• sterdyniak

     

    A l’invitation de Manca alternativa (Ensemble) et du Parti de gauche[1], Henri Sterdyniak, co-président des Economistes atterrés, a tenu une conférence à Ajaccio le 13 mai. En marge, il a accepté un court entretien enregistré sur la construction européenne…



    [1] Membres du Front de gauche

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  • Rouget_de_Lisle_chantant_la_Marseillaise

    Qui veut tuer politiquement Christiane Taubira l'accuse de la rage! La ministre Christiane Taubira est la cible d’attaques ouvertement ou sournoisement racistes. La dernière bronca orchestrée a pris pour prétexte qu’elle n’a pas chanté la Marseillaise lors d’une cérémonie officielle consacrée à l’esclavage. Elle a dû se défendre de toute arrière-pensée anti-française qui lui a été implicitement attribuée. L’hymne national est un chant révolutionnaire contre l’esclavage. Il ne faudrait pas en faire l’hymne de l’ultranationalisme exacerbé, voire identitaire. On ne peut exiger que toutes et tous les élus s’enroulent dans le drapeau tricolore comme dans une carapace et entonnent « La Marseillaise » rendue obligatoire comme ce fut le cas pour l’hymne nazi qui était même le chant d'ouverture obligatoire de tous les concerts de musique classique.

    Si on respecte la France et la république, il faut d’abord respecter la nationalité française, toutes celles et tous ceux qui la portent. Il ne suffit pas de chanter la Marseillaise sans la comprendre vraiment pour s’autoproclamer patriotes, comme le fait le Front national qui est en train de créer un réseau social à l’enseigne « Patriotes ». Par ailleurs ceux qui dénoncent dans le refrain la phrase « Qu’un sang impur abreuve nos sillons »,  devraient en lire les sept couplets car le septième est rarement chanté (Il n’a pas été écrit par Rouget de l’Isle).

    Enfants, que l'Honneur, la Patrie
    Fassent l'objet de tous nos vœux !
    Ayons toujours l'âme nourrie
    Des feux qu'ils inspirent tous deux. (Bis)
    Soyons unis ! Tout est possible ;
    Nos vils ennemis tomberont,
    Alors les Français cesseront
    De chanter ce refrain terrible

    Des politiciens de droite et des journalistes ont donc découvert que Christiane Taubira n’avait pas chanté la Marseillaise lorsque, selon eux, elle le devait. Cela aurait pu être reproché à d’autres avant elle et même à Nicolas Sarkozy ! C’est à la seule Christiane Taubira que l’on fait un procès d’intention. Elle a eu le malheur de dire qu’elle préférait écouter une diva chanter notre hymne et se recueillir plutôt que de participer à un karaoké. Et voilà Bernard Debré qui trouve l’occasion de dénoncer le propos plutôt que le silence partagé avec Sarkozy. Il est pourtant vrai que, souvent, de fausses voix massacrent l’hymne national et que certains font semblant d’en connaître le texte tout en se faisant l’écho de ceux qui le connaissent, ce qui fait un léger brouhaha dans un moment qui doit être celui du recueillement. Peu importe les raisons de Christiane Taubira, elle a prononcé le mot « karaoké », pour Bernard Debré, il s’agit d’une insulte suprême.

    Que peut-on entendre derrière cette bronca ? Sans doute les voix de ceux qui pratiquent le négationnisme lorsqu’il est question de colonialisme et d’esclavage. Ils vont rejoindre les propos nauséabonds des racistes et des xénophobes qui n’ont pas raté l’occasion de se faire entendre aussi.

    Nos propos ne sont pas partisans et nous n’avons pas d’affinités avec les partis qui forment la majorité présidentielle. Nous n’avons pas d’indulgence avec le parti de Mme Christian Taubira, un parti libéral qui se situe à gauche par opportunisme. Toutefois, nous nous élèverons toujours contre le racisme affiché ou rampant. Nous nous indignerons encore plus aujourd’hui alors que ce racisme fait recette. Des humoristes et des journalistes en ont fait leurs fonds de commerce.  Des Internautes déversent sur le Net de fausses informations et distillent la peur par courriel ou sur les forums.

    Pour autant, nous ne crachons pas sur l’hymne national de la France et, pour  que chacun le lise à tête reposée plutôt que de le chanter à tue-tête, y compris dans les stades de foot, nous le reproduisons ici… Il y est question de tyrannie et d’esclavage. C’était lors de la révolution de 1789 menacée par la Réaction et des armées étrangères qui voulaient restaurer la royauté… Ce chant a été adopté par la France comme hymne national : une première fois par la Convention pendant neuf ans du 14 juillet 1795 jusqu'à l'Empire en 1804, puis définitivement en 1879 sous la Troisième République et les suivantes.

