• C’était un secret de polichinelle, Simon Renucci vient de confirmer son intention de briguer un troisième mandat de maire. Le dernier assure-t-il dans une interview accordée au journal Corse-matin. « C’est l’opportunité de continuer à bâtir l’avenir », affirme-t-il. Et de rajouter que son bilan est bon. Lui et son équipe municipale sont parvenus à relever une situation désastreuse laissée par ses prédécesseurs bonapartistes et de droite. Certes, il reste encore beaucoup de choses à réaliser. C’est le but de son troisième mandat, s’il est élu.

    Une liste autonome du Front de gauche dès le premier tour

    Dans son interview, Simon Renucci aborde également les questions des prochaines Municipales et des alliances à nouer. Il se déclare favorable à un accord, dès le premier tour, avec le Front de gauche ! Nous savons que des tractations sont en cours. Sur cette dernière question, nous devons émettre quelques réserves. En réalité, Simon Renucci n’a pas engagé de discussions avec le Front de gauche, mais seulement avec des éléments du Parti communiste. La différence est de taille. Nous tenons à le souligner afin d’éviter que ne s’installe la confusion. Manca alternativa n’a pas été consultée. Elle fait partie du Front, jusqu’à preuve du contraire. Sa position est connue, même si certains media, comme Corse-Matin n’ont pas diffusé l’information. Elle est favorable à la présentation d’une liste autonome dès le premier tour. La raison ? Le Parti socialiste et ses alliés locaux du Parti social-démocrate de Simon Renucci soutiennent sans rechigner la politique de François Hollande et de son gouvernement. Politique basée sur l’austérité et la récession conformément au diktat de la Troïka et des marchés financiers. Nous ne pouvons pas cautionner une telle politique. Alors, d’aucuns peuvent nous rétorquer que les Municipales n’ont rien à voir avec le national. C’est la position qu’a défendue discrètement Simon Renucci dans son interview. Faux. Tout est lié. Un seul exemple. Les dotations aux communes sont en baisse. Les conséquences sont mesurables sur le terrain. Moins d’investissements dans les équipements de la commune ou tentation d’augmenter substantiellement les impôts locaux pour faire face aux besoins. Autre argutie avancée par les partisans d’une liste unique avec les socialistes dès le premier tour. Dans le cas contraire, la Municipalité risquerait de tomber entre les pattes de la droite, voire du Front national.

    Le piège du vote utile

    On en appelle donc au vote utile. On nous a déjà fait le coup à plusieurs reprises dans le passé. Le dernier en date, lors de la Présidentielle. Un nombre non négligeable d’électeurs de gauche et potentiellement proches du candidat Mélenchon ont choisi au dernier moment François Hollande. Résultat, on s’est retrouvé avec un Parti socialiste en position de force, y compris à l’Assemblée nationale où il  a obtenu la majorité absolue et un Front de gauche sans poids réel. La porte était ainsi ouverte pour que le nouveau président et son gouvernement jettent aux orties tous les engagements de la  campagne électorale et empruntent sans retenue la voie de l’austérité, avec les conséquences qu’on apprécie aujourd’hui : aggravation du chômage, impôts sur le revenu en hausse pour des millions de Français, nouveaux cadeaux pour les entreprises, et projet de budget 2014 qui ne laisse rien augurer de bon, etc.

    Dans le contexte actuel, les Municipales, qu’on le veuille ou non, seront un test national pour le pouvoir en place. Déjà la droite monte au créneau sur ce thème et le Front national tranquillement engrange une partie du mécontentement populaire. Par conséquent, on ne peut retenir le caractère strictement local du scrutin, au risque de se réveiller un matin, à nouveau, avec la gueule de bois.

    Pour sa part, Manca alternativa s’interdit d’ajouter de la confusion à l’enfumage actuel. On a besoin de clarté. On ne peut pas critiquer une politique nationale et s’allier à des partenaires locaux qui cautionnent cette politique.

    Donc, pas question de se laisser séduire une fois de plus par le vote utile. De nouvelles désillusions seraient préjudiciable à la gauche, y compris au Front de gauche. De nombreux électeurs se réfugieraient dans l’abstention ou encore – et c’est plus dangereux – dans les bras du Front national ou dans ceux d’un petit ambitieux au service de la droite locale qui décidément à la mémoire courte sur son propre bilan pendant des décennies.

    Manca alternativa continuera à œuvrer pour la constitution d’une liste autonome dès le premier tour des Municipales, comme elle contribuera, avec ses moyens, à la construction de cette grande force sociale et politique qui fait cruellement défaut dans notre  pays, force pour une vraie alternative de gauche. Au second tour, elle est favorable à la constitution d’une liste de toutes les composantes de la gauche, en fonction du poids de chacune, sur la base d’un programme clair, répondant aux intérêts bien compris des Ajacciens et débarrassé de toute politique clanique et autres cumbinazione qui ont tant fait de mal à la Corse et aux Corses.

    Manca alternativa ira aux contacts de la population d’Ajaccio pour expliciter sa position en organisant des débats, des conférences, des rencontres avec toutes celles et tous ceux qui souhaitent un véritablement changement, dans la ville et hors la ville.

     

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  • Pendant La semaine dernière,  l’actualité aura été à prédominante nationale avec l’affaire Fiona, les Roms et le travail le dimanche. Trois sujets bien différents mais qui ont un point commun : l’instrumentalisation de l’actualité.

    1°/ Nous sommes d’accord pour dire que la mort de la petite Fiona est une tragédie et que les attitudes de sa mère et de son compagnon ne plaident pas en leur faveur. Pour notre part, nous nous en tiendrons à cette considération et laisseront la justice faire son travail le plus sereinement possible. Par contre, nous dénonçons l’instrumentalisation du martyre d’une enfant lorsque que nous apprenons l’ouverture sur Facebook d’une page "La peine de mort pour la mère et le beau père de la petite Fiona"  qui compte des milliers de fans. Créée le 25 septembre, l’administrateur a dit qu’il souhaite : "Que la sanction soit terrible" en ajoutant  : "Le titre est fait pour avoir un impact lourd mais je sais très bien que la peine de mort n'existe plus en France !(très regrettable croyez-moi)". Une autre page "Peine de mort pour Cécile Bourgeon", agrémenté de l’injure  "Cécile Bourgeon la pute" dans son url, a déjà rassemblé près de 10.000 personnes. On peut y ajouter d’autres pages comme "Pour que Cécile Bourgeon et Berkane Maklouf soient condamnés à mort" et les flots de commentaires haineux qui y sont déversés. Les partisans de la peine de mort n’hésitent pas à jouer les charognards tout en s’apitoyant sur le sort des victimes. Ces pages de Facebook  en sont encore la manifestation nauséabonde. Les réseaux sociaux ne véhiculent pas que des bons sentiments et là nous sommes dans le pire.

