• A l’époque de Molière, la querelle autour du Tartuffe, par ces ramifications politiques, théologiques, autant que littéraires, installa l’imposture au cœur des débats du temps, faisant d’elle une clé d’interprétation des troubles sociaux qui agitaient l’Ancien Régime. L’imposture apparaît souvent comme le lieu, plutôt que d’une opposition radicale du vrai et du faux, de leur reconfiguration, d’une ambigüité, d’un brouillage. C’est pourquoi elle est souvent réciproque : Molière accuse les dévots d’imposture et à leur tour les dévots l’accusent d’imposture libertine. Rousseau et les philosophes s’accusent mutuellement d’hypocrisie. Les stratégies d’accusation sont parfois plus signifiantes encore que l’imposture elle-même.

    Autour de la mise en examen de Sartkozy, toute une myriade de termes gravite: duplicité, mensonge, hypocrisie, masque, mystification, etc., toujours en relation avec une apparence trompeuse. Vauvenargues, dans une sentence très suggestive, fait de l’imposture la matrice de toutes les fausses apparences : « L’imposture est le masque de la vérité ; la fausseté, une imposture naturelle ; la dissimulation une imposture réfléchie ; la fourberie une imposture qui veut nuire ; la duplicité, une imposture qui a deux faces » (Introduction à la connaissance de l’esprit humain, 1746).

    Dans un contexte de confrontation idéologique, l’accusation d’imposture devient une arme rhétorique imparable pour discréditer l’ennemi politique. Sarkozy manie à la perfection tous les instruments d’une pratique corrompue du pouvoir. On apprend qu’il aurait tout fait pour bloquer les enquêtes judiciaires dans lesquelles il est cité et qu’il aurait aussi voulu empêcher les articles dans certains journaux. Aujourd’hui sa garde prétorienne UMP monte aux créneaux pour dénoncer un complot politique. Ils n’hésitent pas à accuser les magistrats. Le juge d'instruction Gentil est en première ligne et on le traite de gauchiste. gentil_chiensOn se souvient que Sarkozy voulait supprimer les juges d’instruction pas assez soumis au pouvoir politique. Il est le seul à s’être attaqué à la liberté de ces juges et aujourd’hui il voudrait faire croire qu’ils sont manipulés par la Gauche. Il dénonce l’imposture judiciaire alors qu’il est soupçonné d’avoir utilisé le Procureur Courroye pour superviser l’affaire Béttencourt. Où est l’imposture ? Ses lieutenants parlent d’une accélération de  l’instruction alors que l’affaire remonte à plusieurs années et que, si on les écoute, ce n’est jamais le bon moment. Tous les juristes savent que les juges traitent la partie délicate de la mise en examen loin des échéances électorales, c’est le seul tempo qu’ils s’imposent justement pour ne pas être accusés de vouloir peser dans le débat démocratique.

    Sarkozy est outré. Son avocat fait appel de la mise en examen. Ils sont dans leurs rôles.  En revanche, la cabbale de ses lieutenants contre les magistrats est une imposture grave et une tentative d’intimidation intolérable. Ses aboyeurs sont lâchés. Chacun y va de son mot : traquenard, injustice, complot, acharnement… Seuls ses deux successeurs putatifs  restent sur la réserve et refusent de mettre en cause la justice.  

