pleine émission, en direct, le journaliste a reçu un SMS du cabinet du Premier Ministre demandant pourquoi BFM TV n'avait pas invité en plateau des personnes soutenant le texte. Le présentateur a répondu en direct : « Je vais vous expliquer les choses très clairement, personne n'a souhaité venir défendre ce texte. Beaucoup ont été sollicités, mais personne n'a souhaité le faire ». Si les députés socialistes manquent de courage pour s’opposer à la rue Solférino où Jean-Christophe Cambadélis est gardien du temple, seule la garde prétorienne de François Hollande vole au secours de Manuel Valls, empêtré dans loi Travail.

    Didier Guillaume, président du groupe socialiste au Parlement, l’a imprudemment dit : « Une motion de censure est déposée pour faire tomber le gouvernement ». Il a précisé qu’elle n’est ni de droite ni de gauche. Voilà une bonne raison de la voter d’où qu’elle vienne. Ce n’est pas sa motivation exprimée qui compte, c’est son objectif qui est clair : retrait de la loi Travail et démission de Manuel Valls avec, dans ses valises, tout son gouvernement. Quant à François Hollande, son compte sera réglé en 2017.

    Si cette loi antisociale passe sans vote, par le coup de force que constitue l’article 49.3, le calcul politicien de Hollande et de Valls peut s’avérer destructeur d’une gauche qu’ils ont trahie. Les députés socialistes qui ont défendu et défendent encore ce texte de loi en porteront la lourde responsabilité. Comme ils porteront la responsabilité du retour d’une droite encore plus dure à laquelle ils auront fait le nid. Hollande et Valls, en usant de l’article 49.3, justifient l’autoritarisme et, en réprimant les manifestations comme ils le font, nous préparent à une dictature. Ils ont mené un travail de sape du syndicalisme de lutte ( avec le concours des dirigeants de la CFDT)  en même temps que des acquis sociaux.

    Seule une véritable alternative pourrait sortir la Gauche du piège dans lequel elle a été placée. Cette alternative doit s’amorcer par le renversement du gouvernement Valls. Ensuite, François Hollande devrait quitter l’Elysée sans briguer un nouveau mandat. La Gauche devrait se reconstruire autour de celles et ceux qui n’ont pas trahi ses valeurs. Il s’agit de faire d’abord un travail d’information sur tous les fronts pour contrer la propagande de la grande presse tombée aux mains du patronat. Les Nuits Debout contribuent à cette information et, à ce titre, devraient être soutenues. Des mouvements, comme Manca alternativa en Corse, se sont constitués en marge des partis en place. Nous invitons chacune et chacun à aller à leur rencontre pour reconstruire la Gauche sur ses valeurs humanistes.

    Il s’agit d’adapter l’entreprise à l’homme et non pas, comme l’ont fait Hollande et Sarkozy, d’adapter l’homme à l’entreprise. Il n’aura pas échappé à certains que la loi Travail est arrivée à l’Assemblée nationale, alors que le 10 mai 2001 est la date de l'adoption de la loi Taubira "reconnaissant la traite négrière transatlantique et l'esclavage".  Le 10 mai est la journée commémorative de l'abolition de l'esclavage en métropole. Cela a dû échapper à François Hollande, Manuel Valls et Jean-Christophe Cambadélis qui ont célébré hier cette journée en ayant recours à l’article 49.3 pour imposer une loi qui casse le code du travail. Bravo pour le symbole !

     

    U Barbutu

    Google Bookmarks

    1 commentaire
  • Le pistolet 49.3 sur la tempe des frondeursOn s’y attendait dès la publication du projet de Loi El Khomri. La session s’est ouverte. La Ministre du travail a rapidement bloquer le débat parlementaire. Aujourd’hui, Manuel Valls a annoncé le recours à l’article 49.3 pour que la loi ne soit pas dénaturée car, selon lui, elle fera progresser le droit des salariés. « L'exécutif a décidé de recourir à cette arme constitutionnelle "parce que la réforme doit aboutir, parce que le pays doit avancer, parce que les relations salariales et les droits des salariés doivent progresser » a argué le Premier ministre. Il en a fait, en réalité, un problème personnel avec le soutien de François Hollande. Les concertations n’ont été qu’une mise en scène avec le secrétaire de la CFDT qui, aujourd’hui, défend encore le projet de loi et dit qu’il n’est pas intéressé par la façon dont cette loi va être adoptée. Pour  lui, l’essentiel est que la loi passe.

    Depuis le début, Manuel Valls et les deux ministres associés à ce projet (El Khomri et Macron) répètent que l’esprit de la loi ne sera pas modifié. Les conditions assouplies de licenciements économiques ont été conservés. La hiérarchie du droit du travail a été inversée : l’accord d’entreprise va prévaloir sur l’accord de branche qui va prévaloir sur le code du travail. L’égalité des conditions de travail sera rompue. Selon les entreprises, les droits ne seront plus les mêmes et dépendront des rapports de force entre salariés et employeurs. C’est ce que Manuel Valls et consorts appellent le dialogue social. C’est aussi une contre-révolution qui cible les grands syndicats, en premier lieu la CGT et FO.  Nous ne rentrerons pas dans les détails de cette loi qui réservera bien des mauvaises surprises car les points évoqués suffisent pour expliquer son rejet et la tension sociale qu’elle génère.

    Il y a quelques années François Hollande dénonçait  de façon virulente l’article 49.3 comme une atteinte à la démocratie. Il a dit devant les caméra que le 49.3 est une brutalité, un déni de démocratie. Lui et Valls ont oublié qu'ils se sont indignés du recours à cet article. En 2008, alors député de l'Essonne, Manuel Valls avait signé un amendement dans lequel il était indiqué que "seuls des textes très particuliers tels le projet de loi de finances ou le projet de loi de financement de la Sécurité sociale doivent pouvoir être adoptée par la voie de l'article 49, alinéa 3". Si cet amendement avait été adopté, le Premier ministre de 2016 aurait dû passer par un vote pour faire adopter la loi Travail. Aujourd’hui il trouve que l'article 49.3 est un outil constitutionnel qu’il affectionne tout particulièrement. Le Chef de l’Etat et son Premier ministre viennent de mettre la goutte d’eau qui fait déborder le vase, en choisissant le passage en force sans débat et sans vote. Les députés de la majorité sont pris en otage et les mouvements sociaux sont méprisés. C’est une responsabilité grave de conséquences dont on ne peut encore mesurer l’ampleur.

    Pour contrer le recours à l’article 49.3, il faut le dépôt d’une motion de censure. Dans la Constitution de la Cinquième République, la motion de censure spontanée est un moyen de contrôle de l'Assemblée nationale sur le gouvernement. Elle permet aux députés de montrer qu'ils désapprouvent la politique de l'exécutif et ainsi, de la remettre en cause. Rappelons que théoriquement, l'Assemblée nationale a «droit de vie ou de mort» sur le gouvernement. Encore faut-il, pour contraindre le gouvernement à démissionner, que la motion soit signée par un dixième des députés, soit 58 voix, et votée à la majorité absolue, soit 289 voix. A partir du dépôt de la mention, les députés ont un délai de réflexion de 48 heures avant de la discuter.

    La Droite a déposé une motion de censure qui est d’une grande hypocrisie parce qu’elle considère, avec le Medef, la première mouture de la loi vidée de sa substance, les indemnités forfaitaires aux Prud'hommes n'étant plus données qu’à titre indicatif. La Droite veut le projet de loi Medef. En outre, cette droite arrogante voudrait que les patrons soient à l’initiative des accords d’entreprise. 

    D’un autre côté, le Front de gauche et les Verts font appel aux frondeurs du parti socialiste pour déposer une motion de censure de gauche  conforme aux aspirations de la contestation populaire.