    2°/ Quel cynisme déployé dans l’instrumentalisation des nuisances qu’apporte un camp de Roms à quelques riverains et aux larcins commis par quelques individus !  D’abord on réduit les Roms à des nomades vivant de rapines et de mendicité. On se souvient des propos racistes du maire UMP de la Ville de Croix (Nord) : il a déclaré (suite au drame de Nice) « que si un Croisien commettait l’irréparable contre un Rom il le soutiendrait ». Le rapprochement de l’UMP avec le Front National est en marche. Fillon peut s’en réjouir. Rares sont les journalistes qui expliquent que sous l’appellation de « Roms », on veut chasser de France des familles roumaines qui ont fui la misère et la discrimination dont ils sont les victimes dans leur pays. Tous ne sont pas des nomades contents de l’être mais nombreux sont des SDF contraints de l’être. Ils sont 17.000 en France et Paris, compte à elle-seule 20.000 d’autres SDF bien français… Les Français sont-ils d’accord  pour montrer du doigt des pauvres à qui on refuse l’eau, interdit des métiers, à qui on refuse des logements et qu’on jette hors de leurs campements. Sentiraient-ils peut-être trop mauvais ?  Que la droite et l’extrême-droite utilisent les Roms comme les bouc-émissaires de leur politique d’émigration et sécuritaire, ce n’est pas nouveau mais qu’un ministre de l’intérieur d’un gouvernement de gauche déclare que les Roms ne veulent pas s’intégrer et doivent être renvoyés chez eux, c’est nouveau. Voilà une position droitière qui amène ceux qui le croyaient encore à se demander si Hollande, Ayrault et Valls sont toujours à gauche. ( Pour notre part, la question est  réglée depuis plusieurs mesures comme les plus emblématiques que sont l’accord ANI et le crédit d’impôt de 20 milliards aux entrepreneurs).  On oublie que les Roms sont des Roumains et donc des Européens à qui on a réservé un statut spécial en France puisqu’ils n’ont pas le droit d’y travailler contrairement aux ressortissants des autres pays de la communauté européenne.  Ce statut discriminatoire prendra fin bientôt mais on les stigmatise pour accélérer les destructions des camps et les expulser pour faire de la politique-spectacle en vue des prochaines élections municipales. L’Europe a ainsi, en son sein, des pays qui considèrent les Roms comme une sous-catégorie d’Européens, une sous-catégorie humaine. Alors d’aucuns disent que l’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, d’autres tempèrent en ajoutant qu’on peut juste en prendre une partie. On préfère sans aucun doute la libre circulation des marchandises et des capitaux à celle des hommes. On préfère délocaliser les entreprises pour exploiter la misère des salariés dans leurs pays (En Roumanie par exemple) plutôt que de voir ces travailleurs venir chercher des salaires décents en France. Il faut rappeler aux racistes ce que Jean-Luc Mélenchon répète : « Frapper les pauvres c’est le fumigène des lâches ! La France aura honte un jour de ces moments glauques et cruels comme elle a eu honte des pogroms d’italiens et de polonais des années 20, des magrébins des années 60». Les déclarations xénophobes du Ministre de l’intérieur sur les Roms divisent le gouvernement. Mme Cécile Duflot a fustigé son collègue. Il est regrettable qu’elle ait accepté platement d’être tenue à l’écart de la politique en matière d’environnement et d’écologie alors qu’elle représente le parti des Verts. Nous ne l’avons pas entendue sur d’autres sujets sociaux. Cette rodomontade subite et inhabituelle de la ministre de légalité des territoires et du logement (qualifiée jusqu’alors de bon élève du gouvernement) ne fera pas oublier les divergences dans son parti avec ceux qui restent attachés à la politique environnementale et à l’écologie dont les Verts ont été écartés.

    3°/ Pour terminer ce triptyque  de l’actualité nationale, nous avons eu droit à de nombreux reportages sur les interdictions faites à des grandes surfaces du bricolage en ce qui concerne leur ouverture du dimanche. Les média ont voulu démontrer que les mentalités avaient évolué et étaient en décalage avec les partisans du dimanche chômé. Les Français veulent travailler plus y compris le dimanche pour gagner plus. Voilà le slogan de Sarkozy qui refait  surface  dans les grandes surfaces employeurs connus pour des salaires très bas et un turn-over important des CDD. Mêmes les Catholiques seraient d’accord avec le travail du dimanche. L’un d’eux déclarait qu’il pouvait aller à la messe le dimanche matin et faire du shopping dans un centre commercial l’après-midi (Sans doute est-ce le même que la présence d’un Rom demandant la charité dérange. Prie-t-il pour la paix de l’âme de Fiona ou le châtiment des coupables).  En écoutant bien les salariés interrogés, on se rend compte qu’ils veulent travailler le dimanche pour s’en sortir et boucler les fins de mois. Parmi eux, on trouve des étudiants. Parmi eux certains  travaillent pour payer en collocation des loyers exorbitants car les bourses ne suffisent plus à ceux qui n’ont pas de logements sociaux. Ce sont ceux qui ont été donné en exemple. D’autres de familles plus aisées travaillent pour se faire de l’argent de poche pendant que des travailleurs sont au chômage. Ne serait-il pas juste que tous les étudiants aient les moyens d’étudier sans travailler dans un commerce le dimanche ? Ne serait-il pas plus juste que les salariés des commerces de grandes surfaces soient mieux  payés ? Le travail du dimanche est un faux problème qui cache la réalité du monde du travail. Beaucoup travaillent ou veulent travailler le dimanche non par choix mais par nécessité. Le travail le dimanche vient contrer les hausses de salaires dans des commerces qui profitent de l’inflation. Au lieu d’augmenter le SMIG, on les fait travailler le dimanche pour qu’ils aient la possibilité de boucler leurs fins de mois pendant que ceux qui les exploitent augmentent leurs profits. Comme toujours, le chantage au chômage reste l’arme des ultralibéraux de la finance. Les journalistes ne parlent pas souvent des employés en grève de la faim pour sauver leurs emplois et leurs entreprises. Cette actualité ne les intéresse pas et fait tâche sur la propagande en faveur des heures supplémentaires et du travail le dimanche. On a fait du retour de François Hollande à Floranges un succès alors que sa proposition d’y ’implanter un centre de recherche est une tartuferie de plus après la fermeture des hauts fourneaux. On claironne une baisse insignifiante des chômeurs lorsque de nouveaux plans de licenciements se profilent à l’horizon 2014. Et pour enfoncer le clou, On fait la promotion du travail le dimanche pour annoncer in fine un assouplissement de la législation. On crée des ventres mous dans notre société pour s’y enfoncer.

     Au Parti Socialiste, On pratique la politique du « tiède au ventre mou ». Comme le dernier paragraphe parle du dimanche, Jour du Seigneur pour les Catholiques, cela nous rappelle le titre d’un film de Robert Guédiguian « Dieu vomit les tièdes[1] ». Ce titre est inspiré par un verset de la Bible (Apocalypse 3:14-16) : « Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. » La politique tiède du gouvernement et du Chef de l’Etat sera rejetée demain.

    Nous devons rester lucides devant une information qui est de la propagande. Les médias mesurent avec des sondages non pas l’opinion publique mais l’impact de cette propagande. Tout cela montre le mépris des classes dominantes envers le peuple considéré comme manipulable sur tous les sujets d’actualité. Les conteurs de la politique sont  dans les grands médias.  Tous ces story-tellers  nous racontent des histoires qui détournent  la vérité pour  l’instrumentaliser. On nous raconte aussi longuement des histoires sordides de meurtres d’enfants pour détourner notre attention des grands problèmes de société (travail, santé, école… services publics). On nous montre le mal dans l’homme en évitant de parler du mal dans la société.

    Fucone



    [1]  C'est une oeuvre sans nostalgie, lucide, désenchantée, profondément émouvante, qui parle de l'usure du temps, de la fin du rêve, des transformations d'une société durcie par l'indifférence, la cupidité, taraudée par le racisme…

    dieuvomit

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    La sauvegarde des langues régionales fait l'objet d'un débat tant au niveau national qu'au niveau européen. Le Parlement européen vient de voter un rapport sur cette question. Il confirme à une très large majorité la volonté d'assurer la perennité de ces différentes langues, dont le corse. Il est pour le moins regrettable que Jean-Luc Mélenchon se soit prononcé contre le rapport. Cette prise de position suscite des réactions. Nous en publions une, celle du Réseau Langues et Cultures de France. De même nous publions la position de Jean-Luc Mélenchon.

     

    LETTRE OUVERTE A JEAN LUC MELENCHON

     

    Monsieur le Député,

     

    Le Parlement européen vient d’adopter, ce mercredi 11 septembre, le rapport sur les langues européennes menacées de disparition et la diversité linguistique au sein de l’Union européenne.

