• sarkopétain1_modifié-1A Lille, Sarkozy a largement développé un de ses thèmes : le travail. A Montpellier, avec l’Education nationale, il y a ajouté la famille. Il utilise largement celui de la patrie… « Travail, famille, patrie » une devise qui rappelle de sombres heures de notre histoire et qui semble remplacer chez ce néo-pétainiste celle de « Liberté, égalité et fraternité ».

    Que nous dit Sarkozy à Lille ?

     « Je veux être le porte-parole de cette France qui veut vivre de son travail. Je veux être le porte-parole de cette France pour qui le travail est une valeur et qui se désole quand elle voit le travail déconsidéré, quand elle voit le travail abîmé. Vous êtes la France du travail, celle des ouvriers qui veulent sauver leur entreprise, cette France qui ne ménage jamais ses efforts… La crise, la crise que nous connaissons depuis trois ans, a anéanti bien des efforts et ruiné bien des espoirs. Mais sur ces terres du Nord où se mêlent les souvenirs de drames insoutenables et de réussites éclatantes, sur cette terre du Nord il y a encore une agriculture, une industrie, un artisanat qui ne sont pas tournés vers le passé mais qui sont tournés vers l’avenir. Et ce miracle, ce miracle parce que c’en est un, il n’a qu’une cause, le travail. Votre travail ! Voilà pourquoi le travail est la valeur cardinale de la République française… C’est le travail qui a fait la prospérité d’hier. C’est le travail qui fera la prospérité de demain. Les Trente Glorieuses, c’était la glorification du travail. Et les trente années qui ont suivi pendant lesquelles la France a pris du retard, pendant lesquelles la France a parfois reculé, ce furent les années de la dévalorisation du travail. La crise sans précédent que nous vivons, c’est d’abord une crise du travail. C’est une crise de la suprématie accordée à la spéculation et à la rente sur le travail. C’est une crise de l’assistanat qui avait fini par payer davantage que le travail. … »

    Sarkozy propose une collaboration économique avec l’Etat allemand qui veut soumettre les peuples d’Europe à l’ultralibéralisme et à l’austérité. Pour donner un prolongement à ses envolées idéologiques, voici une version du discours prononcé par Pétain le 11 octobre 1940 sur l’ordre nouveau. Ce pastiche  n’a demandé que peu de modifications pour y retrouver le germe de l’idéologie distillée à Lille et à Montpellier par le candidat de l’UMP dont la filiation n’est plus gaullienne mais bien pétainiste. Relisons donc cette mouture qui pourrait très bien nous être servie pendant la campagne dans un meeting à Vichy :  

    La France a connu, il y a trois ans, l'une des plus grandes crises de son histoire. Cette crise a de nombreuses causes, mais toutes ne sont pas d'ordre technique. Le désastre n'est, en réalité, que le reflet, sur le plan social, des faiblesses et des tares de mes prédécesseurs.

    Leur politique, pourtant, beaucoup d'entre vous l'aimaient.

    Votant tous les cinq ans, vous vous donniez l'impression d'être les citoyens libres d'un État libre, aussi vous étonnerai-je en vous disant que jamais, dans l'histoire de la France, l'État n'a été plus asservi qu'au cours des vingt dernières années.

    Asservi de diverses manières : successivement, et parfois simultanément, par des coalitions d’intérêts économiques et par des équipes politiques ou syndicales prétendant, fallacieusement, représenter la classe ouvrière.

    Selon la prédominance de l'une ou de l'autre de ces deux servitudes, des majorités se succédaient au pouvoir, animées trop souvent du souci d'abattre la minorité rivale. Ces luttes provoquaient des désastres. L'on recourait, alors, à ces vastes formations dites « d'Union Nationale » qui ne constituaient qu'une duperie supplémentaire. Ce n'est pas, en effet, en réunissant des divergences que l'on parvient à la cohérence. Ce n'est pas en totalisant des bonnes volontés que l'on obtient »une volonté ».

    De ces oscillations et de ces vassalités, la marque s’imprimait profondément dans les mœurs, tout criait l'impuissance d'un régime qui ne se maintenait au travers des circonstances les plus graves qu'en se renonçant lui-même. Il s'acheminait ainsi, à grands pas, vers une révolution politique a seulement hâtée.

    Prisonnier d'une telle politique intérieure, la France ne pouvait, le plus souvent, pratiquer une politique extérieure digne de la France.

    Inspirée, tour à tour, par un nationalisme ombrageux et par un pacifisme déréglé, faite d'incompréhension et de faiblesse (alors que notre victoire nous imposait la force et la générosité), notre politique étrangère ne pouvait nous mener qu'aux abîmes. Nous n'avons pas mis plus de quinze ans à descendre la pente qui y conduisait.

    Un jour, sans même que l'on osât consulter les Chambres, la crise est arrivée. Nous n'avions su ni l'éviter, ni la préparer.

    C'est sur cet amas de ruines qu'il faut, aujourd'hui, reconstruire la France.

