• François Hollande l’avait promis. Il est revenu à Florange sur le site sidérurgique. Là, il a retrouvé les salariés d’ArcelorMittal, ou du moins une partie d’entre  eux, probablement triés sur le volet. Il est venu les regarder « les yeux dans les yeux ». Pour faire son autocritique ? Pour dire qu’il s’était trompé sur la gestion du dossier ? Pour s’excuser de ne pas avoir tenu ses engagements préélectoraux ? Rappelons-nous de la harangue qu’il tint en février 2012, sur le toit d’une camionnette, dans l’enceinte du site sidérurgique ? Et avec quelle fougue ? Faut pas rêver. Il est venu à Florange pour une fois de plus enfumer son auditoire, pour se refaire une santé auprès des ouvriers. Que leur a-t-il dit : « Je crois à la sidérurgie comme filière d’avenir. Je crois à la Lorraine. Je crois à la sidérurgie dans la Lorraine ». Et de sortir de son chapeau présidentiel le projet de création d’une plateforme de recherche et de développement pour la sidérurgie régionale, implantée, bien évidemment, sur la commune de Florange. Doit-on le prendre au sérieux ? Ce n’est pas le cas, semblerait-il, chez la grande majorité des salariés du site, déjà largement échaudée par les promesses non tenues, à l’exception peut-être de quelques syndicalistes de la Cfdt, en particulier du charismatique Edouard Martin ! Aurait-on proposé à ce dernier quelque carotte en échange d’un soutien au projet de plateforme ? De mauvaises langues susurrent qu’il pourrait figurer en bonne place sur la liste du Parti socialiste aux prochaines élections européennes.

    Donc, François Hollande avance l’idée d’une plateforme de recherche. Précisons au passage qu’il existe déjà à Metz un Institut de recherche sur la sidérurgie. Que va devenir ce dernier ? A priori l’idée pourrait être séduisante. Mais si on gratte le vernis des mots on s’aperçoit qu’une telle proposition relève de la pure communication et risque de générer de nouvelles désillusions. Comment concevoir un centre de recherche dans un secteur en pleine décomposition, quasiment entre les mains du groupe ArcelorMittal, et dont l’avenir dépend exclusivement du bon vouloir de l’actionnaire? Celui-ci ne connaît que la rentabilité financière et se fout éperdument de la sidérurgie, de l’humain et du social. Que lui importe que la "Lorraine cœur d’acier" crève. Demain, il ira sous d’autres cieux, plus juteux. Donc, on risquerait de faire un centre de recherche et de développement dans un désert industriel. La bonne affaire. Coût de l’opération : 20 millions d’euros, dès 2014 et 50 millions à terme. Le seul bénéficiaire de ce centre de recherche public, comble de l’ironie, serait le groupe ArcelorMittal qui exploiterait les résultats des recherches dans d’autres pays !

    La seule réponse au problème de la sidérurgie c’est sa nationalisation complète et définitive, n’en déplaise à tous ces économistes et autres laudateurs de la pensée ultralibérale qui encombrent quotidiennement tous les media. Solution que François Hollande et son gouvernement, malgré les gesticulations et les déclarations de Montebourg, ont repoussé, preuve s’il en est encore besoin que le pouvoir actuel cède volontiers aux pressions des marchés financiers. « La finance, c’est l’ennemi », disait naguère François Hollande.

    Jean Antoine Mariani  

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  • carte-Mali-Congo

    Depuis plusieurs jours,  les médias avaient installé leurs caméras devant le plus grand centre de Nairobi au Kenya. La mort s’y montre en spectacle. La Syrie n’est plus à la Une. Quant à l’Afghanistan, le Pakistan, l’Irak… on ne compte plus les morts qui sont renvoyés à la page nécrologique des journaux locaux. Le Kenya n’est pas loin du Mali, du Niger… et trop près de la Somalie. De son autre voisin la république démocratique du Congo, on parle peu alors que les massacres se pousuivent après des millions de morts.