    Notre réseau se réjouit de cette avancée. Nous sommes conscients que l’adoption de ce rapport ne règlera pas les questions soulevées par la nécessité de valoriser la diversité culturelle, comme l'UNESCO y engage ses membres, de fait d'ailleurs il n’engendre aucune obligation pour les états membres. La France est donc invitée à ratifier la Charte et à s’engager à la mettre en œuvre.  Ces recommandations s’accompagnent de mesures que nous avons toujours défendues, à savoir « Déployer des politiques ambitieuses et volontaristes de revitalisation des langues et en consacrant un budget suffisant à cet objectif ».

    Dès le mois d’avril, nous avions été sollicités par Mme Marie-Christine Vergiat, députée européenne de la région Sud-Est (PACA, Rhône Alpes, Corse), Front de Gauche, afin d’apporter notre contribution à la préparation de ce débat. Nous enregistrons avec satisfaction la prise en compte des amendements qu’elle a déposée.

    Monsieur le Député européen, vous comprendrez que notre surprise, devant votre vote négatif (seul vote de gauche au milieu de celui de personnes qui ont toujours affiché leur refus de l’autre et de la diversité culturelle) a été grande et engendre une profonde amertume.

    Pour nous la position du Front de gauche est celle exprimée par Marie-Christine Vergiat et le vote de son groupe (http://www.eurocitoyenne.fr/content/le-parlement-europeen-soutient-la-diversite-linguistique). Nous regrettons que votre vote tende à dénaturer le vote des autres députés de votre groupe et permette de revivifier une campagne insidieuse sur le rapprochement des extrêmes.

    Vous êtes le Député européen de la circonscription Sud-Ouest qui recouvre le territoire français de langues et cultures basque, catalane et presque la moitié de celui de culture occitane.

    À ce titre nous aurions apprécié que votre démarche soit identique à celle de Mme Vergiat, mais nous avions pensé qu’en tant que coordinatrice de la Commission Culture-éducation elle exprimait la volonté du groupe GUE/NGL, dont est membre le Front de Gauche, d’animer cette réflexion collective. Nous avions retrouvé là les prémices de la démocratie participative énoncée dans le programme « l’humain d’abord » qui dit que celle-ci s’appliquera à l’élaboration des lois.

    Monsieur le Député européen, pendant la campagne des élections présidentielles, nous avons eu quelques échanges, pas assez sans doute, sur ces questions. Les uns et les autres nous avions des approches différentes, ce que nous concevons. Le projet pour l’art, la culture et l’information « Quelle humanité voulons-nous être ? » a prolongé la réflexion sur la partie culturelle de « l’humain d’abord » et le texte retenu invitait à donner toute sa dimension à la réflexion positive qui s’était ouverte sur la question des langues et cultures de France.

    Cela s’est traduit par un texte du Front de Gauche, diffusé pendant la campagne. Texte que vous avez assumé, devant les journalistes, le 8 février 2012 à Montpellier en répondant « je suis le candidat commun, je suis d’accord avec tout ce que dit le Front de Gauche ». Ce texte a été diffusé par la suite dans les manifestations de mars, à Toulouse, en Bretagne, etc. Ce texte se conclut ainsi « Le Front de gauche dans sa volonté de refonder une Europe au service des peuples, intégrera les langues et cultures de France comme moyen d’ouverture sur nos voisins européens en proposant de revisiter tant la Constitution que la Charte européenne des langues, pour en permettre sa signature ».

    Le Parlement européen a permis que ce débat s’ouvre désormais sur notre territoire national.

    Notre réseau qui s’est déjà engagé, sans angélisme, dans le débat sur la Charte apportera sa contribution dans l’esprit de la volonté politique qui est la sienne, celle du pluralisme, qu’il soit linguistique ou politique ; dans la volonté que nos actes préfigurent l’ébauche d’une VIème République.

    « Place au peuple » demeure notre mot d’ordre et ensemble « ne lâchons rien » : le choix de la souveraineté populaire n’est pas chose facile, alors ensemble surmontons les contradictions qui vont jalonner notre chemin. Nous sommes toujours disponibles pour dépasser au plus vite cette détestable situation, l’actualité politique des prochains jours va nous confronter à des débats sur ces questions :  il est important de réaffirmer la position du Front de Gauche, celle du groupe GUE/NGL.

     

    Le Réseau Langues et Cultures de France

    16 septembre 2013

     

    C’est reparti ! Sans vergogne est orchestrée contre moi une attaque mensongère, mille fois recommencée, à propos des langues régionales. Dans cette mêlée confuse, on trouve, d’un côté, des progressistes ainsi que quelques amis trop rapides dans leurs analyses et, de l’autre, d’odieux ethnicistes d’extrême droite identitaire, qui reprennent à intervalle régulier le même procès calomniateur contre mes positions sur le sujet. En cause cette fois ci : mon vote mercredi dernier au Parlement européen contre un rapport de M. Alfonsi préconisant la ratification par les Etats de l’UE de la Charte des langues régionales du Conseil de l’Europe. Contrairement à ce que prétendent mes calomniateurs, mon vote n’était nullement dirigé « contre » les langues régionales ». Il l’est contre la Charte des langues minoritaires. En atteste mon explication de vote. Confondre les deux questions est le signal d’une volonté de manipulation. Car j’ai déjà expliqué mes positions et les distinguos qu’elle contient à de nombreuses reprises, non depuis huit jours mais depuis quatorze ans. Jamais aucun de mes détracteurs ne s’est donné le mal de répondre sur le fond de mes arguments. Tous ont préféré les vociférations et invectives : cela leur permet de se dispenser d’être obligés d’assumer le contenu des articles de la Charte dont je condamne l’application. 

    Oui, je suis absolument opposé à la ratification des articles de cette Charte que le Conseil Constitutionnel français a condamnés. Notez que je parle des articles retoqués, non de la Charte dans l’ensemble de ses dispositions. Notez également qu’une bonne partie des dispositions de la Charte s’appliquaient en France avant la Charte et s’appliquent depuis sa promulgation. Personne ne demande que ces dispositions-là soient abolies. Je dois le répéter : le problème que me posent ces articles n’a rien à voir avec la diffusion des langues régionales. Il concerne la nature républicaine des institutions que cette charte entend abroger. En effet, son contenu comme ses origines contredisent plusieurs principes républicains, à commencer par le plus essentiel : le principe d’égalité des citoyens devant la loi et les services publics. Mes arguments à ce sujet sont connus car je les ai déjà clairement exposés à plusieurs reprises. Je l’ai fait dès 1999, quand cette Charte a été signée par la France et que le Conseil constitutionnel s’est opposé à sa ratification, en rappelant que « les principes fondamentaux de la République s’opposent à ce que soient reconnus des droits collectifs à quelque groupe que ce soit, défini par une communauté d’origine, de culture, de langue ou de croyance ».  Ceux qui m’attaquent depuis cette époque connaissent parfaitement mes prises de position et mes arguments. La campagne qu’ils mènent contre moi, en confondant volontairement la discussion de la Charte avec celle sur la diffusion des langues régionales, est donc clairement malhonnête et politicienne. Pour ceux qui veulent connaître mes arguments dans le détail, je vous renvoie à la note que j’ai publiée à ce sujet en 2008 sur mon autre blog, où se trouve l’intégralité du discours que j’avais fait au Sénat à l’époque. Je résume ici mes arguments, en partant précisément de ce discours.

