• Le premier grand prêche de MacronEmmanuel Macron a choisi la mise en scène des prêcheurs américains pour réunir quelques centaines de nouveaux fidèles recrutés par des rabatteurs à la façon des Mormons. Il s’est longuement livré à la prédication libérale qui a dû réjouir Pierre Gattaz, prêcheur du Medef. Son problème, c’est sa voix de fossé plus habitué aux messes basses qu’aux envolées lyriques et qui, chez lui, se terminent dans des couacs aigus. Lorsque la claque était activée, son regard en disait long sur sa mégalomanie d’enfant gâté. On ne harangue pas une foule avec la bouche en cul de poulet et le gosier étroit. Il est un orateur d’alcôve, un chuchoteur de l’économie libérale. Il n’a aucun charisme mais de grandes ambitions pour lui-même. Il se prend pour un gourou d’une secte à laquelle il a donné ses initiales « EM ». Ses ouailles ont reçu un badge avec l’inscription « Je marche ».  Est-ce qu’ils marcheront sur l’eau derrière ce « Jésus » et l’artiste Christo dans le nord de l'Italie: sur le lac d'Iséo ? Ils peuvent toujours courir s’ils pensent que ce parvenu sera élu président de la république en 2017 en promettant de « fonder l’identité nationale ». Rien que ça ! Ce n’est pas le Système qui l’en empêchera car il en fait partie. Il est le candidat de l’oligarchie qui, depuis qu’il est ministre de l’économie, fournit toutes les idées libérales les plus antisociales à Hollande et Valls, tout en s’en démarquant par la suite. Il vient de rédiger des ordonnances dans la loi SAPIN 2 en faveur des magnats du BTP, sous prétexte d’ouvrir les marchés publics aux moyennes et petites entreprises. Cette ordonnance enlève aussi aux artisans le bénéfice de leurs savoir-faire en déclassant leur travail au profit du bricolage inexpérimenté (voir un article de Médiapart).

    Le premier grand prêche de MacronEmmanuel Macron n’a pas créé un mouvement politique. C’est d’une secte qu’il s’agit. Il a choisi la mutualité pour son premier grand prêche et se dit de gauche, dans une démarche  « ni droite ni gauche ». Le centre de son intérêt est son nombril. On pourrait même parler de secte apocalyptique puisque toutes les mesures attachées à sa personne préparent l’apocalypse d’une France sociale engloutie par un monde économique mondialisé.

    Hollande et Valls dans tout cela ? Hollande a vu dans Macron le tueur de Valls. Il n’a pas décelé l’Œdipe. Valls a accepté la nomination de Macron parce qu’il est Premier ministre par la volonté seule de Hollande. Le Chef de l’Etat et le Premier ministre sont les promoteurs d’une taupe de la Finance et du grand capital. Nous l’avons vu avec la gestion de la communauté européenne : les politiques ont perdu leur pourvoir au profit des technocrates. Macron est un technocrate qui n’a jamais reçu le moindre mandat électif et il s’en glorifie. Le seul qui l’intéresse est celui de Président de la république dans un contexte auquel il n’est pas étranger. Il a participé à la trahison de la gauche d’abord à l’Elysée aux côtés de Hollande et ensuite au sein du gouvernement. Il se présente maintenant comme un candidat du changement attentif à ce que souhaitent les Français.

    L’oisillon tombé du nid se prend pour un aigle. Il bat des ailes avant de se les brûler. On ne va pas ressortir toutes ses petites phrases qui ont montré son mépris pour les gens du peuple et les chômeurs. Ce petit marquis du palais de l’Elysée est un bonimenteur en costard qui se prend pour un grand stratège et ne trame que des manigances affligeantes. Il s’invente un destin d’homme providentiel avec un passé court mais déjà désolant.

    Le « chevalier venu d’une autre planète » de son épouse, que l’on nous présente à loisir comme un surdoué, n’est qu’une marionnette avec des ficelles financières dans le dos. A la commission européenne, on nous a imposé des Barroso et des Junker. Il est de la même trempe et a les mêmes marionnettistes. D’inspecteur des finances, il a basculé dans la finance chez les Rothschild pour être ensuite introduit à l’Elysée grâce à ses relations avec Rocard et Attali. Il fut un temps chevènementiste. Aujourd’hui, il s’affiche comme mégalo-macroniste car ce qu’il préfère chez les autres, c’est lui-même.  Macron se présente comme un autre de la politique et de la Gauche. Il a refusé de se présenter aux élections municipales dans sa ville natale Amiens. Il se voit en 2017 calife à la place de son Calife Hollande. Il présente une deuxième gauche libérale, celle que l’on nomme la Gauche caviar, celle des oppresseurs qui comptent sur la naïveté des opprimés qu’ils veulent envoûter avec l’appui d’une presse complaisante et instrumentalisée.

    Alors, je le reconnais : je ne le plains pas lorsqu’il reçoit des œufs et il m’arrive d’en être heureux ou œufreux, si vous le voulez. L’œuf devra rester le symbole de la secte « En marche ». Macron marche déjà sur des œufs  et la chute n’est pas loin maintenant qu’il se met à courir comme un lièvre qui, selon la fable de La Fontaine, n’arrive pas premier même en concourant avec une tortue. Les électeurs vont lui poser un lapin en 2017. Il pourra retourner dans le monde de la Finance qu’il n’a jamais vraiment quitté.

    Jean d'Aïtone

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  • Brexit

    Choc historique ou chance historique ?