    Manuel Valls a sorti l’arme constitutionnelle 49.3. Il l’a mise sur la tempe des frondeurs du parti socialiste. Jean-Christophe Cambadélis a mis une ligne jaune à ne pas dépasser.  Voter la motion de censure entraînerait l’exclusion du PS et  la perte de l‘investiture pour les prochaines élections législatives. Déjà les journalistes politiques des chaînes de télévision pronostiquent que la motion de censure ne réunira pas les 289 voix et que la loi va donc passer sans vote.

    Voilà comment Hollande et Valls traitent les députés de leur majorité. Aucune tête ne doit dépasser. Le doigt sur la couture du pantalon, sinon c’est le peloton d’exécution pour une mort politique. On comprend leur conception du dialogue social et la façon dont sont gérées les manifestations et les Nuits Debout. On peut évaluer leur vision du progrès des relations salariales. Le gouvernement mène une politique de la tension, un autoritarisme incarné par les postures de Caudillo d’un Manuel Valls , psychorigide et radicalement libéral, au service de l’oligarchie financière.

    Pour une fois, les députés de gauche devraient appliquer le « ni droite ni gauche » d’Emmanuel Macron en signant la motion de censure bien qu’elle soit déposée par la Droite pour de mauvaises raisons. Celles et ceux qui le feront  montreront un vrai courage politique face aux pressions insupportables d’un pouvoir crépusculaire. En ce qui concerne les autres, Jean Gabin alias Emile Beaufort  dans le film « Le Président » d’Henri Verneuil, exprime le reproche que leurs électeurs leur feront…

    Le pistolet 49.3 sur la tempe des frondeurs

     

     https://youtu.be/EfEwuVrg1KE

    Paul Capibianchi

    Google Bookmarks

    votre commentaire

  • Sarkozy, Hollande et après ?Sarkozy avait choisi comme slogan en 2012 la France forte. Cette France forte l’avait renvoyé dans sa France fric. Il revient plus arrogant que jamais avec les yeux rivés sur les élections présidentielles de 2017. Les soupçons sur les 50 millions d’euros versés par Kadhafi avant son élection de 2007 n’intéressent que Médiapart, pendant que l’instruction judiciaire s’enlise dans les dédales des procédures. Et les autres soupçons plus anciens sur le financement de la campagne de Balladur? Nous attendons toujours les résultats d’une information judiciaire dans laquelle Sarkozy serait mis en cause pour avoir signé un accord de montages financiers. On parle aussi de lui dans d’autres affaires. On le soupçonne d’avoir favorisé le casinotier Dominique Desseigne (Casino Barrière), lorsqu’il était ministre de l’Intérieur.

    Devra-t-on renoncer à connaître la vérité judiciaire si Sarkozy est élu et récupère son immunité de Président de la République. Il vient d’obtenir l’annulation d’actes de procédure dans l’affaire des écoutes sur son téléphone enregistré sous le prête-nom de Paul Bismuth. Il a les moyens de s’offrir des recours devant les plus hautes instances judiciaires et de multiplier les procédures dilatoires pour gagner du temps et éviter un procès avant les élections de 2017. Tout laisse à penser qu’il y parviendra, lorsque l’on ajoute au travail de ses avocats la lenteur de la Justice, beaucoup plus prompte lorsqu’il s’agit de manifestants et de syndicalistes accusés de violences par la police.

    L’ancien Président est en campagne. Il doit d’abord franchir le cap des primaires de la Droite où se bousculent les prétendants. Pour gagner il occupe une place de choix, puisqu’il est le Président des Républicains. Là encore, il a utilisé le choc des mots. De Président de la république sortant, il est devenu président des Républicains à la faveur du changement d’appellation de l’UMP.

    A-t-il changé ? C’est ce qu’il a voulu laisser croire avec son livre « La France pour la vie ». Espérons que cette œuvre d’écrivain ne lui permettra pas d’entrer à l’Académie française come l’un de ses prédécesseurs, Giscard d’Estaing. Encore une institution bananière lorsque l’on regarde les privilèges de nos Immortels.  Il voudrait, en fait, qu’on le supporte à vie. On en a pris déjà pour cinq ans, cinq ans de plus seraient insupportables. D’aucuns diront qu’il est au plus bas dans les sondages. Il ne faudrait pas s’y fier. Si vous pensez que ce dernier nous a fait toucher le fond, son successeur a trouvé le moyen de creuser davantage. Le système des primaires à droite et à gauche est fait pour légitimer les candidats qui ont le pouvoir. Sarkosy l’occupe à droite et Hollande contrôle le parti socialiste. Si Hollande n’a pas tenu des promesses les plus importantes de campagne, Sarkozy continue à tenir des discours mensongers. Il s’arrange avec les chiffres et les dates pour faire oublier son bilan et l’imputer à son successeur. Il va crescendo dans l’outrance même langagière. Il y est encouragé par le succès de son nouveau modèle,  le candidat des Républicains au Etats-Unis : Donald Trump. Le Sarkozy « donaldesque » montre le plus grand mépris pour les luttes sociales et les syndicats.  Il traite les manifestants des nuits debout de « sans-cerveaux », ce qui nous renvoie aux « sans-dents » de Hollande. Son arrogance a fait des émules lorsque l’on voit les nouvelles créatures de la droite comme Bruno Le Maire, Laurent Wauquiez et Geoffroy Didier. Les anciens, comme François Fillon, Jean-François Copé et Alain Juppé, représentent la Droite libérale favorable à une large déréglementation et iraient jusqu’à supprimer le salaire minimum sans plafonner les gros salaires. Ils  sont dans l’autoritarisme étatique et la confrontation sociale. C’est cette musique que l’on entend dans leur discours commun.

    Sarkozy dit un jour qu’il défend les fonctionnaires et un autre jour les moquent avec pour objectif de casser leur statut et de diminuer drastiquement leur nombre. C’est lui qui avait diminué le budget de l’armée et le nombre des policiers, alors qu’il a entraîné la France dans l’intervention libyenne dont on mesure aujourd’hui les conséquences.  Il se dit le chantre de la laïcité contre l’Islam alors que, en d’autres temps, il mettait le curé au dessus de  l’enseignant. Souvenons nous de ses paroles : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance." Souvenons-nous que, contrairement à ses prédécesseurs, il est allé chercher son collier de chanoine au Vatican sous les caméras.

    Sarkozy aime parler de sécurité et instrumentalise les fait divers. Est-il le grand protecteur des policiers ? Dans la police, il a installé durablement un malaise en mettant la pression sur les chefs de service tout en diminuant les effectifs et les moyens. Il l’a politisée avec la création d’un syndicat par des policiers sarkozistes.  Sans aucun doute, il préfère laisser la sécurité à des sociétés privées comme il voudrait laisser la sécurité sociale aux compagnies d’assurances qui sont les institutionnels (les Zinzins) des bourses et donc de la spéculation.

    Sarkozy est-il humaniste? Il fait des envolées lyriques avec la sincérité du démagogue dont les actes ne sont jamais inspirés par un quelconque brin d’humanisme. Il se dit le protecteur contre les peurs qu’il entretient. Il s’attaque aux plus démunis, à ceux qui n’ont pas un vrai travail. Pour lui, la solidarité, c’est de l’assistanat. L’argent reste sa valeur phare. Il avait créé le bouclier fiscal. Il promet la suppression de l’ISF. Voilà où se situent ses préoccupations politiques et celles de ses ami(e)s.

    Il ne serait plus le président bling-bling d’une droite décomplexée. Il fait dans le populisme pour aller chercher les électeurs de l’Extrême-droite, tout en faisant croire qu’il pratique l’ouverture qui est une forme du « ni droite ni gauche » tout en s’affirmant de droite. Qui va-t-il débauché ? Emmanuel Macron ? Quelques pseudo-Verts dans le genre de Jean-Vincent Placé ? Il a déjà trouvé son futur Premier ministre en la personne de Baroin, l’homme qui navigue diplomatiquement entre les différents clans de l’ex-UMP.  

