• Une volonté délibérée pour que les manifestations dégénèrent

    Nous publions le témoignage d'un syndicaliste de la police, paru dans l'Humanité du 4 mai 2016.

    Sans commentaire.

     

    Entretien. Gardien de la paix au renseignement territorial, secrétaire général de la CGT police, Alexandre Langlois dénonce une volonté délibérée de «dégoûter les manifestants ». Il raconte les coulisses des violences.

    Comment analysez-vous les violences policières qui ont marqué les dernières manifestations contre la loi El Khomri ? 

    Alexandre Langlois. Tout est mis en place pour que les manifestations dégénèrent. Côté renseignement, on constate depuis une dizaine d’années une double évolution, avec des manifestants beaucoup plus pacifiques qu’avant, mais des casseurs toujours plus violents, organisés de manière quasi paramilitaire. Certains de ces groupes sont identifiés avant qu’ils intègrent les manifestations. Mais aucune consigne n’est donnée pour les interpeller en amont.

    Vous parlez d’une « volonté délibérée » que les manifestations dégénèrent. Comment cela se traduit-il pour vous, sur le terrain ? 

    Alexandre Langlois. Prenons l’exemple du 9 avril. En fin de journée, nous savons qu’un groupe de casseurs dangereux vient d’arriver gare du Nord pour aller perturber Nuit debout, à République. Une compagnie de CRS se trouve sur leur passage, prête à intervenir. Mais l’ordre leur est donné par la préfecture de se pousser dans une rue adjacente ! Les collègues leur signalent l’imminence de l’arrivée du groupe de casseurs. Mais ordre leur est confirmé de les laisser gagner place de la République, avec les conséquences que l’on connaît ! Par contre, quand il s’est agi d’aller protéger le domicile privé de Manuel Valls, ce soir-là, cette fois les ordres ont été clairs…

    Au-delà des casseurs, comment expliquez-vous les ruptures de cortèges, l’usage systématique de gaz lacrymogènes, voire les brutalités policières gratuites ? 

    Alexandre Langlois. C’est important de rappeler que, dans les manifestations, tous les collègues sur le terrain n’interviennent que sur ordre. Si certaines, comme le 1er Mai, se terminent en « souricière » place de la Nation, c’est que l’ordre en a été donné. Le message qui est passé, c’est « casseurs venez, vous pourrez agir en toute impunité, et manifestants ne venez plus avec vos enfants, car c’est dangereux pour vous ». Et à la fin de la journée, les médias ne parlent que des violences, et surtout plus des raisons pour lesquelles les citoyens manifestent. Le pouvoir politique instrumentalise la police, qui sert de bouc émissaire. Cela permet au gouvernement de faire diversion.

    Comment les policiers vivent-ils cette situation ?

    Alexandre Langlois. Nous sommes épuisés. Les collègues souffrent d’une perte de sens de leur métier. Aujourd’hui, on leur demande du rendement statistique et d’exécuter des ordres qu’ils jugent incompréhensibles ou injustes. La police est déshumanisée. On compte un suicide en moyenne par semaine dans notre profession. À la CGT police, nous défendons l’idée d’une force publique à l’usage du peuple, celle de la déclaration des droits de l’homme de 1789, une « force pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée ».

     

     

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  • Le journalisme en question ?Dans un article journalistique écrit par Emile Zola le 24 novembre 1888, l’auteur de Germinal s’inquiétait déjà de l’évolution du journalisme qui délaissait les articles de fonds propices à la réflexion pour satisfaire instantanément la curiosité et l’indiscrétion racoleuse. La presse donnait une importance démesurée au moindre fait, commenté, amplifié encore dans tous les journaux et occultant tout autre information pourtant plus importante.

    Emile Zola, journaliste et écrivain, avait dit son inquiétude. Voici ce qu’il exprima :

    « Ah, cette presse! Que de mal on en dit! Il est certain que depuis ne trentaine d’année elle évolue avec une rapidité extrême. Les changements sont complets et formidables. C’est l’information, qui peu à peu, en s’étalant a transformé le journalisme, tué les grands articles de discussion, tué la critique littéraire, donné chaque jour plus de place aux dépêches, aux nouvelles grandes et petites, aux procès-verbaux des reporters et des intervieweurs. Il s’agit d’être renseigné tout de suite.

    Est-ce le journal qui a éveillé dans le public cette curiosité croissante? Est-ce le public qui exige du journal cette indiscrétion de plus en plus prompte?

    Le fait est qu’ils s’enfièvrent l’un l’autre, que la soif de l’un s’exaspère à mesure que l’autre s’efforce, dans son intérêt, de la contenter. C’est alors que, devant cette exaltation de la vie publique, on se demande s’il y a un bien ou un mal. Beaucoup s’inquiètent – tous les hommes de cinquante ans regrettent l’ancienne presse, plus lente et plus mesurée- et on condamne la presse actuelle.

    Mon inquiétude unique devant le journalisme actuel, c’est l’état de surexcitation nerveuse dans lequel il tient la nation. Aujourd’hui remarquez quelle importance démesurée prend le moindre fait, des centaines de journaux le publient à la fois, le commentent, l’amplifient et souvent, pendant une semaine, il n’est pas question d’autre chose. Ce sont chaque matin de nouveaux détails. Les colonnes s’emplissent. Chaque feuille tâche de pousser au tirage en satisfaisant davantage la curiosité de ses lecteurs. Une secousse continuelle se propage d’un bout à l’autre dans le public.  (…) Quand une affaire est finie, une autre commence. Les journaux ne cessent de vivre dans cette existence de casse-cou. Si les sujets d’émotion manquent, ils en inventent. Jadis, les faits, même les plus graves, parce qu’ils étaient moins répandus et moins commentés, ne donnaient pas à chaque fois ces accès violents de fièvre au pays. Ce régime de secousses incessantes me paraît mauvais »

    Le journalisme en question ?Informer bien au lieu d’informer vite. Dans l’éditorial de Combat, le 1er septembre 1944, Albert Camus a fait écho à Emile Zola en répondant à la question: Qu’est-ce qu’un journaliste ? « C’est un homme qui d’abord est censé avoir des idées. C’est ensuite un historien au jour le jour, et son premier souci doit être de vérité. Peut-on dire aujourd’hui que notre presse ne se soucie que de vérité ? Comme il est difficile de toujours être le premier, on se précipite sur le détail que l’on croit pittoresque ; on fait appel à l’esprit de facilité et à la sensiblerie du public. On crie avec le lecteur, on cherche à lui plaire quand il faudrait seulement l’éclairer. A vrai dire on donne toutes les preuves qu’on le méprise. L’argument de défense est bien connu : on nous dit, « c’est cela que veut le public ! ». Non, le public ne veut pas cela ; on lui a appris pendant vingt ans à le vouloir, ce qui n’est pas la même chose. [De nos jours] une occasion unique nous est offerte au contraire de créer un esprit public et de l’élever à la hauteur du pays lui-même. »

    C’était la fin du 19ème siècle, puis le milieu du 20ème et nous sommes au 21ème.  L’évolution décrite a suivi son cours avec la modernisation des outils de communication. La presse fait des copier-coller des dépêches de l’AFP et ont recours à d’es agences de presse. On balance souvent l’info sans trop de précaution. Les renseignements donnés sont incomplets et une information parcellaire peut s’avérer mal interprétée.

    Ce que disaient Zola et Camus est toujours d’actualité : le journalisme actuel maintient la nation dans un état de surexcitation nerveuse. La presse télévisée y contribue plus que la presse écrite car elle utilise le choc des images et les commentaires à chaud. Lorsqu’un drame se produit, une équipe est sur les lieux, les flashes spéciaux se multiplient lorsque le direct n’est pas assuré en continu avec des experts qui se succèdent. La tension monte au fil des élucubrations qui meublent le temps lorsque rien de visuel ne se produit. Voilà qu’une chaîne tient quelques images racoleuses, elles sont passées en boucle et reprises sur les autres antennes. Les faits divers de préférence criminels et les catastrophes occupent le plus souvent toutes les Unes. En son temps Charles Baudelaire l’avait déjà constaté : « Tout journal, de la première ligne à la dernière, n’est qu’un tissu d’horreurs, Guerres, crimes, vols, impudicité, tortures, crimes de princes, crimes de nations, crimes des particuliers, une ivresse d’atrocité universelle ».  Le journalisme catapulte toujours les haines et favorise les fractures sociales. De nos jours, il s’intéresse davantage à la vie privée des politiciens, à contribuer au story-telling qu’à leurs turpitudes. Les journalistes racontent des histoires au lieu d’informer. Le public est promené entre le journalisme des haines et la presse-people. C’est le romanesque et le sordide qui décide de l’actualité.

    Le journalisme en question ?Force est de constater que la grande presse ne remplit qu’une partie de sa mission et souvent elle le fait mal. Elle informe dans l’urgence, sans recul et sans les explications suffisantes. Elle ne remplit plus son rôle d’analyste des événements et, lorsqu’elle s’attarde sur un sujet, on ne peut pas dire que les commentateurs et les experts fassent preuve d’une grande objectivité. La propagande a pris le pas sur l’objectivité. Par exemple, lorsqu’il y a un sujet économique, on aura recours le plus souvent à un sachant orthodoxe pour qu’il ne s’éloigne pas de la ligne libérale. Les journalistes ne sont pas libres car, en France, cinq grands journaux sur sept appartiennent aux plus grandes fortunes. Les journalistes n’y disposent d’aucune indépendance vis-à-vis des puissances de l’argent.