    « Un vrai républicain ne craint pas la lumière » (Marie-Joseph CHÉNIER, Timoléon, acte II, scène 5).   Revenons sur l’aspect juridique du dossier. Pourquoi l’abus de faiblesse est-il le chef de mise en examen retenu ? D’abord il y a les éléments constitutifs du délit. Liliane Béttencourt était considérée par le corps médical en état de faiblesse mentale à l’époque des faits, c’est-à-dire des remises supposées d’argent à Sarkozy. Pourquoi le financement illicite de sa campagne électorale n’est-il pas visé ? Un délit est prescrit au bout de 3 ans dans le cas où il n’y a pas eu de poursuite et d’actes interruptifs pendant cette période. C’est le cas pour cette infraction non visée. Il faut donc savoir que la présidence est quinquennale et l’immunité du président couvre tous les délits commis avant, sauf ceux qui ont une règle de prescription particulière comme l’abus de faiblesse (la prescription part de la date de découverte du délit et non de celle de sa commission) ou qui ont fait l’objet d’actes de procédure ininterrompus. La mise en cause de Nicolas Sarkozy est apparue depuis seulement deux ans avec la publication des enregistrements de l’ancien majordome de Liliane Béttencourt. D’abord confiée au Procureur Philippe Courroye, ami de Nicolas Sarkozy, l’affaire a été délocalisée à Bordeaux et les journaux ont parlé des conditions du dessaisissement du procureur Courroye.

    Une mise en examen est motivée et le passage de témoin assisté au statut de mis en examen ne peut intervenir que si des charges graves et concordantes sont réunies, même si le mis en examen reste présumé innocent tant qu’il n’est pas condamné. Pour Sarkozy, elle intervient à la suite des témoignages de quatre employés de Liliane Béttencourt. Rappelons que, dans le dossier, il est apparu que de grosses sommes d’argent en liquidités ont été rapatriées par Liliane Béttencourt dans la période qui a précédé l’élection de Sarkozy dont les comptes de campagne ont été invalidés. Sarkozy a fait un recours auprès du Conseil constitutionnel  présidé par l’ancien président UMP de l’Assemblée nationale Jean-Louis Debré et où il siège lui-même. Cela pose le problème de sa place d’ancien président de la république et de sa présence au sein de ce conseil dit des « Sages ». Imposture ?

    Personne n’est dupe. Il y a bien le feu dans la maison de l'UMP. Alors on allume un contre-feu médiatique en criant à l'imposture. Dans l’affaire Béttencourt, Sarkozy est égratigné et risque surtout l’inéligibilité. Liliane Béttencourt a bénéficié par la suite du bouclier fiscal et on peut se poser la question du lien qu’il pourrait y avoir entre le financement de la campagne de Sarkozy et le bouclier fiscal. Est-elle victime ? D’autres géraient ses affaires. Les Français ont suffisamment d’éléments pour se faire une idée sur Sarko et sa meute. Il apparaît en filigrane dans d’autres affaires dont le scandale de la procédure spéciale qui a débouché sur l’indemnisation de Tapie à hauteur de 400.000 millions d’euros. Donc la suite à la prochaine mise en examen… Quelles seront les suites judiciaires données à l'affaire Karachi, aux sondages d'opinion qualifiés d'abusifs, aux accusations de financement lancées par le fils Kadhafi... Acharnement judiciaire?... Les chiens aboient, la caravane passe !

    Fucone

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  • Le sentiment d'impostureUne imposture consiste en l'action délibérée de se faire passer pour ce qu'on n'est pas (quand on est un imposteur), ou de faire passer une chose pour ce qu'elle n'est pas.

    La crise financière a révélé quelques impostures politiques. Pendant le quinquennat de Sarkozy, nous avons vu un ministre du budget, chargé de la fraude fiscale et de la politique de rigueur, démissionner pour cause d’affaire judiciaire liée à l’argent. Voilà que dix mois après l’élection de Hollande, le nouveau ministre du budget démissionne à son tour pour cause d’affaire judiciaire liée à l’argent.  Si la justice les condamne un jour, ce sera la preuve que nous avions deux imposteurs dans des gouvernements UMP et socialiste. Ils ne seraient pas dignes des missions qui leur avaient été confiées. Ils ne seraient pas les plus représentatifs pour lutter contre la fraude fiscale. Leurs dénégations auraient été des mensonges et leurs nominations des impostures. La nommination de Christine Lagarde au FMI est-elle une imposture? La heute cour de justice répondra-t-elle à cette question dans l'affaire Tapie?