    Le Brexit suscite un vaste débat à travers l'Europe. La question divise transversalement tous les partis, y compris en France. Certains voient dans le vote des Britanniques une catastrophe. Le péril guetterait tout le continent. D'autres, avec zèle, dont notre président, exigent une sortie rapide de la Grande Bretagne des Institutions européennes. D'autres encore, comme par exemple le fameux essayiste Alain Minc - l'homme qui ne se trompe jamais - fustigent le résultat, en considérant que ce sont les illettrés, les sans  dents qui ont voté pour le Brexit, alors que les gens "intelligents", les lettrés, l'élite se sont opposés à la sortie. Bigre.

    Le Brexit en débat

    Nous donnons le point de vue de Stathis Kouvelakis, franco-grec, philosophe, membre de l'Unité populaire grecque, enseignant en Grande-Bretagne. Point de vue particulièrement intéressant, paru sur le site Là-bas Si J'y Suis.

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  • Portugal 1 Hollande 0Une coupe d’Europe qui a pris des airs de coupe du Monde. Les éditions spéciales interminables se sont succédé. François Hollande était dans la tribune officielle, écharpe de la Fédération Française de Football autour du coup malgré la chaleur. La question qui se pose : bénéficiait-il d’une climatisation ? Lors de la demi-finale de l’équipe de France contre l’Allemagne, sur le but d’Antoine Griezmann, il a légèrement bousculé Stéphane Le Graet, Président de la FFF, pas trop tout de même, pour se mettre en scène dans un geste de supporteur mimé sous l’objectif d’une caméra complaisante.

    Chacun y va de sa comparaison. Jean-Marie Le Guen compare la politique de Hollande à l’équipe d’Italie des années 1970 : « La tactique politique de François Hollande s’est forgée dans les années 1970. A l’époque, l’équipe de foot d’Italie jouait en défense, mettait des coups dans les tibias, perdait du temps, et quand l’équipe adverse était épuisée, elle contre-attaquait et marquait. On s’emmerdait pendant 90 minutes mais à la fin, c’est l’Italie qui gagnait ». Le chef de l'État se rêvait, enfant, en attaquant de l'équipe normande à Rouen. Mais de son propre aveu «pas vraiment doué pour le football», son parcours l'a finalement emmené vers d'autres horizons, à l'Élysée. La passion a demeuré, et le président de la République décèle une série de parallèles entre le sport et la politique. «Je suis obligé de jouer à tous les postes. Des fois en défense, des fois je suis à l'attaque, parfois je fais circuler le ballon». Nicolas Sarkozy s'est quant à lui comparé à l'attaquant des Bleus Olivier Giroud, avant le match France-Portugal ce dimanche soir en finale de l'Euro de football, en déclarant :"Un footballeur qui n'échappe pas aux critiques quand il est un peu moins bon, mais qui se relève toujours et se tient droit, comme moi". Quand Sarkozy le fait, Hollande se défend de vouloir utiliser le sport comme l’avait relevé Metronews.

    Pourtant tout a été fait pour galvaniser et séduire les flots de supporteurs. La victoire était attendue mais la finale a été cruelle et a privé le Chef de l’Etat d’une péroraison cocardière. Qu’à cela ne tienne ! La victoire sera celle de l’organisation de l’événement qu’aucun attentat terroriste n’est venu entacher de sang. Il n’y aura eu que quelques blessés légers et des arrestations aux abords de la Tour Eiffel : des supporteurs refoulés faute de places dans une fan-zone.

    Lorsque François Hollande a joué une partie de foot, il était secrétaire général du PS et portait le numéro 22. Aujourd’hui, il affectionne le 49.3 et le 22 les flics, c’est pour les manifestants à la loi Travail.

    La presse a trouvé de quoi faire tomber dans les oubliettes la contestation contre la loi Travail dont les premières mesures vont tomber fin juillet. Hollande et Valls sont pressés car ils savent qu’en septembre les manifestants vont redescendre dans la rue. C’est même prévu pour le 15 septembre par l’Intersyndicale. Pendant que les Français sont en vacances, la mascarade parlementaire arrive à son terme. L’article 49.3 vient clore tout débat avant même qu’il ne s’ouvre.

    Que cette presse est affligeante! Même lorsqu’elle parle de football, elle sélectionne l’information en passant sous silence tout ce qui dérange : le prix exorbitant des places, les grosses primes des joueurs qui s’ajoutent à leurs gros salaires, les sponsors pas très fréquentables (Turquie, Azerbaïdjan)… On en apprend davantage sur les joueurs, les entraîneurs, les tactiques et l’histoire du football que sur les raisons des grèves et l’histoire des mouvements sociaux, alors que les manifestations ont duré plus de quatre mois et la coupe d’Europe seulement quinze jours.

    Concernant la joie des Français pendant cet événement footballistique, on a pu même entendre des commentateurs et des politiciens dire que cela a fait du bien après les attentats et les casseurs des manifestations. Une fois encore, les manifestations contre la loi Travail sont réduites aux agissements des casseurs et l’absence d’attentats est une nouvelle occasion de faire l’éloge de la police, du Préfet de Paris et du Ministre de l’Intérieur.

    Alors à tous ces commentateurs, tous ces chiens de garde et tous ces politiciens, il faut rappeler que quelques poignées de casseurs ont pris la Bastille en 1789. Ils sont à l’origine de la Révolution française, de la République française et des droits de l’homme et du citoyen. Et on peut s’étonner d’en arriver là où nous sommes aujourd’hui avec des Socialistes qui imposent une politique antisociale, une régression du droit du travail.