    Cinq des sept quotidiens nationaux sont la propriété de quatre des dix plus grandes fortunes du pays : la première (Bernard Arnault) contrôle les Échos et le Parisien, la cinquième (Serge Dassault), le Figaro, la sixième (Patrick Drahi), Libération, la dixième (Didier Niel), le Monde ; seuls la Croix et l’Humanité sont indépendants des milieux industriels et financiers. Le constat ne s’arrête pas aux quotidiens nationaux ; l’audiovisuel privé (chaînes de télévision et de radio), la presse magazine et la presse spécialisée sont contrôlés par des conglomérats industriels ; la presse régionale est, elle, sous l’étroite dépendance des banques, le Crédit mutuel et le Crédit agricole essentiellement.

    Le journalisme en question ?Sur le petit écran, le baromètre des JT, c’est l’audimat. Il faut des présentateurs vedettes et donner au public ce qu’il veut. Les faits divers occupent plus de place que les informations politiques ou géopolitiques. Le journalisme politique est le plus souvent un journalisme d’opinion et non pas un journalisme critique, quand il n’est pas un journalisme de propagande.   

    En dehors de la presse officielle, l’Internet a permis le développement de réseaux sociaux, de blogs et de sites. Chacun peut jouer les journalistes et diffuser des informations sans qu’elles soient toutes fiables. Malheureusement les informations les plus regardées sont des vidéos et autres images. La masse des fausses informations et des hoaxs ne pousse pas à la confiance et la crédulité favorise la malveillance. Dans cette désinformation pernicieuse, les réseaux de droite et d’extrême-droite prennent une grande part.

    Cependant, l’Internet a permis aussi le développement d’une presse indépendante comme le journal en ligne Médiapart pour citer le plus connu. Son fondateur Edwy Plenel a confié au Nouvel Observateur ce qu’il a retenu du journalisme décrit par Camus qu’il doit élever ce pays en élevant son langage » et que « Le droit à l’information n’est pas un privilège des journalistes, c’est un droit des citoyens ». Camus était un journaliste de Combat, intransigeant sur son indépendance, en rupture avec les puissances d’argent pour éviter les ambiguïtés et la corruption dans un système capitaliste. Le journaliste doit être dans une opposition radicale avec  des politiciens qui abaissent le pays en abaissant son langage. L’indépendance de la presse est souvent battue en brèche par des liens incestueux avec les puissances de l’argent qui ont d’autres intérêts que l’information. Le journaliste Edwy Plenel dit de son métier : « La seule vision juste de notre profession, hier comme aujourd’hui, est une vision idéaliste. Le journalisme n’existe que parce qu’il une légitimité démocratique. Notre rôle c’est de permettre aux citoyens d’être informés pour décider, pour choisir, pour agir. Et donc, c’est un idéal démocratique. Toute vision cynique, pragmatique, opportuniste du journalisme trahit le métier lui-même, parce qu’il a d’abord une source démocratique qui nous dépasse, qui nous réclame ». Force est de constater que des affaires politico-judiciaires suivies par des journalistes de Médiapart ont très peu d’échos dans le reste de la presse.

    Le journaliste doit dire ce que les pouvoirs veulent cacher et même ce que le public n’a pas envie d’entendre ou de lire. Il doit oser apporter des « nouvelles » et un éclairage qui vont faire évoluer l’opinion public, faire bouger les lignes et non pas l’installer confortablement dans  la pensée unique de l’Establishment. C’est le sens de ce qu’a écrit Albert Camus.

    L’indépendance professionnelle passant par l’indépendance matérielle, le métier de journalisme n’offre aucune garantie de l’emploi en dehors des CDI que quelques uns ont la chance de décrocher. Nombre de journalistes travaillent à la pige et dans la précarité que la  loi El Khomri va aggraver. La presse n’est pas une activité rentable puisqu’elle est subventionnée. En outre, des journalistes bien nés (on peut dire métaphoriquement et plus crûment : « nés le cul dans le gâteau ») occupent les bonnes places et n’ont aucun état d’âme à être les chiens de garde du libéralisme économique et des nantis dont ils font partie.  

    Un jeune journaliste, qui n’a pas ses entrées dans un grand journal ( une particule patrimoniale serait même élémentaire pour quelques patrons de presse), une radio ou une chaîne de télévision, devra faire des piges pour des agences de presse ou éventuellement se tourner vers le journalisme publicitaire pour la revue d’une grande marque ou toute autre édition chargée d’une promotion commerciale. C’est du journalisme alimentaire. Le journalisme politique est un pré gardé. On connaît même des couples célèbres « journaliste avec politicien ». D’autres élus ont leurs journalistes préféré(e)s, sans aller jusqu’à l’accouplement. Tout cela ne va pas dans le sens indiqué par Albert Camus et Edwy Plenel.

    C’est le journalisme actuel, héritier d’un système médiatique réactionnaire en place depuis des décennies, que nous critiquons. C’est aussi ces crimes jetés en pâture comme jadis on montrait des jeux de cirque pour distraire le peuple de sa misère. La mort est donnée en spectacle. Les cours d’assises sont des théâtres où se jouent des polars. A la télé, les émissions sur le travail des policiers se multiplient. C’est vendeur même si les délinquants peuvent y voir un cours de formation. Et puis nous assistons de plus en plus à la peopolisation de la politique parce que les politiciens ont besoin de se mettre en scène et parce que la presse people est rentable.

    Chez les journalistes, il existe fort heureusement encore des esprits libres. Certains ouvrent des pages sur le Net. On en trouve chez Médiapart ou, par exemple, sur AgoraVox. Vous en connaissez certainement d’autres. Quelques journaux nationaux (deux sur sept) ou régionaux ont su, pour l’instant, échapper aux patrons du CAC 40. Par contre le journalistes-écrivains comme Emile Zola sont beaucoup plus rares et peu sollicités.  Des journalistes écrivent des livres qui ont vocation à être des best-sellers mais l’on y trouve le plus souvent que des anecdotes et des rumeurs. C’est racoleur mais le plus souvent pas ou peu instructif. On trouve cependant parfois des retours sur des informations politiques ou judiciaires qui viennent compléter des dossiers clos. On s’interroge alors sur la non-divulgation de ces informations en temps et en heure.

    Le journalisme en question ?On ne dénonce jamais assez ces grands journaux subventionnés qui titrent régulièrement sur les « assistés sociaux » et participent au bashing des fonctionnaires. Les rédacteurs et journalistes de cette presse d’opinion libérale occultent qu’ils sont eux-mêmes des assistés et qu’ils sont payés non par leurs patrons mais par les contribuables. Ce sont des grandes fortunes qui possèdent cinq grands journaux sur sept. Pourtant, les contribuables les finances pour faire du journalisme un bisness et un outil de leur pouvoir. Si, demain, l’Etat coupe les subventions, les grands journaux pourraient bien mettre la clé sous la porte. Le journalisme est ainsi pris en otage entre le pouvoir politique et le pouvoir de l’argent. C’est la raison pour laquelle il faut soutenir les journalistes indépendants qui écrivent dans des petits journaux locaux, dans les deux grands journaux qui ne sont pas entre les mains des patrons du CAC 40 et sur le Toile. Il existe des journaux en ligne comme Médiapart, Regards et Bakchich pour donner des exemples derrière lesquels travaillent de vrais journalistes. Il existe aussi des blogs et des sites politiques ou syndicaux.

    Notre actualité sociale est l’exemple de la façon dont la presse traite un sujet majeur : la contestation de la loi El Khomri. Cette presse réactionnaire met ses projecteurs sur les casseurs tout en continuant à faire sa propagande libérale sur les bienfaits de la déréglementation du Travail. Elle ne diffuse des violences policières que lorsque des images envahissent les réseaux sociaux et n’en parle que rapidement, préférant consacrer son temps aux « casseurs ». Il est étonnant qu’aucune caméra ou appareil photographique de cette presse ne rapporte des images de ces violences policières et de la façon dont sont gérées les manifestations. On ne voit que des images de smart-phones prises par des manifestants ou des badauds. Les critiques ne vont que vers les organisateurs et les manifestants.

    En ce qui concerne l’actualité politique, les chiens de garde de cette presse réactionnaire ménagent prudemment Sarkozy et Hollande, préférant continuer la diabolisation de Jean-Luc Mélenchon présenté comme un populiste, un marxiste primaire par des gens qui n’ont certainement jamais lu ne serait-ce que le Capital. Ils stigmatisent le NPA et Lutte Ouvrière comme des partis extrémistes parce qu’ils sont radicalement anticapitalistes. BFMTV a fait venir Olivier Besancenot chez Apolline de Malherbe pour qu’elle lui fasse condamner ou approuver les casseurs, mettant de côté la raison des manifestations et les violences policières. Lorsqu’Apolline de Malherbe élève son langage, on entend ça… 

     

    La stratégie est de diaboliser l’opposition de gauche et de faire de l’extrême-droite un allié possible de la droite, à condition que le FN ne prenne pas trop d’ampleur.  Après l’avoir dédiabolisé, les chiens de garde  sont obligés de le montrer davantage sous son vrai jour (non trop, donc pas assez) de peur de voir Marine Le Pen élue Président d’une république malade. Jean-Marie Le Pen leur en a encore donné l’occasion le Premier Mai dernier et, sur BFTV, Apolline était encore à la manœuvre en recevant le compagnon de la candidate bleu marine qui boude la presse.  