    Sarkozy, Hollande et après ?François Hollande porte une lourde responsabilité dans la montée de l’arrogance de la Droite. Il leur a préparé le terrain en trahissant la gauche. Il a justifié leur politique libérale avec l’aide active de Manuel Valls et d’Emmanuel Macron. Il s’est comporté comme le ver dans la pomme de la gauche. Pour prendre une autre métaphore, il a fait entrer les loups libéraux dans la bergerie de la Gauche. On peut aussi faire appel à la mythologie et dire que le parti socialiste lui a servi de Cheval de Troie. Il n’a fait que poursuivre le même jeu politique de la droite qui consiste à se poser en meilleur gestionnaire que son adversaire politique et à chercher des bouc-émissaires de la crise financière et économique.

    Sarkozy, Hollande et après ?De tous les présidents de la république, Nicolas Sarkozy et François Hollande auront été les plus nuisibles pour la France. Ils sont, par contre, une source de moquerie pour les imitateurs et les humoristes. Le Système risque de placer les électeurs devant l’un d’eux pour un deuxième tour des élections, face à Marine Le Pen. Pas de quoi, générer un espoir d’amélioration des mœurs politiques et de la vie sociale. Les abstentions et les votes blancs vont battre des records, car une grande partie de l’électorat de gauche en a marre de voter contre et d’élire un Président par défaut, en constatant ensuite qu’il ne manque pas de défauts.

    Pourquoi ne pas choisir une autre voie pour échapper au tripartisme imposé par la doxa libérale avec ses relais politiques et médiatiques ? Pourquoi ne pas essayer la Gauche, celle qui ne se renie pas, celle de la rupture avec les politiques antisociales menées depuis plusieurs quinquennats et dont on voit l’aggravation constante ? Pourquoi ne pas voter pour celui qui mettra fin à cette république monarchique et bananière, au lieu de s’asseoir confortablement à l’Elysée ? On nous explique qu’il n’y a plus de lutte des classes, que l’avenir politique est le nini, ni droite ni gauche pour tenter de tuer tout débat démocratique. Le but est bien d'installer la pensée unique. La réalité est que la classe dominante impose la régression sociale et s’enrichit toujours davantage. Elle a fait main basse sur tous les pouvoirs et voudraient aussi contrôler nos cerveaux, tout en stigmatisant celles et ceux qui débattent d’une autre façon que dans l'entre-soi. Les « sans cerveaux » des Nuit debout ! Cette insulte vient d’un Nicolas Sarkozy dont l’inculture et la cupidité sont notoires.  Ce sont paradoxalement des « sans-cerveaux » que veulent gouverner Sarkozy et toutes ces stars de la politique. Manuel Valls dégaine l’article 49.3 (C’est fait pour la loi El Khomri aujourd’hui) et Jean-François Copé promet de gouverner par ordonnances. Si l’on n’y prend pas garde, la lutte contre le terrorisme va installer, de façon durable, le flicage de toute une population et une néo-dictature néolibérale est en train de se mettre en place.

     

     Jean Frade

    Google Bookmarks

    1 commentaire
  • François Hollande et tout le gouvernement ont adopté la méthode Coué…Ho hé ! Hé, oh, la gauche ! Toutes et tous répètent à qui mieux-mieux que ça va mieux. Ils espèrent ainsi se persuader eux-mêmes et, par voie de contagion, persuader des électeurs pour les prochaines élections présidentielles. Pendant ce temps l’assemblée nationale délibère pour rien car ce n’est pas un mystère : Valls va sortir l’article 49.3.  Par l’usage répété qu’il en fait, il a donné des idées à un candidat aux primaires de la Droite. Jean-François Copé est sorti inchangé de sa retraite médiatique, après avoir frôlé la Correctionnelle. Il a son idée sur la démocratie. Il promet que, lui président, il ouvrira le bal à l’Elysée en gouvernant par ordonnances. Il en promet d’emblée huit. Pourquoi huit ? Lui seul le sait mais nous avons le droit de penser qu’en bonimenteur professionnel, il en proposera treize à la douzaine. Sous la Quatrième république existait le décret-loi. Sous la Cinquième, il a été remplacé par l’ordonnance. Cela n’a rien à voir avec celle que rédige votre médecin pour donner ses prescriptions mais son usage est signe de la maladie dans laquelle se trouve notre démocratie. En droit constitutionnel français, une ordonnance est une mesure prise par le gouvernement dans des matières relevant normalement du domaine de la loi. Elle relève de la procédure législative déléguée. Si le gouvernement est habilité à prendre des ordonnances par le Parlement qui ensuite les ratifie, il n’y a plus de vraies délibérations. Le pouvoir réglementaire prend le pas sur le législatif. Il n’y a même plus besoin du 49.3. Il suffit d’avoir une majorité présidentielle pour imposer des textes réglementaires qui prennent fore de loi. Si Jean-François Copé veut monter encore d’un degré dans l’autocratie, il lui reste à restaurer la royauté pour gouverner en ajoutant aux ordonnances les lettres de cachet et les édits royaux. Les ordonnances existaient déjà sous l’Ancien régime. Il a donné des idées à son ancien ami Nicolas Sarkozy, devenu son ennemi intime mais aussi son concurrent à la course présidentielle. Leur amitié  n’a pas survécu à l’affaire Bygmalion. Curieusement la justice ne sait pas qui a bénéficié des millions d’euros dépensés dans la campagne présidentielle de Sarkozy en 2012.  La justice poursuit les investigations à son pas de sénateur. Cinq entre deux élections présidentielles ne suffisent pas pour empêcher un éventuel délinquant de se présenter à des élections présidentielles. Cinq ans ne suffisent pas à éviter qu’il ne trouve une immunité de cinq ans. Par contre dix ans suffiront à enterrer un dossier. Du côté de la presse, le seul media qui suit sérieusement les affaires politico-judiciaires sur la longueur est Médiapart. Les autres se contentent des dépêches de presse lorsqu’un magistrat ouvre un œil et fait un acte de procédure volontairement médiatisé, histoire de dire que la justice suit son cours.

    Nicolas Sarkozy vient d’être la vedette dans un reportage de « Complément d’enquête » rediffusé le 5 mai dernier. Il est soupçonné d’avoir voulu favoriser les casinos Barrière lorsqu’il était Ministre de l’Intérieur. Les casinos Barrière sont dirigés par un certain Dominique Desseigne, ami et soutien de Sarkozy. Ce PDG a été poursuivi en paternité par Rachida Dati et reconnu, contre son gré, comme étant le père de Zorah, fille de l’ancienne ministre de la justice dont la maternité avait suscité bien des interrogations. Ce sera la énième fois que le nom de Nicolas Sarkozy apparaît dans des embrouilles judiciaires.

    L’ancien président de la république, malgré des sondages catastrophiques, se démène pour noyauter les primaires de la droite et sa position à la présidence des Républicains lui confère un sérieux avantage. La presse vient de divulguer qu’il avait un joker en la personne de François Baroin qui ferait campagne avec lui comme futur premier ministre. Le deal aurait été passé en 2015.  François Baroin est de Michel Baroin, haut fonctionnaire, homme d'affaires, grand maître du Grand Orient de France en 1977-1978. Avant d’entamer une carrière politique, le jeune Chiraquien a été recruté par Jean-Pierre Elkabbach au service politique d’Europe 1, où il avait commencé une carrière de journaliste, qu'il poursuivit de 1988 à 1992. En 2001, il s’est inscrit au barreau de Paris. Sa carrière politique montre qu’il a toujours su se frayer un chemin au milieu des rivalités internes de l’UMP. La personnalité de Baroin devrait apporter, dit-on, de la sérénité. Sarkozy compte sur son allure flegmatique et sa voix de basse. Un autre atout doit être son allure jeune à cinquante ans et ses succès féminins. On lui connaît deux conquêtes : Marie Drucker et Michèle Laroque. Cela lui vaut une biographie dans le journal Gala qui le décrit comme un « dandy audacieux ».