    On découvre que les groupes terroristes sont présents de partout où la misère leur fournit des hommes. Jusqu’à présent, la chasse à l’homme et la présence militaire dans quelques pays n’ont pas été la solution à ce terrorisme islamique qui est une véritable hydre sans tête depuis l’élimination de Ben Laden. Ses effectifs grossissent de toutes les nébuleuses qui agissent en ordre dispersé et de plus en plus violemment pour marquer les esprits.

    A Nairobi, c’est le grand centre commercial qui a été choisi. Les caméras ne montrent pas l’envers du décor, c’est-à-dire tous les bidons-villes autour de cette ville où l’on vient s’enrichir de l’Etranger. Le centre a été financé par des capitaux israéliens et le Kenya est une ancienne colonie Anglaise. Son voisin somalien fut d’abord revendiqué par L’Angleterre, l’Ethiopie, la France et l’Italie, avant de passer sous protectorat  italien à l’époque de Mussolini. La Somalie a connu de grandes famines. Elle est le théâtre de la corruption et des guerres civiles. Proche un temps de la Russie communiste, elle a été un échec militaire et diplomatique pour les Etats Unis sous la présidence de Clinton avant d’être placée sous mandat de l’ONU avec la présence de casques bleus. Le Kenya a souvent joué un rôle dans la politique somalienne et notamment contre les terroristes islamistes dont le groupe Chebab qui vient d’organiser une opération de grande envergure contre son ennemi kényan en choisissant une cible qui est le symbole de l’occidentalisation, de la richesse et du néo-colonialisme. Il n’est pas certain que cette opération qui s’est avérée barbare soit réprouvée par tous les laissés pour comptes de la société somalienne et de la société kényane.

    Est-il encore nécessaire de dire que le terrorisme islamiste sera vraiment vaincu lorsque les Africains musulmans ou autres bénéficieront d’une législation du travail et de salaires décents ? Pour cela, il faudra qu’ils soient les vrais destinataires des profits générés par leurs richesses au lieu d’être les victimes d’un néo-colonialisme industriel et financier. L’horreur des agissements des terroristes ne doit pas masquer la situation désastreuse d’un bon nombre de pays d’Afrique. Le fanatisme trouve comme terreau la misère et ce sont les guerres économiques qui se transforment en guerre de religion. Il suffit de relire l’histoire du monde pour se le rappeler.

    Les réseaux islamistes recrutent des Musulmans de toutes nationalités et de préférence titulaires des passeports occidentaux. Aujourd’hui, c’est le serpent qui se mord la queue. L’islamisme radical ne fait qu’alimenter la xénophobie et le racisme qui alimentent à rebours l’islamisme. On apprend que le groupe de  fanatiques qui a mené l’attaque meurtrière et suicidaire à Naïrobi était composé d’éléments étrangers à la Somalie et au Kenya. Au mondialisme de la finance, les fanatiques islamistes opposent un suprématisme de religion sur le monde arabe et africain d’abord. C’est le message qu’ils ont voulu faire passer au Kenya comme dans d’autres attentats dont le plus destructeur aura été celui des tours de Manhattan.

    A Naïrobi, le siège se serait terminé par l’effondrement d’une partie du toit du centre commercial. Il reste à faire le bilan. C’est aujourd’hui que s’est ouvert la 68ème édition de l’Assemblée Générale des Nations Unies et nous venons d’entendre le discours de notre Président de la république qui, en préambule a fait le choix de l’anaphore, exercice de rhétorique qu’il pratique dans les grands moments : «  L’honneur de l’ONU, c’est … L’honneur de l’ONU, c’est…» a-t-il martelé comme entame avant de faire des propositions pour sortir de la crise syrienne, pour combattre le terrorisme international et la prolifération du nucléaire à des fins militaires, pour réduire la pollution et l’effet de serre...