    Par-dessus tout et plus que jamais, il convient de garder son esprit critique, de vérifier les informations reçues et de penser par soi-même en remettant en cause les opinions toutes faites, fournies par les chaînes de télévision et les radios. La presse écrite est en perte de lecteurs (à qui la faute ?). C’est une presse d’opinion qui n’offre aucune garantie d’objectivité. C’est sa pluralité qui est encore utile, en privilégiant les journaux qui ont gardé une indépendance vis-à-vis des puissances de l’argent et de l’Etat. Ils avancent à visage découvert, alors que l’hypocrisie et le cynisme prédominent ailleurs.

     

    U barbutu

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  • Le naufrage annoncé du capitaine de pédaloSur fond de manifestations, de violences policières et de casseurs bien utiles au pouvoir, François Hollande poursuit sa dégringolade dans les sondages. Hier encore, il s’est livré à un plaidoyer pro domo. Le chef de l’Etat s’est exprimé lors d’un colloque de la Fondation Jean Jaurès à Paris. Il a envisagé une baisse des impôts pour  les petits revenus, en ajoutant : « En fonction des marges et seulement en fonction des marges dont nous pourrons disposer, il conviendra de poursuivre cette politique de réforme, de justice et de baisse des prélèvements pour les Français les plus modestes ». Donc il reconsidérera cette promesse en fonction du niveau de la croissance du deuxième trimestre, en juillet 2016.  Il promet sans assurer qu’il tiendra sa promesse. C’est l’économie qui décide.

    En présence de Manuel Valls, de plusieurs membres du gouvernement, Hollande s’est montré auto-satisfait des réformes menées depuis 2012 avec pour mot-clé « compromis ». Il a dit : « Ce que nous construisons, pas à pas, pierre après pierre, c’est un compromis dynamique et juste, à la fois économique, social, écologique et démocratique ». Il s’est mis en scène sous le thème « La gauche et le pouvoir » dans la grande salle de la Fondation Jean-Jaurès,  quatre-vingts ans après l’arrivée du Front populaire aux affaires. Le décor et l’histoire de la gauche ne changent rien à la réalité d’aujourd’hui. Hollande ne peut pas s’inscrire dans la continuité des luttes sociales. Il mène une politique réactionnaire. Ses mots et les mises en scène ne peuvent plus faire illusion.

    Le naufrage annoncé du capitaine de pédaloSa posture optimiste n’est qu’un aveu d’échec politique.  Il multiplie les boutades chaque fois qu’on évoque devant lui sa défaite annoncée. Son propagandiste officiel Jean-Christophe Cambadélis ne trouve comme explication qu’un complot, un bashing Hollande, « un  consensus médiatico-sondagier ». Quel désarroi pour en arriver là ! Quel que soit le cas de figure, il est éliminé dès le premier tour. On croit rêver lorsque l’on sait que Jean-Christophe Cambadélis a écrit un livre « Les valeurs de la gauche » dans lequel il reproche à la gauche de les avoir abandonnées, d’être technocratique et d’avoir tout basé sur l’économie ». Il est dommages que ce spécialiste hollandiste de la langue de bois ne donne pas de noms.

    Hollande pensait peut-être n’avoir qu’un concurrent proche, Manuel Valls. Nous avons pu noter qu’il lui a mis dans les jambes Emmanuel Macron. L’opération a réussi, toutefois au-delà de ce qu’il escomptait car la tête de « son joker contre Valls » a enflé sous l’effet du vent médiatique. Cependant, pas de quoi inquiéter le locataire de l’Elysée! Ce que l’on a créé, on peut le détruire. Hollande en a vu d’autres et ne se fait aucune illusion sur la réalité ingrate de la fidélité dans la vie politique. Il en est l’exemple vivant lorsque l’on revient sur son attitude envers son ex-compagne et mère de ses enfants, lors des Présidentielles de 2007. Et puis la fidélité n’est pas la première de ses qualités dans sa vie privée. Quelles qualités cachent-ils ? On se le demande. Peut-être l’obstination ? Est-ce vraiment une qualité lorsqu’on est dans le déni et l’erreur ?  Il a misé sur le temps. Il s’est vu et, contre vents de gauche  et marées contestataires, se voit encore gagnant au finish. En Egypte, alors qu’il visitait un lieu de culte, lorsqu’une journaliste  évoqua ses mauvais sondages et l’éventualité de sa défaite, il plaisanta en disant qu’il faut prier pour lui. Si nous devions prier, nous le prierions de renoncer à la loi Travail et de ne pas briguer un deuxième mandat.

    Le temps de l’action est largement passé et se termine par la loi travail dite El Khomri, nom d’une ministre qui doit son portefeuille au seul fait d’avoir accepté d’endosser cette loi qui casse le code du travail comme le souhaite le Medef depuis des décennies. Elle a été promue parce qu’il n’était pas opportun qu’Emmanuel Macron cumule l’économie et le travail. La prépondérance du pouvoir économique était trop claire pour en revenir au reproche hypocrite de Cambadélis dans la présentation de son livre racoleur. L’hypocrisie est le mode de communication du pouvoir actuel. Et puis, cela aurait donné trop d’importance au ministre de l’économie dont les dents commençaient à rayer le parquet de l’Elysée. Les derniers remaniements ministériels interrogent sur la capacité de Manuel Valls et François Hollande à trouver de nouvelles têtes. On fait revenir le précédent premier ministre, Jean-Marc Ayrault, au ministère des affaires étrangères. Il accepte à condition d’être en liaison directe avec Hollande. Myriam El Khomri a été sortie du Conseil de Paris pour entrer au deuxième gouvernement Valls. De secrétaire d’Etat à la ville, elle est passée sous les projecteurs de l’actualité avec sa nomination comme Ministre du travail.  Une ascension fulgurante. Par ailleurs, Fleur Pellerin a été remplacée par Audrey Azoulay, conseillère de François Hollande à l’Elysée. On se demande, si un nouveau remaniement a lieu, quel politicien kamikaze vont-ils aller chercher pour entrer au gouvernement ? Qui d’autre que Myriam El Khomri aurait accepté de porter la loi travail comme ceinture explosive ? 

    Le naufrage annoncé du capitaine de pédaloLe temps du bilan est arrivé : promesses non-tenues, désillusions, déceptions, trahisons… La liste est longue. Rien d’étonnant à ce que l’addition électorale soit lourde. Face à la trahison des valeurs de gauche au parti socialiste, Jean-Luc Mélenchon a su garder sa cohérence idéologique. François Hollande, qui avait cru pouvoir le marginaliser et le diaboliser, peut sentir sa présence dans les sondages. Elle lui fait certainement mal au moral.  Le score de Mélenchon ne doit rien aux journalistes (ni à Cambadèlis ou, alors, à rebours). Il se situe entre 12 et 16%.  Mélenchon est resté fidèle aux électeurs de gauche alors que le Président Hollande a sombré dans un pragmatisme sans âme et sans repères. L’énarque n’aura été qu’un gestionnaire des chiffres avec, pour corollaire, le mépris de ses électeurs. Lui et son entourage se réjouissent au moindre frémissement de la croissance et redoublent leurs incantations lorsque le chômage baisse à la hausse.

    Le naufrage annoncé du capitaine de pédaloJean-Luc Mélenchon n’est pas tombé dans le piège grossier des Primaires. Décidément Jean-Christophe Cambadélis est en manque de stratégie électorale pour ne s’adonner qu’à de vils stratagèmes vite démasqués. Il n’est pas un secret que François Hollande se bouche le nez et les oreilles lorsqu’on lui parle de cette mascarade qui le disqualifie, même si le secrétaire du Parti socialiste roule pour lui.

    La gauche dite radicale ne veut plus de Hollande et de sa clique. Il faudra qu’il trouve des électeurs à droite. Ce n’est pas gagné ! Il pourra refaire le coup du Bourget, personne ne le croira. Nous savons aujourd’hui qu’il n’est pas l’ennemi de la Finance mais le pire c’est qu’il n’est pas l’ami des salariés.

    Les Français ne veulent plus de lui : même chez les sympathisants socialistes, ils ne sont plus que 39% à souhaiter sa candidature. Ils sont aussi nombreux ceux qui ne la souhaitent pas...   Sont-ils des comploteurs ou des déçus ?

    Quel complot contre Hollande? Des complicités dans l’appareil médiatique pour affaiblir et affaiblir encore le président ? Jean-Christophe Cambadélis va encore plus loin en affirmant que « l’oligarchie a choisi. Elle veut Juppé ». Quel argument hypocrite ! Quel aveu ! C’est l’oligarchie qui choisit et non pas le peuple. C’est donc à celui qui serait le plus à droite. Est-ce cela qui a inspiré l’action de François Hollande ? On croyait la méthode de victimisation d’un Nicolas Sarkozy révolue. Le secrétaire du PS est manifestement contaminé.

    Nous n’allons pas disserter sur les chiens de garde de la presse. Nous avons simplement constaté que, si certains ne sont pas tendres avec Hollande, ils sont tous ligués contre ce qu’ils appellent la gauche de la gauche pour laisser penser que la gauche c’est Hollande et les Solfériniens du PS. Cambadélis a cru piéger Jean-Luc Mélenchon en proposant hypocritement des primaires auxquelles il ne croit pas, et ce dernier lui a renvoyé dans les dents son stratagème grossier.