    L'ordre nouveau ne peut, en aucune manière, impliquer un retour, même déguisé, aux erreurs qui nous ont coûté si cher, on ne saurait davantage y découvrir les traits d'une sorte « d'ordre moral » ou d'une revanche des événements de 1936 et 1968..

    L'ordre nouveau ne peut être une imitation servile d'expériences socialistes. Certaines de ces expériences ont leur sens et leur beauté. Mais chaque peuple doit concevoir un régime adapté à son climat et à son génie.

    L'ordre nouveau est une nécessité française. Nous devrons, tragiquement, réaliser dans la crise la révolution que, dans les trente glorieuses, dans la paix, dans l'entente volontaire de peuples égaux, nous n'avons même pas su concevoir.

    Indépendante du revers économique, la tâche que la France doit accomplir l'est aussi et à plus forte raison des succès et des revers d'autres nations qui ont été, dans l'histoire, ses amies ou ses ennemies.

    Le régime nouveau, s'il entend être national, doit se libérer de ces amitiés ou de ces inimitiés, dites traditionnelles, qui n'ont, en fait, cessé de se modifier à travers l'histoire pour le plus grand profit des émetteurs d'emprunts et des spéculateurs.

    Le régime nouveau défendra, tout d'abord, l'unité nationale, c'est-à-dire l'étroite union de la Métropole et de la France d'outre-mer.

    Il maintiendra les héritages de sa culture grecque et latine et leur rayonnement dans le monde.

    Il remettra en honneur le véritable nationalisme, celui qui, renonçant à se concentrer sur lui-même, se dépasse pour atteindre la collaboration germano-européenne.

    Cette collaboration, la France est prête à la rechercher dans tous les domaines, avec l’Allemagne. Elle sait d'ailleurs que, quelle que soit la carte politique de l'Europe et du monde, le problème des rapports franco-allemands, si criminellement traité dans le passé, continuera de déterminer son avenir.

    Sans doute, l'Allemagne peut-elle, au lendemain de sa réunification, choisir entre une paix économique d'oppression et une paix toute nouvelle de collaboration.

    A la misère, aux troubles, aux répressions et sans doute aux conflits que susciterait une nouvelle paix sociale faite « à la manière du passé », l'Allemagne peut préférer une paix vivante pour elle, une paix génératrice de bien-être pour les travailleurs.

    Le choix appartient d'abord au riche; il dépend aussi du pauvre. Si toutes les voies nous sont fermées, nous saurons attendre et souffrir. Si un espoir au contraire se lève sur le monde, nous saurons dominer notre humiliation, nos deuils, nos ruines. En présence d'un vainqueur économique  qui aura su dominer sa victoire, nous saurons dominer notre récession.

    Le régime nouveau sera une hiérarchie sociale. Il ne reposera plus sur l'idée fausse de l'égalité naturelle des hommes, mais sur l'idée nécessaire de l'égalité des « chances » données à tous les Français de prouver leur aptitude à « servir ».

    Seuls le travail et le talent deviendront le fondement de la hiérarchie française. Aucun préjugé défavorable n'atteindra un Français du fait de ses origines sociales, à la seule condition qu'il s'intègre dans la France nouvelle et qu'il lui apporte un concours sans réserve. On ne peut faire disparaître la lutte des classes, fatale à la nation, qu'en faisant disparaître les causes qui ont formé ces classes, qui les ont dressées les unes contre les autres.

    Ainsi renaîtront les élites véritables que le régime passé a mis des années à détruire et qui constitueront les cadres nécessaires au développement du bien-être et de la dignité de tous.

    Certains craindront peut-être que la hiérarchie nouvelle détruise une liberté à laquelle ils tiennent et que leurs pères ont conquise au prix de leur sang. Qu'ils soient sans inquiétude.

    L'autorité est nécessaire pour sauvegarder la liberté de l'État, garantie des libertés individuelles, en face des coalitions d'intérêts particuliers. Un peuple n'est plus libre, en dépit de ses bulletins de vote, dès que le gouvernement qu'il a librement porté au pouvoir devient le prisonnier de ses coalitions.

    Que signifierait d'ailleurs, en 2012, la liberté (l'abstraite liberté) pour un ouvrier chômeur ou pour un petit patron ruiné, sinon la liberté de souffrir sans recours, au milieu d'une nation en faillite?

    Nous ne perdrons, en réalité, certaines apparences trompeuses de la liberté que pour mieux en sauver la substance.

    L'histoire est faite d'alternances entre des périodes d'autorité dégénérant en tyrannie et des périodes de libertés engendrant la licence. L'heure est venue pour la France de substituer à ces alternances douloureuses une conjonction harmonieuse de l'autorité et des libertés.

    Le caractère hiérarchique du nouveau régime est inséparable de son caractère social.

    Mais ce caractère social ne peut se fonder sur des déclarations théoriques. Il doit apparaître dans les faits. Il doit se traduire par des mesures immédiates et pratiques.