    La Marseillaise
     
    Premier couplet
    Allons enfants de la Patrie,
    Le jour de gloire est arrivé !
    Contre nous de la tyrannie,
    L'étendard sanglant est levé, (bis)
    Entendez-vous dans les campagnes
    Mugir ces féroces soldats ?
    Ils viennent jusque dans vos bras
    Égorger vos fils, vos compagnes !
     
    Refrain :
    Aux armes, citoyens,
    Formez vos bataillons,
    Marchons, marchons !
    Qu'un sang impur
    Abreuve nos sillons !
     
    Couplet 2
    Que veut cette horde d'esclaves,
    De traîtres, de rois conjurés ?
    Pour qui ces ignobles entraves,
    Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
    Français, pour nous, ah ! Quel outrage !
    Quels transports il doit exciter !
    C'est nous qu'on ose méditer
    De rendre à l'antique esclavage !
     
    Refrain
     
    Couplet 3
    Quoi ! Des cohortes étrangères
    Feraient la loi dans nos foyers !
    Quoi ! Ces phalanges mercenaires
    Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
    Grand Dieu ! Par des mains enchaînées
    Nos fronts sous le joug se ploieraient
    De vils despotes deviendraient
    Les maîtres de nos destinées !
     
    Refrain
     
    Couplet 4
    Tremblez, tyrans et vous perfides
     
    L'opprobre de tous les partis,
    Tremblez ! Vos projets parricides
    Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)
    Tout est soldat pour vous combattre,
    S'ils tombent, nos jeunes héros,
    La terre en produit de nouveaux,
    Contre vous tous prêts à se battre !
     
    Refrain
     
    Couplet 5
    Français, en guerriers magnanimes,
    Portez ou retenez vos coups !
    Épargnez ces tristes victimes,
    À regret s'armant contre nous. (Bis)
    Mais ces despotes sanguinaires,
    Mais ces complices de Bouillé,
    Tous ces tigres qui, sans pitié,
    Déchirent le sein de leur mère !
     
    Refrain
     
    Couplet 6
    Amour sacré de la Patrie,
    Conduis, soutiens nos bras vengeurs
    Liberté, Liberté chérie,
    Combats avec tes défenseurs ! (bis)
    Sous nos drapeaux que la victoire
    Accoure à tes mâles accents,
    Que tes ennemis expirants
    Voient ton triomphe et notre gloire !
     
    Refrain
     
    Couplet 7
     (Dit « couplet des enfants »)
    Nous entrerons dans la carrière
    Quand nos aînés n'y seront plus,
    Nous y trouverons leur poussière
    Et la trace de leurs vertus (bis)
    Bien moins jaloux de leur survivre
    Que de partager leur cercueil,
    Nous aurons le sublime orgueil
    De les venger ou de les suivre
     
    (Couplet pour les enfants 2e)
    Enfants, que l'Honneur, la Patrie
    Fassent l'objet de tous nos vœux !
    Ayons toujours l'âme nourrie
    Des feux qu'ils inspirent tous deux. (Bis)
    Soyons unis ! Tout est possible ;
    Nos vils ennemis tomberont,
    Alors les Français cesseront
    De chanter ce refrain terrible

    "Je suis extrêmement énervé que personne ne dise qu'il est temps de changer les paroles de La Marseillaise qui sont d'un autre temps. Quand j'entends « Qu'un sang impur abreuve nos sillons", je suis sidéré qu'on continue à chanter ça", a affirmé récemment l'acteur Lambert Wilson au micro de RTL, en écho à d'autres bien-pensants. Le fait est que les adversaires de « La Marseillaise » ne retiennent que cela, sans égard pour ce qu'elle réprésente et sans connaître le sens de ce refrain. "Qu'un sang impur" ne fait pas référence à l'étranger mais au seul peuple, celui qui va sauver la jeune nation française, par opposition au "sang pur", puisque c'est ainsi qu'on appelait les nobles (qui, à l'époque, avaient fui). Il s'agit donc de sacrifice patriotique et non pas du sang de l'ennemi.