    Syrie, nucléaire iranien, armes chimiques,  Centrafrique, climat... François Hollande est intervenu en évoquant les grands dossiers internationaux.  Concernant l'avenir de la Syrie, il a répété qu'il voulait «mettre fin à ce conflit, de manière politique, et installer un gouvernement de transition». Il a proposé que les membres du conseil permanent de l’ONU renoncent collectivement à leur droit de véto lorsque se perpétuent des massacres de masse. Quant au dossier du nucléaire iranien, il a dit attendre de l'Iran «des gestes concrets» tout en ayant établi, dit-il, des rapports de confiance avec son nouveau président. En ce qui concerne le terrorisme islamique, "Les groupes terroristes ont tiré profit de l'inertie de la communauté internationale. Pour la France, Genève-II ne doit pas être une réunion pour parler mais pour décider", a renchéri le président français qui voudrait que l’ONU ne reste par sur de simples incantations.

    C’est pourtant sur le mode incantatoire qu’il avait entamé son discours en usant de l’anaphore dont nous avons retenu : « L'honneur de l'ONU, c'est d'agir là où la liberté des peuples est bafouée, là où les droits fondamentaux sont compromis, là où l'extrémisme met en cause la sécurité internationale ». Espérons que l’ONU n’en restera pas là, en Syrie comme au Congo mais aussi dans  tous les pays où la liberté des peuples est bafouée et des massacres commis. Toutefois l’ONU, même si les souhaits de François Hollande sont exaucés,  ne réglera pas les problèmes à long terme tant qu’une minorité s’emparera de toutes les richesses mondiales pendant que les peuples sont réduits à la misère et à l’immigration. En outre, en France, nous aimerions que le Président de la République n’oublie pas ses incantations de candidat et ce ne sont pas ses incantations de président qui régleront le problème du chômage dont, répète-t-il la courbe devrait s’inverser d’ici la fin de l’année, alors que de nouveaux licenciements massifs sont annoncés.

    Battone

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  • Nous publions une interview de Jean-Luc Melenchon, parue sur le site Regards.fr. Il s'agit d'une contribution au débat actuel au sein du Front de gauche sur les Municipales. Listes autonomes ou alliance avec le Parti socialiste dès le premier tour ? Le débat est loin d'être tranché.

    Regards.fr. Vous semblez anticiper une décision des communistes parisiens en faveur de l’alliance avec les socialistes au premier tour. Pourquoi le pensez-vous ?

    Parce que les négociations entre communistes et socialistes sont très avancées ! Nos partenaires du Front de gauche ne nous informent de rien mais on apprend incidemment, au détour d’un article dans l’Humanité, à propos de Dieppe que des négociations sont en cours entre les deux partis à Paris. Fin août, quand le journaliste de Libération interroge Pierre Laurent sur les prétentions du Front de gauche à obtenir 15 élus parisiens il confirme que la nouvelle représentativité du Front de gauche doit être prise en compte par les socialistes. Pourtant il n’a pas de mandat du Front de gauche pour cette négociation. Serions-nous le deuxième choix du PCF en cas d’échec des négociations avec les socialistes ? Ce n’est pas acceptable.

    Mais le vote des militants communistes n’interviendra qu’en octobre…

    Je leur lance une alerte solennelle : ce vote n’a pas seulement une dimension locale. La question est de savoir si le Front de Gauche s’assume comme une alternative. Pour nous les discussions à Paris avec la fédé du PCF sont suspendues tant que les militants ne se seront pas prononcés. Nous avons commencé la campagne.

    Ne dramatisez-vous pas ?

    Je refuse de masquer le danger ! Nous tirerons les conséquences d’un accord avec les socialistes à Paris, à Évry – la ville de Manuel Valls, à Nantes - celle de Jean-Marc Ayrault, à Lyon, à Toulouse… Car alors il y aurait un sérieux problème de cohérence et de visibilité pour le Front de Gauche. On ne peut pas manifester le samedi contre la politique du gouvernement et voter le dimanche pour un de ses ministres. Cette confusion rend le Front de Gauche inaudible, alors même que le débat se polarise dans les médias autour du Front National.