    Pour moi, la question n’est pas de savoir si l’on est pour ou contre les langues régionales. Ce serait absurde. Comment peut-on être « contre les langues régionales » ? Qu’est-ce que cela pourrait vouloir dire concrètement ? Abroger les lois existantes qui les protègent ? Je ne l’ai jamais ni demandé ni souhaité. Être contre le bilinguisme ? Pourquoi ? Je suis moi-même bilingue. Encore plus ridicule serait le fait d’être « contre la diversité culturelle ». En réalité, je suis dans la position de celui qui défend cette diversité contre une vision étroitement ethniciste de la diversité en France. Pourtant, il semble que quiconque refuse la Charte et n’obtempère pas immédiatement et sans discussion à l’ordre de l’adopter les yeux fermés est aussitôt accusé d’être « contre les langues minoritaires » et « contre la diversité culturelle ». Dans la foulée, les mêmes en profitent pour garnir leurs accusations de quelques insultes contre le « jacobinisme », dans une définition de ce dernier qui démasque souvent l’origine réactionnaire de ces imprécateurs. Les amis de la « Charte » oublient de faire connaître le contenu de celle-ci et les problèmes qu’elle soulève dans la conception républicaine. Ils posent aussi un voile d’oubli très inquiétant sur les origines politiques sulfureuse de ce document. Pour moi, une attitude rationnelle et argumentée consiste au contraire à se demander si le cadre légal existant est adapté, car il en existe déjà un, ou si la France a besoin de ratifier l’ensemble de cette Charte européenne des langues régionales ou minoritaires pour faire progresser la diffusion de celles-ci.

    En premier lieu, je veux rappeler que la République protège les langues régionales. Je n’accepte donc pas la caricature qui voudrait faire croire que la République française réprime ou méprise ces langues. Ce n’est pas vrai ! La France s’est dotée dès les années cinquante d’un cadre législatif très favorable aux langues régionales. Elle a été et reste, aujourd’hui encore, en avance sur beaucoup de pays d’Europe dans ce domaine. La loi du 11 janvier 1951 relative à l’enseignement des langues et dialectes locaux, qui porte le nom du socialiste Maurice Deixonne, a officiellement autorisé et favorisé l’apprentissage des langues régionales de France dans l’enseignement public. C’est le cas, dès cette époque, du basque, du breton, du catalan et de l’occitan, auxquels se sont ajoutés ensuite le corse en 1974, le tahitien en 1981, et quatre langues mélanésiennes en 1992. De sorte qu’aujourd’hui, et depuis 1970, tous les élèves qui le souhaitent voient ces enseignements pris en compte pour l’obtention du baccalauréat. La loi Toubon de 1994 a confirmé ce cadre légal favorable. Lionel Jospin, par la loi du 22 janvier 2002, a mis des moyens particulièrement importants à la disposition de l’enseignement de la langue corse, si bien que quiconque le veut peut suivre un enseignement en corse à l’école, au collège et au lycée, à raison de trois heures par semaine. Ici, la Charte n’apporte strictement rien de plus à cette situation. La question posée est plutôt de savoir si les moyens de ces enseignements sont mis à disposition ou pas.

    La République a aussi contribué, en lien avec les collectivités locales qui le demandaient, à rendre possibles les signalisations routières bilingues, ce qui permet, dans certains départements, de pouvoir enfin lire les indications rédigées en français, qui étaient jusque-là surchargées de graffitis en langue locale. Par ailleurs, de nombreuses régions font preuve d’innovation pour favoriser le développement des cultures et des langues régionales. Jamais leurs initiatives n’ont été brimées ou abrogées par l’Etat. Par conséquent, rien dans le cadre légal et réglementaire actuel, ni dans la pratique effective, n’est de nature à brider la pratique et la transmission des langues régionales. Et il n’existe pas une voix en France – et certainement pas la mienne ! – qui s’oppose à ce que soient pratiquées les cultures ou les langues régionales. Si le nombre de locuteurs diminue et si leur âge moyen s’élève, il faut en chercher la cause ailleurs que du côté de la République et de la loi ! Cependant il est tout à fait clair que je m’oppose à ce que l’on soit obligé d’apprendre ou de parler sur notre territoire une autre langue que le français. Tout doit être proposé, et non imposé, avec la plus large palette de choix possibles. Ce qu’il faut dénoncer à cet instant, c’est la domination de l’enseignement de l’anglais comme seconde langue et la volonté a peine cachée des élites libérales et solfériniennes d’y soumettre tous les jeunes français. Celles-là n’ont aucun mal à voter tout ce qui leur est suggéré au Parlement européen, alors qu’elles font le contraire et organisent la marginalisation de leur propre langue nationale. Je note que mes détracteurs n’ont rien à dire à leur sujet.

    La domination croissante de l'anglais est pourtant la seule véritable menace qui pèse aujourd'hui sur la diversité linguistique. Avec le développement de l'enseignement des langues étrangères à l'école primaire, l'anglais est aujourd'hui la langue étrangère enseignée dans 93% des cas à l'école, alors que qu'elle ne représentait que 76% en 2002. Résultat : l'enseignement de l'espagnol et de l'italien ont été réduits de moitié dans le primaire, et celui de l'arabe a quasiment disparu, au point que la statistique de l'Education nationale affichait dans cette langue un chiffre de 0 % à la rentrée 2012 contre 0,2 % à la rentrée 2006. Dans le secondaire, ce n'est pas mieux puisque l'anglais est désormais la 1ère langue étrangère enseignée dans 95 % des cas. Alors que l'arabe est la 2ème langue parlée en France, elle n'est enseignée qu'à 9 000 élèves dans le secondaire, soit à peine 0,1 % des effectifs. C'est trois fois moins que le chinois et près de deux fois moins que le russe. Et surtout, c'est 20 % de moins que dans les années 1980, alors que les demandes non satisfaites sont toujours importantes. Faute de places dans l'Education nationale, les demandeurs doivent se tourner vers le secteur privé, confessionnel ou associatif, où le nombre de jeunes qui apprennent l'arabe est désormais 10 fois supérieur à celui des élèves auxquels il est enseigné en classe. Et la situation s'aggrave, puisque les postes ouverts par l'éducation nationale au concours de professeur d'arabe sont en chute libre : vingt postes en 2002, cinq en 2006 et aucun en 2011, le concours ayant carrément été fermé, avant d'être rouvert en 2012 mais sans qu'aucun candidat n'ait été admis. Avec l'arrivée de Vincent Peillon au ministère, on ne compte que deux postes ouverts en 2013. Par comparaison, quatre postes ont par exemple été ouverts par le même ministre au concours de professeur d'occitan. Alors que l'enseignement de la deuxième langue de France est donc sinistré, à l'inverse, la demande d'enseignement en langues régionales est largement satisfaite, y compris grâce à des classes à très faibles effectifs, ce qui permet à 400 000 élèves d'apprendre une langue régionale en France. On réalise avec ces quelques chiffres que le vrai problème de diversité linguistique en France ne tient pas seulement au sort réservé aux langues régionales, mais à la domination de l'anglais et à la relégation de la langue arabe.

    Un argument souvent asséné est que la France serait l’un des «rares» pays européens à ne pas avoir ratifié la Charte. Pourquoi ce mensonge ? Cette Charte est très loin de faire l’unanimité dans notre continent. Quatorze pays membres du Conseil de l’Europe ne l’ont pas signée, dont la Belgique, le Portugal, la Grèce ou l’Irlande, qui ne sont pas des États réputés liberticides. Et puis, de quoi parle-t-on ? La France a signé la Charte ! Parmi ceux qui ont signé cette charte, comme la France, neuf États ne l’ont pas ratifiée, dont l’Italie. Au total, vingt-trois pays membres du Conseil de l’Europe se refusent donc à rendre applicable cette Charte sur leur territoire. Cela peut être attribué non pas exclusivement à leur « mépris pour les langues régionales minoritaires », mais probablement à d’autres causes. Pourquoi ne pas les examiner ? Pourquoi se contenter de condamner tout le monde en bloc sans examen des motivations ?  Et, surtout, sans considérer quelle est la situation réelle sur le terrain de ces Etats ! La France, par exemple, applique déjà beaucoup d’articles de la Charte sans avoir eu besoin de sa ratification pour le faire.