    Si l’on peut parler d’un complot médiatique, ne peut-on pas le voir dans les caricatures malveillantes déversées sur Jean-luc Mélenchon. Ce sont les mêmes journalistes qui regrettent que  « le progressisme réformiste soit humilié dans les sondages par un populisme de gauche à la sauce marxiste et caricatural jusqu’à l’extrême, ce n’est pas le moindre des signes d’une crise démocratique qui rend décidément folles les stars un peu dégénérées (au sens littéral du terme) de la politique française quand elle devrait les rendre un peu plus intelligentes ».   Ne vous y trompez pas ! La cible de cette  extrait d’article n’est pas Hollande et la droite mais Jean-Luc Mélenchon, star du « populisme de gauche à la sauce marxiste et caricatural jusqu’à l’extrême »  C’est la même presse qui qualifie de Gauche de la gauche, gauche radicale et extrême-gauche toutes celles et ceux qui sont restés fidèles à une histoire et à un idéal dont les valeurs se sont toujours situées à gauche. C’est la même presse qui assure la propagande de la Loi El Khomri. Pour cette presse, la gauche, c’est la social-démocratie allemande et les socio-libéraux français (plus libéraux que sociaux). Pour donner le monopole de la Gauche au PS, il faut créer des expressions qui repoussent le Front de gauche et les autres organisations à la radicalité et aux extrêmes.

    Il faut un certain culot pour accuser cette presse de faire du bashing Hollande. Jean-Christophe Cambadélis ne doit pas aller souvent sur les réseaux sociaux pour lire ce qu’écrivent des électeurs de gauche. Certains avaient même voté pour Hollande en 2012. C’est leur faire injure que de croire qu’ils se laissent influencer par les chiens de garde qui défilent dans les JT et les journaux détenus par les grands patrons du CAC 40.  Ce responsable du PS ferait mieux d’aller faire un tour sur les places lors des Nuis Debout pour mesurer le fossé entre Hollande et le peuple. Il pourrait constater des violences policières contre des manifestants et la vérité sur ces casseurs providentiels pour justifier le durcissement de la répression. Jean-Christophe Cambadélis est un politicien comme les Français n’en veulent plus, tout comme François Hollande. Ce ne sont pas leurs créatures plus jeunes, Emmanuel Macron ou Myriam El Khomri, qui réconcilieront les électeurs de gauche avec un parti socialiste en déshérence. .

    Qu’est-ce qui pourrait encore sauver le capitaine de pédalo ? Certainement pas ses rétropédalages sur la loi Travail. C’est le retrait pur et simple qui est demandé. Le satisfecit donné par la direction de la CFDT n’y changera rien et cette centrale syndicale perdra encore des adhérents pour avoir accepté des modifications qui sont des leurres ne changeant rien de fondamental. Ce projet de loi soumis à l’Assemblée nationale a du mal à recueillir une majorité. Le spectre de l’article 43.9 plane déjà. Manuel Valls dégaine le 49.3 pout tuer toute délibération et contraindre les réticents. Il l’a déjà fait avec la loi Macron, il le fera avec la loi El Khomri. Myriam El Khomri est une ministre du travail qui joue sa crédibilité et son avenir politique avant de prendre en compte l’intérêt des salariés. Elle joue la fermeté parce que Jean-Christophe Cambadélis l’avait présentée comme une « femme de caractère » lors de son passage chez Laurent Ruquier. C’est sans doute pour son caractère qu’elle a été choisie, celui d’une exécutante zélée. Elle doit penser que son sourire permanent masque sa vraie personnalité.

    Il y a peu de chance que la loi soit retirée, malgré le mécontentement qui ne s’essouffle pas face à la répression policière, à la politique du pourrissement, aux provocations et à la désinformation généralisée sur les chaînes de télévision et dans la presse écrite. La loi El Khomri est un coup fatal donné à la protection des salariés. Elle entre dans la logique spéculative qui fait du travail une variable comptable. Le travail est déshumanisé. Un des arguments est qu’il vaut mieux travailler davantage, être moins payé et occuper un emploi précaire qu’être chômeur. Il vaut mieux avoir un petit quelque chose que rien. Accepter cela c’est accepter ensuite de perdre le petit quelque chose après avoir perdu l’essentiel que contient le Code du travail. Ensuite, c’est l’intérim et le contrat zéro heure. Le code du travail était fait pour tous les salariés. Il pourra être remis en question dans chaque branche et dans chaque entreprise, en créant des inégalités de conditions de travail selon les rapports de force. Le salarié est mis à disposition. Il pourra être licencié plus facilement. C’est ce que veulent les patrons. Dans la loi El Khomri, les libertés et droits fondamentaux de la personne sont garantis dans toute relation de travail… mais des limitations à ces libertés fondamentales peuvent être apportées « si elles sont justifiées… par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise ». Cette loi veut subordonner les droits des humains aux « nécessités du bon fonctionnement des entreprises ». Or le code du travail a été créé en 1910 et est le produit d’une décision historique prise en 1906 après la catastrophe de Courrières (Pas-de-Calais) : la création d’un ministère du Travail ! 1 099 morts dans le fond de la mine par un coup de grisou. Le patron avait exigé la reprise du travail au nom de la productivité sans attendre les recherches. Treize jours plus tard, on avait pourtant retrouvé quatorze survivants. Le choc dans l’opinion avait été tel que le ministère du Travail a vu le jour et le droit du travail a été érigé en opposition aux exigences des entreprises et de l’économie. Le travail fut séparé de l’économie. Pendant un siècle, on a adapté les entreprises aux droits des femmes et des hommes. Hollande fait le contraire et appelle à « adapter les droits du travail aux besoins des entreprises ». Valls l’avait clamé : « Ce ne sera pas une réformette mais une révolution». C’est une contre-révolution. Quelle décadence pour ce ministère dont l’objectif premier est trahi.

    Alors, aujourd’hui, pour  justifier la contre-révolution sociale, il reste à Hollande l’inversion de la courbe du chômage. On peut dire que le Président et le gouvernement s’activent pour montrer que ça va mieux. Ils comptent encore sur la naïveté des électeurs. Les graphiques vont se montrer optimistes jusqu’aux élections et des plans de licenciements économiques n’interviendront qu’après les élections.

    François Hollande a été élu en 2012 grâce au bon report des voix du Front de gauche et au rejet de Sarkozy. Il a choisi de gouverner avec Manuel Valls qui est arrivé bon dernier aux primaires socialistes en 2012 avec 5% des voix. Il devra compter sur ces 5% et non pas sur le report des électeurs qui avaient voté Front de Gauche. Qu’il ne compte pas sur le vote républicain au second tour. Il faudrait d’abord qu’il passe le cap du premier tour. De toute façon, il est désigné comme perdant dans toutes les hypothèses. Le parti socialiste, sous la direction actuelle, a perdu toute crédibilité à gauche en laissant un Manuel Valls, choisi et non contredit par François Hollande, dire que le socialisme est archaïque. Celles et ceux qui ont suivi cette orientation libérale semblent avoir choisi Emmanuel Macron. Ils iront le rejoindre dans son association politique « En marche » qui sera le énième parti du centre. Hollande, Valls, Sapin, Cambadélis, Le Guen, Le Foll, Rebsamen, Fabius et autres sont disqualifiés à gauche et doublés à droite par leur créature, Macron. Ce dernier est peut-être tout prêt de se rallier à Juppé et de lâcher un Hollande en plein naufrage.

    Depuis 2007, deux quinquennats auront dégradé la fonction présidentielle sur tous les plans, national et international. On ne regrette pas Nicolas Sarkozy, car bon nombre des électeurs de François Hollande avaient d’abord voté contre le sortant.  On ne regrettera pas Hollande sans se faire la moindre illusion sur son éventuel successeur de droite. Les présidences de Sarkozy et de Hollande devraient pousser à s’interroger urgemment sur cette constitution de la Vème république qui met en place un président élu sur une campagne électorale mensongère. C’est cet élu de la nation qui décidera seul pour elle. Il engage la France dans des guerres, soutient des dictatures, distribue des crédits d’impôts au patronat sans contrepartie, modifie le code du travail en s’attaquant à des acquis sociaux durement arrachés jadis… Il devient le ludi magister de tous et de la vie de chacun.  Le président de la Vème république est un homme seul au dessus des lois. Il est élu grâce à des millions d’euros de propagande et au soutien d’une presse entre les mains de patrons du CAC 40. On s’aperçoit qu’il n’est qu’une marionnette et que ses ficelles sont tenues par les mêmes marionnettistes. N’est-il pas temps de faire une révision de la constitution et de passer à une Sixième république plus démocratique ? N’est-il pas urgent de libérer la politique des lobbies, des rentes et du carriérisme ?   N’est-il pas temps de revenir aux valeurs de la gauche ? Il ne suffit pas de le dire, comme Cambadélis dans un livre hypocrite, lorsque l’on ne l’a pas fait hier, qu’on ne le fait pas aujourd’hui et que l’on ne le fera pas davantage demain ?

    Revenir aux valeurs de la gauche  permettrait de situer Manuel Valls et son gouvernement hors de la gauche. Evoquer ces valeurs montre la vraie personnalité de François Hollande qui aime utiliser la première personne dans des discours d’autosatisfaction. Le « je » du candidat Hollande est un autre. Il a précédé le double jeu politique du président qui fait le contraire de ce qu’il promet et qui semble atteint d’une sorte de schizophrénie politique entretenue par son entourage. Il doit avoir le sentiment de ne plus être maître de sa pensée ou d'être la cible d'un complot à la finalité mal circonscrite. Il est possible qu’il entende des voix qui le critiquent ou commentent ses actions, mais on lui dit que ce sont des hallucinations. On voit bien qu’il manifeste une perte de contact avec la réalité et une anosognosie, c'est-à-dire qu’il n'a pas conscience de sa maladie politique (à tout le moins pendant les périodes aiguës d’optimisme). Cette particularité rend chez lui difficile l'acceptation du diagnostic et du traitement électoral qu’il va subir. La mort politique n’est pas écartée en 2017. Son prédécesseur, Sarkozy,  pense être guéri du même mal et revient s’agiter sur la scène politique. Il n’était qu’en rémission et fait une grosse rechute. Il se pourrait qu’il ait potassé les anaphores mais son style littéraire est le même en pire car le syndrome « Trump » a aggravé les symptômes.