    Vous savez bien que Toulouse, Nantes, Lyon sont des fédérations autrefois « huistes » (en accord avec Robert Hue) hors de contrôle de l’actuelle direction du Parti communiste…

    Ce débat n’est pas le mien. Je dis seulement que c’est la clarté politique qui unifie et non les compromis entre fractions. La cohérence est une responsabilité politique qu’il faut assumer. Il serait étrange d’avoir un parti avec deux systèmes d’alliance alors même que la majorité des communistes sera sans nul doute favorable à des listes autonomes. Tous les communistes de France, toutes les listes du front de gauche seront décrédibilisés par le retour de quelques uns au bercail de la gauche plurielle ! Et cela alors que sept des neuf organisations qui composent le Front de Gauche sont déjà en faveur de l’autonomie. Quelle est la position du PCF ? Bref : je considère que ce serait une faute politique de s’allier avec le PS. Pierre Laurent milite pour … et moi contre. Les militants vont trancher. Puis les électeurs.

    Le Front de Gauche est un Front et non un parti unique. N’est-il pas normal qu’il y ait des différences entre ses composantes ?

    L’autonomie par rapport au Parti Socialiste est dans notre accord initial. La question des Fronts à géométrie variable a été tranchée. Le PCF était d’abord pour. Nous, nous voulions un parti unique. Cela n’a été ni l’un ni l’autre, mais une alliance durable dont la colonne vertébrale est l’autonomie. Surtout dans une élection à deux tours. Disparaitre du premier tour c’est diminuer la gauche. Peut-on imaginer que nous fermions la boutique Front de Gauche jusqu’en avril pour la rouvrir au moment des européennes en mai. Faudra-t-il la refermer de nouveau en 2015 lors des élections pour les conseillers territoriaux ?

    Faut-il alors prendre le risque de faire exploser le Front de gauche ?

    Je ne crois pas que le Front de Gauche va se fracasser. Mais de fait il y a un risque d’explosion de son message et de sa crédibilité. Il y a deux écueils mortels pour le Front de Gauche : l’absence de base sociale ou l’absence de stratégie. Je ne veux ni de l’un ni de l’autre. Je veux élargir la base du Front en tranchant le débat stratégique.

    La question essentielle est celle de dépasser le leadership socialiste. Nous sommes tous d’accord pour travailler à un élargissement politique du Front de Gauche. Mais il y a deux voies. Pour nous, les élections municipales sont l’occasion d’élargir les alliances politiques vers tous les opposants à l’austérité. Faire alliance avec le Parti Socialiste conduit à se détourner des militants du mouvement social, des socialistes qui n’acceptent pas la politique du gouvernement, des écologistes critiques. Nous, nous voulons construire les conditions d’une nouvelle majorité et cela passe par leur tendre la main sans leur demander de dire la même chose que nous. Juste de rompre avec l’austérité. Si nous ne faisons pas ces listes autonomes, nous leur coupons la route de la sortie du dispositif socialiste. C’est parce que nous serons autonomes que nous pourrons faire coaguler les forces d’alternatives.

    Je ne propose pas l’épopée folle des derniers résistants. Je refuse la bunkerisation dans la vieille alliance de gauche plurielle. Je propose une stratégie de conquête et d’élargissement. On m’objecte parfois le risque de perdre. C’est inhérent aux élections. Je veux aussi prendre le risque de gagner.

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  • retropédalo

    Hier, 20 septembre, François Hollande a fait son discours au Palais d’Iéna  où s’est ouverte la deuxième conférence environnementale. Il vient de promettre une pause fiscale et le renvoi à plus tard de la taxe dite « carbone »  a rendu grincheux les Verts. Il en a donc profité pour  tenter de les rassurer par l’annonce de la création d'une contribution climat-énergie dans la fiscalité à compter de l'an prochain, sans en préciser le taux, en assurant qu'elle serait compensée par des baisses de prélèvements obligatoires. Les détails doivent être dévoilés mercredi, lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2014 au conseil des ministres. "Elle consistera à calculer une partie du montant des taxes sur les produits énergétiques en fonction de leur teneur en CO2", a précisé François Hollande. "Il s'agit de financer la transition énergétique et de répartir ce qui aura été produit au bénéfice des ménages et des entreprises par des baisses de prélèvements." ET d’ajouter : "C'est comme ça que nous pourrons faire que nos compatriotes adhèrent à un tel projet puisque ce n'est pas une fiscalité supplémentaire, c'est une nouvelle fiscalité", évoquant comme bénéfices pour les ménages une baisse du taux de TVA sur les travaux d'isolation thermique à 5% en 2014 au lieu de 10% initialement prévu et un crédit d'impôt. Cette fiscalité écologique bénéficiera aussi aux entreprises puisqu’elle financera le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi.