    Le journal Challenge a révélé que les Milliardaires sont aujourd’hui plus nombreux en France et qu’ils ont augmenté leurs fortunes de 15% l’année dernière. Ils ont pu s’offrir des places pour la Coupe d’Europe « au tarif d’un SMIC le fauteuil », pendant que la « populace » a économisé pour se payer les moins chers (85€) ou bien elle est allé s’agglutiner dans des fan-zones gratuites mais limitées en nombre de places. C’est à l’image de notre société actuelle. Nos milliardaires font l’objet d’un classement annuel chaque année. Le trio de tête est toujours le même, chaque année un peu plus riche. Avez-vous une chance d’y être répertorié un jour ? Votre fortune a-t-elle augmenté de 15%, l’année dernière ? Quels efforts a-t-on demandé à ces milliardaires pour équilibrer le budget de l’Etat ? Vos réponses devraient vous pousser à réfléchir. La coupe d’Europe n’a enrichi que les footballeurs et tous les professionnels du football. Elle ne changera pas votre vie et surtout pas vos conditions de travail. Par contre la loi Travail va précariser les emplois et sa contestation mérite beaucoup plus d’engouement que des matches de foot, même si l’on aime le football. Et puis si un euro a changé votre vie, c’est la monnaie européenne et la façon dont elle est gérée par les banques. C’est le prix d’une baguette de pain, du café, des légumes, des fruits, des loyers… et aussi le prix d’une place dans un stade de foot.

    François Hollande a une finale présidentielle en 2017. Selon tous les pronostiqueurs il la perdra. Même sa créature, Emmanuel Macron, en est tellement persuadé qu’il se prépare comme remplaçant. Demain 12 juillet, le nouveau candidat de l’oligarchie va faire une conférence de presse dans le cadre de la création de son mouvement « en marche ». Une marche qui devrait s’accélérer pour devenir une course poursuite, avec des croque-en-jambe. Il n’y aura pas d’arbitre pour distribuer les cartons rouges.

    Pidone

      

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  • Plaidoyer funèbre de la social-démocratieUne oraison funèbre qui a tourné au plaidoyer pour lui-même. François Hollande a rendu un hommage très politique à Michel Rocard et c’est, non sans arrière pensée, qu’il a relevé l’usage de l’article 49.3 fait par l’ancien Premier ministre de François Mitterrand. Michel Rocard reste le recordman absolu en la matière: à 28 reprises, en 3 ans (mai 1988-mai 1991), il a engagé la responsabilité de son gouvernement. Ce qui représente un tiers des utilisations du 49.3 sous la Cinquième république. Il arrive largement devant Jacques Chirac et Edith Cresson qui y ont recouru huit fois lors de leurs passages à Matignon. Valls vient de l’utiliser pour la 5ème fois et ce n’est pas fini. Comme Manuel Valls aujourd’hui, à l’Assemblée élue en 1988, après la réélection de François Mitterrand à l’Elysée, le PS ne disposait que d’une majorité relative. Rocard utilisait donc le 49.3 pour faire passer ses textes tantôt en ralliant les communistes, tantôt en ralliant les centristes pour éviter la motion de censure. Une pratique qui a dû inspirer Manuel Valls, membre du cabinet de Michel Rocard lorsque ce dernier était à Matignon.

    L’article 49.3 aura été utilisé 86 fois depuis le début de la Cinquième république, pour un total de 51 textes (un même texte pouvant faire l’objet de plusieurs utilisations de cet article, comme c’est le cas avec la loi Macron et la loi El Khomri). Mais cela n’a entraîné que 51 motions de censure. Une seule motion a été adoptée : le 5 octobre 1962, renversant le premier gouvernement Pompidou à la suite de la décision du général de Gaulle d'instituer par la voie du référendum (procédure régie par l'article 11 de la Constitution) l'élection du Président de la République au suffrage universel direct. L'Assemblée a été dissoute par le président. Pompidou a démissionné, puis a été renommé avec un majorité absolue issue de nouvelles élections. Voilà de quoi encourager  les gouvernements à recourir au 49.3.

    François Hollande a considéré que Michel Rocard avait réussi ainsi à faire passer des textes importants justifiant le recours à ce qu’il qualifiait pourtant jadis de « déni de justice » et de « brutalité » lorsque Dominique de Villepin y a eu recours. Le Chef de l’Etat utilise les obsèques de Rocard pour justifier le recours à l’article 49.3 et l’adoption de la loi Travail. L’oraison funèbre n’a été qu’une apologie de cette gauche réformiste que prétend incarner Hollande. Et puis, il enfonce le clou contre les frondeurs en disant que Michel Rocard n’a jamais joué contre sa famille politique. Ce sera repris par Manuel Valls au siège du parti socialiste où quelques militants ont pu revoir et écouter  le défunt sur un grand écran. Ainsi Rocard est montré en exemple aux frondeurs. C’est une façon détournée de les accuser de traîtrise pour les faire rentrer dans les rangs. Ils ont le droit de ne pas être d’accord avec Hollande et Valls mais ils doivent se taire.

    Bien sûr Michel Rocard ne pourra pas répondre à cette récupération politique ni se retourner dans sa tombe puisqu’il a été incinéré. Les dernières déclarations qu’il a faites ne vont pas dans le sens d’une approbation de la politique menée par Hollande et Valls.

    Depuis la crise financière de 2008, l'ancien Premier ministre, héraut de la « deuxième gauche », a plus d'une fois alerté ses pairs sur les dangers croissants d'une globalisation sans règles, d'un débat public réduit au spectacle, et d'une planète essorée par la cupidité des hommes.
    Il avait confié, au Journal Mariane, ses inquiétudes et le journal le rappelle dans un article du 3 juillet dernier.

    Plaidoyer funèbre de la social-démocratieDans une longue interview accordée au Point, il expliquait  à propos de Manuel Valls et d'Emmanuel Macron : « Ils n'ont pas eu la chance de connaître le socialisme des origines, qui avait une dimension internationale et portait un modèle de société. Jeune socialiste, je suis allé chez les partis suédois, néerlandais et allemand, pour voir comment ça marchait. Le pauvre Macron est ignorant de tout cela. La conscience de porter une histoire collective a disparu, or elle était notre ciment. Macron comme Valls ont été formés dans un parti amputé. Ils sont loin de l'Histoire ».