    Laissons Sarkozy et Baroin, Les déclarations récentes d’un autre candidat aux primaires de la Droite valent leur pesant de cacahuètes. Bruno Le Maire vient de demander que l’Etat contrôle les comptes bancaires des « assistés » qui perçoivent le RSA. Il est dans le droit fil des réactionnaires qui cherchent à démontrer que l’argent est distribué à des fraudeurs, des faux pauvres et qu’il vaudrait mieux prendre moins d’impôts aux riches. C’est dans le même esprit qu’un Sarkozy dénonçant les fraudeurs de la sécurité sociale, alors que les plus gros fraudeurs sont ceux de l’URSSAF, donc les entreprises. Il rejoint la politique actuelle qui a accentué le contrôle des chômeurs comme si le chômage avait pour cause la fainéantise et la fraude. Monsieur Le Maire devrait pourtant se moucher le premier lorsque l’on sait qu’il a pris son épouse comme attachée parlementaire, comme le font d’autres élus. Cela signifie qu’elle est rétribuée avec les deniers publics. Nous sommes loin de l’image de la femme du boulanger qui sert les clients pour aucun salaire, simplement pour aider son mari. Mme Le Maire aura-t-elle droit au chômage si son mari est élu Président de la république puisque « première dame » est une fonction officieuse donnant droit à aucun salaire, seulement à la prise en charge de frais ?

    A droite comme à gauche, ces politiciens à l’esprit moisi vivent dans un parc politique où toute évolution des mentalités semble impossible. Ils reproduisent l’autisme politique et sont prêts à des comportements réactionnaires dès que l’occasion se présente. Ils sont incapables de la moindre autocritique et, malgré vents et marée, vont crescendo dans leur arrogance. Parmi les nouveaux (qui ne sont tout de même pas de la prime jeunesse), le pli est pris. Ils se présentent de pire en pire. Il suffit de les passer en revue les Laurent Wauquiez et Emmanuel Macron en tête de liste.

    Emmanuel Macron, nous en avons déjà largement parlé sur ce blog. Il vient une fois encore de faire la Une des journaux en voulant récupérer Jeanne d’Arc comme symbole républicain. Jean-Marie Le Pen devait s’en douter, dès le Premier Mai 2015 lorsqu’il a crié devant la statue de la célèbre pucelle : « Jeanne ! Au secours ! ». Après Chirac, Giscard et Le Pen, le ministre de l’économie vient instrumentaliser l’héroïne chrétienne à des fins idéologiques et électorales. Le locataire de Bercy s'est rendu à Orléans avec son épouse Brigitte Trogneux pour rendre hommage à Jeanne d'Arc au cours des 587es Fêtes johanniques. Au gouvernement, la seule qui a applaudi l’initiative, c’est Ségolène Royale qui avait fait la même démarche, dix ans en arrière. S'il a eu le soutien indéfectible de sa femme qui se présente d'ailleurs elle-même comme la "présidente du fan club de son mari", il n’a recueilli par ailleurs que railleries. En ce qui concerne son domaine ministériel qui est l’économie, avec les patrons d’EDF, il croit encore au nucléaire et à son exportation alors que, même les Chinois n’en veulent plus. Ceux qui sont preneurs ont parfois  des intentions militaires. EDF et AREVA sont dans une situation financière catastrophique et ce n’est pas Macron qui va arranger la situation. L’idée de l’exploitation du gaz de schiste fait son chemin lorsque l’on entend Alain Juppé y songeait. Est-ce cela la solution après le nucléaire ? On découvre encore des mesures en faveurs des plus riches dans les recoins de ses lois passées au 49.3. Difficile de s'y retrouver dans la loi Macron, car il y a tout et n'importe quoi : libéralisation du transport de car, travail le dimanche, révision des modalités de licenciement, financement des entreprises, etc. Mais il y a un article de loi injustement méconnu : il s'agit de l'article 34 sur l'allègement de la fiscalité des actions gratuites. Pour donner el change, il menace de légiférer lorsqu’un patron voyou augmente ses rémunérations de façon honteuse.

    Laurent Wauquiez est celui qui veut faire travailler tout le monde le dimanche sauf lui-même. Même feu Jacques Barrot, député de Haute-Loire et parrain de l’actuel président de la région Auvergne-Rhône-Alpes,  aurait regretté d’avoir fait entrer ce jeune loup dans la bergerie. Wauquiez a fait campagne, en sur-jouant les peurs collectives et en brandissant des mesures clientélistes qui masquent le vide de son projet politique régional. Une belle illustration de la définition du populisme que donne Pierre Rosanvallon, « la réponse simplificatrice et perverse » d’une démocratie minée par le désenchantement politique. Parler de désenchantement politique nous paraît toutefois inapproprié car la politique n’a jamais été un monde enchanté. Elle est le laboratoire des apprentis-sorciers qui utilisent toujours les mêmes ingrédients : cynisme et arrogance. D’autres pointent le bout de leur nez dans l’espoir de décrocher des postes de ministres tant leur espoir d’accéder à la présidence de la république est infondé.

    Tous ces routards de la politique utilisent un langage néoconservateur et sur le fond réactionnaire. Contrairement à Robespierre qui disait : « Tout ce qui est immoral est impolitique, ce qui est corrupteur est contre-révolutionnaire », ils sont tous persuadés que l’on ne peut gouverner innocemment. Les politiciens s’affranchissent alors de toute morale. Nous avons pu le constater : nos élus ne se remettent jamais collectivement en question. Lorsque l’un d’eux se fait rattraper par la justice, il en porte seul la responsabilité, ce qui permet de perpétuer un système vicié dans lequel les élus se coupent du peuple.

    Certains choisissent d’être les agents des lobbies au détriment de l’intérêt général. D’autres se livrent à des comportements qui méritent un traitement judiciaire tout en poursuivant leur carrière. C’est le cas du député Denis Baupin qui fait partie de la petite bande des Verts qui ont rejoint la majorité. Il en a été récompensé puisqu’il occupe le poste de Vice Président aux côtes de Claude Bartolone. Un député qui s’est fait photographier avec des potes, la bouche tartinée de rouge à lèvres pour la journée de la femme. On découvre aujourd’hui, par Médiapart et France Inter, qu’il s’est livré à du harcèlement sexuel, ce qui n’était pas un grand secret dans son entourage politique. On mesure les qualités humaines des pseudo-écologistes qui ont rejoint le gouvernement lorsque l’on en voit la liste avec Jean-Pascal Placé et Emmanuelle Cosse qui… Ô surprise !... a épousé Denis Baupin en 2015. L’aurait-elle couvert lorsqu’elle était à la tête d’EELV ? Elle  et son mari font l’objet de vives attaques sur la Toile. Nous avons eu l’affaire Cahuzac et la découverte de Julie Gayet en début de quinquennat, à quoi doit-on s’attendre en 2017 ?

    La transparence et la moralisation des mœurs politiques restent un vœu pieux. Il ne faudrait plus accepter que la politique corrompe et que des politiques corrompent la politique. Il faudrait refuser les discours corporatifs  lorsque les élus jouent les vierges effarées pour refuser tout contrôle et toute remise en cause de leurs privilèges de plus en plus insupportables. Ils votent des textes liberticides pour les autres et refusent la transparence. Ils s'accrochent au cumul des mandats.

    Nous allons vers les prochaines élections présidentielles dans un climat délétère où l’on finit par se dire que c’est le pire qui sera élu. Le problème reste que le meilleur ne dépasse en généralement pas le premier tour. Les électeurs se retrouvent alors à choisir entre le pire et le « moins pire », entre le fascisme et le conservatisme parfois drapé dans un faux progressisme. C’est au premier tour qu’il faut faire un choix de rupture en votant pour un candidat de gauche qui ne change pas de discours avant et après les élections, un candidat qui ne veut pas tuer la gauche et éradiquer le socialisme, un candidat qui veut plus de démocratie en réformant la constitution de la Cinquième république, un candidat qui remet en cause le professionnalisme politique, un vrai progressiste et non pas un néoconservateur.  Il s’agirait de ne plus accepter les mesures réactionnaires. Le progressisme est un concept social et non pas un détricotage du code du travail, un recul social, sous le masque d’un discours prétendu moderne et parfois présenté comme ni de Droite ni de Gauche. Pour changer de politique, il faut changer aussi les mœurs politiques et ne plus accepter qu’un mandat soit une rente financière et que les carrières se trament dans les arcanes du pouvoir. Le pouvoir doit venir des urnes. Faudrait-il encore que les électeurs mesurent bien les enjeux. Ce n’est pas la grande presse qui les y aide.

