• A tous ceux qui remettent en cause les explications officielles sur la "crise" qui frappe l'Europe, je vous invite à regarder attentivement la vidéo en cliquant ICI.

    myret_chouart

    Il s’agit d’une conférence donné par Mme Myret Zaki  et le professeur Etienne Chouard.

    Myret Zaki (née en 1973 au Caire, Égypte) est une journaliste économique suisse romande et rédactrice en chef adjoint du magazine économique Bilan. Elle est l'auteur de plusieurs ouvrages liés à l'actualité financière, principalement suisse et américaine. Le 3 décembre 2011, elle intervient lors de la conférence L'État et les banques, les dessous d'un hold-up historique  avec Étienne Chouard. Étienne Chouard, né le 21 décembre 1956 Paris, est un enseignant en économie et en droit dans un lycée et un blogueur français qui a connu une certaine notoriété en 2005 à l'occasion de la campagne du référendum français sur le traité établissant une constitution pour l'Europe en argumentant pour le « non. En 2007, il apporte son soutien au mouvement altermondialiste au premier tour de l'élection présidentielle et signe la pétition de soutien à la candidature de José Bové à la présidence de la République et marque son opposition au Traité de Lisbonne. En janvier 2010 à Marseille, il animait une soirée consacrée au 11 septembre et au «verrouillage du débat sur ce sujet en France, et la diabolisation systématique de ceux qui doutent de la version du gouvernement Bush. Pour lui, « Hugo Chavez, c'est un laboratoire de démocratie intéressant »

    Avec ces deux intervenants, Le journal « La cité » offre une vidéo très instructive, pour ne pas dire édifiante. Bien sûr, il faut garder toute sa lucidité et confronter ce qui est dit à toute l’information donnée sur le sujet par des économistes mais le discours a pour mérite d’être clair et de donner des explications là où les politiques ne font qu’affirmer en laissant le quidam dans l’ignorance.  

    Sur la dérive des marchés spéculatifs, Myret Zaki nous explique le rôle joué selon elle par Goldman et Sachs qui aurait fourni à un club de cinq gros spéculateurs des informations sur l’état de la dette grecque en 2009. Dans les faits, Goldman et Sachs avait conseillé la Grèce dans des montages financiers destinés à cacher la réalité de cette dette qui était déjà au même niveau depuis des années. A l’époque, les agences de notation avaient simplement conseillé au gouvernement grec de mieux tenir son budget. Dans les coulisses ces organismes auraient joué un drôle de jeu par la suite.

    Sur son site François Farnier, formateur et consultant en commerce international, confirme : Pour bien comprendre comment les spéculateurs agissent, avec la complicité de banques d'affaires, tels Goldman Sachs, JP Morgan et Deutsche Bank, il faut revenir en arrière. New York, le 8 février quelques-uns des plus importants spéculateurs américains se retrouvent dans un luxueux restaurant de Manhattan. Autour de la table, les représentants des grands fonds spéculatifs, dont George Soros, l'homme qui a fait s'écrouler la livre sterling en 1992. « Nous n'avons parlé que de nos investissements en Bourse », affirme au « Canard » un représentant du cabinet de courtage Moness, Crespi, Hardt & Co, organisateur de cette réunion de famille. Ce n'est  pas l'avis du «Wall Street Journal », qui, le 27 février, a révélé l'affaire : « Ils se sont concertés pour attaquer l'euro afin de le dévaluer et de le tirer vers le niveau du dollar », assure le quotidien, qui ajoute : « Il y a beaucoup d'argent à se faire. ». Il s'agissait d'une réunion de dirigeants de « hedge funds », ces fonds spéculatifs qui, contrairement aux banques, ne sont soumis à aucune autorité de régulation, ne publient aucun compte détaillé et ne paient pratiquement pas d'impôt. « Voilà quelques années, raconte un haut fonctionnaire français, les autorités américaines ont exigé qu'ils s enregistrent auprès de la SEC, le gendarme de la Bourse US. Du coup, ils ont filé vers les paradis fiscaux.  