    Nous ne savons pas ce que diront les vrais amis de Michel Rocard de cette récupération de son passé politique pour justifier un tête-à-queue idéologique qui veut  tuer la gauche. De son vivant, Rocard avait souhaité cet hommage rendu aux Invalides. François Hollande n’a pas raté l’occasion de faire de la politique politicienne. En parlant de Michel Rocard, « homme d’audace et de compromis », il a voulu parler de lui-même. Son discours était un discours de campagne électorale. La presse a relaté que Michel Rocard avait réglé, par écrit, tous les détails de cet hommage qu’il souhaitait, sauf son oraison funèbre.  L’oraison a servi de plaidoyer pour un quinquennat qui se termine dans la trahison des valeurs de la gauche.

    En même temps que les obsèques de Michel Rocard, c’était aussi celles du Parti socialiste. Manuel Valls se considère comme l’héritier de cette « deuxième gauche » attribuée à Rocard, mais en la débarrassant du socialisme. Cela ne semble pas fidèle à la pensée de Rocard, ressemble davantage au détournement d’un concept politique et s’apparente métaphoriquement à un viol de sépulture idéologique. Manuel Valls a déclaré que « le rocardisme n’est la propriété de personne », tout en se l’appropriant. Ce que l’on a appelé le « rocardisme » est un courant politique post-soixante-huitard converti à la loi du marché. C’est une idéologie du siècle dernier. Rien d’innovant. Rien de moderne. Dans sa dernière interview (Le documentaire intitulé « Le tournant »  sortira en octobre en exclusivité sur Public Sénat.), début juillet 2016, Michel Rocard a critiqué François Hollande et le parti socialiste. Il a appelé le tournant mitterrandien de 1983  «le  tournant de la rigueur » en disant « on y est toujours . François Hollande a des tabous dans la tête ». Rocard militait pour une contre-stratégie sociale-démocrate, disait-il en ajoutant : « ...et ça, ce n’est pas non plus dans la tête de Hollande ». RIP Rocard. RIP le rocardisme qui est une idéologie sociale-démocrate du Vingtième siècle reprise dans ce qu’elle présente de plus libéral par des Valls et Macron. Honte à Hollande qui se sert d’une oraison funèbre comme tribune politique en vue de sa candidature à sa réélection. En période électorale, ce temps de parole devrait lui être décompté.

    Plaidoyer funèbre de la social-démocratieDe son côté, Manuel Valls vitupère et bombe le torse pour revendiquer une majorité relative qui est l’aveu des pertes depuis qu’il est à Matignon : les Duflot, Montebourg, Taubira, Hamon, Filippetti… et les frondeurs. Il compte sur le décès de Michel Rocard pour ressouder un parti que, avec Hollande et Cambadélis, ils se sont évertués à détruire et à détourner des valeurs de la gauche. Peut-être pensent-ils récupérer au centre et à droite, les électeurs qu’ils ont perdu à gauche. Ils n’ont pas encore réalisé que la loi El Kohmri sera le cercueil du parti socialiste dans lequel ils se sont enfermés. L'enterrement est prévu en 2017. 

    Paul Capibianchi

     

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    Quelques remarques autour de J-L Mélenchon

    J’ai lu les analyses de Jean-Luc Mélenchon après le Brexit et après les élections espagnoles. J’ai lu son entretien sur Médiapart.

    1. Sur l’Europe, je perçois un désaccord ; je ne le crois pas insurmontable. JLM tient à son processus en deux temps : une négociation avec Bruxelles sur une refondation du cadre des traités (« plan A ») ; en cas d’échec des négociations, engagement d’un processus de sortie (plan B). La proposition est cohérente. Elle ne me convainc pas dans sa deuxième partie. Pourquoi ?
    • Parce que le point de départ doit être pour moi que le passage d’une Union (mal ficelée dès le départ) à pas d’Union du tout n’est pas souhaitable dans le monde qui est le nôtre. Aucun État européen séparé ne peut être potentiellement autre chose qu’une puissance de second ordre face aux USA et aux « émergents ». L’Union est une nécessité, mais telle qu’elle est, elle va dans le mur.
    • Une France démocratique userait des ressources de sa puissance autour d’une triple argumentation : exiger une refonte complète du dispositif des traités rompant avec la double norme de la concurrence et de la gouvernance (c’est l’Union elle-même qui se « sortir du carcan des traités ») ; affirmer que, comme le fit naguère le Royaume-Uni dans un sens ultralibéral, elle n’appliquerait aucune des dispositions des traités qui contrediraient la volonté souveraine du peuple français ; rappeler qu’une Union européenne sans la France serait un contre-sens, mettant de fait l’Union dans l’impossibilité de poursuivre.
    • Il n’y a pas besoin d’aller au-delà. À la limite, ce serait aux autres puissances de l’Union de décréter l’expulsion de la France. Au départ de la négociation, mieux vaut dire, tout à la fois, que nous ne voulons pas sortir de l’Union et que, dans tous les cas, nous n’accepterions pas que soit remis en cause le choix majoritaire des Français.
    • On peut maintenir une plage de désaccord sur le plan B. Ce désaccord peut être relativisé par le fait que la première phase n’est pas une affaire de quelques semaines, que les électeurs seront consultés avant l’entrée dans chacune des phases et que, sans attendre, un gouvernement vraiment à gauche amorcerait la mise en œuvre de sa politique, fût-ce en contredisant la lettre des actuels traités.
    1. Sur les élections législatives. Je n’aurais pas employé les formules de JLM qui résonnent comme une menace à l’égard des communistes. Je me serais contenté d’une affirmation simple et raisonnable : il y aura nécessairement cohérence entre la présidentielle et les législatives. Le rassemblement réalisé à chacune de ces élections peut prendre des configurations différentes, il peut être plus large dans certains cas que dans d’autres (et c’est tant mieux), mais son ossature sera la même dans chaque circonscription. On pourra très difficilement se trouver derrière des candidats différents en avril et derrière la même candidature en juin.