     

    U barbutu

    Google Bookmarks

    votre commentaire
  • L’historien Pascal Blanchard, spécialiste du fait colonial et des immigrations interrogé à la suite de la parution du livre « Le grand repli [1]», expliquait : «  Lorsque j’interroge des jeunes de douze/treize ans sur leur destin et leur identité, c’est une catastrophe. Ils répondent n’avoir jamais été Français – alors qu’ils sont nés en France – et qu’ils ne le seront jamais. Ils ne se disant pas davantage Algériens ou Marocains, mais s’affirment Arabes, Noirs ou Musulmans. C’est la dernière identité forte qu’ils peuvent avoir, une sorte de groupe de substitution pour se protéger, se sentir fort et protégé. Cela représente un stigmate fort dans une société en totale perte d’identité, qui s’éloigne de toute notion de vivre ensemble et, bien entendu, de tout sentiment d’être pleinement citoyen français ».

    Pour cet historien la France « n’a pas digéré son passé colonial. On se pose la question « Où découvrir l’histoire coloniale ? ». Nulle part en France ! Et pourtant ce ne sont pas les musées qui manquent. La France semble incapable de regarder  en face son histoire de nation impériale. Les peuples colonisés découvrent chacun leur propre histoire à travers celle de leurs familles ou racontée par des mouvements d’indépendance.  Amnésie collective ? Plutôt déni de l’Etat français. Cette attitude nuit à l’intégration des immigrés. Les migrants sont souvent considérés comme les descendants des « indigènes » de l’empire colonial français. L’intégration devrait passer par la connaissance de l’histoire et de la culture des migrants et réciproquement les migrants devraient apprendre à connaître celles des natifs de leur pays d’accueil. Aucun gouvernement n’a mené une véritable politique  publique d’accompagnement des primo-arrivants et de leurs enfants. C’est le laisser-faire qui a prévalu en pensant que tout allait se faire tout seul mais aussi l’immigration n’a jamais été un enjeu majeur en dehors des campagnes électorales.  Lorsque la question de l’immigration se pose, la politique divise la société avec deux pôles : d’un côté le populisme xénophobe et de l’autre l’utopie béate.

    Pierre Blanchard insiste sur le rôle de l’éducation comme arme majeure et ultime pour construire un destin commun. Dans les connaissances à acquérir, l’histoire devrait tenir toute sa place. Les politiques le savent. Il suffit de citer le négationnisme de l’Etat turc en ce qui concerne le génocide arménien. Une nation démocratique ne peut se créer durablement sur le négationnisme. Des autocrates ont voulu constituer des nations sur des mensonges historiques. En France, l’étude de l’histoire devrait laisser une plus grande part à l’histoire de chacun mais aussi celle de leurs ancêtres. Les jeunes d’origine africaine ou antillaise connaissent-ils les députés comme Hégésippe Jean Légitimus et Blaise Diagme ? Les jeunes Maghrébins connaissent-ils les sportifs Larbi Ben Barek ou Boughèra El Ouafi ? Et toutes celles et ceux qui se sont battus pour la France, comme l'émir Khaled ou l’aviateur vietnamien Do Hûu VI ?

    Le Front national (de façon plus générale l’extrême-droite) mais aussi une partie de la droite ont choisi le populisme en considérant l’autre comme un danger individuel et collectif, quand il n’est pas traité comme inférieur.

    Cette politique est responsable du repli identitaire des communautés réelles ou imaginaires. La responsabilité est aussi chez ceux qui ont laissé croire aux migrants que le « vivre ensemble » les dispenser de mieux connaître le pays d'accueil et de respecter des règles comme celle de la laïcité. Si l’on n’a pas ou mal  appris aux natifs à vivre avec le migrant de religion musulmane et d’une autre culture, l’inverse est tout aussi néfaste. Le « vivre ensemble » passe par une reconnaissance mutuelle et dans reconnaissance, il y a le mot « connaissance ». L’effort d’acceptation doit être accompagné par un effort d’intégration. Lorsque l’on dit intégration, ce n’est pas l’assimilation. Il s’agit d’une intégration citoyenne. Il ne s’agit pas de créer du semblable. Pour Émile Durkheim, l’intégration est une propriété de la société elle-même. Plus les relations internes à la société sont intenses, plus la société en question est intégrée. L’intégration s’oppose ici à l’anomie, qui signifie la désorganisation sociale et la désorientation des conduites individuelles produites par l’absence de règles et de contraintes sociales. Les mots ont leur importance.

    Si la France a inventé la « société diverse », elle devrait revisiter son histoire et développer une véritable politique d’immigration. L’Europe est face au problème des migrants venus de Syrie, d’Irak et d’ailleurs via la Turquie. La France a mal géré l’immigration dans le passé et se retrouve entre migrants et terroristes.

    Les militaires français sont envoyés au Mali, au Niger, en Syrie, en Irak… au nom du devoir d’ingérence et en vertu de traités d’assistance. Ces menées guerrières sont perçues par certains comme néocoloniales et affairistes, même si l’Etat s’en défend. Les positions à l’international prises par la France ne font pas l’unanimité dans des conflits comme celui d’Israël et de la Palestine, pour donner un seul exemple. Le passé colonialiste non assumé et la politique étrangère de la France sont causes de fractures sociales.

    Pourquoi chaque peuple doit assumer son histoire ? Lorsqu’un crime est commis et que l’auteur est arrêté, on nous raconte qu’il doit être condamné pour que la famille de la victime fasse son deuil. Ce que l’on applique à l’individu dans nos sociétés dites civilisées, on l’oublie lorsque la victime est tout un peuple. C’est le cas des génocides non reconnus par les génocidaires: la communauté internationale fait silence pour des raisons géopolitiques et économiques, mais aussi parce que des pays n’assument pas leur propre histoire coloniale. C’est la meilleure façon d’entretenir les haines. Dénoncer une prétendue auto-flagellation et la repentance culturelle de la France  empêchent la réflexion sur son histoire coloniale. D’aucuns ont moqué les lois mémorielles qui sont pourtant l’occasion de débats publics avec la participation d’historiens et de politiques. Ils préfèrent l’omerta qui perpétue les conflits. D’autres choisissent de s’arranger avec l’Histoire en la déformant de façon mensongère. Leurs propos ne sont jamais loin du racisme et de la xénophobie.

    Aujourd’hui nous sommes le 8 mai. Lorsque la France en liesse fête la fin du nazisme, le 8 mai 1945 en Algérie, une manifestation tourne au drame. A l’appel du PPA (Parti du peuple algérien), tirailleurs algériens à peine rentrés chez eux et population veulent rendre hommage aux leurs tombés durant la Seconde Guerre mondiale. Dans le cortège, parmi les drapeaux alliés et français, pointent des drapeaux algériens. Ordre est donné de tirer sur leurs porteurs. A Sétif, Guelma et Kherrata, la répression se poursuit pendant des semaines, faisant des dizaines de milliers de morts. Faut-il passer cela sous silence pour ne pas s’auto-flageller ? La posture politique sur la grandeur de la France dispenserait-elle d’une réflexion sur la morale de cette épisode de la guerre d’Algérie qui a peut-être déterminé la suite sanglante ?

     

     

    Le « tout politique » l’a emporté sur le « tout moral » abandonné à des ONG, avec leurs poids lourds  qui accompagnent des contingents devenus militaro-humanitaires.  Ces ONG sont apparues sur fond de crise de l’Etat-providence et toutes ne remplissent pas l’objet social affiché. Se posent toujours les questions de l’honnêteté de chacune d’elle et de leurs arcanes. Servent-elles, pour certaines, à des ambitions personnelles ou à des lobbies ? Sont-elles toujours désintéressées ? Leur existence n’est-elle pas l’aveu de l’hypocrisie des Etats ?