    Comment ne pas voir que la définition des langues minoritaires donnée par cette Charte est extrêmement discutable et confuse ? Elle exclut de son champ d’application toutes les langues des migrants – je pense à l’arabe, à la langue berbère, et à bien d’autres –, comme si les citoyens qui les parlent du fait de leurs liens familiaux, alors qu’ils sont Français, devaient considérer ces langues comme des langues étrangères ! Aurait-on l’intention de dire aux Algériens, aux Sénégalais, aux Maliens et à combien d’autres encore, de considérer la langue française, langue officielle de leur pays, comme une langue étrangère à leur culture ? Veut-on ignorer que la langue française est dite « langue en usage commun » pour 29 pays dans le monde, dont 13 qui la considèrent comme la langue officielle et 16 comme la co-langue officielle ? Dès lors, en sens inverse, pourquoi les langues de ces pays seraient-elles considérées comme des langues « étrangères » en France si elles sont parlées par des centaines de milliers de personnes ? C’est pourtant ce que fait cette Charte ! Elle instaure donc ainsi entre les langues minoritaires une discrimination ethniciste qui ne veut pas dire son nom mais qui est bien réelle !

    Cette définition discriminatoire exige aussi des arrangements avec l’histoire des langues minoritaires des régions de France. Ils sont eux aussi très marqués, et même connotées, du fait de mécanismes de domination plus violents que ceux dénoncés contre les méthodes de diffusion de la langue française. Ainsi, quand on parle de « la » langue bretonne. Il en existait en fait cinq, dont une avec une racine latine, comme celle parlée à Rennes. Depuis l’édition du dictionnaire dit « unifié » de 1942, une seule langue est institutionnalisée. Parfois au prix du ridicule. Ainsi, par exemple, quand la double toponymie des lieux est faite dans une langue « bretonne » qui n’a jamais été parlée dans le secteur où on prétend l’imposer ! C’est le cas à Rennes, par exemple. Même arrangement quand on va prétendre imposer à tous la création d’un mot par tel ou tel original en vue de désigner des lieux comme « parking » ou quelques-uns des milliers de mots manquant dans le vocabulaire scientifique et technique ! Dans un registre tout aussi perplexe, dois-je signaler la difficulté qu’il y aurait à proclamer « un » créole officiel dans les Caraïbes, et même parfois sur le territoire d’un même département français des Amériques ? Par conséquent, la Charte, sur le terrain même de la reconnaissance de l’identité linguistique d’un parler et de sa culture de référence, n’est pas l’instrument d’intégration que décrivent ses admirateurs. Elle est au contraire aussi un moyen très blessant de choisir, trier, exclure, discriminer de nouveau, au moment où l’on croirait intégrer.

    Je voudrais enfin souligner qu’il ne saurait être question d’ignorer l’origine de cette charte. Dans le contexte du néo libéralisme triomphant, la différence des droits est un élément essentiel de la guerre de chacun contre tous. Donner des droits et des exclusivités à certains du fait de leur pratique d’une langue est un habile moyen d’instaurer ce droit à géométrie variable et cet empire des lois « locales » dont rêvent les libéraux. L’ancrage de ces aberrations dans des identités locales largement reconstruites, et pourtant réputées indépassables et quasi-génétiquement transmises, donne un contenu ethnique identitaire très glauque à cette démarche. Ce n’est pas étonnant. La Charte n’est pas adaptée à notre réalité. Elle n’a pas été mise au point pour elle. Elle a été rédigée pour garantir les droits de peuples minoritaires dans les pays de l’est. Elle a été mise au point du temps du « camp socialiste », pour le déstabiliser depuis l’ouest. Pour autant, l’intention manipulatrice ne doit pas faire perdre de vue le bien-fondé de l’idée dans le contexte des minorités nationales. Car les découpages de frontières qui avaient partagé des peuples comme les Hongrois ou les Roumains dans des Etats différents donnaient lieu à de véritables politiques culturelles éradicatrices dans ces pays, au contraire de celles pratiquées en France à la même époque. Mais c’est une chose qu’une langue minoritaire et une autre qu’un peuple minoritaire. Il n’y a pas de peuple minoritaire en France. Il ne peut pas y en avoir. Car le peuple, en République, n’est décrit que par un seul critère : la citoyenneté et l’unité de la communauté légale qui en résulte. Mais que l’on s’accorde ou non sur ce point, il n’en reste pas moins que le travail de préparation de la « Charte des langues régionales » a été confiée à des personnages plus que discutables. La Charte, adoptée en 1992 par le Conseil de l’Europe, a été préparée, débattue et rédigée par plusieurs groupes de travail de cette instance qui étaient animés par des parlementaires autrichiens, flamands et allemands tyroliens. Leur point commun était d’être tous issus de partis nationalistes ou d’extrême droite. Tous ces groupes étaient membres de « l’Union fédéraliste des communautés ethniques européennes ». Le titre ne peut être plus clair. Cette union se retrouve sous le nom de « FUEV » selon l’abréviation allemande. Cette organisation est aujourd'hui dotée d’un statut consultatif au Conseil de l’Europe, et elle se présente elle-même comme la continuatrice du « Congrès des nationalités ». De quoi s’agit-il ? D’un instrument géopolitique du pouvoir allemand dans les années trente, dissous après la défaite des nazis à la Libération ! Un des principaux laboratoires de l’élaboration de la Charte fut ainsi le groupe de travail officiel du Conseil de l’Europe sur « la protection des groupes ethniques », dont la création a été obtenue par la FUEV et qui est également connu pour ses travaux sur le « droit à l’identité », le Volkstum. Tout cela ne peut être considéré comme une référence acceptable par des consciences de gauche héritières des « Lumières » (Aufklärung en allemand). J'ai d'ailleurs alerté sur ces origines problématiques de la Charte dès 1999, dans une question écrite au gouvernement dont la réponse n’a démenti aucune des informations que j’avançais.

    Il a été question, quelques lignes plus haut, de « la » langue bretonne qui entend se substituer aux cinq langues bretonnes qui existaient et continuent d’exister, en dépit de la publication du dictionnaire établissant une langue « unifiée ». Ce dictionnaire est paru en 1942. Son principal auteur, Roparz Hemon, est dans la veine des personnages inacceptables à l’origine de la Charte. C’était en effet un collaborateur des nazis, mettant au point ce dictionnaire en accord avec l’occupant qui le finança. Dans cette période-là, cette variété de collabos misait sur un découpage de la France par les vainqueurs du moment, et ils leur en avaient fait la proposition. Cet homme a été condamné à l’indignité nationale à la Libération. Il s’est enfui et n’est jamais revenu dans notre pays. Pour moi, célébrer l’œuvre d’un collabo, c’est oublier et mépriser la Bretagne rouge, et même la bleue, c’est-à-dire la Bretagne résistante. Laquelle parlait tous les bretons et combattait les armes à la main les partisans du dictionnaire unifié en raison de l’identité et du projet politique de leurs commanditaires.

    Dans le contexte actuel, ce genre de tentation ethniciste prend un relief singulier. Celui que lui a donné Samuel Huntington et sa « théorie du choc des civilisations ». Pour ses partisans, dorénavant, « dans le monde nouveau, la politique locale est “ethnique”, et la politique globale “civilisationnelle” ». Derrière le fatras des bavardages mal ficelés sur la prééminence de l’ethnique dans la définition de civilisations, de son fondement culturel ancré dans la religion, Huntington est un théoricien de la balkanisation des Etats-nations et de la fracturation de l’unité de leur cadre juridique. Dans cette théorie, la Nation cesse d’être une communauté légale une et indivisible où la loi est la même pour tous puisqu’elle est décidée par tous. Les nations sont alors des collections provisoires de peuples différenciés par la diversité de leurs langues et de leurs religions et des droits y afférents. Nicolas Sarkozy avait traduit en français cette doctrine quand il déclara, dès son élection, que le premier risque que courrait notre pays était celui d’une « confrontation entre l’islam et l’occident » mettant face à face la deuxième religion de notre pays avec une région et ses supposés natifs « enracinés ».