    Si les communistes se trouvaient engagés, pour la présidentielle, dans une option qui viendrait concurrencer le rassemblement esquissé par JLM, ils devraient anticiper le fait qu’ils auraient face à eux une candidature continuant le combat présidentiel.

    Je tiens pour ma part à l’utilisation du conditionnel et surtout pas du futur. Je ne veux pas envisager une seule seconde que celles et ceux qui se rassemblèrent en 2012 pourraient se disperser à nouveau en 2017. Que cela plaise ou non, on doit bien constater que le nom de JLM a montré sa capacité à regrouper dans des proportions intéressantes, même si une intention de vote n’est pas nécessairement sa réalisation. Mais en sens inverse, une non-intention d’aujourd’hui n’est pas nécessairement un non-vote de demain.

    1. Mieux vaut donc en rester à l’essentiel. Nous avons devant nous une fenêtre historique pour relancer la gauche dans la bonne direction. Pour y parvenir, nous devons aller bien au-delà de 2012. Mais ne commençons pas à soustraire avant d’avoir seulement additionné.

    À chaque organisation qui composa le Front de gauche de ne pas trop tarder à comprendre que le choix de JLM est le seul raisonnable, quand bien même on ne serait pas d’accord à 100 % avec ce qu’il dit (on a compris que c’est mon cas). Nul besoin, tout simplement, d’ériger chaque désaccord en barrière insurmontable, en motif de divorce : si nous avions procédé ainsi en 2012, comme nous l’avions fait en 2007, nous n’aurions pas réalisé la belle avancée qui fut la nôtre. Les uns et les autres, nous sommes les mêmes en 2017. Qu’est-ce donc qui pourrait sérieusement nous empêcher de nous retrouver aujourd’hui ?

    À Jean-Luc de son côté, de montrer que ses convictions et son désir légitime de clarté ne signifient pas qu’il n’entend pas la diversité de nos voix. Au départ, le Front de gauche eut le désavantage d’être avant tout un tête-à-tête entre le PCF et le nouveau PG. À mes yeux, il a trop gardé ce défaut. Mais les uns et les autres doivent comprendre que le Front de gauche, dans les pensées et les cœurs, ce fut bien autre chose, l’espérance de centaines de milliers d’individus qui n’étaient ni au PC ni au PG. Or on ne peut pas espérer gagner en lâchant la proie pour l’ombre, ni pour une improbable resucée de « gauche plurielle », ni pour un dialogue en direct entre un candidat et un peuple.

    Le Front de gauche a buté sur ses limites, mais son espérance est toujours là. Qu’on en prolonge l’existence de façon nouvelle, que l’on ne s’enferme pas dans la répétition est une chose ; qu’on lui tourne le dos en est une autre.

    Encore une fois, pour additionner mieux vaut ne pas soustraire. À régler des comptes entre nous, nous perdons notre raison d’être. Unis, nous pouvons. Désunis, nous sommes les jouets des flots.

    Pour additionner mieux vaut ne pas soustraireRoger Martelli

     

     

     

     

     

     

     

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  • Euthanasions la 5ème république en 2017 !Il ne s’en rend même pas compte mais Le député Jacob, Président de groupe des Républicains, est le meilleur interlocuteur de Manuel Valls tant ses tirades sont nulles et permettent au Premier ministre, habituellement sinistre, de faire un brin d’humour tout en renvoyant les Républicains au quinquennat de Sarkozy et à la constitution de la 5ème république dont ils sont les gardiens autoproclamés. Aujourd’hui encore, lors de la séance parlementaire, M. Jacob a été mauvais comme d’habitude pour réclamer la démission du Premier ministre non pas à cause de la loi Travail mais en arguant de son impopularité et stigmatisant la chienlit dans les rues due, selon lui, à des casseurs d’extrême-gauche. Comme on pouvait s’y attendre, la Droite la plus nulle d'Europe n’a pas déposé de motion de censure. On peut se demander si ce n’est pas la peur qu’elle soit votée par des députés de gauche qui a dicté leur inaction législative, à moins que ce soit l’Euro et le désir de voir la demi-finale France-Allemagne chez eux ? Du côté de la motion de gauche, rien de nouveau : 56 signatures alors qu’il en faut 58 pour déposer cette motion. Quelques frondeurs ont signé malgré les menaces d’exclusion proférées par Jean-Christophe Cambadélis, le gardien du temple hollandiste qu’est devenu le siège du PS. Si d’autres élus socialistes sont mécontents, c’est dans la perspective de perdre leurs mandats mais ils restent soumis car, pour eux, hors du parti point de salut ! Complicité et soumission au PS !