    La conférencière explique que la Banque Goldman et Sachs avait averti les gros spéculateurs de la réalité de la dette souveraine grecque. Cela s’appelle un délit d’initié. Il s’agissait pour les spéculateurs de créer une panique sur les marchés et un effet de contamination aux pays voisins de la Grèce. L’objet de la spéculation était la dette grecque et le but était de provoquer une vente massive de la dette sur le marché internationale pour obtenir ce que les financiers appellent des gains à la baisse. La vente massive de la dette d’un pays entraîne la hausse des taux d’intérêt. La Grèce est ainsi passée de 7% à 20%.  Après la Grèce ce sont le Portugal, l’Irlande, l’Espagne, la Belgique,  l’Italie, la France et même l’Allemagne qui ont fait l’objet d’attaques spéculatives. D’où viennent ces attaques ? Du marché spéculatif de la dette internationale qui est non réglementé, entretenu et préservé par les Etats-Unis et l’Angleterre, les deux pays déjà en faillite. Hors les Etats Unis obtiennent toujours un taux dérisoire de 1 à 2% alors que l’Italie est passée à 7% sans véritable raison économique et budgétaire. Les Etats-Unis et l’Angleterre se livreraient à une véritable guerre mondiale financière. La banque Goldman Sachs est appelée gouvernement Goldman Sachs par les Américains. L’Europe ne peut réglementer que les marchés sur son territoire et en accord avec la perfide Albion dans le cadre de l’Union européenne… Rappelons que l’Angleterre a refusé l’Euro et gardé sa livre sterling.

    Voilà, en préliminaire, l’introduction de la conférence filmée et les premières explications données par Madame Myret Zaki qui dit suivre la dérive des marchés depuis quinze ans et témoigne de leur rôle dans la crise européenne et en particulier dans la crise grecque. 

    La vidéo est un peu longue mais mérite d’être visionnée avant qu’elle ne disparaisse de l’Internet. Les explications sont claires et à la portée de tous. Cela n’empêche pas d’y porter un regard critique et de s’informer plus avant notamment auprès des Economistes comme ceux de l’association dite des « Economistes atterrés ». Deux d’entr’eux avaient répondu aux interrogations de Manca alternativa.

    Trois questions à... 

    Les agences de notation, le AAA et nous... 

     Signé: Pidone

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  • airfrance

    La sentence est tombée, brutale, injuste . Les dirigeants d’Air France ont choisi la rentabilité plutôt que l’emploi. Le verdict de la cour d’appel de Bastia, considéré par les indignés comme une décision de classe, risque d’encourager la compagnie aérienne dans sa volonté de quitter notre île, avec à la clé des centaines de licenciements.  Les indignés d’Air France ne seront pas titularisés, tout au plus indemnisés. Ainsi en a décidé la chambre sociale de la cour d’appel de Bastia, dans son jugement du 29 mars.

    Manca alternativa suivait l’évolution de leur bras de fer avec une direction sourde et muette. (Les salariés d'Air France poursuivent la lutte)  

    Le journaliste Enrico Porsia est allé aussi à leur rencontre  et vient de livrer un documentaire de 30 minutes intitulé « Pas nés pour être matés ! ». En fond sonore "Indignati", composition originale de Davia Coluzzi et François Gaspari. Ce court-métrage rend compte du long conflit social qui,  ouvert  en octobre 2011, aura duré six mois dans la vie des deux principaux aéroports de l'île: Quarante-cinq jeunes CDD de la compagnie Air France réclamaient justice pour leurs emplois qui auraient dû être des CDI si  leur employeur avait respecté la législation du travail.

    Mica nati per esse dumati  va être très prochainement diffusé sur le web et faire l'objet de nombreuses projections publiques. Nous vous présentons la bande annonce…

     signé: Pidone

     

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  • cupidité

    Joseph Stiglitz, l’un des très rares économistes qui avaient prédit la crise financière, dont paraît-il nous sommes sortis (faudrait le signaler à la Grèce et à l’Espagne), publie un livre très attendu: « le triomphe de la cupidité ».

    L'essai du prix nobel d'économie met en avant trois idées force : la mauvaise allocation des dépenses budgétaires US pour la relance de l'économie, la distorsion de l'utilisation de la fonction financière d'une activité de création d'outils de gestion de l'économie, à un détournement de l'épargne à son seul profit et la nécessité de réformer le système en remettant à l'honneur la solidarité et le sens de l'intérêt collectif.

    Dans cette analyse de la crise et de l’avenir de l’économie mondiale, Joseph Stiglitz compare ce qui s’est passé en septembre 2008 à la chute du mur de Berlin en 1989. Vous savez le fameux mur auquel s’est attaqué notre Sarko national ce 9 novembre… a moins que ce soit le 18 ou bien le 27… ou bien… une retouche photoshop.