    En ce qui concerne l’ancien président Sarkozy, il était confronté hier avec quatre employés de Liliane Béttencourt. (Dont son ancien majordome). Après ces confrontations et une audition, il est passé du statut de témoin assisté à celui de mises en examen pour abus de faiblesse, ce changement étant motivé par des indices graves et concordants. Il bénéficiera de la présomption d’innocence tant qu’il n’aura pas été condamné pour les faits qui lui sont reprochés et pour lesquels il risque trois ans d’emprisonnement, 5 ans d’inéligibilité et plus de 300.000 € d’amende. On ne va pas refaire la liste des affaires dans lesquelles il est cité. Si la justice démontre son implication dans une seule de ces affaires, c’est que nous avions au sommet de l’Etat un imposteur. Il ne serait pas la personnalité exemplaire digne d’occuper la plus haute fonction. Le bouclier fiscal aurait été une imposture. On comprendrait alors pour quelle raison, après son élection,  il a rapidement mis en place cette réforme fiscale dont l’une des principales bénéficiaires aura été Mme Béttencourt.

    Bien sûr quelques Sarkozystes crient à l’acharnement judiciaire. Mme Boutin voit un complot contre toute la classe politique. Imposture contre les magistrats !

    Imposture contre les citoyens ? Alors que l’on demande au peuple des sacrifices et que l’on parle de gel des salaires et des retraites, de renoncement à des acquis sociaux, nous apprenons que nos députés et nos sénateurs s’octroient toutes sortes d’avantages en matière de salaires et de retraites. Les cumuls des emplois sont monnaie courante et l’expression est bien choisi car il s’agit surtout de cumul de rémunérations et d’avantages. L’Europe qui fait la chasse aux secteurs publics des pays membres, paient grassement ses fonctionnaires… Comment peuvent-ils défendre la politique d’austérité sans se l’appliquer en premier lieu ?

    Imposture politicienne ? Jean-François Copé a déposé une motion de censure contre le gouvernement au parlement. Elle n’a aucune chance d’aboutir. Alors dans quel but ? Il veut faire parler de lui, se montrer combatif, s’affirmer comme chef de l’opposition… Une motion en réalité contre Fillon ? Une imposture parlementaire ? Fillon grogne mais soutient  la motion. Tous les deux briguent le leadership à l’Ump en vue des prochaines présidentielles si Sarko ne se présente pas.  Copé a marqué un nouveau point contre son rival.

    L’imposture serait-elle devenue le modèle de la réussite ? Beaucoup de carrières se font par cooptation, filiation, compromission… les chemins de l’imposture puisque ce n’est pas celui des compétences requises.

    Les imposteurs ont-il le sentiment de leur imposture ? Les hommes et les femmes touchés par ce sentiment connaissent la réussite, tant professionnelle que privée. Pourtant, ils restent intimement convaincus de ne pas avoir la posture adéquate à la "case" où ils sont parvenus. Im-posteurs, ils taisent ce ressenti de crainte qu'autrui ne s'en aperçoive. Il y a un essai sur le sujet écrit par Belinda Canonne.

    Sommes-nous dans une société d’imposteurs ? Pendant que l’on nous pousse à tous les renoncements et que l’on veut faire de chacun de nous des personnalités  « as if » (qui fait comme si tout allait bien, qui ignore les problèmes) pour reprendre le terme des psychanalystes et des managers,  nous assistons à des carrières artistiques, professionnelles et politiques de personnalités dont on découvre l’imposture.  Le néolibéralisme nous impose des normes, un mode d’emploi dans nos manières de vivre et de contrôler nos comportements au point de gouverner nos conduites. Le sort de la société est mis entre les mains d’experts comme les agences de notation et des DRH zélés. Tout est commenté par des examinateurs mal intentionnés qui concourent  à la soumission sociale du plus grand nombre. On distille la peur de l’imprévu pour que règne le conservatisme et l’imposture. Derrière les dévots de l’ultralibéralisme se cachent des Tartuffes conservateurs de leurs privilèges.