    La mascarade parlementaire touche à sa fin et démontre une fois encore que la constitution de la Cinquième république donne trop de pouvoirs au couple de l’Exécutif. Les élections présidentielles sont considérées comme la délivrance d’un blanc-seing à un homme prétendu « providentiel » et qui s’installe à l’Elysée, palais qui fonctionne comme une cour dirigée par un monarque républicain. Non seulement François Hollande n’a pas tenu compte des résultats des primaires socialistes en adoubant Manuel Valls comme Premier ministre malgré sa place de bon dernier avec 5%, mais il a ensuite trahi les espérances de son électorat de gauche. Alors que le gouvernement n’a plus qu’une majorité relative, Manuel Valls légifère à coups de 49.3 et contre l’opinion publique qui rejette massivement la loi Travail. Nous assistons à des dénis de démocraties répétés contre le Parlement et contre le peuple. Même le droit de manifester est mis à mal par des mesures policières de plus en plus attentatoires aux libertés. Au sein du PS, la direction menace d’exclusion celles et ceux qui s’opposent à l’inversion des normes dans la réglementation du travail, alors que le respect des normes avait été voté par le même parti socialiste en congrès. Les putschistes du PS marginalisent les orthodoxes socialistes et les menacent d’exclusion.

    Nous le voyons, la constitution de la 5ème république ne permet aucune avancée sociale et aucun progrès démocratique. Au contraire, elle donne les outils législatifs de l’arbitraire, agent de la régression. Elle est devenue un carcan pour maintenir une alternance politique libérale. Le seul outil démocratique est le référendum et il fait peur aux conservateurs de la Droite et du PS. Le dernier référendum en date sur la constitution européenne a été oublié et les technocrates européens n’en ont pas tenu compte en faisant passer le même texte sous forme de traités. Aujourd’hui, la Grande-Bretagne a choisi, par voie référendaire, de sortir de la communauté européenne dans laquelle elle avait un statut particulier. Que n’entendons-nous pas sur le référendum considéré comme un vote populiste ? L’essayiste de Droite Alain Minc, va jusqu’à dire : « Ce référendum n'est pas la victoire des peuples sur les élites, mais des gens peu formés sur les gens éduqués ». Et l’amuseur politique Cohn Bendit lui emboîte le pas en déclarant : « Il faut arrêter de dire que le peuple a toujours raison. Quand un peuple vote pour l'extrême droite, quand un peuple vote pour le nazisme, il n'a pas raison, même si c'est le peuple ! »

    Voilà comment, au nom de la démocratie, on construit une dictature républicaine ! Au lieu de se remettre en cause, la Droite et les socio-libéraux de tous poils considèrent que le peuple a tord de ne pas toujours leur donner raison. Certes, voter pour l’extrême-droite et le nazisme n’est pas un choix démocratique. Qui s’évertue à dédiaboliser le Front national pour en faire l’arbitre du deuxième tour des élections présidentielles et maintenir ainsi une alternance libérale qui promet précarité et chômage au peuple pendant que les grandes fortunes capitalisent toujours plus ? Qui méprise le peuple au point de détourner une grande partie de l’électorat vers l’abstention pour laisser le champ libre au FN ? Qui met en place la déréglementation du travail ? Il ne reste plus à la France qu’à sortir de l’Organisation Internationale du Travail comme le souhaite le président du Medef Pierre Gattaz. Ensuite la déréglementation pourra s’enrichir avec le licenciement sans motif et favoriser davantage le dumping social pour mettre en place l’esclavage moderne au nom de la modernité libérale.

    Euthanasions la 5ème république en 2017 !La loi Travail vient d’être adoptée en 24 heures, sans discussion et sans vote, par une Assemblée nationale soumise au diktat de Manuel Valls et de François Hollande. Menton mussolinien, Manuel Valls a joué le personnage qu’il s’est créé en vue des Présidentielles : l’homme à poigne. C’est une défaite démocratique qui sera lourde de conséquences. La classe politique s’est encore fourvoyée dans des calculs politiciens avec, en mire, les élections présidentielles qui seront l’objet des pires manigances. Nous arrivons au bout de deux quinquennats qui auront été désastreux pour l’image de la France, pour la démocratie et la cohésion sociale. Le Front national est pronostiqué présent au deuxième tour. La dernière fois, c’était lors de la candidature lamentable d’un Jospin en rupture avec le socialisme. Il n’avait pas passé le premier tour. Ses successeurs se sont engouffrés dans la brèche libérale et subiront, n’en doutons pas, une défaite cuisante en 2017. Au moment où un hommage national doit être rendu à Michel Rocard, ils devraient avoir une pensée pour leurs propres postérités. Ils ne rentreront pas au Panthéon de la gauche mais iront rejoindre la fosse commune de la Cinquième république. Ils seront enterrés avec une constitution moribonde. Euthanasions-la ! Vive la Sixième république !

    U Barbutu

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  • Un tour de Valls en Corse et, au retour, le 49.3Manuel Valls a fait sa virée en Corse avec quelques effets d’annonces qui n’ont pas convaincu la majorité actuelle de l’Assemblée de Corse. Seuls les sujets à l’ordre du jour ont été abordés. Il ne faut pas parler au Premier ministre du peuple corse et des prisonniers politiques. Il suffisait de regarder sa tête pendant le discours de Gilles Simeoni.

    Valls a rendu hommage à Michel Rocard, tout en rappelant le rôle de Lionel Jospin dans la mise en place du statut particulier de la Corse, puis en insistant sur une politique de décentralisation au sein de la république française, une et indivisible.

    De la concertation avec les élus corses, il retient des avancées sur trois sujets majeurs : la mise en œuvre de la Collectivité unique, les enjeux fonciers et fiscaux, et la meilleure reconnaissance de l’exception culturelle corse avec la question de la langue.