    J’aborde donc ce qui constitue pour moi le cœur du problème. Il ne saurait être question, sous prétexte de respect de la diversité culturelle, d’admettre une différence de droits entre citoyens égaux. Ce serait en contradiction absolue avec la pensée républicaine. Il n’y a pas lieu de créer des droits particuliers pour une catégorie spécifique de citoyens. Le fait de parler une langue différente ne suffit pas à instituer des droits particuliers en faveur de ses locuteurs ! Or, c’est ce que prévoit explicitement la Charte. Elle prétend encourager la pratique de ces langues « dans la vie publique et la vie privée ». L’expression a l’air banale. Elle ne l’est pas du tout.

    S’agissant de la vie privée, je rappelle que le caractère laïque de notre République interdit que les institutions gouvernementales et étatiques fassent quelque recommandation que ce soit concernant la vie privée des personnes. Quant à la « vie publique », la Charte demande aux Etats de « prendre en considération les besoins et les vœux exprimés par les groupes pratiquant ces langues ». […] Va-t-on pour cela élire des représentants des locuteurs de telle ou telle langue ? Créer un sénat des nationalités ? Non ! Ce serait en totale contradiction avec l’idée d’égalité républicaine ! Mais le pire est cette idée de « faire bénéficier de procédures en langues régionales devant les autorités judiciaires », comme le prévoit l’article 9 de la Charte, ou devant les services publics, comme l’exige l’article 10. Témoigner, poursuivre en justice, signer des contrats dans une autre langue que la langue française constituerait un recul par rapport à l’ordonnance de Villers-Cotterêts de François Ier. Pourtant, c’est ce que prévoit cette Charte européenne des langues régionales ou minoritaires !

    Le Conseil constitutionnel a donc eu raison de dire, en 1999, qu’en conférant « des droits spécifiques à des “ groupes ” de locuteurs de langues régionales ou minoritaires, à l’intérieur de “ territoires ” dans lesquels ces langues sont pratiquées, [cette Charte] porte atteinte aux principes constitutionnels d’indivisibilité de la République, d’égalité devant la loi et d’unicité du peuple français ». Pour toutes ces raisons, la République française n’a donc rien à gagner à ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Elle ne pourrait que se renier en le faisant. Elle doit, tout au contraire, continuer une politique bienveillante et intégratrice, qui donne aux cultures et aux langues régionales toute leur place, dès lors que la République est première chez elle ! S’il faut avoir une discussion sur le sujet en France, elle doit porter sur les moyens à mettre en œuvre pour favoriser l’apprentissage des langues, la connaissance, la pratique et la création dans les cultures que l’histoire du pays nous a léguées. Pas de créer des discriminations, des dominations et, pour finir, faire de l’ethnicisme un horizon contre la nation républicaine.

    Jean-Luc Mélenchon

     

     

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  •   1. C’est un collectif corse regroupant des militants communistes, socialistes, écologistes, des syndicalistes, des responsables du secteur associatif et mutualiste, des sympathisants de gauche. Il adhère à la Fédération pour une alternative sociale et écologique, troisième pilier du Front de gauche.

         La Fase connaît actuellement une phase de regroupement de différentes structures         de gauche.

    2.  Ses objectifs :

    2.1.Sortir des logiques d’appareils politiques.

    2.2.Rendre la politique aux citoyens.

    2.3.Ramener les déçues du « socialisme » à l’engagement politique.

    2.4.Gagner à la cause du changement les abstentionnistes.

    2.5.Contribuer à lutter contre la casta politica, le clan et leur corollaire  le clientélisme qui polluent la Corse et maintiennent une partie importante de la population insulaire sous dépendance et aliénation.

    2.6.Contribuer à la création d’une grande force authentiquement de gauche, proposant une véritable alternative à la politique d’austérité et de récession du gouvernement Ayrault.

    2.7.Montrer que cette politique d’austérité et de récession n’est pas fatale, contrairement à tout ce que racontent à longueur de journée les chantres de l’ultra libéralisme.

    2.8.Contribuer à l’élaboration de propositions concrètes, novatrices et crédibles dans l’intérêt bien compris des plus larges couches sociales.

    3.     Les animateurs de Manca alternativa.

    Jean-Pierre Bizon

    Jacques Casamarta

    Pascale La Renaudie

    Guy Lanoy

    Jean-Pierre Orsi

    Francis Peretti

    4.     Le site.

    Manca alternativa s’est dotée d’un site internet :

         Site d’opinion.

    Résolument à gauche.

          www.mancalternativa.com

          Adresse mail : mancalternativa@yahoo.fr

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  • conseilconstitutionnel_corse

    Après le débat sur le statut de coofficialité de la langue corse en mai dernier et avant une session spéciale prévue sur le foncier ( statut de résident et Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse), la CTC a délibéré sur  l’introduction de la Corse dans  la constitution française. C'est l'article 72 de la constitution sur "les collectivités territoriales de la République" qui devrait ainsi être modifié. Certains élus nationalistes, comme Jean-Guy Talamoni, veulent  placer la Corse dans l’article 75 de la Constitution qui régit certains territoires d’outremer.

    Une commission des compétences législatives et règlementaires présidée par Pierre Chaubon a travaillé sur le dossier  et un rapport consensuel a été rédigé. Il est qualifié de « point d’équilibre » par le président de la commission et Paul Giacobbi. Le président de l’exécutif  a dit en préambule : « Le rapport n’est pas l’œuvre d’un homme ou d’une majorité, mais l’œuvre collective de tous ceux qui y ont participé. C’est le point d’équilibre de toutes les opinions ».

    Cette réforme constitutionnelle est sensée améliorer le processus démocratique en Corse en mentionnant la Corse dans la Constitution pour avancer sur les 3 problématiques linguistiques, foncières et fiscales. Il est prévu la mise en place d’un comité stratégique ayant pour mission de définir le contenu, les modalités et le calendrier de la réforme. Ce comité serait composé de députés, d’élus de la CTC, de représentants de l’Exécutif, des Conseils généraux et des associations des maires.

    Après l’adoption du projet de réforme constitutionnelle  vendredi matin à l’Assemblée de Corse (une majorité de 46 voix sur 51 à l'assemblée dont la majorité est de gauche), le président de l’Exécutif territorial, Paul Giacobbi a déclaré à la presse locale : « C’est une victoire collective, celle de tous ceux qui ont participé à la rédaction du projet. Je dirais même que ceux, qui ont voté contre, ont eu une attitude utile et très constructive dans le débat. Ils ont essayé d’être le moins négatif possible… » et il ajoutait : « Nous allons rencontrer le gouvernement. Nous irons voir les groupes parlementaires. A ce titre, je suis tout à fait sensible et heureux de la proposition de Camille de Rocca Serra d’œuvrer ensemble… »

    Pour M. Chaubon : « Ce qui est nouveau, c’est que nous osons aller au niveau le plus haut, c’est-à-dire, à la Constitution afin que l’on reconnaisse nos contraintes particulières, inhérentes à la Corse et à son insularité, et qu’on nous permette d’adapter, cette fois de manière effective et non plus fictive, la norme à la situation particulière de la Corse ».

    Seuls trois élus du groupe de la Gauche républicaine et deux élus communistes ont voté contre le texte, au terme de deux jours de débats. Si ce projet a fait l’objet d’un consensus entre divers partis de droite et de gauche mais aussi autonomistes ou indépendantistes représentés à l’assemblée corse, il ne faut pas cacher qu’il divise les Corses au sein de chaque parti et de la population insulaire.  