    Cet hymne est venu de Marseille. C’est l’hymne national. Il existe d’autres hymnes en  France à commencer par la « Coupo santo » des Provençaux. On peut citer ici aussi l’hymne corse « Diu vi salvi Regina ». Au-delà de toutes les frontières, « L’Internationale » est aussi chant révolutionnaire dont les paroles furent écrites en 1871 par Eugène Pottier et la musique composée par Pierre Degeyter en 1881. Traduite dans de très nombreuses langues, L'Internationale est le chant symbole des luttes sociales à travers le monde. La version russe d'Arkady Yakovlevich Kots a servi d'hymne national de l'URSS jusqu'en 1944. Tous les hymnes sont respectables dans la mesure où ils unissent les hommes contre la tyrannie, lorsqu'ils parlent de liberté, d’égalité et de fraternité. Tout dépend ensuite des idéologies qu’ils véhiculent : L’hymne nazi est de triste mémoire et on ne pourrait pas demander à des descendants de déportés et de résistants de le chanter si l’Allemagne l’avait conservé.

    Rouget de l’Isle a écrit « La Marseillaise » pour l'Armée du Rhin à Strasbourg, à la suite de la déclaration de guerre de la France à l'Autriche. Dans ce contexte originel, La Marseillaise est un chant de guerre révolutionnaire mais aussi un hymne à la liberté, un appel patriotique à la mobilisation générale et une exhortation au combat contre la tyrannie et l'invasion étrangère. Lorsque l’on évoque l’invasion étrangère, il ne s’agissait donc pas de l’immigration mais de l'invasion guerrière de l'Autriche alliée de la Réaction. Si l’hymne de la France est un chant guerrier, il n’est pas un chant raciste. La Marseillaise n’est plus accompagnée par l’hymne pétainiste « Maréchal, nous voilà ! » comme c’était le cas pendant la période de la Collaboration. En zone occupée, le commandement militaire allemand avait même interdit de la jouer et de la chanter à partir du 17 juillet 1941.

    De 1789 à nos jours,  « La Marseillaise » est un hymne chargé d’Histoire de France. Il n’est pas responsable du pire fait sous le drapeau tricolore mais témoigne du meilleur: la  Révolution française de 1789 et la Libération de 1945. Il n’appartient pas à ceux "racistes et xénophobes" qui veulent en faire le critère du « bon Français » et ne mérite pas les critiques de ceux qui s’arrêtent à une phrase sortie de son contexte pour en faire un chant raciste.

    Fucone

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  • La mort de l’ouvrier, de Michael Glawogger

    Dimanche 11 mai, Arte a diffusé un documentaire remarquable et d’une grande beauté sur les damnés de la terre et les nouvelles conditions ouvrières. De l'Ukraine à l'Indonésie, du Nigeria au Pakistan et à la Chine, des rencontres avec des travailleurs de force qui gagnent à peine deqatar_coupequoi survivre. Cette œuvre a été diffusée en hommage au réalisateur Michael Glawogger[1], décédé le 23 avril dernier. On a dit de lui : Il y a des risques à adopter ces perspectives multiples qui sont celles de la globalisation. Mais Glawogger ne cède jamais à la facilité de la comparaison : les espaces qu’il choisit sont mis en tension, les frontières se dissolvent (entre pays dits du nord et du sud, entre contextes traditionnels et conséquences du capitalisme), et il s’en dégage une véritable réflexion sur l’expérience humaine du travail. Un chapitre n’est pas là pour relativiser celui qui suit ou précède, mais pour lui répondre, et on ne se retrouve ainsi jamais dans le « cas particulier » l’anecdote ou l'approche didactique. Enfin, ces choix n’empêchent pas l’individu de demeurer au centre de ces immenses fresques. Glawogger ose magnifier les hommes et les femmes qu’il filme sans jamais adoucir leur condition ou la violence de ce qu’ils vivent. (Dossier "100 cinéastes qui font le cinéma contemporain" - revue 24 Images, numéro 163)

    Présentation du documentaire « la mort de l’ouvrier » (Workingman’s Death, film sorti en 2004) :

    En cinq lieux à travers le monde, cinq situations exemplaires, ce film montre avec un sens époustouflant de la mise en scène les conditions de vie et de travail effarantes qui sont le lot des laissés-pour-compte du libéralisme économique. En Ukraine, des mineurs au chômage rampent dans les étroites galeries d'une mine désaffectée pour extraire quelques seaux de charbon ; là même où, en 1935, le héros soviétique Stakhanov avait battu tous les records de production, le glorieux combat pour l'énergie s'est mué en un travail illégal qui n'a d'autre objectif que la survie. En Indonésie, dans l'est de Java, des tâcherons exploitent le soufre au cœur d'un volcan en activité, dans les vapeurs toxiques et la chaleur étouffante ; pour certains d'entre eux, cela fait trente ans qu'ils descendent au fond du cratère pour remonter à dos d'homme une centaine de kilos de soufre, risquant leur vie à chaque voyage. Au Nigeria, dans l'atmosphère empuantie des carcasses brûlées, les tueurs d'un abattoir en plein air s'arrachent les clients pour essayer d'égorger chaque jour le plus grand nombre de bêtes possible. Au Pakistan, des hommes démantèlent à main nue un vieux cargo échoué sur la côte, sous la menace permanente des chutes et des explosions ; d'origine paysanne pour la plupart, ils doivent se faire démolisseurs d'épaves pour nourrir leur famille. En Chine, les ouvriers d'une usine sidérurgique redoutent l'implantation d'une nouvelle unité ultramoderne, pressentant qu'ils sont les derniers spécimens d'une espèce en voie d'extinction…