    Tous les Français, ouvriers, cultivateurs, fonctionnaires, techniciens, patrons ont d'abord le devoir de travailler, ceux qui méconnaîtraient ce devoir ne mériteraient plus leur qualité de citoyen. Mais tous les Français ont également droit au  travail. On conçoit aisément que, pour assurer l'exercice de ce droit et la sanction de ce devoir, il faille introduire une révolution profonde dans tout notre vieil appareil économique.

    Après une période transitoire, pendant laquelle les travaux d'équipement devront être multipliés et répartis sur tout le territoire, nous pourrons, dans une économie organisée, créer des centres durables d'activité où chacun trouvera la place et le salaire que ses aptitudes lui méritent.

    Les solutions, pour être efficaces, devront être adaptées aux divers métiers. Telle solution qui s'impose pour l'industrie n'aurait aucune raison d'être pour l'agriculture familiale, qui constitue la principale base économique et sociale de la France.

    Mais il est des principes généraux qui s'appliqueront à tous les métiers. Ces métiers seront organisés et leur organisation s'imposera à tous.

    Les organisations professionnelles traiteront de tout ce qui concerne le métier, mais se limiteront au seul domaine professionnel. Elles assureront, sous l'autorité de l'État, la rédaction et l'exécution des conventions de travail. Elles garantiront la dignité de la personne du travailleur, en améliorant ses conditions de vie, jusque dans sa vieillesse. Elles éviteront enfin les conflits, par l'interdiction absolue des « lockout » et des grèves, par l'arbitrage obligatoire des tribunaux de travail.

    Le régime économique de ces dernières années faisait apparaître les mêmes imperfections et les mêmes contradictions que le régime politique : sur le plan parlementaire, apparence de liberté. Sur le plan de la production et des échanges, apparence de libéralisme, mais, en fait, asservissement aux puissances d'argent et recours de plus en plus large aux interventions de l'État.

    Cette dégradation du libéralisme économique s'explique d'ailleurs aisément.

    La libre concurrence était, à la fois, le ressort et le régulateur du régime libéral. Le jour où les coalitions et les trusts brisèrent ce mécanisme essentiel, la production et les prix furent livrés, sans défense, à l'esprit de lucre et de spéculation.

    Ainsi se déroulait ce spectacle révoltant de millions d'hommes manquant du nécessaire en face de stocks invendus et même détruits dans le seul dessein de soutenir le cours des matières premières. Ainsi s'annonçait la crise mondiale.

    Devant la faillite universelle de l'économie libérale, presque tous les peuples se sont engagés dans la voie d'une économie nouvelle. Nous devons nous y engager à notre tour et, par notre énergie et notre foi, regagner le temps perdu.

    Deux principes essentiels nous guideront : l'économie doit être organisée mais pas contrôlée. La coordination par l'État des activités privées doit briser la puissance des syndicats et leur pouvoir de corruption. Bien loin donc de brider l'initiative individuelle, l'économie doit la libérer de ses entraves actuelles en la subordonnant à l'intérêt national. La monnaie doit être au service de l'économie, elle doit permettre le plein essor de la production, dans la stabilité des prix et  des salaires.

    Une monnaie saine est, avant tout, une monnaie qui permet de satisfaire aux besoins des banques. Notre nouveau système monétaire ne devra donc affecter l'or qu'à la garantie des règlements extérieurs. Il mesurera la circulation intérieure aux nécessités de la production.

    Un tel système implique un double contrôle : sur le plan international, contrôle du commerce extérieur et des changes pour subordonner aux nécessités européennes l'emploi des signes monétaires sur les marchés étrangers ; sur le plan intérieur, contrôle vigilant du coût du travail, afin de maîtriser le pouvoir d'achat de la monnaie, d'empêcher les dépenses excessives et d'apporter plus de compétitivité.

    Ce système ne porte aucune atteinte à la liberté des hommes, si ce n'est à la liberté de ceux qui spéculent. Il n'est conçu qu'en fonction de l'intérêt national. Il devra, dans les dures épreuves que nous traversons, s'exercer avec une entière rigueur.

    Que la classe ouvrière et la bourgeoisie fassent, ensemble, un immense effort pour échapper aux routines de paresse et prennent conscience de leur intérêt commun de citoyen, dans une nation désormais unie.

    Telle est, aujourd'hui, Français, la tâche à laquelle je vous convie.

    Il faut reconstruire.

    Cette reconstruction, c'est avec vous que je veux la faire.

    La Constitution sera l'expression juridique de la Révolution déjà commencée dans les faits, car les institutions ne valent que par l'esprit qui les anime.

    Une révolution ne se fait pas seulement à coups de lois et de décrets Elle ne s'accomplit que si la nation la comprend et l'appelle, que si le peuple accompagne le gouvernement dans la voie de la rénovation nécessaire.