    Paul Giacobbi estime que  « les oppositions ne sont, d’ailleurs, pas des oppositions de principe, mais des oppositions de prudence. Ce qui est assez différent quand même ! Cela me laisse penser que ces oppositions se fondent sur des ambiguïtés et des inquiétudes. Ceux, qui les expriment, n’ont peut-être pas tout à fait tort ».

    Les Jacobins de droite et de gauche sont sans doute contre la réforme pour des raisons bien entendu diamétralement opposés à celles des radicaux nationalistes.  Un représentante de la Gauche républicaine  faisait valoir que le statut particulier offre un cadre suffisant pour faire entendre les voix des Corses. Certains craignent le renforcement du clanisme et de l’affairisme.

    Du côté des Nationalistes, si le vote du 27 septembre est qualifié d’historique par ceux qui se réclament de la Cunsulta Naziunale et de la lutte de libération nationale, c’est pour le dénoncer. Un communiqué a été diffusé dans ce sens et nous le reproduisons ci-dessous :

    Le vote de l'Assemblée territoriale du 27 septembre 2013 est historique pour trois raisons:

    1. Il satisfait la vieille revendication autonomiste (voir le livre "Autonomia" publié par l'ARC en 1974).

    2. Il liquide la revendication indépendantiste et le lutte de libération nationale. Les 4 représentants que l'on pouvait présumer indépendantistes ont applaudi sans vergogne la conclusion du discours de Paul Giacobbi, évoquant son père (Corse Française et Républicaine) qui déclarait : "Je suis d'autant plus Français que je suis Corse et d'autant plus Corse que je suis Français." ...

    3. Il signe l'arrêt de mort de la nation corse car une nation ne peut procéder que d'elle-même, des lois fondamentales qu'elle se donne et non pas d'une constitution étrangère.

    Seul le processus de la Cunsulta Naziunale et la lutte de libération nationale dans ses formes multiples pourraient encore porter l'espérance d'une restauration pleine et entière des droits nationaux du peuple corse. Il appartient aux patriotes qui mesurent lucidement l'état de déliquescence de l'idée nationale de refonder aujourd'hui les structures permettant l'organisation de la résistance.

     

    Il faut souligner que cette réforme institutionnelle est un dossier-clé qui ouvre la porte à un changement du mode de gouvernance de la Corse avec un pouvoir législatif et décisionnaire plus autonome au moment où des chantiers législatifs ont été ouverts dans les domaines touchant au foncier, à l’immobilier, à l’identité, à  l’usage de la langue …

    Cette réforme est vue par les uns comme une avancée démocratique, par les autres comme un risque d’abandonner la Corse au clanisme et à l’affairisme, par d’autres comme une étape vers l’autonomie, par les Nationalisme radicaux comme une renoncement à l’indépendance nationale de la Corse… Le débat reste ouvert au sein de la population corse. Bien que le projet de réforme ait été voté avec une majorité confortable, des divisions sont apparues  aussi bien dans les partis politiques que dans l’ensemble de la société corse. Au sein de Manca alternativa, la réforme constitutionnelle donne lieu à des discussions internes avec le sentiment qu’une réforme de ce type devrait être expliquée davantage à tous les Corses. Pour éviter que la réforme soit le résultat  d’arrangements politiciens entre des familles politiques et des clans, ne faudrait-il pas passer par la voie référendaire ? La marge est souvent étroite entre le consensus et le compromis qui peut mener à la compromission. Il ne s’agit pas d’ouvrir la boîte de Pandore mais de trouver les conditions pour assurer l’avenir de la Corse dans un contexte de crise économique, de chômage, de spéculation immobilière et de dérives criminelles constatées dans la société insulaire.

    Certes, l’Assemblée de Corse a voté. Il reste à savoir ce que va faire le gouvernement.... Bien malin qui peut le dire !  Ceux qui ont voté le projet trouvent que le statut particulier ne fonctionne pas de manière satisfaisante notamment en matière de pouvoir législatif et règlementaire qualifié de « virtuel ».  Pour l’heure, le vote d’une réforme institutionnelle reste virtuel et tous les scénarii de politique-fiction peuvent être imaginés si la réforme aboutit.

    Les premiers échanges des élus corses avec le gouvernement devraient se dérouler avec la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, qui doit venir en Corse en octobre prochain.

    Pidone

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  • qatar_coupe

    Le corps d'un garçon de 16 ans a été renvoyé à sa famille seulement six semaines après son arrivée dans l'émirat du Qatar pour travailler.  L'ambassadeur népalais à Doha décrit le Qatar comme une "prison à ciel ouvert". Une trentaine d'ouvriers se seraient réfugiés dans leur ambassade pour échapper à l’esclavage. Le journal « The gardian » parle de 44 ouvriers népalais mort entre le 4 juin et le 8 août derniers sur les chantiers de construction de la coupe du Monde 2020. Au train où les morts se multiplient, on pourrait atteindre plusieurs milliers à venir jusqu’à l’ouverture de la Coupe (The gardian parle de 4000). La plupart d’entre eux seraient morts de pathologies cardiaques dues à leurs conditions de vie et de travail. Il est question d’esclavage dans un émirat qui exploite des travailleurs migrants représentant 90% de sa main d’œuvre. Selon The Gardian, "1,5 million d'ouvriers supplémentaires doivent être recrutés pour construire les stades, les routes, les ports et les hôtels nécessaires au bon déroulement du tournoi" de football.  Plus de 100 000 se sont déjà  rendus au Qatar l'an passé et sont employés pour  l'organisation du Mondial.

    Dans l’enquête menée par le journal britannique, il est question de travail forcé sous des températures de plus de 50°, du refus d'accès à l'eau potable – pourtant gratuite – et des violations multiples des normes internationales en matière de droit des travailleurs notamment en matière d’hébergements et de conditions sanitaires. Parqués comme du bétail, les ouvriers contracteraient des maladies dues à l’absence d’hygiène. Ces derniers paieraient très cher pour leur voyage et s’endetteraient à des taux d’usure élevés  (jusqu’à 36%) auprès d’agences sans scrupules. Les taux d'intérêt de leurs emprunts sont exorbitants. En outre ils seraient souvent payés avec plusieurs mois de retard. Leurs salaires seraient donc  retenus pour les empêcher de repartir.  Leurs passeports ou pièces d'identité seraient même confisqués. 

    Bien sûr le comité suprême du Qatar 2022, en charge de la coupe du monde, s’étonne des allégations portées par The Gardian et parle de problèmes de sous-traitances sur le site de construction de Lusail City. Bien sûr ce comité prend l’affaire au sérieux, mais était-il vraiment ignorant de telles pratiques ? Quant à la FIFA, selon un de ses porte-parole, elle va contacter les autorités du Qatar pour discuter de la question soulevée. Les autorités auraient même ouvert une enquête…

    D’aucuns disent que le Qatar a acheté l’organisation de la Coupe du Monde en 2020. Un responsable de la FIFA aurait déploré les pressions politiques subies en faveur du Qatar. En France, on se souvient d’un président de la république qui a mis tout le poids de la France, avec l’aide d’un ex-grand footballeur  qui fait carrière à la FIFA, pour que le Qatar obtienne l’organisation de cette coupe du monde. Il  a mis aussi tout son poids pour que le Qatar investisse dans le club de foot du Paris Saint Germain. C’était l’époque bling bling de notre république.