    Pidone

    Nous vous proposons le replay diffusé par ARTE en cliquant ICI



    [1]

    AUT-Interview-Glawogger

    Michael Glawogger (né le 3 décembre 1959 à Graz et décédé le 23 avril 20141 au Liberia) est un réalisateur, scénariste et directeur de la photographie autrichien. il réalise souvent des documentaires de moyen ou long métrage. Il les tourne le plus souvent dans beaucoup d'endroits du monde pour traiter de la mondialisation comme pour Megacities et La Mort du travailleur : la survie dans quatre mégalopoles (Megacities), cinq états du travailleur prolétaire dans un monde où il n’est plus vraiment visible (La mort du travailleur). Sa fiction Slumming est sélectionnée à la Berlinale 2006. Il revient ensuite au documentaire avec Whores’ Glory (de) qui traite de la prostitution. Il meurt de la malaria lors d'un tournage au Libéria.

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  • sncm_tempête

    Hier, lundi 12 mai, Marc Dufour, président du directoire de la SNCM n’a pas été reconduit dans son poste au-delà de la fin mai, date de la fin de son mandat. Le conseil de surveillance l’a débarqué avec six voix contre la poursuite de son mandat, quatre étaient pour  et trois ont opté pour l’abstention. Les  trois représentants de l’état. savaient qu’en s’abstenant, ils donnaient raison à la direction de Transdev/Véolia,  principale actionnaire.Les six représentants de Transdev, actionnaire à hauteur de 66 %, souhaitaient le départ de celui qui soutenait le plan de redressement pourtant accepté par tous mais remis en cause par la direction de Transdev/Véolia.

    Dans un communiqué, le secrétariat d'Etat aux transports assure que cette abstention n'est « ni un vote de défiance ni d'indifférence à l'égard du directoire sortant », mais il souligne qu'« il était important de mettre un terme à la quasi-paralysie qui menaçait la société ». Quelle hypocrisie ! Voilà un Monsieur qui a sauvé son poste dans le remaniement ministériel et qui va continuer à vouloir rouler les gens dans la farine, alors que les abstentions apparaissent comme un désaveu de la position prise par Marc Dufour et un appui à celle de Transdev/Véolia. On appellera cela une pirouette pour accomplir un « retournement économique ». Du Hollande, tout craché !

    François Hollande et son gouvernement ont gagné du temps pour finalement laisser Transdev/Veolia seul maître à bord de la SNCM face aux syndicats. L’Etat pouvait montrer une volonté politique dans ce dossier, sachant que l’actionnaire privé de la SNCM (Transdev, filiale de Véolia) veut se désengager, le dit et le répète chaque fois qu’il s’agit du plan de redressement pour le renier. Si le financement des nouveaux navires et une restructuration du capital de la SNCM n’interviennent pas, François Hollande en portera l’entière responsabilité et on pourra penser que la décision de démanteler la SNCM est prise de longue date. Cela ne pourra pas passer pour un revirement pragmatique mais apparaitra comme une complicité. Une fois encore, François Hollande aura avancé « masqué ».

    Ce lundi 12 mai semble mettre un terme à l’espoir entretenu le 18 mars dernier. En mars, pendant que des manifestations se déroulaient contre le plan de responsabilité et la politique d’austérité, le conseil de surveillance de la SNCM avait autorisé le directoire à signer la lettre d'intention de commande pour deux ferries au gaz naturel liquéfié auprès de STX Saint-Nazaire. Deux autres navires sont en option car il s’agit in fine d’une commande annoncée de 4 navires« Le président du directoire, Marc Dufour, a reçu mandat pour signer la lettre d'intention qui ouvre la séquence de dialogue exclusif avec STX France », a indiqué un porte-parole de la SNCM à l'issue du conseil de surveillance, qui se déroulait à Paris, ce mardi. Pour autant, la SNCM n’était pas sauvée de la liquidation évoquée comme la solution par la direction de Transdev/Véolia.  Il ne s’agissait que d’une lettre d’intention et non d’une commande ferme qui ne verrait le jour que si un financement était arrêté. Même si nous souhaitons une issue favorable à la SNCM et son personnel, nous ne voulons pas jouer les oiseaux de mauvais augure mais il était naïf de croire que la raison l’avait emporté et s’en réjouir trop vite. L’Etat, actionnaire de la SNCM, a constamment joué la montre sans jamais s’engager réellement face à une coalition qui s’acharne à couler la compagnie nationale au bénéfice de compagnies low cost et en premier bénéficiaire la Corsica ferries qui utilise la législation européenne libérale pour éliminer la concurrence au nom de la libre concurrence. Un comble ! Cette société italo-suisse a même reçu des subventions sans aucun contrôle de sa comptabilité et des conditions d’emplois à bord des navires qu’elle affrète. 