    De nos jours, les valeurs de la gauche sont représentées par celles et ceux que la presse nomme la gauche de la gauche, la gauche radicale et l’extrême gauche. Ce sont celles et ceux qui mettent l’humain d’abord, avant les chiffres et le Medef, celles et ceux qui ne veulent plus de cette Europe de la Finance, celles et ceux qui n’acceptent pas les délocalisations et les licenciements boursiers, celles et ceux qui ne veulent pas des guerres civiles fomentées pour des raisons économiques, celles et ceux qui refusent les relations stratégiques avec des dictatures religieuses ou laïques, celles et ceux qui s’opposent au dumping social, celles et ceux qui s’opposent au traité Tafta depuis longtemps et non pas mollement à un an des Présidentielles… etc. La liste n’est pas exhaustive mais elle rend difficile la découverte de valeurs de gauche chez François Hollande et sa clique, lorsque l’on fait le bilan de leur action politique pendant quatre ans. Ce ne sont pas quelques mesures fiscales ou largesses de la dernière heure qui feront avaler toutes les couleuvres et notamment la loi El Khomri. Ce n’est pas la répression policière qui remplira les urnes avec des bulletins « Hollande » au moment des élections présidentielles de 2017.

    Jean Frade

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    Communiqué

    Le samedi 30 avril, à l'aube, un incendie détruisait la salle de prière de Mezzavia. Dans les heures qui ont suivi, le Préfet confirmait qu'il s'agissait d'un acte criminel. Le Collectif antifasciste et antiraciste de Corse, dont des représentants se sont rendus sur place immédiatement après les événements, s'est réuni dans l'après-midi de samedi.

    Ajaccio, le lundi 2 mai 2016

     

    L'incendie de la salle de prière de Mezzavia ne doit pas rester impuni !

     

    Nous, organisations associatives, syndicales et politiques*, militants et citoyens engagés, membres du Collectif antifasciste et antiraciste de Corse, dénonçons avec fermeté l'incendie criminel, raciste et islamophobe de la salle de prière de Mezzavia. En s'attaquant à ce lieu, les auteurs de cet acte visent tous nos concitoyens de confession musulmane et, au-delà, tous les démocrates.

    En effet, quand un lieu de culte, quel qu'il soit, est saccagé, ce sont les valeurs et principes républicains qui sont mis à mal. Alors que la laïcité garantit à tous la liberté de conscience et de culte, il n'est pas tolérable que quiconque soit empêché de pratiquer sa religion, dès lors que la pratique de celle-ci s'inscrit dans le cadre de la Loi.

    L'incendie de ce samedi s'ajoute à une longue liste d'actes racistes survenus ces derniers mois, encouragés par des groupuscules fascistes qui tentent de se structurer en Corse comme ailleurs.  Ces actes s'inscrivent dans une logique de haine de l'autre ; ils sont le poison distillé par les extrémistes de tous bords, qui divise le peuple et fissure le vivre ensemble. En Corse comme ailleurs, il est temps de construire une société qui nous rassemble, au-delà des origines et des croyances. Nous affirmons que les identités de chacun, toujours plurielles, sont une source de richesse.

    Par ailleurs, alors que les auteurs des exactions commises aux Jardins de l’Empereur et à la salle de prière de Saint-Jean, en décembre dernier, n'ont toujours pas été arrêtés et encore moins jugés, nous nous interrogeons sur la responsabilité politique de l'État. En effet, faute d'une réponse à la hauteur des enjeux, tout se passe comme s'il était permis de s'en prendre aux lieux de cultes musulmans ainsi qu'aux personnes supposées pratiquer l'Islam. Même si les coupables de l'incendie survenu samedi ne sont pas encore identifiés, il ne fait aucun doute qu'ils ne pouvaient qu'être encouragés par le sentiment d'impunité qui règne depuis quelques mois.

     

    *Organisations signataires : Association populaire des Tunisien de Corse (APTC), Cercle Communiste Révolutionnaire Sambucucciu, CGT 2a2b, Corsica Palestina, EELV, FSU 2a2b, Jeunes communistes de Corse, A Manca Naziunala, Manca Alternativa / Ensemble, Parti Communiste Français, Per a Pace, RESF, Réseau VIA, Tarra d'accolta, Utopia.

     

     

     

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    Manifestations : les responsables seront les coupables.Est-ce que la hiérarchie policière tient aujourd'hui les mêmes propos que tenait jadis Maurice Grimaud? Quelles consignes leur donne le préfet Michel Cadot, encore un  énarque, installé à la préfecture de police de Paris en 2015 par l’actuel ministre de l’Intérieur ?

     

    Manifestations : les responsables seront les coupables.Maurice Grimaud donnait des consignes de rigueur professionnelle :

     

    "Je m'adresse aujourd'hui à toute la Maison : aux gardiens comme aux gradés, aux officiers comme aux patrons, et je veux leur parler d'un sujet que nous n'avons pas le droit de passer sous silence : c'est celui des excès dans l'emploi de la force.

    Si nous ne nous expliquons pas très clairement et très franchement sur ce point, nous gagnerons peut-être la bataille sur ce point, nous gagnerons peut-être la bataille dans la rue, mais nous perdrons quelque chose de beaucoup plus précieux et à quoi vous tenez comme moi : c'est notre réputation.

    Je sais, pour en avoir parlé avec beaucoup d'entre vous, que, dans votre immense majorité, vous condamnez certaines méthodes. Je sais aussi, et vous le savez avec moi, que des faits se sont produits que personne ne peut accepter. Bien entendu, il est déplorable que, trop souvent, la presse fasse le procès de la police en citant ces faits séparés de leur contexte et ne dise pas, dans le même temps, tout ce que la même police a subi d'outrages et de coups en gardant son calme et en faisant simplement son devoir.

    Je suis allé toutes les fois que je l'ai pu au chevet de nos blessés, et c'est en témoin que je pourrais dire la sauvagerie de certaines agressions qui vont du pavé lancé de plein fouet sur une troupe immobile, jusqu'au jet de produits chimiques destinés à aveugler ou à brûler gravement.

    Tout cela est tristement vrai et chacun de nous en a eu connaissance. C'est pour cela que je comprends que lorsque des hommes ainsi assaillis pendant de longs moments reçoivent l'ordre de dégager la rue, leur action soit souvent violente. Mais là où nous devons bien être tous d'accord, c'est que, passé le choc inévitable du contact avec des manifestants agressifs qu'il s'agit de repousser, les hommes d'ordre que vous êtes doivent aussitôt reprendre toute leur maîtrise.

    Frapper un manifestant tombé à terre, c'est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. Il est encore plus grave de frapper des manifestants après arrestation et lorsqu'ils sont conduits dans des locaux de police pour y être interrogés.

    Je sais que ce que je dis là sera mal interprété par certains, mais je sais que j'ai raison et qu'au fond de vous-mêmes vous le reconnaissez...."

    Manifestations : les responsables seront les coupables.Nous avons quelques raisons d’en douter et nous ne sommes pas le seul si on lit un article d’Edwy Plenel (30/04/2916, Médiapart). L’article commence ainsi : « Indifférent aux nombreux témoignages sur les violences policières, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a transmis aux préfets un télégramme de fermeté face aux manifestations sociales et aux rassemblements des « Nuit Debout ». Le comparer avec la lettre individuelle envoyée, en Mai-68, à tous les policiers par le préfet de police de Paris Maurice Grimaud, c’est prendre la mesure de la déliquescence de l’État sous cette République finissante ».

    Nous assistons à une escalade de la violence à chaque manifestation. La presse nationale ne parle plus que des « casseurs » (belle aubaine pour les chiens de garde) et les manifestants multiplient les témoignages de violences policières contre lesquelles le préfet Grimaud mettait en garde les policiers. Le gouvernement et, en première ligne, le ministre de l’Intérieur a décidé de traiter les violences policières avérées au coup par coup de façon à n’engager que des responsabilités individuelles. Il s’arrange avec sa propre responsabilité et celle de la hiérarchie policière. C’est la politique du lampiste, lorsque l’on ne peut pas le tirer d’affaires. Pourtant, la police est une administration et tous les policiers sont soumis à l’autorité de leur hiérarchie. Leur comportement est lié aux ordres qu’ils reçoivent et à la gestion faite des manifestations. Il suffirait qu’il y ait un agent de liaison entre la police et les organisateurs des manifestations pour éviter les dérives de part et d’autre. Les gens ne manifestent pas depuis le mois d’avril 2016. Les manifestations existent depuis des décennies et la police a largement eu le temps d’échafauder des stratégies pour y faire face. Au lieu de mettre le service d’ordre en opposition systématique aux manifestants, ne devrait-il pas assurer leur sécurité? La stratégie semble être celle de faire monter la pression. On nous parle de groupes de casseurs connus. Alors, s’ils sont connus, comment se fait-il qu’ils ne soient pas immédiatement interpellés et fouillés ? Les manifestants dénoncent des policiers habillés en casseurs aux comportements agressifs. Les policiers expliquent qu’ils ont pour mission d’interpeller les casseurs. Des manifestants expliquent que des policiers participent à la casse. Qui croire ? En général ces policiers font partie des BAC dont la première mission est la lutte contre la délinquance. Ils se montrent souvent violents vis-à-vis des manifestants qui n’ont rien de casseurs. Pourquoi mettre ces policiers déguisés au milieu des manifestants, avec tous les risques que cela comporte ? Enfin, sans revenir sur l’usage des bombes lacrymogènes ou autres armes, les Flashballs sont utilisés contre des manifestants sans que les policiers soient en danger. Cette arme dite non létale a causé des blessures graves. Les policiers en ont été dotés pour faire face à des agressions dans des lieux de non-droit, en prise avec des délinquants violents. Elle est utilisée de façon abusive lors des manifestations, alors que son utilisation a pour justificatif la légitime défense.