    La CCE consiste donc à taxer tous les rejets de dioxyde de carbone (CO2, principal gaz à effet de serre) dans l'atmosphère. Tous les usagers de combustibles rejetant du carbone (essence, gazole, gaz, fioul, charbon) s'acquitteront donc en théorie de cette nouvelle CCE qui sera incorporée dans les taxes existantes. 

    Prenons un exemple concret.  Aujourd'hui, sur le prix de vente moyen (1,37 euro) d'un litre de gazole, 48 centimes alimentent les caisses de l'État au titre de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques). Une partie de cette TICPE serait basée sur un prix du carbone, fixé chaque année dans la loi budgétaire. En 2014, une tonne de carbone serait taxée à 7 euros, selon Le Monde. François Hollande a assuré que l’impact serait nul sur le consommateur tout en générant  300 millions de recettes. Une goutte d'eau comparée aux 13,5 milliards que rapporte la TICPE. Le mécanisme du CCE ne concernera toutefois pas que le carburant automobile mais sera décliné pour les taxes équivalentes s'appliquant au gaz naturel (TICGN), au charbon (TICC) ou aux entreprises polluantes (TGAP). Et après 2014? Selon un parlementaire joint par Le Figaro, le prix du carbone devrait ensuite augmenter plus sévèrement: 14,5 euros la tonne en 2015 et 22 euros en 2016. Le prix du litre de diesel augmenterait alors de plus de 10 centimes en 2016 sans tenir compte d’une autre augmentation qui pourrait être décidé par les producteurs de pétrole et les raffineurs. On nous explique aujourd’hui qu’un litre de gazole rejette environ 15 % de plus de carbone qu'un litre de super 95 et qu’il serait normal que le diesel rattrape le prix de l'essence. Pourquoi les ventes des véhicules Diesel ont-elle été boostées par des primes avec le logo vert  « Eco » ? Comment expliquer à ceux qui ont bénéficié de la baisse du prix des véhicules Diesel devenus accessibles à tous que l’état les a incités à acheter ces véhicules qualifiés aujourd’hui de polluants et qui seront donc taxés à ce titre ? Cela fait un peu penser aux marchands d’armes chimiques dont les Etats participent à l’interdiction de l’utilisation. On nous vend des véhicules diesel polluants mais il ne faudrait pas les utiliser  à moins que nous ayons les moyens financiers de le faire. On peut aussi parler des paquets de tabac vendus avec la mention « Fumer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage ». Cela rapporte beaucoup en taxes qui ne cessent d’augmenter. Pour le Diesel, nous sommes dans la même logique budgétaire.

    L’absence des Verts au ministère de l’environnement n’était pas un signe encourageant pour la politique suivie en matière d’écologie qui gagnerait à être plus claire. François Hollande a par ailleurs demandé que le Conseil européen du printemps reprenne l'idée de la taxe carbone aux frontières de l'Union européenne. Remplacer le terme « taxe-carbone » par celui de « contribution climat-énergie » tout en promettant une « taxe carbone » européenne, cela n’améliore déjà pas la lisibilité de la politique menée et des projets en cours.

    Faute de taxe-carbone abandonnée par Nicolas Sarkozy, Hollande annonce donc une variante, la « contribution climat-énergie », pour  convaincre les Verts de l'utilité de leur participation au gouvernement. Selon le gouvernement il ne s'agit pas d'un nouvel impôt mais d'un «verdissement» des taxes existantes. Tout cela nous paraît trop beau pour être vrai. D’un côté, on nous explique qu’il faut augmenter les impôts et les taxes pour équilibrer le budget de l’Etat. On nous parle de 15 milliards d’économie. De l’autre on invente une nouvelle taxe-carbone qui n’avoue pas son nom et on nous jure qu’elle sera indolore tout en expliquant qu’il faut faire mal au portefeuille pour pousser aux économies d’énergie et à moins de pollution. Et puis on nous glisse que cette taxe servira à compenser le crédit d’impôt aux entreprises qui continueront à polluer et à vendre des produits polluants.