    Le quinquennat de Nicolas Sarkozy a constitué cinq ans d’amitié et de coopération qui ont commencé par le rôle du Qatar dans la libération des infirmières bulgares en Libye. Cinq années où beaucoup de politiques français, de droite comme de gauche, ont pris l’avion pour la Qatar. Après les élections présidentielles, Sarkozy  a passé une nuit chez l’émir Hamad bin Khalifa al-Thani lors d’une visite de 48 heures programmée une semaine avant la première visite officielle de son successeur François Hollande. Après sa défaite électorale, les Qataris étaient même prêts à investir 250 millions d'euros dans un fonds d'investissement qu' il aurait piloté, mais ce projet est désormais dans les limbes en raison du renouveau des ambitions politiques de l'ancien président, affirme le "Financial Times".

    "Quelle que soit sa notoriété, un politique français est toujours reçu en haut lieu, a expliqué à Europe1 un homme d’affaires qatari. L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, aujourd’hui avocat d’affaires, a comme principal client le fonds souverain de l’Emirat. Lors du dernier forum de Doha,  la délégation française était la plus nombreuse au Ritz-Carlton, qui accueillait l’événement : François Fillon, Michèle Aliot-Marie, le socialiste Malek Boutih,  l’écologiste Jean-Vincent Placé.

    Devant les révélations d’esclavage faites dans la presse anglaise, quelle sera l’attitude de Normal Premier ?  Comme son collègue et prédécesseur ne verra-t-il rien, n'entendra-t-il rien ? Le PSG participera-t-il à montrer une image faussement sportive du Qatar ? Les Qatari vont-ils continuer à investir en France ? Sont-ils dignes d’organiser pour le bon peuple du football une belle couple en 2022 ? On constate que le Qatar entretient des relations privilégiées avec la France, relations qui se sont accélérées avec Sarkozy et s’installent durablement avec Hollande. On peut parier qu’il ne sera pas fait marche arrière. Les jeux sont faits même si rien ne va plus.

    Pour son premier déplacement dans le petit Etat du Golfe, le président français a voulu approfondir avec le Qatar les bonnes relations entretenues par son prédécesseur. Les investissements de l'émirat en France y sont pour beaucoup. Le Qatar n’aurait pas acheté que le PSG ? En investissant en France aurait-il créé un lobby pro-Qatari prêt à fermer les yeux sur cet esclavage honteux ? La France serait-elle sous la coupe de ce lobby comme elle a été sous celle du lobby turc lorsqu’il s’est agi de voter une loi étendant l’incrimination du négationnisme à tous les génocides y compris celui des Arméniens comme cela a été fait pour la Shoah ? Les Turcs s’intéressent aussi au football français puisque la Turkish Airline a investi dans le club de l’Olympique de Marseille. Le candidat François Hollande a fait des promesses aux Arméniens en période électorale. Depuis lors, silence radio.

    Le Président François Hollande vient de faire un discours lors de l’assemblée générale de l’ONU, la mise sous le boisseau de l’esclavage au Qatar, du négationnisme des génocides sous la pression de lobbies est à l’opposé des incantations qu’il a lancées aux grandes puissances réunies dans une assemblée. N’a-t-il pas proclamé : « « L'honneur de l'ONU, c'est d'agir là où la liberté des peuples est bafouée, là où les droits fondamentaux sont compromis, là où l'extrémisme met en cause la sécurité internationale ». Le Qatar bafoue les droits fondamentaux et est désigné comme l’un des financiers de réseaux terroristes islamiques. Une partie de la presse avait même écrit que cet émirat avait fait pression sur Sarkozy pour provoquer l’intervention en Lybie. On connaît aujourd’hui les conséquences de cette intervention avec notamment le renforcement de ces groupes dans cette région instable, l’invasion du Mali par les Intégristes islamiques et une nouvelle intervention armée de la France. En 2011, le Qatar avait lui-même envoyé ses avions Mirage combattre les forces libyennes du colonel Kadhafi aux côtés des troupes occidentales. Aujourd’hui il finance une mouvance islamique contre Bachar Al Assad. Le Qatar se sert de l’argent pour acheter des connivences, peser sur les politiques internationales mais aussi pour entretenir des réseaux terroristes dans des guerres civiles.

    Le Qatar est membre associé de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) depuis le 13 octobre 2012 sans être passé par le statut d'observateur. Il a donc bénéficié d’une procédure raccourcie. Le pouvoir est détenu par la famille souveraine Al Thani  à la suite de la déclaration d'indépendance du pays en 1971. L'émir, qui est le chef de l'État, gère le Qatar en s'appuyant sur sa famille. L'islam est la religion d'État du Qatar et tous les Qatariens sont musulmans. Les fidèles d'autres religions, sont notamment des chrétiens, parmi les nombreux travailleurs étrangers. Malgré quelques améliorations de façade en ce qui concerne les libertés et les avancées démocratiques, Les homosexuels y sont emprisonnés et condamnés à de lourdes peines. La peine de mort est pratiquée au Qatar. Elle s'applique à des cas de meurtre, de trafic de drogue, de crime contre l'État et depuis 2004 de terrorisme. Les dernières exécutions datent de 2003 (trois exécutions sur les quatre lors de ces vingt dernières années), et la méthode utilisée fut la pendaison. Depuis, cinq Sri Lankais ont été condamnés à mort en janvier 2007, et le Qatar a voté contre la résolution de l'ONU pour un moratoire mondial sur les exécutions en décembre 2008. Donc leurs exécutions restent possibles. La décapitation au sabre est reconnue comme méthode légale d'exécution mais ne serait plus pratiquée. Le Qatar est un gros producteur de pétrole (80% de ses revenus) et a passé en 2002 des accords militaires avec les Etats-Unis. En moins d'une génération, l'émirat a connu un enrichissement sans précédent. Au pouvoir de 1995 à 2013, l'émir Hamad ben Khalifa Al Thani gouverne cette péninsule qui est devenue l'un des États les plus prospères du monde avec un PIB qui augmente de 20% par an et un taux de chômage de à 0,5%. Les Qatari ont un salaire moyen de 8 500 € par mois. Le sort des ouvriers étrangers n’en est que plus scandaleux.

    Lorsque l’argent et la politique entrent dans le sport, ce n’est jamais pour l’amour du sport. La coupe du monde est devenue une énorme affaire financière avec ses récupérations politiques. Tous nos présidents mettent leurs écharpes de supporters dans les grandes occasions en ayant en tête la vieille formule romaine « Des jeux pour le peuple ». On se souvient de Jacques Chirac faisant semblant de scander les noms des champions du monde français de 1998 alors qu’il n’en connaissait aucun. Par contre, il était conscient des retombées médiatiques et de l’intérêt politique d’être le président des champions du monde. Qui sera Président de la république en 2020 ? Hollande ou Sarkozy ? Bonnet blanc ou blanc bonnet ? Ils pourraient bien tous les deux recevoir un carton rouge en se servant du football pour entretenir des relations d’affaires avec un émirat dont les visées expansionnistes sont évidentes en cautionnant le mépris dans lequel les Qatari tiennent une main d’œuvre venue de la misère. Va-t-on continuer à compter les morts sur les chantiers de la coupe du Monde 2020 ? Va-t-on condamner l’esclavage pratiqué dans un pays où l’Etranger n’a aucun droit  et peut se retrouver dans une « prison à ciel ouvert » ? Nous verrons bien si nos responsables politiques et sportives réagissent.

    Les hommes sont considérés souvent comme des troupeaux de brebis et de moutons bons pour la tonte. En ce moment nos troupeaux d’ovins corses sont victimes de la fièvre catarrhale. Je le concède, cette maladie n’a rien à voir avec le Qatar qui provoque une autre fièvre chez les humains, celle de l’argent. Le seul vaccin efficace est de faire une piqure de vraie gauche qui serait un rappel humaniste à ceux qui en présentent les symptômes.  

    Battone

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  • Emouvant. Un immense coup de gueule contre cette violence dont on ne parle pas assez, mais terriblement ravageuse. Un salut à Jean-Marc le Bihan. Prestation exceptionnelle.

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