    D’aucuns œuvrent pour qu’il reste deux compagnies sur les lignes entre la Corse et le continent français. La Corsica Ferries France (CFF) et la Compagnie Méridionale de Navigation (CMN) pourraient se répartir les passagers et le fret. D’autres militent pour la création d’une Société d’Économie Mixe (SEM) régionale qui sert d’alibi pour justifier le naufrage de la SNCM car personne ne croit réellement à la viabilité d’une SEM régionale. Le projet de SEM est un appât électoral pour les uns et un projet idéologique pour les autres. Paul Giacobbi, avant le conseil de surveillance, est allé défendre le projet de SEM devant les députés, une démarche qui s’inscrit dans la décision prise contre le renouvellement du mandat de Marc Dufour.

    Un journaliste indépendant, Pierre Verdi, met en évidence dans une série d’articles « l’intérêt de certains armateurs conjugué aux calculs politiques (nationaux et régionaux), sans que l’on sache vraiment qui instrumentalise qui. Tout cela s’est inséré, écrit-il, dans une remise en question, au niveau de l’Union Européenne, des sociétés « à statut » et à participation publique ». Allez lire les articles sur son blog : pericoloso sporgersi. Il s’agit d’un dossier complexe car complet. Comme l’écrit le journaliste, si le monde actuel fuit la complexité, pourtant  seul ce qui est complet s’approche de la vérité. L’analyse de ce journaliste mérite qu’on s’y arrête car elle dénoue le dossier SNCM depuis sa privatisation qui est le début du rôle néfaste joué par l’Etat lui-même sous la présidence de Jacques Chirac avec Dominique de Villepin à la manœuvre.

    Dans le contexte économique actuel où prédomine l’idéologie néolibérale, la commission européenne pèse de tout son poids pour que l’époque des entreprises publiques soit révolue laissant la place à des sociétés Low Cost.  Plus que jamais, les personnels de la SNCM et leurs syndicats doivent rester vigilants et mobilisés ! Plus que jamais, ils ont besoin de tous les soutiens ! Il faut empêcher que la Corse perde une compagnie nécessaire à l’emploi et à l’économie. François Hollande et son gouvernement porteraient une très lourde responsabilité si la SNCM était sabordée et son épave livrée à la concurrence étrangère ou transformée en compagnie régionale comptant 500 emplois et quatre bateaux.

    Matelone

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  • Anti Racaille

    L’extrême-droite surfe sur le sentiment d’insécurité. Ce n’est pas nouveau. Par contre ce qui l’est ce sont les « patrouilles anti-racaille » organisées, à Lille puis dans d’autres grandes villes et dans les transports en commun, par des éléments d’extrême-droite réunis sous la bannière « génération identitaire » qui s’était fait connaître par l’occupation du chantier d’une mosquée à Poitiers en 2012. Des stages de self-défense sont même proposés. Ces justiciers enfilent une veste jaune vif avec, à l’emplacement du cœur, un signe « lambda » inversé dans un cercle. Quelques uns portent un haut de survêtement avec l’inscription bien visible « Génération anti-racaille ». Ils se défendent d’être des miliciens ou des substituts de la police. Leur responsable va jusqu’à dire : « Ce que nous faisons, c’est notre devoir citoyen et moral, de protéger nos frères et sœurs, riches ou pauvres, parisiens ou non, qui ne se sentent plus en sécurité dans un service public. »  La question reste à savoir de quels frères et de quelles sœurs il est question pour ceux qui se réclame d’une génération identitaires islamophobe ? Cette question en entraîne une deuxième : Protéger contre qui ? Dans les faits, les patrouilles anti-racaille se déplacent en nombre. Ils sont nombreux et sans doute prêts à en découdre si l’occasion se présente. Ils veulent être visibles et cela donne un côté flash-mob ou happening si vous voulez et franchement publicitaire sans aucune réelle justification de ce que, leur déplaise, on nomme « milices », formations chères à l’extrême-droite et à toutes les dictatures.