    Puisque nous avons dit dévot, parlons des papes… Un pape a démissionné et un nouveau a été élu. L’ancien avait fait partie des jeunesses hitlériennes et le nouveau a continué sans sourciller à officier pendant la dictature en Argentine. On le dit comme aimant a simplicité mais François La Rochefoucauld nous dit : «  La simplicité affectée est une imposture délicate ».

    « On peut fonder des empires glorieux sur le crime, et de nobles religions sur l'imposture » selon Baudelaire. Alors cultivons l’imprévu, le nouveau…

    Ne faisons plus « comme si ». Tout ne va pas bien.  Il y a des problèmes. Le « As if » ne guérit pas du mal-être.  Remettons tout en question. Démasquons les impostures et cultivons le « vrai » en toute chose.  Il est vrai que la crise financière est celle des spéculateurs et non des travailleurs. Il est vrai que l’ascenseur social est toujours en panne. Il est vrai que l’argent et ses lobbies ont verrouillé toute la société y compris dans les domaines de la culture et du sport. Il est vrai que se sont créés et se créent des clans et des dynasties qui se succèdent sans partage… L’imposture s’installe et se reproduit.

    L’imposture est une impasse sociale qui mène au chômage, à la précarité,  à la récession économique et culturelle. La société a besoin de se libérer. Une révolution citoyenne est la seule issue pour sortir du piège ultralibéral qui se referme sur un possible avenir solidaire, la justice sociale et  l’espoir d’un monde meilleur.

     

    Battone.

     .

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  • salon33

    La 33ème édition du Salon du livre se tiendra du vendredi 22 mars au lundi 25 mars.

    Une visite au Salon du livre est toujours la promesse de découvertes, et de rencontres au Stand de la Collectivité Territoriale Corse.  La littérature roumaine et Barcelone sont les invités d'honneur de cette trente-troisième édition. La littérature corse tiendra sa place au stand T14 . Vous pouvez aller y rencontrer les auteurs corses. La Corse écrit et publie beaucoup dans tous les genres. On y trouve les polars qui sont aussi des romans sociaux ancrés dans la réalité quotidienne des êtres et des lieux.   

    Histoire, patrimoine et langue à travers les livres ces vingt dernières années

     

    16h30 18h00

    Les auteurs insulaires ont su, ces dernières décennies, faire un très bon usage de la documentation souvent inédite repérée depuis peu. Des pans entiers de notre histoire peuvent être ainsi réévaluées ou revisités, certaines périodes bouleversées dans leur approche. L'étude du patrimoine a su lui aussi bénéficier de cet apport de documentation pour s'engager dans des voies plus scientifiques, en apportant d'utiles informations dans tous les (peinture, l’architecture, habitat, archéologie...La langue et la littérature ont elles aussi suscité un fort intérêt.

     

    Salle Nota bene

    La Corse en toutes lettres

     

    18h00 19h30

    Univers protéiforme et fécond qui rassemble aujourd’hui des textes en langue corse et en langue française, la littérature corse tisse sa toile en Méditerranée. Elle reflète de manière métaphorique la société insulaire contemporaine, ses maux et ses espoirs, de la marchandisation des valeurs traditionnelles au partage des cultures. Cette rencontre est une invitation à découvrir ou à redécouvrir la Corse en toutes lettres. Une rencontre organisée par la Collectivité Territoriale de Corse.

    Avec Jérôme Ferrari (Prix Goncourt 2013), Jacques Thiers, Jacques Fusina, Eugène Gherardi et Jean-Guy Talamoni.