    Joseph Stiglitz qui dénonce, depuis plus de 10 ans, le fondamentalisme du marché, la libéralisation à outrance des capitaux, les dérégulations et la montée des inégalités, demande au pouvoir politique de « remettre en cause les fondations » qui ont rendu possible cette crise.

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  • Bon débarras et que les dieux le gardent le plus longtemps possible, loin de nous.

    Francois Hollande a été élu avec 51,60% des suffrages exprimés. C’est un résultat net et sans bavure. Pourtant  notre ex-bouillant président n’a pas ménagé sa peine pour rempiler et se voir de nouveau en haut de l’affiche. Une majorité de Français en a décidé autrement. Au-delà de rodomontades et autres gesticulations, c’est surtout le bilan de cinq années de pouvoir qui a été sanctionné. Un simple rappel et sans entrer dans le détail : un million de chômeurs en plus, en particulier chez les jeunes, attaques contre  notre système de protection sociale, mise en œuvre d’une contre-réforme des retraites, attaques contre l’école laïque, la santé, la recherche, etc. Toutefois ce bilan n’a pas été négatif pour tout le monde : niches fiscales, suppression de l’impôt sur les grandes fortunes, bouclier fiscal, bienveillance à l’égard de l’évasion fiscale, etc.

    Et maintenant que faire ?

    Donc, Sarkozy nous a quittés et de nouvelles perspectives peuvent s’ouvrir pour le pays. C’est de cela que Manca alternativa a discuté la semaine dernière lors d’un dîner-débat au restaurant le Capitole, à Ajaccio. Un deuxième motif de satisfaction s’est également exprimé au cours de la soirée : le score réalisé par Jean-Luc Mélenchon, 11,10% dont 9,80% en Corse du Sud. « On aurait pu faire mieux » a-t-on entendu, surtout au regard de la mobilisation exceptionnelle que la candidature du Front de gauche a suscitée : La Bastille à Paris, Plage du Prado à Marseille, Place du Capitole à Toulouse et bien d’autres meetings. Des centaines de milliers de participants. Le vote utile de dernière minute a sans doute amené un certain nombre d’électeurs à reporter leurs voix sur François Hollande. Cependant, il a été considéré que le pourcentage obtenu par Jean-Luc Mélenchon est satisfaisant. N’oublions pas qu’il y a quelques semaines encore les sondages donnaient notre candidat autour de 4-5%. Ce résultat constitue un socle à partir duquel il est possible désormais de construire une véritable alternative à la politique d’austérité menée dans la plupart des pays européens, avec les conséquences que l’on connaît.

    Aussi les prochaines élections législatives seront l’occasion d’amplifier le mouvement en faveur du Front de gauche et d’avoir à l’Assemblée nationale un groupe d’élus suffisamment étoffé, condition essentielle pour peser dans le bon sens.

    La poussée de Marine Le Pen en Corse

    Au-delà des satisfactions, différents intervenants ont exprimé quelques préoccupations à l’égard du score réalisé par la blanche colombe qui n’aime pas les immigrés : 17,80% au plan national, 25,71% en Corse du Sud, 27,27% à Ajaccio. Cela veut dire que le discours de haine et racistes de Marine Le Pen a pénétré bien des consciences. La raison a reculé. Seul, pendant toute la campagne électorale, le Front de gauche a combattu sans concession le Front national. Certains se sont tus. D’autres, comme l’ex-président, se sont évertués à mimer les attitudes et les propos de Marine Le Pen et de ses affidés. Mais en vain. D’aucuns préfèrent toujours l’original à la copie.

    Dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire de ne pas baisser la garde et de continuer le combat pour la solidarité, la justice sociale et l’égalité, en un mot mettre au centre de nos préoccupations l’humain.

    Vers une structure de coordination régionale

    Une prochaine réunion se tiendra à l’Université Pascal Paoli, à Corte, le 23 mai 2012, en collaboration avec des militants de Haute Corse qui souhaitent créer une structure comparable à Manca alternativa et adhérer à la Fédération pour une alternative sociale et écologique. Un compte-rendu de cette réunion sera publié sur notre site.