    Bientôt, je vous demanderai de vous grouper pour qu'ensemble réunis autour de moi, en communion avec les patrons du CAC 40, vous meniez cette révolution jusqu'à son terme, en ralliant les hésitants, en brisant les forces hostiles et les intérêts coalisés, en faisant régner, dans la France nouvelle, la véritable fraternité nationale.

    La France a besoin de vous.
    J’ai besoin de vous.
    J’ai besoin de votre énergie.
    J’ai besoin de votre ardeur.
    J’ai besoin de vos convictions.
    Aides-moi ! Aidez-moi à construire cette France forte !
    Aidez votre pays !
    Aidez-nous !

    Dites-moi : Sarkozy nous voilà !
    Et ensemble, oui, ensemble, alors à ce moment là, nous pourrons dire :
    Vive la République du mérite !
    Et vive la France au travail !

     Signé: Pidone

    Pour ceux qui veulent lire le discours original de Pétain, cliquer sur le lien ci-dessous:

    petainoctobre1940site

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  • jules_ferry

     

    Nous nous y attendions et, à Montpellier, nous avons entendu le pire du sarkozysme.  Hier, Sarkozy y a fait un long discours ponctué de formules à l’emporte pièce, de lieux communs, de poncifs, de fausses bonnes intentions… un discours populiste dans le sensle plus  péjoratif du terme. L’école est l’affaire de tous, clame-t-il. Il veut une école de l’excellence dans une république du mérite. Et pour cela il accouche de deux propositions perverses, sans aucune distinction entre les différents niveaux de l’enseignement, les différents établissements scolaires,des études proposées, des différents statuts des enseignants…. Son seul objectif est de casser, d’opposer les syndicats, les enseignants et les parents d’élèves pour démanteler l’éducation nationale.

    Aux enseignants, il veut imposer de travailler plus pour gagner plus dans un marché de dupe…

    "Comment faire quand il n'y a pas d'argent pour embaucher? Comment faire quand, pour réduire nos déficits, il faut diminuer les effectifs en continuant d'appliquer la règle du 1 sur 2 aux collèges et aux lycées ? Il n'y a qu'une seule solution, faire travailler les enseignants plus longtemps en les payant davantage", a affirmé M. Sarkozy et il ajoute : "Je propose que désormais tout enseignant qui voudra travailler davantage puisse le faire avec 26 h de présence dans l'établissement au lieu de 18h de cours, avec en contrepartie une augmentation de son traitement de 25%, soit près de 500 euros net par mois", a-t-il affirmé. Selon lui, seront ainsi "résolus deux problèmes: celui de l'augmentation de la présence des adultes" dans les établissements scolaires, et "celui de l'amélioration du statut des enseignants".

    Améliorer le statut des enseignants ? Il le dit après avoir fustiger leur corporatisme et leur statut comme autant de freins à ses réformes…

    Que dis-je réforme ! Voilà qu’il nous parle de révolution dans l’éducation nationale. Réforme ? On sait ce que cela signifie pour lui : revenir sur tous les acquis sociaux. Alors révolution, on pouvait s’attendre au pire et là, il fait sa deuxième proposition : l’autonomie des établissements scolaires…

    Il affirme vouloir donner "à chaque établissement la possibilité de constituer de véritables équipes pédagogiques en lui donnant la liberté de recruter directement les professeurs avec une plus grande souplesse dans les régimes indemnitaires pour rendre plus attractifs les établissements confrontés à des difficultés plus importantes".

    Faire fonctionner les établissements publics comme des établissements privés avec des petits chefs administratifs, seuls maîtres à bord en matière de recrutement et d’utilisation des budgets.

    Il annonce la constitution de « véritables équipes pédagogiques » comme si cela n’existait pas déjà. Quel mépris pour le travail de ces équipes pédagogiques qui, depuis des années, œuvrent dans chaque établissement et doit faire preuve de beaucoup de dévouement pour mener à terme des projets pédagogiques toujours soumis à des restrictions budgétaires. Un bon nombre de ces enseignants obtiennent des participations gratuites d’intervenants extérieurs.

    Quelle méconnaissance du travail des enseignants et de ce que représente une heure de cours en préparation et corrections. Les enseignants font 18 heures de cours, annonce Sarkozy. Faux ! La plupart font déjà des heures supplémentaires avec une moyenne de 20 Heures par semaine, sans compter les conseils de classe, les contacts avec les parents et les tâches administratives. Comment peut-on parler de qualité de l’enseignement en surchargeant les classes et en demandant 26 heures de cours… sauf que Sarkozy ne parle pas de 8 heures de cours supplémentaires mais de 8 heures de présence supplémentaires. Toujours la même technique du glissement des mots pour entretenir le flou. De la présence pour quoi faire ?  Des cours, de la garderie ou peut-être le nettoyage des classes qui souvent est bâclé faute de budget ?