    L’interventionnisme à visage humanitaire est en train de montrer ses limites avec ce que l’on appelle la crise des migrants, l’hypocrisie des Etats européens pour faire face et l’exploitation politique qui en est faite notamment par la Turquie. La politique ne semble plus à même de fournir des réponses aux  au besoin d’utilité sociale dans la société.

    La France de Napoléon III a joué un rôle important dans les conférences diplomatiques qui donnèrent le jour au Droit humanitaire dont la Croix-Rouge est le mandataire international. Contrairement aux autres démocraties fondatrices, la France n’a vu se développer un mouvement humanitaire autonome que dans le dernier quart du Vingtième siècle. L’humanitaire a été longtemps considéré comme une disposition intellectuelle plus qu’une action. Ce mot renvoyait à l’humanisme,  la bienveillance  envers l’humanité prise comme un tout et la confiance dans la capacité de celle-ci à s’améliorer. L’action humanitaire de la France était à la charge de l’Etat et de l’église. Sœurs de la charité, assistantes sociales, missionnaires et médecins militaires dans les colonies. Elle était donc un accompagnement du colonialisme et de l’évangélisation. Le mouvement humanitaire privé ne s’est développé qu’après la décolonisation, aux détours de la guerre du Biafra.

    On mesure l’importance de l’histoire coloniale de la France et la nécessité de libérer la parole sur toute cette période, pas seulement au niveau des organisations humanitaires, devenues des acteurs sociaux, mais aussi à l’occasion des débats politiques. En Corse et dans d’autres territoires français, le débat a été ouvert par des mouvements autonomistes et indépendantistes. Leur premier combat a été de se rapproprier une histoire occultée en même temps qu’une culture et une langue.  En ce qui concerne les territoires qui ont obtenu leur indépendance (après des périodes de répression et conflits armé), trop de tabous et de rancœurs empêchent de libérer la parole des uns et des autres. De  ces territoires, sont originaires la plupart des migrants venus s’installer en France. Ils sont Français. Certains viennent du Maghreb et d’autres de cette région que l’on appelle encore la Françafrique. Leur Histoire collective a eu ses périodes dont certaines coloniales ont été communes avec la France. Leur histoire personnelle se déroule maintenant en France et, parfois entre la France et leur pays d’origine, lorsqu’ils ont la double nationalité. Leur généalogie n’est pas française. Comme beaucoup de Français, ils n’ont pas d’origine gauloise. Cependant, chacun doit connaître et assumer sa part de l’Histoire commune pour envisager un destin commun : les natifs comme les migrants.

    Chanter « Au bon vieux temps béni des colonies »  et parler des bienfaits du colonialisme ne sont pas des comportements raisonnés, raisonnables et responsables. Dans leurs colonies, les Espagnols commençaient par bâtir une église, les Anglais une taverne et les Français un fort, a écrit Châteaubriand. Aujourd’hui des migrants musulmans commencent par une mosquée, puis un restaurant Hallal. Ils n’ont pas construit de fort mais il existe des forteresses communautaires dont le mur virtuel empêche le « vivre ensemble ». La xénophobie, le racisme et l’islamisme ne sont pas les bonnes réponses à la crise identitaire. A chacun de faire un pas vers l’autre. A chacun de respecter l’autre. Toutefois c’est à l’Etat de créer les conditions du « vivre ensemble » sans démagogie et sans arrière-pensée électorale, mais aussi sans intention d’assimiler par la contrainte. L’action de l’Etat doit se faire dans le respect des libertés individuelles.  L’intégration passe d’abord par l’éducation. Ensuite, chacun doit trouver sa place dans une société qui ne laisse personne sur son bas côté. Au colonialisme des puissances impériales s’est substitué, dans les nouvelles nations, un « colonialisme interne » dans lequel les classes dominantes jouent le même rôle. Il est encouragé par les anciennes puissances coloniales qui y gardent leurs intérêts économiques. C’est de ces nations que vient une partie de ceux que l’on nomme les  migrants économiques avec leurs ressentiments contre l’Etat de leur pays d’origine et le néocolonialisme.

    Chacun a une histoire personnelle et une généalogie mais, malgré les causes objectives de l’émigration et les responsabilités,  elles ne doivent pas être un obstacle à l’histoire commune contemporaine. On peut conserver sa culture et sa religion d’origine mais vouloir l’imposer à tous et de partout est un comportement agressif qui peut être lourd de conséquences. La « laïcité » dans l’espace public est la seule garantie notamment contre les intégrismes qui menacent la cohésion sociale et servent de prétexte à la xénophobie et au racisme.

    Il est plus que temps de se poser la question : « Comment en est-on arrivé là ?» Nous ne sommes plus au temps des colonies, mais certains ont la nostalgie de cet  ordre impérial, revendiqué comme l’idéal d’une « France blanche ». Le mythe du « grand remplacement » va de pair désormais avec le fantasme du «grand départ » des immigrés issus des pays non européens et de leurs enfants. Nous en sommes là ! Il est grand temps de réagir et d’ouvrir des débats sur les moyens à mettre en œuvre pour éviter les dérives xénophobes et racistes qui se nourrissent d’autres dérives communautaires et religieuses.

    Paul Capibianchi

     


    [1]
    Ce livre est d’abord une réaction au processus qui mène la France au bord de l’abîme, sur fond d’angoisses identitaires et de nostalgie de grandeur. Comment en est-on arrivé là ? À cette fragmentation de la société, à ces tensions intercommunautaires, au ressac effrayant de l’antisémitisme, du rejet de l’islam et de la haine de soi ? Comment en est-on arrivé à une logique de repli généralisée ? Comment la France a-t-elle pu céder en quelques années à la hantise d’un ennemi intérieur et au rejet de l’immigration ? Comment expliquer les blocages de la mémoire collective sur la colonisation ou l’esclavage ? Certes, nous ne sommes plus au « bon temps des colonies », mais certains ont la nostalgie de cet « ordre impérial », revendiqué comme l’idéal d’une « France blanche ». Et le mythe du « grand remplacement » va de pair désormais avec le fantasme du « grand départ » des immigrés issus des pays non européens et de leurs enfants. Nous en sommes là ! Il est grand temps de réagir.

     

    Google Bookmarks

    votre commentaire
  • C’est un secret de polichinelle : Valls avait, dès janvier 2016, l’intention de faire passer la loi El Khomri en ayant recours à son arme favorite : l'article 49.3 de la constitution de la Cinquième république. Cela marche à tous les coups ! Ce sera la quatrième fois qu’il dégaine. La dernière en date concerne la loi Macron définitivement adoptée le 10 juillet. Une seule fois un texte a été rejeté à l’époque de Pompidou qui eut recours à l’article 49.3. Ce dernier a démissionné. Des élections législatives anticipées ont été organisées et lui ont donné une nouvelle majorité. Il a été à nouveau nommé Premier ministre. Si l’on revient sur les trois premiers recours à l’article 49.3 par Valls, on se demande si le quatrième aura le même sort ? Quarante voix lui manqueraient actuellement. Les députés frondeurs vont-ils à nouveau rentrer dans les rangs pour ne pas risquer une crise politique ? Il y a peu de chance que Manuel Valls réussisse le coup de Pompidou si son texte est rejeté. C’est sans doute cette perspective qui fera rentrer tout le monde dans les rangs. Chacun veut garder son siège de député jusqu’aux prochaines élections législatives. Des élections législatives anticipées seraient catastrophiques pour le parti socialiste et ses affidés.

    Le 49.QUOI ? : « Le Premier ministre peut, après délibération du Conseil des ministres, engager la responsabilité du Gouvernement devant l’Assemblée nationale sur le vote d’un projet de loi de finances ou de financement de la sécurité sociale. Dans ce cas, ce projet est considéré comme adopté, sauf si une motion de censure, déposée dans les vingt-quatre heures qui suivent, est votée dans les conditions prévues à l’alinéa précédent. Le Premier ministre peut, en outre, recourir à cette procédure pour un autre projet ou une proposition de loi par session ».