    En ce qui concerne la collectivité unique, Valls a déclaré en préambule : « En réunissant les compétences des Conseils départementaux et de la CTC, elle permettra que le statut particulier de la Corse, ses réalités territoriales, soient encore mieux reconnus. Cette Collectivité unique – qui est une démarche inédite –, c’est une nouvelle page de la décentralisation. C’est la preuve que nous vous faisons confiance pour vous saisir au mieux des questions qui vous concernent ». La technique est connue. Un discours commence toujours par des considérations qui vont dans le sens de l’auditoire. Il s’agit de bâtir une collectivité unique qui assumera seule les compétences des départements et de la région. Par quoi commence la liste non exhaustive des mesures retenues par Valls ? Par l’augmentation du nombre des conseillers exécutifs. S’ajoute la création d’une chambre des territoires : « Pour respecter l’équilibre des pouvoirs et des territoires, une chambre des territoires sera créée. Elle sera composée de représentants de la collectivité de Corse et des communes et intercommunalités. Son siège est fixé à Bastia. Cette chambre, qui s’inspire de la « conférence de coordination des collectivités  territoriales » prévue par la loi NOTR, verra sa composition étoffée tant au plan de  la Collectivité que des élus locaux. Ses compétences seront accrues pour permettre  une véritable concertation en faveur de la bonne territorialisation des politiques publiques ». Voilà de quoi rassurer nos élus. Toutefois cette chambre ne sera pas un établissement public pour ne pas remettre en cause les compétences et les pouvoirs de la collectivité unique. Et Valls précise : « Une collectivité unique, ce n’est en aucun cas le synonyme d’une diminution des services publics. Je veux en particulier rassurer les habitants de Haute-Corse. J’ai décidé que les circonscriptions administratives resteraient inchangées. Il y aura bien, toujours, une préfecture, des sous-préfectures et des services déconcentrés de l’Etat à Bastia après le 1er janvier 2018 ».

    Bien sûr, Valls n’a pas omis de conclure la partie de son discours réservée à la collectivité unique par la tirade budgétaire : « J’ai souhaité, au travers de la loi NOTR, prolonger la durée du Programme exceptionnel d’investissements pour permettre à la Corse de bénéficier de la totalité de l’enveloppe d’1,9 milliard d’euros prévue dans le cadre du troisième avenant - j’étais moi-même venu le signer le 4 juin 2013. Je vous confirme aujourd’hui que 471 millions d’euros sont désormais prêts à être engagés. Nous pouvons signer ensemble ce protocole dès aujourd’hui. Par ailleurs, j’ai demandé à Jean-Michel BAYLET de revenir en Corse dans quelques semaines – je crois comprendre qu’il n’y voit aucun inconvénient … – pour signer un avenant au contrat de plan Etat-région, ainsi que la convention en faveur de la résorption des emprunts dits toxiques. Elle permet de vous accompagner à hauteur de 104 millions d’euros. Au-delà, un nouveau cadre budgétaire sera instauré : ce sera le M57. J’ai entendu les craintes que vous avez exprimées sur votre futur budget … Je veillerai à ce qu’elles soient étudiées. Ce budget devrait atteindre 1,2 milliard d’euros, et je veux vous confirmer que la dotation de continuité territoriale sera maintenue ».

    Manuel Valls a annoncé que des mesures seraient prises en ce qui concerne le foncier de façon à faciliter l’accès  au logement et à pousser les héritiers à sortir des indivisions. Un prolongement dans le temps des dérogations fiscales est envisagé dans la mesure où une voie juridique serait possible.

    Si le Premier Ministre admet l’existence d’une culture insulaire, la langue de la république française reste la seule langue officielle. Toutefois, pour promouvoir l’enseignement de la langue corse, une agrégation sera créée par le Ministère de l’Education nationale qui devra donner plus de moyens à l’apprentissage de la langue corse dans les circuits scolaires et universitaires

    Nous n’avons pas échappé au chapitre de la violence et de l’ordre républicain avec un satisfecit du Premier Ministre Valls qui a fourni les bons chiffres du Ministère de l’Intérieur qu’il a dirigé un temps. Les Corses n’ont pas attendu Monsieur Valls pour savoir qu’une dérive mafieuse menace l’avenir de la Corse et qu’une partie de la classe politique n’y est pas étrangère. Tout comme les Corses n’ont pas besoin d’un rappel des incidents du Jardin de l’empereur pour savoir que le racisme et la xénophobie n’épargnent pas la Corse, mais, toutefois, pas plus qu’ailleurs. Faut-il le rappeler ?

    Pour les autonomistes et les nationalistes, Manuel Valls n’a fait aucun geste politique qu’ils attendaient. Nous le savions. Il est venu annoncer, pas discuter. C’est à prendre ou à laisser. Circulez, il n’y a plus rien à voir !

    D’autres thèmes ont été abordés comme la santé. Le seul qui n’a pas été évoqué est celui de la loi Travail et de la mise en place d’un contrat CDI saisonnier en Corse, territoire soumis à la précarité depuis longtemps. L’avenir de la Corse est un sujet important. Il est dommages que la loi Travail n’ait pas été évoquée alors qu’elle engage aussi l’avenir des salariés corses. Dès son retour à Paris, Manuel Valls a annoncé le recours à l’article 49.3 au moment où cette loi revient au vote de l’assemblée nationale. Le gouvernement compte sur les résultats du Bac et les départs en vacances pour utiliser encore une arme constitutionnelle fustigée jadis par Hollande comme une brutalité, un déni de démocratie. Déjà des élus de droite approuvent la procédure et ne voteront aucune motion de censure sous prétexte de ne pas ajouter une crise politique à la crise économique et sociale. La Droite ne présentera pas hypocritement une nouvelle motion de censure. Elle approuve la loi. Les frondeurs cherchent encore 58 signatures pour présenter une motion qui ne sera qu’une gesticulation sans conséquence.