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  • markaris

    Un tueur en série sévit dans les banlieues riches d'Athènes avec un choix idiosyncratique des victimes. Elles sont toutes de riches Grecs qui n'ont payé les impôts, et leurs cadavres ont été laissés dispersés parmi les ruines de la ville antique. Ils ont tous été empoisonnés avec de la cigüe. C'est l'intrigue du dernier roman best-seller de Petros Markaris, qui a combiné les rôles de l'écrivain américain et commentateur social en Grèce, à tel point qu'il est devenu une des voix  les plus couramment citées dans la crise.

    La Grèce traverse beaucoup de difficultés, y compris une augmentation significative de la criminalité, mais cette horreur particulière est essentiellement fictive.  Les meurtres au cœur du nouveau livre de Markaris, « I Pairaiosi » ou « le règlement », résonnent fortement avec un lectorat de masse furieux de l'élite du pays à l’impôt-diaphragme dont l'irresponsabilité a contribué à mettre la Grèce à genoux. Beaucoup de lecteurs, comme son héros-narrateur, inspecteur Costas Charitos, sont  déchirés entre dégoût et l'admiration pour le meurtrier, qui lui-même appelle le percepteur d'impôt, pour exiger de l’argent non pas pour lui-même mais pour les caisses nationales.  La sympathie du public était telle  pour le tueur que Markaris  a jugé prudent de mettre une note à la quatrième page de couverture: ce roman ne doit ne pas être imité.

    « Je voulais raconter l'histoire réelle de cette crise, sa genèse et comment elle affecte les gens ordinaires, » Markaris dit et écrit que le  crime est la meilleure forme de commentaire social et politique disponible, car une grande partie de ce qui se passe en Grèce maintenant est criminelle. «Le titre a un sens en grec qui signifie la fin de vie, le règlement de compte de la vie» explique l'auteur âgé de 75 ans. « Mais son sens moderne est une méthode de prélèvement de la taxe. En échange d'un paiement à l'office d'impôt – un règlement – l'État donne amnistie aux personnes qui n'ont pas payé leurs impôts. »

    Né à Istanbul, de parents Grecs et arméniens, Markaris s'installe à Athènes à trente ans et voit encore les problèmes de la Grèce avec un regard extérieur.

    « C'est un système qui a été constitué au quotidien depuis le début du siècle et s’est amplifié depuis 30 ans » dit-il. Le système en question est plus communément appelé clientélisme. Il s'agit de l'élite grecque – les armateurs, les médecins, avocats et journalistes – qui financent les deux principaux partis politiques et obtiennent des emplois de hauts fonctionnaires pour leurs fils et leurs filles en échange de ce qu’ils considèrent comme des investissements les faisant bénéficier d’une exonération d’impôt  à vie. C'est une pratique non viable qui a grevé  les comptes nationaux et poussé la Grèce à emprunter sur les marchés internationaux pour financer ses mauvaises habitudes fiscales.

    Dans une tentative tardive de soulever quelques recettes, un contrôle fiscal des médecins athéniens révéla que la majorité ne payait rien, ayant déclaré leur revenu juste en dessous du seuil de l'impôt minimum de 12 000 € alors qu’ils avaient des voitures valant plusieurs fois ce montant. Lors d'une bataille  entre les réformateurs au sein du gouvernement et l'élite, les réformateurs perdent. L'effondrement du gouvernement et des élections ont mis la Grèce dans une impasse et la perspective incertaine d'un autre vote.

    Pendant ce temps, les riches continuent à remplir les bars chics et les restaurants branchés, tandis que le travail manque et qu’une grande partie des gens vivent dans l'indigence. MARKARIS lui-même vit dans le modeste appartement d’une cité. La colère y a éclaboussé  les murs salis par des graffitis menaçant les immigrés d’expulsion ou pire. Dans les rues,  des gens affichent leur antipathie envers les camelots de la rue d'Afrique. Lorsque l'auteur regarde par sa fenêtre, dans les premières heures du jour, il voit des voisins d'âge mûr, habituellement fiers, venir furtivement fouiller  les déchets dans les poubelles. Ses observations sur la crise en évolution remplissent ses livres.

    Un ancien président, Konstantinos Karamanlis, cité par l’écrivain,  décrivait la Grèce comme « une infinie maison de fous (madhouse) ». Dans le premier chapitre, quatre vieilles dames se suicident, laissant derrière elle une note disant qu'avec la coupe des pensions elles ne pouvaient acheter leurs médicaments et voir un médecin.  Elles avaient choisi de ne plus être un fardeau pour la société. On trouve des cas similaires au cours des deux dernières années. Les statistiques officielles disent que le taux de suicides est monté en flèche de 22 %, en sous-estimant probablement le problème car des familles orthodoxes pieuses cacheraient souvent les suicides de leurs proches vécus comme honteux.