    François Hollande a fixé l'objectif de diviser par deux la consommation d'énergie en France d'ici 2050, ce qui permettrait selon lui d'économiser 20 à 50 milliards d'euros sur la facture énergétique en 2030. La France vise pour l'instant l'objectif européen de réduction de 20% de la consommation à l'horizon 2020.  Le Président de la république a réaffirmé sa promesse de ramener l’énergie nucléaire de 75 à 50% de nos besoins énergétiques. Cela ne l’empêche pas d’amener souvent dans ses déplacements à l’Etranger des responsables d’AREVA pour de nouveaux contrats.

    La conférence environnementale a donc réuni pendant deux jours ministres, ONG, syndicats, représentants de l'Etat et des collectivités territoriales autour des questions d'écologie. Rien d’étonnant que l’écologie en soit le centre d’intérêt. Ensuite il y a la réalité : à qui va-t-on faire porter les efforts ? Quelles ont été les réelles avancées depuis l’élection de François Hollande ? Le discret ministre de l’économie estime que, sur 84 mesures proposées lors de la première conférence 24 ont été totalement réalisées et 39 sont engagées. Peu convaincu par l’avancement des mesures, Nicolas Hulot réclame de son côté un plan Marshall sur l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables. Quant au Premier ministre, il essaie de rassurer le contribuable en commentant : «  Economiser l’énergie, c’est utile pour la Planète… mais c’est aussi la facture des ménages qui doit diminuer ». Pas de quoi rassurer si on considère que les mesures prises concernent justement le portefeuille du contribuable. Finalement, seuls les riches auront-ils les moyens financiers de polluer  et pourront-ils profiter d’un crédit d’impôt pour améliorer leur habitat ? Pendant ce temps les autres devront-ils réapprendre à pédaler, capitaine?

    On comprend bien que l’écologie pose des problèmes complexes dans la mesure où l’on ne pense qu’à éduquer les usagers et les consommateurs parce que cela rapporte gros. Il ne faudrait pas que les industriels continuent à ne voir dans l'écologie qu’une source de subventions en n’hésitant pas, lorsque cela est nécessaire, à faire le chantage au licenciement, pour continuer à polluer la planète au nom de la compétitivité.

    Fiadone

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  • Excès de zèle ou besoin irrésistible de s’affirmer ? Toujours est-il que Pierre Gattaz, nouveau patron des patrons s’est encore distingué en se fendant d’une nouvelle déclaration, pour le moins savoureuse. Notre homme n’y va pas par quatre chemins. Il propose de réduire drastiquement les dépenses publiques en supprimant, entre autres, les communes et les départements ! Le successeur de Laurence Parisot enfonce un peu plus le clou en revendiquant le non remplacement de deux fonctionnaires sur trois. Rien que çà. Et pour faire bonne mesure, il nous ressort les sempiternelles exigences du patronat : nouvelles exonérations de charges sociales et baisse des impôts sur les sociétés. Monsieur Gattaz nous prend décidément pour des billes. Il est bon de lui rappeler un certain nombre de choses.

    Primo, les dépenses publiques sont indispensables au bon fonctionnement de la société. Elles servent à financer les infrastructures collectives : écoles, hôpitaux, routes, etc. Elles ne sont pas excessives comme l’affirment certains esprits chagrins. On pourrait même dire qu’elles sont insuffisantes dans certains domaines. Voir par exemple l’état des hôpitaux, leur manque d’effectifs, le niveau de la recherche française, etc.