    Valls invoque une nouvelle fois le 49.3 de la Constitution pour l'adoption de la loi Travail

    Manuel Valls a joué la tactique du passage en force, sachant qu’il pouvait aller jusqu’au bout de la mascarade parlementaire. L’affaire semble pliée au niveau de l’Assemblée nationale mais elle ne le sera pas au niveau social même si Hollande compte mettre en avant quelques promesses électorales qu’il ne tiendra pas. Des manifestations ont encore été organisées aujourd’hui et cela n’a rien changé. Le Ministre de l’Intérieur a tout fait pour casser le mouvement social mais n’a réussi d’abord qu’à minimiser le nombre des manifestants pour ensuite entraver le bon déroulement des cortèges. Aujourd’hui à Paris, des manifestants ont été bloqués sans pouvoir atteindre le départ de la marche. Le verdict sera dans les urnes. Le parti socialiste est devenu un parti discrédité à gauche qui a peur d’organiser son université d’été. Malgré cela, Valls et Hollande enfonce le clou, quitte à ce que ça casse. La droite et le Medef en profitent pour en vouloir davantage. Chez les Républicains, Sarkozy veut rétablir le cumul des mandats. Tous veulent encore plus de flexibilité et moins de garanties pour les salariés. Hollande compte sur la Droite et l’extrême-droite pour obtenir un vote utile d’une gauche qui ne veut plus de lui et des Solfériniens. Depuis la crise financière de 2008,  feu Michel Rocard, qui a pourtant ouvert la brèche libérale dans le PS aux Jospin, Hollande, Valls et Macron, a plus d'une fois alerté ses disciples sur les dangers croissants d'une globalisation sans règles, d'un débat public réduit au spectacle, et d'une planète essorée par la cupidité des hommes. Dans une longue interview accordée au Point, il expliquait ainsi à propos de Manuel Valls et d'Emmanuel Macron : « Ils n'ont pas eu la chance de connaître le socialisme des origines, qui avait une dimension internationale et portait un modèle de société. Jeune socialiste, je suis allé chez les partis suédois, néerlandais et allemand, pour voir comment ça marchait. Le pauvre Macron est ignorant de tout cela. La conscience de porter une histoire collective a disparu, or elle était notre ciment. Macron comme Valls ont été formés dans un parti amputé. Ils sont loin de l'Histoire »

    L’article 49.3 est un déni de démocratie qui oblige les députés à voter non pas pour ou contre un texte discuté et amendé mais à voter pour ou contre une motion de censure qui entraîne la démission du gouvernement et de nouvelles élections législatives qui remettent en cause leurs mandats avant l’échéance. Le référendum est demandé par ceux qui n’ont pas le pouvoir mais n’est pas a utilisé lorsqu’ils accèdent aux responsabilités. Après le Brexit, le référendum est même dénoncé comme une erreur ou plus encore une folie populiste. Il suffit d’écouter Daniel Cohn Bendit dans une vidéo de Libération :


    Cohn-Bendit : «Il faut arrêter de dire que le... par libezap

    Dany dont le roux a viré au gris, devrait revoir l’histoire allemande. Hitler n’est pas arrivé au pouvoir par référendum ou par une élection au suffrage universel. Son accession au pouvoir est plus complexe que cela dans une Allemagne qui n’était déjà pas un modèle de démocratie. Le pouvoir en place, les conservateurs et les lobbies financiers ont leur part de responsabilité, comme pour Mussolini en Italie. Ce n’est pas le peuple qui est responsable de la montée de l’extrême-droite mais des politiciens méprisants comme lui. C’est dans des démocraties fragilisées que les dictatures s’installent. Cohn Bendit est conforme à cette Europe de technocrates dont il a été un député, cette Europe qui sape toutes les démocraties et alimente le populisme de l’extrême-droite. D’autre part, s’agissant du Brexit, les Anglais ont toujours été des eurosceptiques et considèrent l’union européenne comme un marché et non pas une communauté. Ce qui les chagrine, c’est de perdre l’accès libre à ce marché. Ils ont refusé la monnaie européenne et l’espace Shenghen. Tous leurs élus ont alimenté cet euroscepticisme. Les Anglais ne sont jamais entrés totalement dans l’Europe et, par référendum, auraient dit « non » comme les Français. Cohn Bendit parle d’arguments crétins mais il devrait s’écouter lui-même car on peut lui retourner le compliment. Quant à sa proposition, elle est dictée par sa double nationalité de transeuropéen et sa personnalité instable de transpoliticien. Tant qu’il reste dans son rôle d’amuseur politique, c’est supportable mais lorsqu’il se prend au sérieux, c’est insupportable.

    L’Europe s’est construite contre les peuples. En France, le pouvoir socialiste n’a fait que poursuivre la politique de la Droite. La loi Travail, qui remet en cause l’égalité des travailleurs devant le code du travail et instaurera la précarité à la carte comme règle de la compétitivité, n’est même pas votée par l’Assemblée nationale. Ni les élus ni le peuple dans la rue n’ont infléchi une politique libérale conforme à cette Europe capitaliste soumise aux lobbies financiers, commerciaux et industriels. En faisant passé en force la loi Travail, Valls et Hollande portent un mauvais coup à la démocratie en France, à un moment où elle est fragilisée. Le parti socialiste et la droite portent la responsabilité de la montée de l’extrême-droite. 

    Les salariés corses sont concernés, dans leur avenir immédiat, par la loi Travail qui est pourtant restée en marge du voyage rapide de Manuel Valls, pressé de retourner à Paris pour dégainer l’article 49.3. Les avancées concernant la collectivité unique ne changera pas la vie de chacun. L’agrégation de langue corse concerne une infime partie des étudiants de Corte qui s’interrogent sur les débouchés professionnels de ce diplôme et seront surtout en majorité les victimes de cette loi qui inverse les normes en faisant du code du travail un texte contourné puis oublié.

    Battone

     

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