    De quelle revalorisation salariale s’agit-il ? Sarkozy propose de payer 44% d’augmentation horaire par une augmentation de 25% du salaire de base d’un débutant. Et oui, huit heures de plus représentent une augmentation horaire de 44%. Ensuite les enseignants ne perçoivent pas tous le même salaire, selon leur ancienneté et leur qualification. Donc il s’agit de travailler plus tout en coûtant moins cher. Il s’agit d’une dévalorisation du travail des enseignants. Si les heures supplémentaires restent défiscalisées, on peut même assimiler cela à du travail au « black » en remplacement des emplois supprimés.  

    Quel mépris aussi pour le niveau de notre enseignement reconnu dans le monde entier lorsqu’il affirme que si l’enseignement était une question de quantité, nous aurions le meilleur enseignement du monde et cela se saurait.

    Le comble est lorsque Sarkozy met en cause le collège unique comme la cause des inégalités en se faisant le défenseur des élèves d’origine modeste, tout en relevant un abaissement du niveau du baccalauréat qu’il souhaite plus sélectif. A côte de cela, il se réjouit des suppressions d’allocations familiales pour absentéisme scolaire et semble ignorer que la majorité des jeunes des ghettos urbains ne fréquentent pas les lycées huppés, antichambres des prépas. Il semble aussi ne pas savoir que leurs difficultés scolaires sont le plus souvent dues aux difficultés financières et familiales de leurs parents.  

    Décidément, l’éducation nationale n’est pas le point fort de cette France forte que proclame le candidat de l’UMP. La France forte, c’est le passage en force d’un politique de régression sociale et culturelle. Les enseignants le savent bien et  les rodomontades du mauvais élève Sarkozy sont des injures à leur intelligence.

    Comme Sarkozy se fait aussi le chantre de la notation scolaire et du redoublement, nous lui attribuerons un zéro pointé. Il ne devrait pas avoir convaincu un seul enseignant de voter pour lui. Selon un récent sondage de l’Ifop publié dans Le Monde, il plafonnerait à 12, 5% d’intention chez les enseignants au premier tour et seulement 21% au second tour contre 79% si Hollande est présent. Par ailleurs, nous ne lui accordons pas le redoublement mais prononçons son exclusion de l’Education nationale avant qu’il en fasse un champ de ruines.

    Signé: Pidone

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  • L’Argentine est sortie de la crise par  une politique sociale, contrairement à ce que veut  imposer la Troïka ( FMI, BCE, UE)  à la Grèce.

    En  2001, l’Argentine sombrait dans une crise économique et financière qui la paralysait, multipliait les faillites et plongeait près de la moitié de la population  sous le seuil de pauvreté. Dix ans après, le pays affiche une croissance record, la consommation intérieure est florissante et le chômage est proche de son plus bas historique. La réorientation de la politique économique et la restauration de l’autorité de l’Etat ont favorisé  ce formidable redressement.

    Le 20 décembre 2001, Fernando De la Rúa démissionne de la présidence et s’enfuit de la Casa Rosada en hélicoptère. Il laissait  un pays en ruines. Sous les fenêtres du Palais présidentiel, la police avait tiré sur les manifestants. Les 19 et 20 décembre, des dizaines de milliers d’Argentins étaient descendus dans la rue pour protester contre la crise et le « corralito », le blocage des comptes bancaires décidé quelques semaines plus tôt par un gouvernement dépassé par la crise. Etranglé par la dette, par les plans d’austérité imposés par le FMI et par la parité fixe qui lie le peso au dollar, le pays est en récession depuis 1998.

    Dix ans après, tout a changé. Il est vrai que depuis 2003, la croissance est de 8% par an et, même si la pauvreté touche encore une partie de la population, le taux de chômage est restél’un des plus bas de l’histoire du pays. Les salaires ont augmenté, les profits des entreprises, aussi, et les Argentins consomment.

    Comment expliquer un tel redressement ? En 2002,  le président Eduardo Duhalde a décidé, avec son ministre de l’Economie Roberto Lavagna, de tourner le dos au Fonds monétaire international, qui réclamait plus d’austérité pour payer la dette. Le gouvernement a donné la priorité à la lutte contre la pauvreté, en destinant des budgets importants aux prestations sociales, et à la remise en ordre de l’économie réelle. La demande a repris et les entreprises, plus compétitives du fait de la dévaluation, ont pu y répondre. La machine a recommencé à tourner. Elu en 2003, Néstor Kirchner a poursuivi et approfondi cette politique. Il rompt avec le FMI et impose aux créanciers de la dette une décote de plus de 50% sur la dette, estimant que l’Argentine ne pouvait payer plus. Avec des finances publiques assainies et des rentrées fiscales en hausse, Néstor Kirchner multiplie les investissements publics dans les infrastructures, l’éducation et les programmes sociaux. Lorsque son épouse lui succède en 2007, l’autorité et le rôle de l’Etat sont restaurés. L’économie tourne à plein régime, la présidente améliore les retraites et généralise les allocations familiales, tandis que les conventions collectives augmentent les salaires d’année en année d’un pourcentage supérieur à celui de l’inflation. Des coopératives ouvrières ont vu le jour et créé des emplois avec l’aide des collectivités territoriales et de l’Etat argentin. Tous les problèmes ne sont pas réglés mais les Argentins ont résisté et pris en main leur destin.