    Plus avant dans le livre, quand l'inspecteur Charitos est appelé à se pencher sur les meurtres de riches Athéniens, son premier instinct lui fait craindre qu’une enquête, en exposant les affaires privées de l'élite, pourrait contrarier sa prochaine promotion.

    MARKARIS et Charitos canalisent  un sombre courant grec de mécontentement, psyché que la crise économique a remonté à la surface, plus visible lors de l'élection au Parlement d'un groupe néonazi, Golden Dawn ( Aube dorée). Dans un précédent livre Markaris, prêts qui expirent, les victimes sont liées aux banques, aux fonds spéculatifs et à une Agence de notation.  Ils sont tous décapités.

    Il est sur le point d'embarquer dans le troisième roman de cette trilogie, mais attend de voir comment va la vraie histoire de la Grèce va évoluer. Karolos Papoulias, le président de la réunion des chefs de parti essaye de leur faire former un gouvernement d'unité nationale, mais Markaris est pessimiste.

    « Le système qui dirige le pays depuis la chute de la junte est mort », a-t-il dit. « Les mesures d'austérité ont détruit le paysage politique. La question est que si la Grèce obtient sa survie grâce aux mesures d'austérité et si l'Europe peut survivre à un effondrement grec. Je ne sais quelles sont les réponses. »

    Signé: Pidone

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  • drapeau_campagne

    L’élection de François Hollande, on s’y attendait, a entraîné une série de critiques de la part de tous ceux qui ont mal digéré leur défaite. La plus stupide est celle concernant les drapeaux français pas assez visibles place de la Bastille le 6 mai après les résultats. Pendant la campagne ce sont les drapeaux rouges qui ont été mis à l’index. Au lendemain de l’élection, nous avons relevé un commentaire sur les drapeaux (qualifiés de communautaristes) qui flottaient sur la marée humaine réunie à la Bastille : « Ils ne sont, pour la plupart, pas bleu, blanc, rouge. Ils n’ont rien à voir avec « nous »un soir d’élection présidentielle. Nous ? Nous sommes la France. De mémoire d’éléphant, on n’avait jamais vu ça. De mémoire gaulliste non plus. Nous ne sommes ni irakiens, ni syriens, ni algériens, ni italiens, ni gays, ni palestiniens, ni communistes, ni grecs et j’en passe. Nous les aimons tous, mais nous sommes français.Hier la France a confondu ses racines et sa rose. De douloureuses épines se sont plantées dans nos cœurs car la France, au lieu de claironner son unité, s’est dissoute en une multitude de nations. »

    Vexillophobie du vain culotté de la droite vexé par sa déculottée? Sur le lieu historique des sans-culotte, les présents disent que les drapeaux français étaient nombreux mais les images données étaient focalisées sur les quelques drapeaux arabes dont ceux représentant la solidarité avec le peuple syrien à laquelle même le pouvoir sarkozyste s’était associé. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, a fait quelques déclarations pas tendres envers ceux qui massacrent des civils syriens. Il y avait aussi des drapeaux de diverses régions françaises. Bien sûr, le parti socialiste n’a pas acheté des centaines de milliers de drapeaux tricolores comme l’UMP car la gauche n’avait pas besoin d’investir autant d’argent pour racoler les voix frontistes. Si on regarde les meetings de Sarkozy, on peut penser que tout autre drapeau était proscrit. Serait-il atteint de vexillophobie pour tout autre drapeau que celui bleu blanc rouge. Sans doute Sarkozy aurait-il admis à la Concorde la présence de Merkel avec le drapeau allemand. La place était vide, devant lui marchait Angela, il avait un joli nom son guide, Angéla… Elle parlait en  phrases sobres, de mondialisation et d’ordre. Il pensait déjà qu’après son élection unanime, ils iraient au Fouquet’s pour la frime, boire une bière…C’est raté.  A l’Elysée, du bureau du Président sortant, on pouvait imaginer l’entendre chanter :

    Quoi ma gueule ?
    Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ?
    Quelque chose qui ne va pas ?
    Elle ne vous revient pas ?