     

    Salle Nota bene

    L'édition des régions

    16h30 17h30

    Avec Bernard BIANCARELLI (Albiana),
    Animé par Pierre-Yves GRENU (France Télévision)

    Scène des auteurs

     

    Editeurs présents :

    ACQUANSU (EDITIONS)

    A FIOR DI CARTA EDITIONS

    ALAIN PIAZZOLA EDITIONS

    ALBIANA (EDITIONS)

    ANCRE LATINE EDITIONS

    ANIMA CORSA (EDITIONS)

    AU COIN DE LA RUE (EDITIONS)

    CLEMENTINE (EDITIONS)

    D.C.L. EDITIONS

    EOLIENNES EDITIONS

    KYRNOS PUBLICATIONS

    QUINQUET (EDITIONS LE)

    STAMPERIA SAMMARCELLI

    TERAMO EDITIONS

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  • charterégionaleDurant la campagne électorale des présidentielles, le candidat Hollande se prononçait, entre autres, pour la ratification de la Charte européenne des langues régionales. Excellente position. Beaucoup de pays avaient accepté de ratifier cette charte. Il restait à la France d’en faire autant. Une fois élu, notre président est devenu amnésique. Comme d’ailleurs, il a jeté aux orties pas mal de ses propositions  de campagne. Seulement Trois exemples. Faire payer les riches, s’attaquer à la Finance et renégocier le traité budgétaire européen. Quant aux langues régionales, dont le Corse, le président s’est réfugié, sans broncher, derrière l’avis du Conseil d’Etat qui a considéré la Charte non conforme à la Constitution. Bel exemple de courage politique. Depuis, peu de voix se sont élevées dans les rangs du parti socialiste pour protester contre une décision d’un autre temps. Comme on peut le constater, et sans verser dans un anti-hollandisme primaire, on s’éloigne de plus en plus loin des promesses électorales. Gare au retour de bâton.

    Angelo Leonetti.

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  • faimondeOn reparle de moins en moins de la faim dans le monde et, pourtant, elle fait toujours des victimes grandes et petites. Un milliard de personnes dans le monde sont sous-alimentées. Une personne sur sept dans le monde souffre de la faim et des maladies qu’elle entraînedes milliers de morts chaque jour !

    Entre 2004 et 2009, leur nombre des personnes souffrant de la faim est passé de 858 millions à un milliard, soit 142 millions de personnes en plus même si on considère que la population des pays sous-développés a augmenté et que la proportion des personnes sous-alimentées était passée de 16% à 13% entre 2004 et 2009. Le nombre aurait baissé ces dernières années. Selon le dernier rapport sur l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde, présenté mardi 9 octobre 2012 à Rome au siège de l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le nombre de personnes souffrant de "faim chronique" s'est établi à 868 millions sur la période 2010-2012. Nous serions revenus en dessous d’un milliard. C’est toujours trop, tant qu’il restera une personne qui meurt de faim. En outre, la crise financière a fait bondir le nombre des gens en dessous du seuil de pauvreté en Europe. Des Français mangent grâce à la charité. Des pays sont en récession… la crise économique mondiale, la hausse des prix des denrées alimentaires, la demande croissante de bio-carburant, la spéculation sur les matières premières alimentaires ou les changements climatiques", a expliqué Jomo Sundaram, directeur général adjoint de la FAO. Après avoir cassé les prix pour exporter et empêcher le développement du secteur agro-pastoral des pays pauvres, les pays riches spéculent sur les denrées alimentaires et pratiquent le protectionnisme.  

    Alors que les Etats Unis ont déjà réglementé la spéculation alimentaire, l’Europe discute toujours d’une règlementation.L’association Oxfam France vient de publier un très intéressant rapport sur les banques françaises qui spéculent sur les produits alimentaires, cette pratique dégueulasse qui impacte sans vergogne la faim dans le monde : BNP Paribas, Natixis, Société Générale et Crédit agricole. Selon ce rapport publié le 12 février 2013, elles se sont partagées en 2012 au moins dix-huit fonds permettant de spéculer sur les matières premières pour un montant d’au moins 2,5 milliards d’euros. BNP Paribas se taille la part du lion avec dix fonds pour une valeur de 1,4 milliard d’euros.