    signé: Pidone

     

     

     

     

    Raquel Garrido, responsable du secteur International au mouvement  Pour une République Sociale (PRS)  revient sur les enseignements que l'on peut tirer de la crise argentine de 2001. Elle évoque Fernando e. Solanas , réalisateur argentin . Vous pouvez aller voir sur le site Dailymotion son film « Mémoire d’un saccage »en 8 parties à l’adresse ci-desous :

    http://www.dailymotion.com/video/xeg9o4_memoire-d-un-saccage-1-8_news

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  • Amateurisme consternant

    De qui est cette expression imaginée ? De notre candidat-président, en réponse à une proposition formulée par François Hollande, lundi soir, dans le cadre de l’émission : « Parole de candidat » sur TF1. Quelle est cette proposition qui a provoqué la consternation de Sarkozy ? La taxation à hauteur de 75% des revenus supérieurs à 1.000.000 d’euros par an. Une telle proposition n’a rien de révolutionnaire. Malgré cela, on a assisté à un tollé chez les gens de droite. Parmi les nombreuses déclarations qui n’ont pas manqué de fuser, nous avons relevé quelques perles.

    Sarkozy, surnommé la tornade blanche, en raison de sa propension à effacer tout sur son passage, surtout son propre bilan, a donc parlé d’amateurisme consternant. Il est bon de lui rafraîchir la mémoire. N’a-t-il pas déclaré encore récemment qu’il était le candidat du peuple et qu’il voulait redonner du pouvoir d’achat à ce même peuple. Il s’est même payé le luxe, avec un culot consternant, de tancer vertement ses amis les grands patrons qui s’octroient des salaires, des parachutes dorés et autres stocks options à un niveau indécent. Félicitations pour cette acrobatie sans filet.

    Autre perle. Nous l’avons trouvée chez François Bayrou, l’homme qui est ailleurs. Parodiant le cinéaste Michel Audiard, il a déclaré sans rire : «  le déconomètre fonctionne à plein tube ». Chassez le naturel il revient au galop.

    Enfin, nous avons réservé un autre bon morceau pour la fin. La blanche colombe qui n’aime pas les étrangers, châtelaine à ses heures à Saint-Cloud, défenseuse acharnée des invisibles et des laissés pour compte a déclaré à propos de la proposition socialiste : « Elle est complètement absurde et idéologique ». Marine Le Pen aime les pauvres. Mais les pauvres doivent rester pauvres. Assurément elle préfère les nantis.

    Dans les trois cas cités, on pourrait dire : « Ne touchez pas à mon grisbi ».

    Tout ces gens-là font-ils encore illusion ? Ce serait désespérer, comme on disait à une certaine époque, de Billancourt.

    Lazio

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  • sarkoprofNicolas Sarkozy annonce qu’il fera des propositions fortes pour une "revalorisation d'urgence" des enseignants et sur une redéfinition de leur métier qui passerait par une augmentation des heures de présence sans augmenter leurs effectifs. Interrogé par RTL, il s'est cependant quelque peu embrouillé avec les chiffres cités à l'appui de ses propositions, tout en critiquant les 60.000 postes promis par François Hollande dans l'Education nationale. Il y voit de "la démagogie dans ce qu'elle a de plus extravagant".

    Pour contrer le candidat socialiste, Nicolas Sarkozy veut faire de l'éducation un thème central de son prochain meeting, aujourd’hui à Montpellier. Il estime qu'il faut "repenser" le rôle des enseignants et rediscuter, sur une base volontaire, de leur mission telle qu'elle est fixée dans un décret de 1958, qui encadre notamment leurs heures de présence. "Il faut plus d'adultes dans l'école, il faut mieux rémunérer les adultes auprès de nos enfants, il faut que les enfants aient des adultes avec qui discuter", a-t-il dit. Il faisait alors valoir qu'en dix ans, le nombre d'élèves avait diminué d'un peu plus 400.000 quand celui des enseignants augmentait de 45.000, pour justifier son refus d'envisager une augmentation des effectifs de l'Education nationale. Ces chiffres sont faux. Si l'on considère le nombre d'élèves dans l'ensemble du secteur éducatif, du premier degré au supérieur, les effectifs, hors lycées agricoles, sont passés de 14.935.400 en 2000-2001 à 14.998.200 en 2010-2011, soit une augmentation de 62.800 sur cette période de 10 ans. Si l'on ne considère que les premier et second degrés, les effectifs passent de 12.166.400 en 2000-2001 à 12.017.500 en 2010-2011, soit une diminution de 148.900 (et non 400.000). En ce qui concerne les enseignants, les effectifs totaux sont passés dans le premier cas de 989.890 en 2001 à 928.458 en 2011, soit une baisse de 61.432 et non une hausse de 45.000.  Si l'on ne retient que les enseignants du second degré du secteur public, ces effectifs sont passés de 389.249 en 2000-2001 à 349.119 en 2010-2011, soit une baisse de 40.130.