    Secundo, Dans le discours de monsieur Gattaz, comme d’ailleurs dans celui de tous les éminents économistes et spécialistes qui déferlent quotidiennement dans les media, il y a un grand absent : les recettes. On ne parle jamais des recettes ou presque, comme c’est bizarre. Là est la clé du déficit budgétaire. Les recettes sont, elles, insuffisantes. Les causes  sont connues. Sans allonger la liste, citons quelques exemples : les  multiples niches fiscales, l’évasion fiscale, les exonérations de charges sociales, la fraude à la Tva, les réductions d’impôts pour les grandes entreprises. Manque à gagner, des dizaines de milliards d’euros. A cela, il faut ajouter à partir de janvier 2014, le crédit d’impôts de vingt milliards accordé aux entreprises, sans contrôle, ni justificatif. Il est à parier qu’une partie de ce crédit s’évanouira dans quelque paradis fiscal.

    Alors de grâce, monsieur Gattaz, un peu de pudeur. Quant à François Hollande et à son gouvernement, il est grand temps de revenir à une fiscalité réellement démocratique. Pour l’heure, ils n’en ont pas pris le chemin.

    Angelo Leonetti

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  • carte-Mali-Congo

     

    En visite hier au Mali pour assister à l'investiture du président Ibrahim Boubacar Keita, François Hollande a été acclamé par la foule dans le Stade du 26 mars de Bamako où il a prononcé un discours aux accents gaulliens : "Nous avons gagné cette guerre, nous avons chassé les terroristes, nous avons sécurisé le Nord et enfin vous avez réussi à organiser des élections incontestables et le vainqueur est aujourd’hui le président du Mali !" a-t-il lancé. Avant d'ajouter : "La France sera là pour vous accompagner, pour le développement, pour l’Etat, la démocratie, pour la réconciliation". On a presque envie de chanter avec Amadou et Mariam « Le  dimanche à Bamako, c’est jour de mariage…Les parents et les sympathisants sont au rendez-vous  Les copains et les voisins sont au rendez-vous .Les Fonés et les Djélis sont aussi au rendez-vous »

    Mais hier, c’était jeudi et même si les mariés étaient au rendez-vous, combien de temps durera le mariage France-Mali après la fête ? De quoi sera fait demain ? Même si François Hollande a voulu montrer qu’il n’était pas seul avec les Maliens dans cette guerre, il a toutefois mis l’accent sur son rôle majeur aux côtés de l’armée malienne. Il faut dire que les pays européens sont restés très distants avec ce conflit et en Afrique, seul le Tchad a apporté une aide militaire réelle mais limitée. Aujourd’hui trois mille militaires français sont maintenus sur place. Combien de temps resteront-ils ? Qu’arrivera-t-il après leur départ ?

    Les terroristes islamistes de la mouvance Aqnil ne se sont pas évaporés. Ils sont présents au Niger et en Lybie. Des otages français sont toujours détenus dans cette région. Une fois la France partie, les terroristes reviendront sans doute. Et puis il y a le problème des Touaregs qui contrôlent une partie du Nord malien. Un protocole y a été signé le 8 août entre communautés arabe et touareg pour créer un front uni face au nouveau pouvoir élu à Bamako dans le cadre du processus de paix qui doit s'ouvrir d'ici à la fin septembre. Ce protocole est apparu rapidement très précaire dès le 14 août, début de graves violences de part et d'autre de la frontière algéro-malienne, entre Arabes et Touareg, faisant des morts.Les affrontements se sont déroulés, dans un premier temps, dans la localité algérienne Bordj Badi Mokhtar, avant de se propager du côté malien. Cela montre encore la porosité des frontières du Mali qui est une fois et demie plus grand que la France. Tout n’est donc pas réglé et le plus dur est à venir car il s’inscrit dans la durée comme en Afghanistan.