    Pour plus cliquer ICI:

    rapport_oxfam_france_reforme_bancaire_120213

    Sécheresse, catastrophes naturelles, sous-production des pays pauvres, surproduction des pays riches, manque d’investissement, spéculation, guerres, corruption… On peut aligner les causes, le mal est là et peu de solutions durables sont apportées. Les riches produisent trop, gaspillent, exportent et spéculent. Ils rendent les pays sous développés dépendants de leurs importations et vont y chercher de la main d’œuvre bon marché. Leur économie s’appuie sur la pauvreté.

    Ainsi la mondialisation entretient la pauvreté et les riches se donnent bonne conscience en distribuant ponctuellement des sacs de riz.

    Pauvreté n’est pas vice ! Pendant que les pays riches remplissent leur grenier comme au temps des Romains, les pays sous-développés voient leurs agriculteurs, éleveurs et pêcheurs venir grossir les légions des Harragas qui ne se sont pas noyés avant d’atteindre l’El Dorado occidental ou alors ils vont servir de main d’œuvre dans des usines délocalisées pour des salaires de misère.  Chez eux les cheminées d’usine et les grandes industries se sont installées accompagnées inévitablement d’exploiteurs et d’exploités.

    pauvresgens1Pour d’autres qui restent chez eux, la pauvreté est, par les temps qui courent, une richesse inestimable dans la mesure où ils mangent à leur faim. Cela me fait penser à un beau texte de Victor Hugo : «  Les pauvres gens ».

    « Les pauvres gens », c'est l'histoire d'un couple : lui pèche pour assurer la survie de sa famille, cinq enfants, une épouse. Ils sont pauvres mais pas misérables. Le mari est pêcheur. La femme reprise, prépare les hameçons. Leur vie est chiche. La femme du pêcheur se souvient alors qu'elle a une voisine, et alors que son mari est parti en mer, elle lui rend visite. La femme est morte. Les deux enfants dorment. Et pour pauvre qu'elle soit, cette femme de pêcheur, de toute son humanité, va prendre sous son aile ces deux bouches de plus.

    Le poème d'Hugo est une démonstration de force, en alexandrins implacables, mais avant tout, son texte est une ode à ces pauvres gens, pour qui l'entraide prime. On ne peut laisser mourir deux enfants.

    Nous vous proposons un enregistrement de ce beau texte humaniste…

    version écrite: ICI                version audio: ICI

     

    Pidone

     

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  • sarkokadhafi1Deux ans se sont écoulés depuis l’inter- vention  française pour  aider les rebelles libyens à mettre fin au régime de Mouammar Kadhafi. Hier, Sarkozy était de retour à Tripoli en compagnie d’Alain Juppé et de Dominique Perben. Bernard-Henri Lévy aurait bien aimé être de la partie mais sa présence n’a pas été souhaitée par les autorités municipales de Tripoli. Il avait milité pour une intervention française en Lybie et s’était présenté comme le  grand défenseur de la cause des rebelles libyens auprès de Sarkozy. Le philosophe aurait fortement insisté pour être du voyage, car Ali Zeidan l’avait invité lors de sa venue à Paris en janvier dernier. C’est le maire de Tripoli qui a fait les invitations et non pas le nouveau gouvernement libyen.  La Mairie de Tripoli redoutait un incident. La raison du rejet de Bernard-Henri Lévy est qu’il est  juif, et cela pouvait servir de prétexte aux milices islamistes pour attaquer la mairie. Une église copte a été brûlée la semaine dernière à Benghazi et un prêtre a été attaqué à Tripoli. L’après Kadhafi tourne à la guerre de religion.

    Sadat al-Badri (maire non élu) n’entretiendrait pas de bonnes relations avec Ali Zeidan qui souhaiterait remplacer les maires par des préfets qu’il nommerait lui-même.  Nicolas Sarkozy a déjeuné avec Ali Zeidan après avoir rencontré le maire de Tripoli. Dans l’après-midi, il rencontrait les députés libyens. Il n'a voulu vexer personne sauf Hollande qui lui a volé le Mali et veut le faire oublier avec la Syrie.