    Ne vous y trompez pas ! Ces jeunes gens sont aussi dangereux que les voyous du Métro. Ils sont endoctrinés et, derrière leur apparence BCBG, ils sont les propagateurs d’idées nauséabondes qui empoisonnent les sociétés en période de crise économique et de chômage. Ils ont besoin de logos évocateurs pour s’identifier. Leur lambda à connotation spartiate a été choisi avec soin. Le cercle rappelle celui du groupe Occident et bien d’autres logos d’extrême-droite (croix gammée, logo des Afrikaners en Afrique du sud...) Celui  des Jeunesses polonaises a ajouté un glaive à un lambda ou un « V ». En général, les groupes néo-nazis gardent la croix gammée ou uniquement le cercle dans lequel ils s’enferment contre tout ce qui leur est étranger. 

    Quelques exemples de logos. On pourrait y ajouter celui du mouvement néo-nazi grec "Aube dorée".

    logos_extdroit
    Le plus proche est celui des SA ( Sections d'Assaut hitlériennes)...
    logo_sa
     

    tracts_racaille

    Les patrouilleurs spartiates du « Lambda inversé » réfutent le terme de milice. Alors pourquoi la référence historique aux Spartiates ? L’armée occupe une place particulière à Sparte, cité où tous les citoyens en âge de porter les armes sont censés être des hoplites (fantassins) et, en conséquence, subissent depuis leur enfance une éducation qui doit les préparer au combat. Plutarque écrit que la seule réputation des hoplites spartiates « frappait d'effroi leurs adversaires qui, même avec des forces égales, ne se croyaient pas capables de lutter sur un pied d'égalité contre des Spartiates ». Les Spartiates combattirent l’invasion persane et, sans aucun doute, cet aspect de l’histoire de Sparte n’a pas échappé au concepteur du logo de « génération identitaire ». Selon des témoignages, les patrouilleurs de cette génération identitaire » s’éparpillent dans les rames du métro, sans un sourire, sans un geste : l’œil nerveux, l’air concentré.  Cela fait penser au laconisme spartiate qui désigne les formules concises et frappantes par lesquelles les Spartiates de la Grèce antique avaient coutume de s'exprimer. Heureusement que nos spartiates identitaires d’aujourd’hui  ne sont pas armés car les hoplites spartiates faisaient partie de l’infanterie lourde. L’utilisation du mot « racaille » a été banalisée par Nicolas Sarkozy avec son nettoyage policier au karcher. Ce terme péjoratif sert à désigner une personne ou une catégorie de personnes, souvent la frange considérée comme méprisable d'un groupe : un terme d’exclusion repris par Génération identitaire. On parle de « la racaille de la société » pour désigner une frange non intégrée. Ce mot désigne une masse méprisable. L’étymologie du mot « racaille » n’est pas clairement établie avec une hypothèse de référence péjorative au chien mais d’aucuns la basent sur l’italien Razza, qui a donné « race » en français et certaines utilisations de ce terme entretiennent volontairement ou accidentellement une confusion sur l’identité du groupe qu’il stigmatise. Sur des photos prises dans le métro de Lyon et publié sur un site identitaire, on voit des patrouilleurs exhiber une affiche « Ne recule plus ! Ici, tu es chez toi, défends-toi ! ». Aussi venant de Génération identitaire et anti-racaille, la confusion ne peut être que volontaire, alors que chez Sarkozy le doute est encore permis. Quoique ? Il ne faut pas oublier que son ex-conseiller Patrick Buisson est un pur produit de l’extrême-droite.

    En France, il existe une police nationale, une gendarmerie nationale et des polices municipales. Par ailleurs des société privées de surveillance ont fait de la sécurité leur activité et les directions des  métros ont recours à ces services privés. Dans le métro, un réseau de surveillance vidéo est en place. Par ailleurs, dans le cadre de Vigie pirate, des patrouilles police-armée sont effectuées. Bien sûr le risque zéro n’existe pas mais ce n’est pas une raison pour instrumentaliser le sentiment d’insécurité et promouvoir des idéologies anti-démocratiques. La France a des institutions républicaines et n’a pas besoin de laisser grossir des embryons de milices fascistes.

    U Cursinu. 

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  • mai15_FP

    Le 15 mai sera marqué par une journée nationale d'action largement unitaire dans la Fonction Publique. CFDT , CFTC, CGT , FA -FP, FSU, SOLIDAIRES et UNSA dénoncent ainsi ensemble les conséquences de la politique d'austérité salariale et la dégradation de la qualité de l’emploi public.