    Il suffit de revoir le bilan du quinquennat en ce qui concerne l’éducation nationale pour comprendre le mépris de Sarkozy pour les enseignants à qui il a attribué un ministre qui a pour seule compétence la direction des ressources humaines chez Loréal, c’es-à-dire un spécialiste des licenciements économiques. C’est Sarkozy qui a supprimé la formation des enseignants et jeter de jeunes diplômés désemparés dans des lycées difficiles. Comme le dit un parent d’élève, un enseignant sans formation pédagogique est un bon élève qui a trouvé un travail... mais dans quelles conditions. Il ne faut pas s’étonner si l’éducation nationale ne suscite plus les vocations. Le nombre de candidats au professorat a chuté de 35.000 en 2009 à 18.000 en 2010. Peut-être le Chanoine de la république proposera-t-il de remplacer un jour les enseignants par des prêtres.  Souvenons-nous qu’il avait déclaré  au Vatican : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance.» Quel mépris à rebours pour la laïcité, le service public et le métier d’enseignant !

    Pour justifier son bilan calamiteux sur l'éducation nationale, Sarkozy ment aux Français et, comme il en a l’habitude, renvoie les responsabilités à ses prédécesseurs. Il n’hésite pas à manipuler les chiffres. Ensuite ses hommes liges assurent le service après vente et trouvent des explications. Pour les chiffres annoncés par Sarkozy, il se serait trompé de période. Il faudrait remonter sur vingt ans et non sur dix ans. Ce sont des querelles de chiffres qui ne tiennent pas compte de la réalité. Sarkozy s’évertue à  brouiller le débat démocratique pour faire oublier son passif en justifiant une politique de régression sociale et culturelle. Toutefois son bilan est éloquent dans l’éducation nationale où son action est uniquement  concentrée sur les suppressions de postes. Les enseignants sont de plus en plus rares et, aux yeux de Sarkozy, c’est sans doute  cette rareté qui fait leur valeur. Allegre, dégraisseur du Mammouth, lui a apporté son soutien.

    Signé: Pidone

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  • Nous publions un appel que Mikis Theodorakis, célèbre compositeur grec, lance aux peuples d'Europe.

    theo2Un complot international est en cours, visant à mener à terme la destruction de mon pays. Les assaillants ont commencé en 1975, avec comme cible la culture grecque moderne, puis ils ont poursuivi la décomposition de notre histoire récente et de notre identité nationale et aujourd’hui ils essaient de nous exterminer physiquement par le chômage, la famine et la misère. Si le peuple grec ne se soulève pas pour les arrêter, le risque de disparition de la Grèce est bien réel. Je la vois arriver dans les dix prochaines années. Le seul élément qui va survivre de notre pays sera la mémoire de notre civilisation et de nos luttes pour la liberté.

    Jusqu’en 2009, la situation économique de la Grèce n’avait rien de très grave. Les grandes plaies de notre économie étaient les dépenses immodérées pour l’achat du matériel de guerre et la corruption d’une partie du monde politique, financier et médiatique. Mais une part de responsabilité appartient aussi aux Etats étrangers, parmi eux l’Allemagne, la France, L’Angleterre et les Etats-Unis qui gagnaient des milliards d’euros au dépens de notre richesse nationale par la vente annuelle de matériel de guerre. Ce saignement constant nous a écrasés et ne nous permettait plus d’aller de l’avant, alors qu’il était la source d’enrichissement d’autres pays. On peut dire la même chose pour le problème de la corruption. Par exemple, l’entreprise allemande Siemens avait une branche spéciale pour corrompre des Grecs, afin de mieux placer ses produits sur le marché grec. Ainsi le peuple grec a été victime de ce duo des prédateurs allemands et grecs qui s'enrichissaient au dépens de la Grèce.

    Il est évident que ces deux grandes plaies auraient pu être évitées si les dirigeants des deux parties politiques pro-américains n’avaient pas été infiltrés par la corruption. Cette richesse, produit du travail du peuple grec, était ainsi drainée vers les coffres-forts de pays étrangers. Les politiciens ont essayé de compenser cette fuite d’argent par un recours à des emprunts excessifs qui résultaient en une dette publique de 300 milliards d’euros, soit 130% du PNB (Produit National Brut).

    Par cette arnaque, les étrangers gagnaient doublement: d’une part, par la vente d'armes et de leurs produits et d'autre part, par les intérêts sur l'argent prêté au gouvernement (et non pas au peuple). Comme nous l'avons vu, le peuple grec était la principale victime dans les deux cas. Un seul exemple suffira pour vous convaincre: en 1986, Andreas Papandreou a emprunté un milliard de dollars à une banque d’un grand pays européen. Les intérêts de cet emprunt n’ont été remboursés qu’en 2010 et ils s’élevaient à 54 milliards d’euros.