    Manifestations : les responsables seront les coupables.

     

    Des intellectuels et des politiques de gauche ont lancé un appel pour bannir le Flashball. Ils notent que ces armes ont, selon l'Association des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), fait «en France, entre 2004 et 2015, 39 blessés graves et un mort», et rappellent que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a recommandé en juillet dernier «d'interdire l'usage du "flash-ball superpro" dans un contexte de mobilisation». Le Flashball a déjà fait plusieurs blessés lors des dernières manifestations dont un étudiant qui a perdu l’usage d’un œil à Rennes. On se souvient du supporter du Sporting Club de Bastia qui a subi la même blessure invalidante. 

    Manifestations : les responsables seront les coupables.L’usage du Flashball ne constitue pas les seules violences qui pourraient être évitées par une gestion républicaine et démocratique des manifestations. Le gouvernement attend-il qu’il y ait un premier mort d’un côté ou de l’autre ? Chaque blessé de part et autre augmente les rancœurs et les envies de vengeance. La police est en train de se couper d’une partie de la population mais les vrais responsables ne sont pas les quelques policiers que leur hiérarchie ne pourra pas couvrir. Les responsables ne seront pas les casseurs qui profitent d’une curieuse liberté d’action. La responsabilité retombera sur les donneurs d’ordre, la hiérarchie policière, le Préfet de police de Paris, les autres préfets,  le ministre de l’Intérieur, le Premier ministre et le Président de la République.

    Nous redonnons la parole à Maurice Grimaud qui tire les leçons de Mai 68 :

    « Le 3 mai 1968 était un vendredi. Quand me réveillèrent, dans la chambre bleue de la préfecture, les cloches voisines de Notre-Dame, je devinai entre les persiennes des contrevents la limpide candeur du ciel matinal sur Paris… ".

    Mai 1968 ne fut pas une succession ininterrompue d'affrontements entre jeunes et policiers comme on serait tenté de le croire en visionnant aujourd'hui les images conservées par les médias. Dans le récit que j'en fais quelques années plus tard (En mai, fais ce qu'il te plait, Stock 1977), j'ai indiqué que nous avions eu à faire face, pendant ces six longues semaines, à seulement neuf journées ou nuits de grande violence. Le 10 mai fut la première et en a gardé durablement le nom de "nuit des barricades ".La violence y atteignit des paroxysmes, marquant une rupture inquiétante avec les manifestations relativement "modérées" des jours précédents.

    Le franchissement de ce palier, qui devait donner une tout autre dimension à la "révolution" de Mai 1968, mérite qu'on revienne sur ces causes. Deux circonstances fortuites contribuèrent à transformer en drame ce qui aurait pu et dû se limiter à un affrontement du type de ceux des journées précédentes. La première fut la fâcheuse décision du Premier ministre Georges Pompidou, de maintenir son voyage en Afghanistan qui le tiendra éloigné de le France pendant les dix premières journées, décisives à bien des égards, de cette crise majeure de la V° République. La seconde résulte de la première et l'aggrave : l'intérim du Premier ministre était assuré par un homme des plus estimables, M. Louis Joxe, garde des Sceaux, que ses précédentes fonctions n'avaient guère préparé à cette lourde tâche et qui ne se sentait pas l'autorité d'un vrai chef de gouvernement. Place Beauvau, le nouveau ministre Christian Fouchet, n'avait ni l'expérience ni l'autorité de Roger Frey, auquel il avait succédé quelques mois plus tôt. Il en résulta un sensible flottement dans la gestion des événements alors que M. Pompidou aurait sans doute évité ces tergiversations et pris rapidement, dans cette nuit mouvementée, les décisions apaisantes qu'attendaient les étudiants : la réouverture de la Sorbonne et la libération de leurs camarades condamnés à des peines de prison. Ce qu'il fit dès son retour à paris, le lendemain, mais c'était trop tard.

    La dramatisation de la nuit des barricades eut un autre effet de grande conséquence : la constitution d'un front de solidarité entre les étudiants, les leaders d'une gauche jusque-là aussi désorientée que le gouvernement et les formations syndicales, soucieuses de n'être pas débordées par leurs plus jeunes éléments. Son éclatante démonstration fut le grand défilé unitaire du 13 mai qui conduisit plus de 200 000 manifestants, de la gare de l'Est à Denfert-Rochereau, ce que l'on n'avait pas vu à Paris depuis plusieurs décennies.

    Cette journée était, elle aussi, chargée de dynamite, et un rien eut pu la faire exploser. Nous avions toutes les raisons de le redouter : une immense foule, très disparate, est à la merci de provocateurs comme il s'en est tant rencontré dans la longue histoire des troubles et des révolutions en France et dans le monde. Une certaine sagesse partagée évita ces redoutables dérives. D'abord le contact pu être établi avec les leaders les plus raisonnables du mouvement syndical.

    J'eus moi-même, à sa demande, un long entretien avec un leader du Syndicat national de l’éducation supérieure, qui partageait mes soucis et nous convînmes de garder le contact tout au long de la journée. On connut cependant un moment de réelle inquiétude lorsque l'équipage d'un véhicule de police secours, conduisant à l'hôpital un jeune accidenté de la circulation et traversant la place Denfert-Rochereau, fut agressé par un groupe de jeunes. Le brigadier avait demandé de l'aide par radio, et déjà une équipe armée d'une compagnie de sécurité volait au secours de leurs camarades. Pierre Cot qui se trouvait parmi les leaders politiques du grand cortège m'avait aussitôt appelé pour me dire que les responsables s'engageaient à assurer la sécurité de l'équipe de Police secours, alors qu'une intervention armée pouvait avoir les plus grandes conséquences. On rattrapa de justesse l'équipe de secours. Le moment délicat restait celui de la dislocation du cortège. Surexcités par le succès, les plus entreprenants lancèrent le mot d'ordre : "A l'Élysée". C'était l'assurance d'affrontements redoutables. Daniel Cohn Bendit, vrai leader du mouvement étudiant et le plus populaire, sut sagement détourner ses troupes vers le Champ de Mars pour de plus calmes occupations. On dut pousser dans les deux camps un grand soupir de soulagement ».

    Pidone

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  • En Corse, l’incendie de ce que l’on appelle tantôt salle de prières tantôt mosquée a eu un retentissement national que n’ont pas les autres actes islamophobes  sur le Continent, comme, si un acte islamophobe était plus grave sur l’Île de beauté qu’ailleurs. Le comité contre l’islamophobie en France (CCIF) publie sur son site une carte des actes islamophobes qui montre que ce phénomène n’est pas spécifique à la Corse et que le record est détenu par la région parisienne. Il est curieux de constater que ces actes y sont moins médiatisés par une presse pourtant omniprésente dans la capitale. Les événements d'Ajaccio s'inscrivent, hélas, dans une série d'actes islamophobes dont la fréquence a augmenté depuis les attentats contre Charlie Hebdo et ceux du 13 novembre, selon les observations du CCIF. En 2015, le 23 août, un incendie d'origine criminelle ravage la mosquée d'Auch (Gers), deux jours après l'attaque menée par un Marocain au profil de militant islamiste dans un Thalys entre Bruxelles et Paris. Le 6 août, la mosquée de Mérignac (Gironde) est la cible d'un cocktail Molotov qui provoque un début d'incendie... Le 8 juin, une mosquée en construction à Carpentras (Bouches-du-Rhône) est la cible d'un tirLe 9 janvier, dans le Pas-de-Calais, deux mosquées en chantier sont visées: une croix gammée dessinée à Liévin et à Béthune à côté d’un tag "dehors les arabes"… Pourquoi ces actes n’ont-ils pas le même traitement médiatique ailleurs qu’en Corse ? L’islamophobie en Corse sert-elle aussi de prétexte à la corsophobie des journalistes et politiciens jacobins ? N’est-ce pas la manifestation d’une intention de désigner les Corses comme les champions de l’islamophobie pour minimiser les scores sur le Continent ? Chaque acte islamophobe, où qu’il soit perpétré, incite à une réflexion sur ses causes qu’il ne faudrait pas perdre de vue, en ne s’arrêtant qu’à une réprobation convenue entre gens de bonne compagnie. Les causes de la multiplication des actes islamophobes sont les attentats de Paris et de Bruxelles, instrumentalisés par l’extrême-droite. Leurs auteurs sont  « djihadistes » et poussent à s’interroger sur l’Islam en France.

    Dans l’humanité du 12 avril, rubrique « débats et découvertes », trois personnalités ont donné leurs avis sur le thème « Quelles sont les racines du terrorisme se réclamant de l’Islam ?». Un journaliste-écrivain, un imam et un philosophe s’expriment.  Trois points de vue qui se complètent pour nous donner un éclairage sur ce terrorisme religieux qui menace la Terre entière. 

     

    Les racines sont-elles sociales ?