    Après les années Sarkozy où les personnels de la Fonction Publique ont été particulièrement malmenés: baisse drastique du nombre de postes et précarisation, gel salarial (depuis 2010!) et perte continue de pouvoir d'achat, restructurations autoritaires et gestion managériale, rien n'a vraiment changé sous l'ère Hollande.

    L'annonce de la poursuite du gel du point d'indice jusqu'à 2017 est vècue comme une véritable provocation. Les coupes prévues dans les dépenses publiques, que ce soit au niveau des ministères ou des Collectivités territoriales ont de quoi attiser la colère des personnels inquiets sur leurs missions et leur avenir, y compris statutaire.

    Les organisations syndicales appellent donc à une journée national. Elles demandent au gouvernement d'ouvrir sans délai de réelles négociations sur les rémunérations et garantir des emplois publics de qualité correspondant aux besoins. Elles exigent une revalorisation immédiate du point d’indice, la refonte de la grille indiciaire permettant la revalorisation de tous les métiers et des mesures de rattrapage.

    Bien que le projet du pacte de responsabilité ait été voté à l'Assemblée, le gouvernement Hollande-Valls en sort politiquement affaibli dans son propre camp. Après les manifestations et grèves récentes (28 mars, 12 avril, Premier mai), associant forces politiques et syndicalistes, le 15 mai devrait marquer dans le secteur public une autre étape de mobilisation... 

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  • Giscard2

    Jacques Chirac étant physiquement indisponible, la presse nous a ressorti Valery Giscard d’Estaing le très ancien président devenu Immortel dans cette Académie française où la politique est venue polluer les belles lettres et les Arts sous la direction du controversé Gabriel de Breuil, le chancelier de l'Institut de France, moqué pour son extrême arrogance,  pointé du doigt pour ses pratiques peu scrupuleuses. Le journaliste Daniel Garcia a livré une enquête sur cette institution vieille de plusieurs siècles. Le passage intitulé "Le Monopoly du Quai Conti" révèle l'immense richesse de l'Institut de France, la maison mère de l'Académie française et de ses sœurs. La Coupole est très riche : sa fortune est estimée à un milliard d'euros. Le journaliste s'étonne de la bienveillance suspecte de la Cour des comptes quant à la mauvaise gestion des finances de la Coupole et s’arrête sur des dossiers inconnus ou presque du grand public. S'y croisent : Nicolas Sarkozy, Liliane Bettencourt et sa fille, Éric Woerth.

    Dans ce marché de l’occasion qu’est l’Académie française, Valéry Giscard d’Estaing a obtenu en 2003 l’habit vert de feu Léopold Sédar Senghor.  Un ancien président africain ! Un véritable pied de nez honteux à l’histoire du septennat giscardien entaché par ses amitiés avec Jean Bédel Bokassa et l’affaire des diamants. Sa postérité contestée ne suffisait pas à Giscard, il lui fallait l’immortalité symbolique. Ce n’est cependant pas avec son œuvre littéraire qu’il a obtenu son fauteuil. Il s’y est installé et on pouvait au moins espérer qu’il y resterait assis avec les autres vieillards cacochymes de ce cercle réactionnaire.

    Et bien non ! Il est sur les ondes radios jusqu’à hier soir, le JT de FR2. Déjà interrogé jeudi 8 mai par Europe 1, il critique ce jour de commémorations qu’il avait supprimé en 1975, soucieux, à cette époque, de contribuer à la réconciliation avec l’Allemagne et à la construction de l’Europe libérale dont il est l’un des promoteurs les plus zélés, puisqu’il présida la convention pour l’avenir de l’Europe qui déboucha sur le Traité de Rome.  Les commémorations ont été rétablies en 1981 par François Mitterrand. Décidément, le 8 mai ne rappelle que des mauvais souvenirs à Giscard et il a trouvé un nouvel argument pour l’effacer du calendrier officiel.

    Pour Giscard, il faut travailler plus pour produire plus.  Il considère que le 8 mai  "ce n’est pas simplement une journée fériée, c’est une journée chômée, où la France ne travaille pas, où la France, qui n’a pas de croissance, qui est un pays affaibli économiquement, va avoir trois jours où elle ne travaillera pas. C’est tout à fait illogique".  C’est ce qu’il a dit lors de son passage à Europe1 et qu’on lui a fait répéter ailleurs, pour ouvrir à nouveau le débat libéral sur la durée du travail, les jours de vacances et les jours chômés.