    L’ancien président de la république est allé se faire congratuler et son voyage sert à redorer l’image de la Lybie dans les médias au moment ou un mufti libyen  a lancé une fatwa contre une déclaration de l’ONU sur les droits des femmes. Pas sûr que cela redore l’image de Sarkozy ! En outre, on n’oublie pas que des armes livrées aux rebelles serviraient aujourd’hui contre l’armée française au Mali.

    Décidément, Nicolas Sarkozy aime bien le Maroc, le Qatar et la Libye, des pays où il doit se sentir encore Président de la république. Il faut qu’il réalise qu’il a perdu les élections et qu’il se contente de faire du fric  sans mêler la France à ses amitiés internationales. On peut s’interroger sur les liens qu’ils gardent avec les autorités libyennes alors que des soupçons ont été portés sur le financement de sa campagne électorale par Kadhafi. Certains de ses accusateurs et témoins éventuels, comme le fils Kadhafi, sont incarcérés dans ce pays qui est passé d’une dictature familiale à l’intégrisme religieux.  L’accueil reçu par Sarkozy ne laisse planer aucun doute sur la bienveillance qui lui est accordée. Il a trouvé la Libye idéale dans l'affaire Kadhafi.

    Battone

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  • cahuzacIl avait traité Jean-Luc Mélenchon de clown sur un plateau de télévision. Aujourd’hui c’est lui qui a le nez rouge. Jérôme Cahuzac a démissionné et nous avons l’impression d’assister à du « déjà vu »  pendant le quinquennat de Sarkozy. Autres temps et mêmes mœurs ? On se souvient des dénégations de MAM, de celles d’Eric Woerth qui a démissionné aussi pour défendre son honneur… lui aussi était ministre du budget. Le 8 février 2012, il est mis en examen pour trafic d'influence passif, et pour recel de financement illicite de parti politique le lendemain… Au fait, où en est l’affaire Béttencourt ?

    A 19h30, ce mardi, François Hollande a « remercié Jérôme Cahuzac pour son action à la tête du ministère du Budget pour le redressement des comptes de la France ». Elle n’aura duré que dix mois. « Il l’a fait avec talent et compétence » ajoute le chef de l’Etat. Officiellement c’est le ministre qui a décidé de démissionner pour ne pas gêner l’action du gouvernement et défendre son honneur. François Hollande a donc mis fin aux fonctions de Jérôme Cahuzac, ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des Finances, chargé du Budget, à sa demande motivée par l’ouverture d’une information des chefs de « Blanchiment de fraude fiscale, perception par un membre d’une profession médicale d’avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la Sécurité sociale, blanchiment et recel de ce délit». Il faut dire que l’enregistrement publié par Médiapart venait d’être qualifié de non modifié et la voix serait bien celle du Ministre qui dit : « Ça me fait chier d’avoir un compte ouvert là-bas, l’UBS c’est quand même pas forcément la plus planquée des banques ». Toujours selon Médiapart, le compte suisse aurait été clôturé en 2010 et ses avoirs transférés à Singapour.

    De l’enquête préliminaire ordonnée par le Parquet de Paris, l’affaire passe à l’instruction et pourra faire l’objet de commissions rogatoires internationales. Par ailleurs Jérôme Cahuzac risque une mise en examen. Il continue à parler de calomnies et a démissionné pour ne pas gêner aussi la justice.

    Il serait peut-être temps que toutes les affaires judiciaires dans lesquelles apparaissent des hommes politiques aboutissent plus rapidement. L’opinion publique doit connaître la vérité juridique de ces affaires largement commentées par la presse avant de tomber dans les oubliettes et de faire le plus souvent l’objet de non-lieux ou de petites condamnations de principe quelques années plus tard.

    Bernard Cazeneuve, ministre délégué aux Affaires européennes, remplace  Jérôme Cahuzac. D’où il vient, nous ne doutons pas un seul instant que ce dernier continuera l’œuvre de son  prédécesseur : réduction du déficit et austérité.

    Battone.

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