    Arezki Metref, journaliste et écrivain algérien, voit les racines du mal dans des massacres qui, avant Paris et Bruxelles, ont eu pour scènes de crimes l’Algérie dans les années 1990 dont la société algérienne ne s’est pas encore remise Il fait allusion à la dérive du FIS, après l’assassinat d’un de ses dirigeants Abdelkader Hachami qui tenait un discours rationnel et modéré, discours radicalisé dans la formation des jeunes « fous d’Allah » qui ont basculé dans le meurtre. Cette époque fut aussi celle des « années noires du journalisme en Algérie » que décrit le journaliste-écrivain Brahim Hadj Slkimane dans un ouvrage portant ce titre (Editions du Cygne, collection recto verso). Dans le journal « L’Humanité », Son confrère Arezki Metref commence par traiter les terroristes de «mutants » qui sèment la mort et estime que la décence demeure la compassion et la solidarité envers leurs victimes. Pour lui, même la colère est salutaire. Toutefois il s’élève contre les « logorrhées »  verbales qu’elle déclenche. La peur fait causer, dit-il ironiquement. Les mêmes clichés reviennent : «  Le culte de la mort est inscrit dans leurs chromosomes ». La question est vite posée : «  Sont-ils intégrables à l’Occident, ces immigrés ? ».

    Après l’attentat du 26 août 1992 à l’aéroport d’Alger, Arezki Mertref déplore que personne n’ait lancé « Je suis Alger ». Il revient sur le thème soulevé en s’interrogeant : « Comment le salafisme, après s’être fait les dents sur des pays comme l’Algérie, a-t-il pu s’ancrer en Europe  (la réponse est dans sa question lorsqu’il la développe en ajoutant…), se greffer sur la ligne de fracture sociale, et convertir instantanément en adorateurs de la mort, puis en bombes humaines, des jeunes désertés par l’espérance, laissés sur le bas côté du banquet de la mondialisation ? Banquet ? Pas pour tout le monde. »

    Nous l’avons compris, Areski Metref s’insurge contre les experts médiatisés qui ne voient rien de social dans le phénomène djihadiste et font peser le soupçon sur tous les arabes, suspects d’être musulmans donc potentiellement djihadistes. Il évoque ceux qui ne croient pas à une assimilation possible. Pour lui, en France comme en Algérie,  la réponse est la ghettoïsation, le chômage, la pauvreté et le désespoir social. Ensuite ces jeunes tombent entre les mains de prédicateurs salafistes qui profitent de l’homologation d’associations religieuses et du vote communautaire recherché par les politiciens. Sur le plan international, il stigmatise ce qu’il appelle le « wahhabisme matriciel », généreux en pétrodollars. C’est aussi avec l’Arabie Saoudite et le Qatar que les pays occidentaux font des affaires. Il revient sur la légion d’honneur remise à un dignitaire saoudien par François Hollande. On ne peut pas décorer celui qui fournit l’argent et la légitimité au terrorisme islamiste.

    Pour ce journaliste algérien, nier les racines sociales du basculement, c’est s’aligner sur le mal originel, celui que le musulman porte en lui. Il considère que l’objectif des Djihadistes est de creuser le fossé entre musulmans et non-musulmans, fossé pré-creusé par le racisme et la xénophobie. Vont-ils y parvenir ?

     

    Quelle est la vraie lecture du Coran ?

    Tareq Oubrou, Imam de Bordeaux, s’attache à des explications et démonstrations théologiques. Pour lui, dans la tradition théologico-politique sunnite et chiite, la violence des djihadistes de Daech n’est pas autorisée, même en cas de revendication légitime, parce qu’elle conduit à la guerre civile. Pour lui tuer des civils est une lâcheté et seul l’Etat peut user d’une violence légitime (en se référant au concept de Max Weber). Heureusement qu’il cite le sociologue Max Weber, ce qui enlève toute ambiguïté à sa phrase, lorsque l’on passe à des Etats islamistes comme l’Arabie Saoudite et le Qatar pour n’en citer que deux.  Max Weber (1864-1920) considère que la "violence légitime" est la condition nécessaire, si ce n'est suffisant, pour qu'une institution puisse être appelée "Etat". Pour lui, l'Etat est une "entreprise politique à caractère institutionnel lorsque et tant que sa direction administrative revendique avec succès, dans l'application des règlements, le monopole de la contrainte physique légitime" (Max Weber, "Le Savant et le politique", 1919). Le monopole résulterait de ce que les sujets de l'Etat consentent, par tradition ou par un désir d'égalité, à ce que celui-ci soit le seul à pouvoir exercer une violence sur son territoire, de façon légitime, en s'appuyant sur les forces policières, militaires ou juridiques. Dans une démocratie, la "légitimité" de cette violence est basée sur la conformité au droit et à l'équité, elle-même définie par la raison, le bon sens, la justesse et la mesure. La violence légitime ne peut s’affranchir des droits de l’homme ! Il faut le préciser pour se rassurer !

     

    Cet Imam nous explique aussi que le martyr n’est pas le kamikaze et que la califat est une notion théologico-politique désuète pour finir par dire que la méthode de Daech est laïque et s’appelle l’administration de la sauvagerie. Voilà Daech sécularisé ! Daech n’aurait rien à voir avec la religion.  Le problème avec les explications théologiques est que chacun a les siennes. Qui sont les imposteurs ? Entre Wahhabisme, salafisme, islamisme et soufisme mais aussi entre sunnites, chiites et autres communautés musulmanes, on s’y perd. Nous ne demandons qu’à croire Monsieur Tareq Oubrou lorsqu’il parle d’un Islam de paix, inspiré par le recherche de la sagesse. Nous vous proposons l’une de ses interventions d’autant plus intéressante qu’elle s’adresse à ses fidèles. Il aborde la signification du « El Djihad ». Si les premiers mots d’accueil sont en arabe, tout le reste est en français…

     

    Il est vrai que, si l’on regarde les exécutants des attentats, ils apparaissent le plus souvent comme des délinquants déculturés, manipulés par des fanatiques. Toutefois, il ne s’agit que des exécutants. Si l’on regarde le wahhabisme sunnite décrié par le journaliste Arezki Metref ou, du côté chiite, l’Iran devenu fréquentable pour des raisons de stratégie géopolitique mais encore, en Turquie, le projet de constitution religieuse de l’islamo-conservateur sunnite Erdogan aux portes de l’Union Européenne, s’agit-il d’un islamisme conforme à la religion de paix qui nous est décrite ou bien de dictatures qui administrent la sauvagerie ? En passant de la dictature laïque à une forme plus liberticide mais religieuse, Erdogan a-t-il mal lu le coran ou bien s’en sert-il pour asseoir sa dictature? En jouant le double jeu avec Daech, Erdogan est-il manipulé par des fanatiques ou les manipule-t-il ? A y réfléchir, le problème n’est pas aussi simple que de séparer le vrai Islam pacifique du salafisme et autres dérives sectaires.

     

    Une critique publique et intransigeante des dogmes

    La troisième personnalité est Yvon Quiniou, philosophe. Il se sent obliger de dire, en préliminaire, qu’il ne veut pas stigmatiser les musulmans dans la pratique quotidienne de leur culte et qu’il n’a pas oublié les violences perpétrées par le christianisme dans le passé. Il ne veut pas occulter les causes sociopolitiques de ce que nous vivons aujourd’hui. Il s’agit de ce dont a parlé Arezki Metref en y ajoutant le colonialisme (et le néo-colonialisme). Il ne veut toutefois pas verser dans la démission de certains intellectuels de gauche face à l’Islam et à son texte fondateur, le Coran. Pour lui les idées religieuses ne sont pas qu’un simple reflet de toutes ces causes historiques et sociales. Les terroristes ne sont pas tous des victimes irresponsables. Il ne s’agirait pas de les dissocier des croyances qui les animent et justifient leur barbarie. Leur violence peut trouver sa source dans le Coran, justement selon l’explication théologique qui en est donnée. On y trouve la haine des infidèles et même des « incrédules » et le fameux « Djihad » qui est peut-être un appel à un effort religieux sur soi mais aussi une incitation à faire la guerre jusqu’à la mort.  Ceux qui se lanceraient alors dans une guerre sainte sont des martyrs assurés de leur salut au paradis. Ensuite l’amour ne concerne que l’ummat, la communauté musulmane. Nous passerons sur toutes les prescriptions qui peuvent être soumises à la critique objective. Selon Yvon Quiniou, justement l’Islam est une religion peu enclin à la critique et qui exige la soumission absolue à la parole divine. Le croyant n’a pas le droit de penser librement. Il cite Abdelwahab Meddeb, spécialiste du soufisme et favorable à un Islam libéral, qu’il invite à lire : « l’islamisme est une maladie de l’Islam, mais les germes sont dans le texte ». 

    Il faudrait questionner les musulmans et les pousser dans leur retranchement en faisant appel à leur intelligence et à la morale (au sens philosophique du terme) pour qu’il prenne conscience du potentiel totalitaire que comportent leurs croyances.

    Cet effort de questionnement me fait penser à une anecdote racontée par Florian Zeller dans son livre « La fascination du pire » sur Tariq Ramadan, intellectuel petit-fils du fondateur des Frères musulmans.  Dans une émission ce dernier a tenté d’expliquer le port du voile en parlant de cette fameuse « pudeur ». Un philosophe, qui n’est pas cité, lui aurait demandé ironiquement : Dans ce cas pourquoi les hommes ne portent-ils pas le voile ? Le visage de la femme est-il plus impudique que celui de l’homme.  Tariq Ramadan n’est pas le « délinquant déculturé manipulé » que décrit l’imam Tareq Oubrou.  Il s’agit d’un prédicateur musulman, théologien et islamologue suisse, d'origine égyptienne. Son frère, Hani Ramadan, réside à Genève où il dirige le Centre islamique de Genève. Il s'est fait remarquer après avoir publié un article sur la Charia dans Le Monde, dans lequel il dit de la lapidation qu' elle constitue une punition, mais aussi une forme de purification. Ne nous a-t-on pas informés de l’utilisation des fratries dans le terrorisme islamiste ? Est-ce vrai chez des intellectuels comme chez des petits délinquants ?