    Lors du débat télévisé de l'entre-deux tours, le 5 mai 1981, François Mitterrand qualifie Valéry Giscard d'Estaing d'« homme du passif », en réaction à « l'homme du passé ». Aujourd’hui, il est les deux. Il est l’homme d’un passé qui a mis l’Europe dans l’entonnoir libéral qui a mené à la crise que l’on connaît. Il est l’homme du passif avec la mise en place du système bancaire européen qui est responsable de la dette et des politiques d’austérité. 

    On se demande combien de temps encore, on va nous ressortir Giscard d’Estaing qui sent la naphtaline de son habit vert. La naphtaline aurait dû le préserver des mythes mais il n’en est rien.  Qu’il nous épargne sa mythomanie, ses romans à l’eau de rose et ses fantasmes avec les princesses. Son ouvrage « La Princesse et le Président » (mettant en scène une relation sentimentale de deux personnages, qui rappellent Lady Diana et lui-même) démontre que même le ridicule ne le tue pas. L'opinion britannique relayée par la presse a hésité entre « hilarité et curiosité » selon les termes du journal The Guardian. Face aux interrogations des journalistes, Giscard  a finalement affirmé avoir « inventé les faits ». Le Times a émis l’hypothèse que cette parution buzzante avait pour une volonté d'éclipser la publication des mémoires de Jacques Chirac, son éternel ennemi politique à l'intérieur de la droite française. Aujourd’hui, il n’a plus qu’un ennemi, lui-même. Il suffit de l’avoir écouté au JT soir de FR2 le 10 mai. Interrogé par un Laurent Delahousse respectueux et parfois obséquieux, il explique d’abord que les Français sont conservateurs et ne veulent pas de changement pour ensuite dire qu’il a été élu parce que les Français sont des gens impatients et qu’ils voulaient le changement. Et dire qu’il siège encore au Conseil constitutionnel aux côtés de Nicolas Sarkozy!

    A quelques jours des élections européennes, il faut se souvenir que Giscard était opposé au recours à un référendum pour décider de la constitution européenne. Il n’était pas favorable au suffrage universel direct pour élire les députés européens. Il était l’un des partisans de la construction européenne par une élite technocrate. Président du Conseil général d’Auvergne, il a aussi siégé au Parlement européen entre 1989 et 1993. Il était président du groupe Libéral, Démocrate et Républicain (LDR) jusqu'en 1991. Il a pris position en faveur du "oui" lors de la campagne référendaire sur l'adhésion de la France au Traité de Maastricht. Avec Helmut Schmidt, il a créé en 1986 le Comité pour l'Union monétaire de l'Europe.  De 1989 à 1997, il exerce la présidence du Mouvement International Européen. Il est  Président de l'Institut pour la Démocratie en Europe. Il a participé à réflexion sur l’organisation européenne et ses perspectives qui a conduit au traité établissant une Constitution pour l'Europe, signé le 29 octobre 2004 à Rome et rejeté en France et dans d’autres pays européens par référendum…

    Lors de sa présidence, Giscard n’a jamais organisé de référendum, comme Sarkozy plus tard. Il serait surprenant que François Hollande en organise un. C’est un aspect gaullien de la Cinquième république qui ne fait plus recette chez les présidents de la république. Ils ont tous une idée de la démocratie très présidentielle et même néo-monarchique. Giscard a même hérité d’un nom à particule achetée par son père Edmond Giscard (1894-1982), devenu Giscard d'Estaing en juin 1922. Quant à Sarkozy, c’est un arriviste avec la mentalité d’un roturier. Hollande est l’archétype de l’énarque et a installé l’énarchie et la technocratie. Les technocrates sont, comme l’a dit Coluche, « les mecs que, quand tu leur poses une question, une fois qu'ils ont fini de répondre, tu comprends plus la question que t'as posée ». L’énarchie c’est  la tyrannie des "experts" et des technocrates qui imposent sans discussion les verdicts du nouveau Léviathan que sont les "marchés financiers" et qui n'entendent pas négocier mais "expliquer". En ce sens, on peut dire que François Hollande est dans la lignée des anciens élèves de l’ENA que sont Giscard et de Chirac, davantage que celle de Mitterrand dans la période 1981 à 1983.

    Giscard était de la promotion « Europe ». Et oui ! Son action et sa propagande libérales étaient préméditées.  Chirac était de la promotion « Vauban » partisan du pré-carré. Il est sorti de celui de la politique et se trouve maintenant enfermé dans celui construit autour de lui par sa femme. Pour Hollande, c’est Voltaire qui disait : « Je compterais plus sur le rôle d'un homme espérant une grande récompense que sur celui d'un homme l'ayant reçue.  » Avec le président Hollande, on sait à quoi s’en tenir et que la Gauche peut compter sur lui lorsqu’il attend une récompense électorale. Après, il lui tourne le dos.

    U barbutu

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