    Toujours fan de Johnny même si la réciproque n’est plus vraie. A l’UMP, il y en a un qui ferait mieux de la fermer sa grande gueule d’après la défaite. Qui a été le plus prompt à créer l’affaire des drapeaux de la Bastille ? Gueule de bois pour la langue de bois de l’UMP! Jean-François Copé trop heureux de draper la débâcle dans le drapeau tricolore, crie au scandale. Le plus révoltant dans cette tartufferie, c’est que Sarkozy et l’UMP prennent leur défaite comme celle de la France alors que ce sont les Français qui ont voté en majorité pour le candidat de gauche. Pour l’UMP, le peuple est la foule de ses militants qui agitaient les drapeaux distribués. Le six mai au soir, ils sont repartis le bleu à l’âme dans un bruit blanc après le carton rouge sorti des urnes. Tout un symbole ! Ils auront maintenant tous un drapeau tricolore à la maison.

    Hélas, il n’y a pas que les politicards haineux de droite qui ont voulu gâcher la fête. Des commentateurs s’y sont mis avec toute la mauvaise foi et l’arrogance dont ils sont capables. Cela a commencé à Tulle lorsqu’un ami de François Hollande est monté sur scène jouer de l’accordéon. C’était un moment sympathique mais un commentateur a trouvé cela ringard préférant la modernité de Sarkozy. Sur Antenne 2, on ne voyait que les déçus de l’élection et les drapeaux de la Bastille. Rien ou presque rien de la liesse des gens de gauche.

    Mais revenons aux drapeaux. L’élection du nouveau président de la république intéresse en premier lieu les Français mais aussi tous ceux qui vivent et travaillent en France. Elle était suivie dans le monde entier et tout particulièrement par les pays francophones et historiquement liés à la France. Que peut-on trouver de scandaleux dans la présence symbolique des drapeaux étrangers venant saluer cette élection ? Il s’agissait sans aucun doute de témoignages amicaux et non pas des prémisses d’une invasion barbare dans laquelle allait se dissoudre l’unité nationale. Que le Front national veuille le faire croire, c’est dans l’ordre des choses politiques. Que l’UMP, Sarkozy et Juppé en tête, en fassent encore un argument de campagne et un soin palliatif, ils ont le droit de choisir leur mort politique. La France ne se réduit pas à un bout d’étoffe tricolore mais doit être à la hauteur d’une communauté de destin qui ne peut se poursuivre dans  la mondialisation sauvage des économies par le repli national sur l’hexagone. En outre, le communautarisme est le résultat non pas de la diversité mais du passage forcé dans un moule national tel que le conçoivent l’UMP et son allié idéologique le Front national. Nous avons été heureux de voir flotter le drapeau corse dans certains meetings du Front de gauche. C’était l’associer à une politique ouverte sur le monde et la diversité culturelle. Une communauté de destin n’exclue pas des communautés historiques ou d’origine. L’unité ne peut se fonder sur la haine de l’autre. On ne colonise pas les esprits dans un pays démocratique. Les folklores font partie de la culture mais ne peuvent la réduire à une rengaine. La création a besoin d’échanges et d’ouverture. Le peuple français n’est pas une race et doit assumer sa diversité comme une richesse. .

    Il ne faut pas brûler le drapeau français mais de temps en temps il faut le laver sinon il s’y dépose une couleur brune. Le 6 mai dernier, la lessiveuse électorale a choisi son programme de gauche et nous souhaitons un drapeau plus propre dont les couleurs ravivées ressortiront mieux au milieu du concert des nations. Il pourra alors côtoyer n’importe quel autre étendard régional ou national, n’en déplaisent aux  vexillophobes de l’UMP et du FN, partis politiques vexés par leur défaite.

    A la Bastille, les drapeaux flottaient sur une France rassemblée qui faisait la fête. L’autre peuple est allé se coucher dans un reflexe communautaire, celui d’une communauté d’intérêts pour les 10% de meneurs.

    Nous le disons à ceux qui ont voté Sarkozy par peur des lendemains, il vous a trompé, manipulé et le drapeau mis dans vos mains n’est qu’un objet de campagne électorale, un foulard agité sous le nez des électeurs du Front national comme un appel de détresse. Le drapeau tricolore renvoie à notre devise : Liberté, égalité, fraternité. Lorsqu’il n’est qu’un symbole ultranationaliste, on se souvient de la réalité qu’il véhicule. Des drapeaux supportant  la croix gammée uniformisaient jadis les messes hitlériennes.  