    Hier, c’était à Bamako l’intronisation du président Ibrahim Boubacar keita élu démocratiquement nous dit-on. Dans son discours, François Hollande a voulu en faire aussi la fête d’une victoire militaire. « Nous avons gagné la guerre, nous avons chassé les terroristes… » A-t-il lancé à la foule pour ajouter ensuite : « Nous conserverons ici les effectifs nécessaires, mais surtout autour du Mali, pour aider les forces africaines à juguler toute menace. Parce que c'est d'abord aux Africains d'assurer leur propre sécurité.» Nos soldats ne quitteront pas cette région d’Afrique de sitôt. Et puis notre Président et chef des armées a justifié une intervention future en assurant : « "Lorsque le droit est bafoué, lorsque les enfants et les femmes sont massacrés, c'est là que la communauté internationale doit se lever et assurer la solidarité. Voilà la leçon du Mali. Voilà le message de Bamako". Noble intention sans doute dirigée contre Bachar Al Assad. Pour la première fois, François Hollande a laissé entendre que la France pourrait livrer des armes dans "un cadre contrôlé" aux rebelles syriens, qui sont, selon lui, pris entre les forces gouvernementales et les extrémistes islamistes. Il ajoutait à Bamako :"Je constate que les Russes en livrent régulièrement, mais nous, nous le ferons dans un cadre élargi avec un ensemble de pays et dans un cadre qui peut être contrôlé, car nous ne pouvons accepter que les armes puissent aller vers des djidadistes que nous avons combattu ici".

    Pendant ce temps Fillon rencontrait Poutine et taclait Hollande sur l’affaire syrienne. Le futur candidat des primaires présidentielles à l’UMP a donné du « Mon cher Vladimir » à celui qui se comporte comme un dictateur en Russie et, après avoir bloqué toute intervention internationale en Syrie, s’est imposé stratégiquement comme incontournable pour arriver à une solution pacifique. Poutine ne verse pas dans l’humanisme. On l’a bien compris.

    Que se passe-t-il en Afrique, mis à part le Mali?  On massacre des femmes et des enfants au Congo en présence d’une FINUL impuissante. Que fait la communauté internationale devant ce qui apparaît comme un nouveau génocide ? La France va-t-elle seule ou presque jouer les gendarmes uniquement dans ses anciennes colonies africaines comme elle vient de le faire au Mali ? Quel sera le périmètre de son action future ? Le Congo entre-t-il dans ce périmètre. Dans l’affirmative, est-ce par humanisme que se décidera une intervention? Alors pourquoi le Congo est-il abandonné depuis si longtemps à une violence qui a fait des millions de morts et continue à en faire ? En octobre 2012, lors de sa première tournée africaine,  François Hollande y était allé jouer l’équilibriste entre Kabila (dont les méthodes et la légitimité sont contestées à la suite d’élections dénoncées même par l’ONU) et l’opposition. Il n’a réussi qu’à se mettre Kabila à dos et les palabres sont inutiles. Etienne Tshisekedi, figure emblématique de l’opposition et président de l'Union pour la démocratie et le progrès social , (UDPS),  avait déclaré à la sortie de sa rencontre avec le président français.: «Je n’attendais rien du président Hollande sur la situation au Congo. Il n’y a que les Congolais qui savent ce qu’il se passe ici. Et personne d’autres. Mais nous croyons toujours dans les valeurs pour lesquels il est là, de bonne gouvernance et de démocratie». Depuis lors, rien n’a changé et la FINUL, présente sans les moyens en hommes et en matériels nécessaires pour faire respecter les droits de l’homme, ne peut que compter les morts avec, pour vaste mission, la stabilisation de la République Démocratique du Congo.

    Non ce n’était pas Dimanche à Bamako, ce n’était pas un jour de mariage mais tout juste le renouvellement d’un Pacte de solidarité à durée incertaine. Hier, c’était aussi le 19 septembre. Il y a un an jour pour jour était signée la Résolution 2068 du conseil de sécurité de l’ONU qui a été votée le 19 septembre 2012 concernant les enfants et les conflits armés. Cette résolution sans suite opérationnelle condamnait le recrutement et l'emploi des enfants dans les conflits armés ainsi que les sévices qu'ils subissent lors des conflits, constatait que certaines parties ne renoncent pas à ces pratiques malgré les résolutions prises à ce sujet et demandait aux états membres de condamner les auteurs de telles pratiques. Au Congo, la communauté internationale brille par son absence comme elle l’a si souvent fait dans le passé. Trop souvent l’ONU apparaît comme l’organisation des bonnes intentions sans passage à l’acte. Les grandes puissances se donnent bonne conscience et continuent à être les complices obscurs de la souffrance des peuples martyrisés.

    Fucone

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