    Ainsi à chaque session, le gouvernement peut y avoir recours une fois. Pour la session actuelle, Valls a choisi d’emblée la loi Travail, sachant que l’instinct grégaire des députés de la majorité ne fonctionnerait pas chez quelques frondeurs sans qu’ils aient le couteau sous la gorge. Il lui faut donc ramener les moutons égarés. Nous assistons à une mascarade parlementaire. Il s’agit de gesticulations démocratiques et chacun sait comment ça va se terminer. Avec le 49.3 ! Les frondeurs auront sauvé leur honneur de gauche avant de capituler. La démocratie ne s’en trouvera pas grandie mais le mal est déjà fait depuis quatre ans. François Hollande a tourné le dos à la gauche qui l’avait élu. Il a trahi ses électeurs. Cette trahison ne pouvait qu’entraîner un recours systématique à l’article 49.3 et Manuel Valls ne s’en prive pas. On sait que le mouvement de menton est une mimique significative chez lui. Il aime les coups de force. En se rangeant immédiatement derrière le candidat Hollande, ses 5% aux primaires socialistes l’ont conduit à Matignon. Il n’a aucune légitimité et il le sait. L’arrogance et la contrainte participent à son mode de fonctionnement. Il est un vindicatif. C’est là-dessus que Hollande a tablé pour apparaître comme un homme de compromis.

    La loi El Khomri est le point d’orgue du travail législatif mené par Valls et jalonné par l’usage à répétition de l’article 49.3. Emmanuel Macron a participé à l’élaboration de cette loi Travail qui vient dans le juste fil des lois qu’il a lui-même portées en qualité de Ministre de l’économie. Il s’agit de la casse progressive et méthodique du code du travail pour raisons économiques. Du travail d'énarque! Cette loi casse le CDI et en fait un CDD amélioré, tout en facilitant le recours au licenciement économique. C’est cela l’esprit de la loi. Ce n’est certainement pas fait pour améliorer les conditions de travail. Le patronat veut précariser les emplois. Il a déjà recours, souvent abusivement, au CDD et à l’intérim. Manuel Valls, Emmanuel Macron et Myriam El Khomri voudraient faire passer les patrons pour des Bisounours, alors que les scandales de certaines rémunérations patronales se multiplient dans les grandes entreprises comme Renault ou Sanofi dernièrement. Les patrons augmentent leurs rémunérations et les sociétés distribuent de gros dividendes à leurs actionnaires pendant que des salariés font l’objet de plans de licenciements et de blocages de salaires. Des patrons du CAC 4O délocalisent pour faire davantage de profits, en fermant des unités de productions viables. C’est le cas du groupe LVMH et du milliardaire Bernard ARNAUD  comme le montre le film de François Ruffin « Merci patron ! ». Rappelons au passage que Bernard Arnaud est la quatorzième fortune mondiale en 2016, avec un patrimoine évalué à 34 milliards d’euros.

    Manuel Valls, toujours prompt à enfourcher le mauvais cheval, joue une fois encore à Lucky Luke avec un  Emmanuel Macron qui se comporte en Rantanplan, ronge son os et cherche une autre niche. Valls, le premier ministre qui tire au calibre 49.3 plus vite que son ombre, accompagné à distance par Rantanplan. Quant à Myriam El Khomri, c’est  la danseuse de cancan présente dans les saloons et au parlement. Nous verrions bien dans le rôle du croque-mort Pierre Gattaz. Au train où vont les choses, tous ces acteurs de la scène politique seront des bandes décimées par les élections. Le scénario écrit par François Hollande (à dessein droitier et libéral) risque de finir par le retour du teigneux Joe Dalton à l’Elysée, si la justice n’intervient pas. Ce dernier serait capable de s'allier au diable pour reprendre le pouvoir.

    Valls prêt à dégainer le 49.3

     

    Devant l'obstination idéologique de Valls et Hollande, sept syndicats de salariés, d'étudiants et de lycéens appellent à une nouvelle journée nationale de grèves et de manifestations le jeudi 12 mai contre la loi Travail. L'intersyndicale, qui doit de nouveau se réunir mardi, prévoyait initialement "une journée d'initiatives et d'interpellation des parlementaires".

    La menace de l’article 49.3 explique cette journée d’action à cette date qui correspond à la fin des débats à l'Assemblée nationale, avant le vote solennel du 17 mai.

    Le 49.3, c'est Hollande qui en parle mieux : 


    Fucone

    Google Bookmarks

    votre commentaire
  • La corrida parlementaire La ministre du travail Myriam El Khomri poursuit à l’assemblée nationale et dans la presse, son opération d’équilibriste en usant d’un terme cher à François Hollande : compromis. Elle a raison de dire que son projet de loi initial n’a pas été vidé de sa substance comme tentent de le faire croire la droite et le Medef. C’est justement pour cela que la contestation n’a elle aussi pas été vidée de sa substance. Pour la ministre, le Contrat de travail représente « l’esprit de sa loi ». C’est vrai lorsque l’on examine la nouvelle version du CDI associée aux nouvelles conditions du licenciement économique. Toutefois, en disant cela, elle donne raison à toutes celles et ceux qui demandent un retrait pur et simple de cette loi qui, contrairement à ce qu’elle clame, n’est ni juste ni nécessaire.

    Le compromis qu’elle propose avec quelques concessions mineures (vivement décriées par le concert hypocrite de la Droite et du Medef) est une opération cosmétique pour faire croire à des améliorations. Le compromis serait donc « tout et son contraire ». Cela n’a pas réussi à tromper les organisations syndicales, du moins celles qui ne sont pas venues faire de la figuration lors des concertations. La ministre a beau utilisé les grands mots comme « Mon projet de loi propose une nouvelle philosophie sur les niveaux de régulation sociale », ses arguties d’énarque et ses grand-écarts philosophiques ne feront pas passer des vessies pour des lanternes. Si elle déplace le curseur au niveau de l’entreprise pour, dit-elle, faciliter le dialogue social et améliorer la compétitivité, c’est pour faciliter la casse du code du travail.  La loi Travail permettra de sortir de la culture d’affrontement, nous dit-elle. En faveur de qui ? Comment peut-on imaginer que des salariés obtiendront de nouveaux droits par branche et pas entreprise, si le Code de travail n’est plus qu’un code de référence contournable. C’est de cela dont il s’agit. Les patrons pourront ignorer le droit du travail et, dans des rapports de force, imposer de nouvelles conditions de durées et de salaires. Elle parle d’accords majoritaires pour faire évoluer le droit.  Evoluer vers quoi, lorsque l’on parle de flexibilité et de compétitivité ?

    La corrida parlementaire Les concessions, c’est Hollande et Valls qui les font depuis quatre ans en faveur du Medef. Il y a eu les banderilles : crédits d’impôts et  lois Macron sans aucun résultat sur le chômage. Maintenant, ils ont sorti l’épée, la loi El Khomri à la cinquième heure, début de la corrida parlementaire…   A las cinco de la tarde ! Cinq heures de l’après-midi, quand commencent les corridas, cette heure espagnole reprise dans un poème par  Federico García Lorca et qui se termine par : Ah ! Ces terribles cinq heures de l'après-midi ! Il était cinq heures à toutes les horloges ! Il était cinq sombres heures de l'après-midi ! La corrida est ouverte. Manuel Valls veut tuer le code du travail mais c’est parfois le torero qui meurt.

    Le mauvais esprit de la ministre du travail n’a d’égal que celui de sa loi et de ceux qui l’ont chargée de la faire passer, si on ajoute les nouvelles conditions de licenciements économiques étendues à une simple difficulté de trésorerie, situation comptable qui n’est pas rare dans la vie d’une entreprise mais qui n’est pas une cessation de paiement avérée débouchant sur une procédure collective ouverte dans un Tribunal de Commerce. Ensuite, on peut encore évoquer les forfaits des indemnités aux Prud’hommes donnés à titre indicatif. Comment ne pas comprendre qu’ils seront appliqués systématiquement par l’action de la Jurisprudence en matière de droit du travail ?