    Sans devise républicaine et patriotisme, le drapeau ne serait qu’un étendard de pacotille, un morceau d’étoffe. Pour l’UMP, les drapeaux devaient faire un voile frontiste sur la réalité politique de ceux qui les distribuaient pour faire jouer des figurants dans ce qui a été  la dernière saison de leur mauvais film. Sans producteur populaire,  son metteur en scène et sa vedette ne seront plus distribués pendant cinq ans.

    Porteurs occasionnels de drapeaux tricolores, ne faites pas de cauchemars sur l’écran blanc de vos nuits noires.  Aucune inquiétude à avoir, le drapeau bleu blanc rouge ne flotte pas à l’envers sur la France. La république n’est plus en danger. La démocratie devrait même progresser.

    Sous les pavés, la plage ! Le drapeau est vert, vous pouvez vous prendre des bains de foule même là où le drapeau français n’est pas seul agité. On y chante aussi la Marseillaise….

     Signé: Fucone

     

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  • le 24 MAI 2012

    Ils étaient nombreux le 26 avril 2012 à assister à l’ouverture du procès devant examiner le dossier de plainte pour séquestration déposé par l’épouse et les enfants de Thomas Sankara, à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, « Pays des hommes intègres ». Mais l’audience n’a pas eu lieu ce jour-là au prétexte que le « conseiller rapporteur général est en mission ».

    A la recherche d’une vérité qui leur est refusée depuis 25 ans déjà, la famille n’a qu’une attente: savoir si leur fils, mari et père repose bien là où est sa sépulture, car ils ne sont sûrs de rien, privés des derniers adieux, ils n’ont pu voir le corps enterré précipitamment. Ils ne peuvent plus aujourd’hui, soutenus par des milliers de burkinabés et des milliers de personnes à travers le monde, se contenter de la déclaration officielle : « Sankara est décédé le 15 octobre 1987, à 16h30, de mort naturelle ». L’acte de décès a été depuis corrigé, mais reste cette affreuse blessure d’avoir perdu, outre un être cher, mais aussi de s’être vu obligé de quitter son pays natal.

    Tout le monde connaît la vérité, cette vérité que certains voudraient taire à jamais. Thomas Sankara, Président du Burkina Faso, a été assassiné. Assassiné pour avoir dénoncé les injustices que subissait son pays. Ces injustices qui l’exploitent et l’affament encore aujourd’hui les privant des droits humains les plus élémentaires. Assassiné pour avoir appelé son peuple à reprendre sa destinée en main, « Vivre libre, vivre africain, vivre digne ».

    Mais si l’on va au Burkina Faso, si l’on se trouve à Ouagadougou ou dans l’un des villages les plus reculés du pays, il y a toujours un téléphone qui sonne et s’ouvre à la voix de Thomas Sankara. Le « Che Guevara africain », est toujours là porteur d’espoir pour ces nombreux jeunes dans le pays, qui ne l’ont pourtant pas connu, et qui à son invite veulent « Oser inventer l’avenir ».

    Sa force, son courage, son franc-parler, l’amour de son pays n’ont pu être assassinés et expulsés.

    « La révolution populaire et démocratique a besoin d’un peuple de convaincus, et non pas d’un peuple de vaincus, de soumis qui subissent leur destin. »

    Cette force nous la sentons dans le pays. Qui revient de cette Afrique se trouve transformé à jamais, solidaire de ce peuple, de ces gens qui vous apprennent l’humilité et le partage. On en revient avec en gage de confiance, le devoir de relayer et appeler à soutenir le plus largement possible une cause juste et digne.

    Le 24 mai 2012, date du report d’audience du procès, nombreux seront encore les burkinabés qui prendront place dans l’enceinte du tribunal, pour que justice soit dite. Ils ne seront pas seuls ce jour-là, pour soutenir la famille, appuyés, à aujourd’hui, par plus de 9000 signatures à la pétition lancée sur le net « Justice pour Thomas Sankara, Justice pour l’Afrique ». Peut-être plus encore si d’ici cette date, la mobilisation se fait encore plus forte pour comme le dit Samsklejah se souvenir aussi des autres disparus porteurs de la parole libre au Burkina Faso?

    Pascale Larenaudie

    SIGNER LA PETITION

    JUSTICE POUR THOMAS SANKARA, JUSTICE POUR L'AFRIQUE

    http://www.thomassankara.net/spip.php?article866

     

     

     

     

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