     

    Quoi penser des trois analyses ?

    Il y a une part de vérité dans chacun des points de vue commentés mais ceux du journaliste et du philosophe me semblent complémentaires et plus objectifs que le cours théologique d’un imam, serait-il pacifiste et humaniste convaincu.

    Tout en respectant la foi des croyants, dans son livre Critique de la religion, Yvon Quiniou s’attaque aux structures religieuses, dans l’esprit de la philosophie des Lumières et de grands penseurs du XIXe siècle. Pour lui, les hommes doivent inventer les règles d’une vie collective apaisée à partir de leur raison commune. Cela rejoint le « concept de violence légitime » évoqué par l’Imam qui fait référence à Max Weber, dans la mesure où ce concept place l’humain d’abord et dans sa diversité, là où cette violence ne sert pas à soumettre des peuples.

    Le terrorisme et ses causes sociales ne doivent pas occulter le problème posé par les religions en ce qui concerne le vivre ensemble. L’acceptation d’une laïcité détournée de son sens originel conduit à l’intrusion du religieux dans la vie sociale et dans le politique. La religion est une affaire personnelle entre l’homme et la mort, entre le croyant et son dieu. La religion est d’abord une idéologie de la mort mais il s’agit de notre propre mort et de celles de nos proches. Elle est aussi une négation de la mort en donnant l’espérance d’un vie éternelle. Elle est dans le périmètre de notre liberté de penser, de croire ou de ne pas croire. Comme toute autre liberté, la liberté de culte s’arrête où commence la liberté des autres,  croyants, agnostiques ou athées. Croire ne doit pas empêcher les autres de penser librement, de parler librement, de vivre librement.  Les intégrismes religieux n’acceptent pas les infidèles, ceux qui n’ont pas la même foi qu’eux car leur foi est un don de Dieu qui ne se refuse pas. Ils veulent soumettre les autres à leurs lois divines. Ce sont alors des imposteurs qui font des procès en sorcellerie. Leur propagande s’apparente à l’argumentation des escrocs qui choisissent leur public et leurs cibles. Ils vont jusqu’à administrer la sauvagerie pour prendre le pouvoir. Ils conduisent les peuples à des guerres civiles et à des génocides. Ils sont les ennemis des démocraties puisqu’ils remettent en cause, sans raison commune, la cohésion sociale en forçant au communautarisme religieux. Leur pratique de la religion, pour reprendre une formule de Victor Hugo, « n’est pas autre chose que l’ombre portée de l’univers sur l’intelligence humaine ». Quelles que soient les causes des dérives djihadistes et sans les sous-estimer, le « nazisme religieux » est inacceptable et tous ceux qui le favorisent devraient être combattus, à commencer par les ennemis de la laïcité. L’abdication, le silence  et l’indifférence sont propices aux crimes contre l’humanité.

    Il ne s’agit plus de faire preuve d’angélisme envers les revendications religieuses, car le vivre ensemble est fait de règles rationnelles acceptées par tous. La laïcité en est une, alors que les religions sont causes de fractures sociales. Si la laïcité ne remet pas en cause la liberté de culte, elle ne devrait souffrir d’aucune faiblesse dans les écoles et les administrations. Par ailleurs, l’Islam n’ayant pas de clergé bien identifié, il serait opportun d’inviter les Français musulmans pratiquants à clarifier  leur religion comme l’a fait l’Imam Tareq Oubrou dans les pages du journal L’Humanité et dans la vidéo ci-dessus. La création d’un clergé orthodoxe permettrait à l’Islam de sortir de ses contradictions et de rejeter les imams autoproclamés qui manipulent les esprits faibles en les attirants dans le salafisme avant d’en faire des criminels djihadistes. Les Musulmans devraient faire de la tolérance religieuse un pilier de l’Islam. La pratique de l’Islam n’est pas simple en France tant que des salles de prières s’ouvriront de façon anarchique pour des prêches salafistes. Par ailleurs, on ne peut laisser des Etats religieux financer des lieux de culte en France pour y faire du prosélytisme intégriste et fabriquer des asociaux dangereux.

     

    La laïcité comme règle réaffirmée

    Il est important, à nos yeux, de souligner que l’Etat doit être laïc et le rester radicalement, sans faiblesse. La neutralité de l'État à l'égard des confessions religieuses ne consiste pas à favoriser le prosélytisme des uns ou des autres. Cela implique de veiller à la stricte séparation entre le politique et le religieux. Par ailleurs, l’Etat laïc doit contrôler le financement et la théologie  dans tous les lieux de culte afin de protéger les citoyens des organisations sectaires et de ne pas cautionner les Etats religieux qui ne respectent pas les droits de l’homme. Le journaliste algérien Arezki Metref a raison, on ne peut pas combattre efficacement le djihadisme et Daech, en assumant des relations stratégiques (selon les termes de Manuel Valls) avec le Wahhalabisme et le salafisme. On ne peut pas décorer de la légion d’honneur un dignitaire saoudien et condamner les égorgeurs de Daech. L'accommodement (voire l’hypocrisie ou la complicité) envers la barbarie intégriste ne doit pas avoir pour curseur les pétrodollars et les ventes d’armes.  

    Enfin, il est urgent de prendre conscience que les mesures contre le prosélytisme religieux sont urgentes et doivent stopper la radicalisation islamiste pour éviter de creuser davantage le fossé entre les musulmans et l’Occident. En France, lutter contre les signes ostentatoires et le prosélytisme,  c’est lutter contre le racisme et la xénophobie qui sont le fonds de commerce de l’extrême-droite. Seule la laïcité bien comprise permettra que la situation n’empire pas. La laïcité n’est pas la permission donnée à une religion d’envahir l’espace public.  Cet envahissement est déjà dénoncé et amplifié par l’extrême-droite à des fins électorales. Le favoriser serait une erreur grave de conséquences. Chaque religion devrait accepter, sans revendication cultuel,  la laïcité dans l’espace public et s’y conformer sans le recours à des condamnations. La loi a d’abord un but préventif et ne la voir que sous son angle répressif ne résout rien.

    La basilique de Montmartre a été souillée par des inscriptions : « A BAS TOUTE AUTORITE», «FEU AUX CHAPELLES», «NI DIEU NI MAITRE NI ETAT» «A BAS DIEU» «1871 VIVE LA COMMUNE». Il ne s’agit pas d’un acte antichrétien venant de croyants d’une autre religion mais de slogans anarchistes visant une basilique, construite pour «laver Paris de l'affront de la Commune» et de ses 30.000 morts. Le symbole  politique était visé, non pas les fidèles de ce lieu. Même s’il est condamnable, cette dégradation d’un lieu de culte est ni raciste ni xénophobe. Il n’est pas question de l’accepter mais de faire la part des choses.

    A Ajaccio, une salle de prières a été incendiée. Ce n’est pas le symbole qui est visé mais les Musulmans qui fréquentent ce lieu pour les en priver. Ce n’est  justifiable et tolérable pas plus qu’ailleurs. A rebours, ce n’est condamnable pas plus qu’ailleurs. Nos propos ne remettent pas en cause la liberté des cultes et ne justifient aucune violence xénophobe ou raciste. Incendier une salle de prière, c’est se comporter comme les djihadistes vis-à-vis des autres religions. Ces incendiaires ne valent pas mieux que les djihadistes. Cependant, si l’Etat doit protéger les lieux de culte, il doit aussi veiller à ce que ces lieux ne soient pas des implantations sauvages qui perturbent la vie des gens dans tout un quartier. La première des libertés que l’Etat doit protéger, c’est celle du citoyen athée, agnostique ou croyant mais quelle que soit sa religion. C’est par une réglementation plus stricte et mieux respectée des implantations cultuelles que l’on évitera des actes criminels.

    Aussi, comme le fait remarquer le journaliste Arezki Metref, on ne va pas continuer à confier des jeunes à des prédicateurs salafistes et homologuer les associations religieuses comme interlocuteurs des politiques en tant que représentantes de l’immigration. Si les politiciens se servent du vote communautaire, ils le font parfois au détriment de la laïcité et donc de l’intérêt général. Ils sont alors responsables des dérives intégristes comme c’est le cas à Molenbeek en Belgique. On peut, aujourd’hui, en mesurer les conséquences tragiques. Le clientélisme religieux est responsable de la montée de l’islamophobie qui profite à l’extrême-droite et à la droite. La peur du djihadisme fait progresser la xénophobie et le racisme, en peuplant  une  clientèle électorale que l’extrême-droite et la droite se disputent.  

    Nous sommes persuadé qu’à la trilogie républicaine « Liberté, égalité, fraternité », il faudrait ajouter « Laïcité ». Ce siècle ne doit pas être religieux et s’il a besoin de spiritualité, nous conclurons sur les mots de Stéphane Hessel : « Nous avons besoin d'un leadership démocratique dans le monde entier, en accord avec cet exercice laïc de l'esprit, en faveur de la non-violence, de la compassion. Démocratie laïque, oui, ce qui n'exclut pas un plan plus élevé, la spiritualité de la tolérance ».

    U Barbutu  

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