    Porteuse d’une loi inspirée par le Medef et voulue par la Droite, Myriam El Khomri trouve le besoin d’affirmer qu’elle est « une femme de gauche ». D’abord nous ne croyons pas aux récriminations du Medef et de la droite sur les concessions faites. Comme nous ne pensons pas que la ministre du travail est une femme de gauche en défendant cette loi, comme savent le faire les énarques qui ont reçu une formation pour cela. Le problème de cette loi, c’est que le gouvernement et François Hollande ne peuvent plus reculer. La Ministre non plus. Le Medef et la droite le savent. C’est pour cela qu’ils récriminent en demandant un retour à la première mouture. Nous voilà dans le jeu politique des Présidentielles qui sont en point de mire. Le stratagème est de laisser Manuel Valls dégainer l’article 49.3 pour le discréditer davantage et entrainer avec lui François Hollande. Comme s’ils avaient encore besoin d’être discrédités. Valls use et abuse du 49.3. Il s’imagine encore que, avec ses 5% aux primaires de 2012, il sortira indemne de sa façon de gouverner et de sa politique droitière. Les sondages lui ont toujours laissé l’espoir d’être populaire mais c’est un miroir aux alouettes. Il s’est déjà fait doubler à droite et plumer par Macron.

    Myriam El Khomri a répondu à un journaliste du Figaro qui lui demandait : « A l’assemblée nationale, une avalanche d’amendements provoque l’agitation. Ce n’est que gesticulations pour faire croire à des échanges constructifs ? ». Voici ce qu’elle a répondu : «  On doit donner aux entreprises la capacité de négocier des aménagements avant qu'il ne soit trop tard. La France détruit des emplois industriels depuis 15 ans, neuf embauches sur dix se font en CDD: la solution passe par la primauté de l'accord sur le contrat de travail individuel, comme lors des accords Aubry sur la réduction du temps du travail en 2000. Cette loi est un acte de confiance dans le dialogue social car je crois qu'un accord signé par des syndicats représentant plus de 50 % des salariés est un accord qui se fera dans l'intérêt de tous. La primauté de l'accord sur le contrat de travail, c'est l'esprit même de ma loi ». Tout est dit dans sa dernière phrase. Elle veut inverser la hiérarchie du droit du travail. Elle ne reviendra pas plus sur son « encadrement » des licenciements économiques. Le terme d’encadrement nous paraît abusif car il s’agit davantage de plus de liberté donnée aux patrons pour licencier.

    Non, Mme El Khomri n’est pas une ministre du travail de gauche. On peut la trouver parfois un peu gauche dans ses postures mais ce n’est pas une position politique. Elle peut clamer « Je suis une femme de gauche ! », le projet de loi qu’elle porte est un projet réactionnaire voulu par le Medef et la Droite. La loi El Khomri est devenue une peau de banane politique pour Valls et Hollande. Emmanuel Macron peut se frotter les mains. Il s’est mis « en marche » pour les fuir car la gauche ne le satisfait pas.

    Ce n’est plus un secret. Un conseiller de la ministre du travail, Pierre Jacquemain, a démissionné en désaccord avec ce projet de loi particulièrement libéral et droitier qui renonce aux fondamentaux de la gauche. Même si, aujourd’hui, la ministre dit toujours « C’est ma loi », le projet a été construit à Matignon et Manuel Valls avait déjà l’intention de recourir au 49.3 dès janvier 2016. La ministre avait  vendu la mèche dès l’annonce du projet, avant de vouloir l’éteindre. Jacquemain a travaillé sur le projet et il ajoute dans une interview donnée au Parisien : « … entre conseillers, et même entre ministres, pour avoir eu des échanges avec certains, les gens plaisantaient. On me disait : Tu travailles pour la ministre du 49-3. » Comment croire à de réelles concessions ?

    Cette loi est une trahison de l’histoire des luttes sociales et de la mission donnée au Ministère du travail. ». Le code du travail a été créé en 1910. Il est le produit d’une décision historique prise en 1906 après la catastrophe de Courrières (Pas-de-Calais) : la création d’un ministère du Travail ! Mille-quatre-vingt-dix-neuf morts dans le fond de la mine par un coup de grisou. Le patron avait exigé la reprise du travail au nom de la productivité sans attendre les recherches. Treize jours plus tard, on avait pourtant retrouvé quatorze survivants. Le choc dans l’opinion avait été tel que le ministère du Travail a vu le jour et le droit du travail a été érigé en opposition aux exigences des entreprises et de l’économie. Le travail fut séparé de l’économie.

    Pendant un siècle, on a adapté les entreprises aux droits des femmes et des hommes. Mme El Khomri fait le contraire et  appelle à « adapter les droits du travail aux besoins des entreprises ». Sa loi n’est pas une réforme. Il s’agit d’une contre-réforme, d’une loi réactionnaire qui fait du travail une variable comptable dans la vie économique et spéculative des entreprises.

    Ne soyons pas dupes du jeu politicien de la Droite qui est déjà dans les calculs en vue des Présidentielles et se réjouit du cadeau qui lui est fait pour aggraver davantage la condition des salariés et généraliser la précarité. Pierre Gattaz joue l' hypocrite pour faire croire que le projet proposé à l’Assemblée nationale ne lui convient plus et faire oublier que le Medef en est l’initiateur.

    La solution la plus sage serait de retirer cette loi au lieu d’envoyer les CRS, les BAC et les gardes mobiles réprimer les manifestants. Tout laisse à penser que ce gouvernement s’est enferré dans sa dérive droitière et ira jusqu’au bout de sa trahison.

    Pour justifier ce jusqu’au-boutisme, Hollande et Valls annonce un « mieux » et une prévision de croissance optimiste. Enfin un retournement de cycle durable pour l’économie française !  se réjouissent-ils. Ce regain n'est pourtant pas la conséquence des réformes du gouvernement, explique David Cayla, des Économistes atterrés. Cet économiste conclue un article ainsi : « Au premier trimestre, les dépenses de consommation des ménages ont ainsi augmenté de 1,2%, ce qui constitue la plus forte hausse depuis 2004. Or, cette hausse est liée à des facteurs qui n’ont rien à voir avec l’action du gouvernement. Car les salaires et les revenus d’activité continuent d’augmenter un peu plus vite que l’inflation. Le pouvoir d’achat des français augmente légèrement. Comme par ailleurs les taux d’intérêt restent faibles, certains ménages renégocient à la baisse leurs crédits immobiliers ou en profitent pour financer un achat à crédit. Merci la BCE ! Merci les légères hausses salariales du secteur privé ! Merci la faiblesse des prix du pétrole ! Au final, rien de tout cela n’est le fait du gouvernement. Pire… pendant ce temps la balance commerciale française continuait de se dégrader, les exportations françaises chutant de 0,2%. Manque de bol, la croissance ne vient pas de l’amélioration de l’offre et de la compétitivité des entreprises mais de la demande des ménages. Ce ne sont pas les profits des entreprises qui font la croissance, mais le pouvoir d’achat des consommateurs. Le gouvernement a tout faux. Malheureusement, il est content de lui ».

    Si Hollande et Valls affichent une telle culture de l’échec, c’est pour mener une politique libérale et droitière. Cela a été le choix de François Hollande dès son élection. Ce choix s’est affirmé avec la nomination de Manuel Valls à Matignon. Il a été réaffirmé avec l’arrivée d’Emmanuel Macron. Il s’agit donc, avant tout, d’un choix politique délibéré avec, pour objectif, la mutation du parti socialiste débarrassé du socialisme. Cela a été nettement exprimé par Manuel Valls et Emmanuel Macron. Hollande et Valls ont fait le travail de la Droite et se sont mis au ban de la Gauche.

    Pidone

    Google Bookmarks

    1 commentaire