    L’année passée, M. Juncker a déclaré qu’il avait remarqué lui-même l’hémorragie financière massive de la Grèce qui était due aux dépenses excessives (et forcées) pour l'achat de matériel de guerre – de l'Allemagne et la France en particulier. Et il a conclu que ces vendeurs nous conduisaient à un désastre certain. Hélas, il a avoué qu'il n'a rien fait pour contrecarrer cela, afin de ne pas nuire aux intérêts des pays amis!

    En 2008, la grande crise économique est arrivée en Europe. L’économie grecque n’a pas été épargnée. Cependant, le niveau de vie qui était jusque-là assez haut (la Grèce se classait parmi les 30 pays les plus riches du monde), est resté pratiquement inchangé, malgré une augmentation de la dette publique. La dette publique ne se traduit pas nécessairement par une crise économique. La dette des grands pays tels que les États-Unis et l'Allemagne sont estimées à des milliers de milliards d’euros. Les facteurs déterminants sont la croissance économique et la production. Si ces deux facteurs sont positifs, il est possible d’emprunter auprès des grandes banques à un taux d'intérêt inférieur à 5%, jusqu'à ce que la crise soit passée.

    En 2009, (en novembre), au moment de l’arrivée de G. Papandréou au pouvoir, nous étions exactement dans cette position. Pour faire comprendre ce que le peuple grec pense aujourd’hui de sa politique désastreuse, je cite deux chiffres: aux élections de 2009 PASOK - le parti politique de G. Papandreou - a remporté 44% des voix. Aujourd'hui, les sondages ne lui donnent plus que 6%.

    M. Papandréou aurait pu faire face à la crise économique (qui reflétait celle de l’Europe) avec des prêts de banques étrangères au taux habituel, c’est-à-dire inférieur à 5%. S'il l’avait fait, notre pays n’aurait pas eu de problème. Comme nous étions dans une phase de croissance économique, notre niveau de vie se serait amélioré.

    Mais M. Papandréou avait déjà commencé sa conspiration contre le peuple grec en été 2009, lorsqu’il a rencontré secrètement M. Strauss-Kahn, dans le but de passer la Grèce sous la tutelle du FMI. Cette révélation a été divulguée par l’ancien président du FMI.

    Pour y arriver, la situation économique de notre pays devait être déformée, afin que les banques étrangères aient peur et augmentent les taux d’intérêt de prêt à des montants prohibitifs. Cette opération onéreuse a commencé avec l’augmentation artificielle du déficit publique de 12% à 15% pour l’année 2009 (n.d.t : M. Andreas Georgiou, président du conseil d’administration de l’Institut National de Statistique, ELSTAT, a subitement décidé en 2009, sans demander l’accord, ni informer son conseil d’administration, de comptabiliser dans le calcul du déficit public certains organismes et entreprises publiques qui ne l’avaient jamais été auparavant dans aucun autre pays européen, excepté la Norvège. L’objectif était de faire passer le déficit de la Grèce au-dessus de celui de l’Irlande (14%), afin que ce soit elle qui joue le rôle de maillon faible de l’Europe.)
    Pour ce forfait, le procureur M. Pepònis a déféré M. Papandréou et M. Papakonstantinou (ministre des Finances) à la justice, il y a 20 jours.

    Ensuite, M. Papandréou et le ministre des finances ont mené une campagne de discrédit pendant 5 mois, au cours de laquelle ils ont essayé de persuader les étrangers que la Grèce est, comme le Titanic, en train de couler, que les Grecs sont corrompus, paresseux et donc incapables de faire face aux besoins du pays. Après chacune de leurs déclarations, les taux d'intérêt montaient, afin que la Grèce ne puisse plus faire des emprunts et afin de donner un caractère de sauvetage à notre adhésion au FMI et à la Banque Centrale Européenne. En réalité, c'était le début de notre fin.

    En mai 2010, un ministre, celui des finances, a signé le fameux Mémorandum (Mnimònio, en grec), c’est-à-dire notre soumission à nos prêteurs. D’après le Droit grec, l'adoption d'un tel accord nécessite d’être mis aux voix et d’être approuvé par les trois cinquièmes des députés. Donc, le Mémorandum et la Troïka qui nous gouvernent, fonctionnent illégalement - non seulement par rapport au Droit grec, mais aussi au Droit européen.

    Depuis lors, en supposant que notre parcours vers la mort soit représenté par un escalier de 20 marches, nous avons déjà parcouru plus de la moitié du chemin. Imaginez que le Mémorandum accorde aux étrangers notre indépendance nationale et le trésor publique, à savoir: nos ports, nos aéroports, le réseau routier, l’électricité, l’eau, toute la richesse naturelle (souterraine et sous-marine) etc. Même nos monuments historiques, comme l'Acropole, Delphes, Olympie, Epidaure etc. après avoir renoncé à tous nos droits.

    La production a été freinée, le taux de chômage a grimpé à 18%, 80.000 magasins ont fermé, tout comme des milliers d’usines et des centaines d’artisanats. Un total de 432.000 entreprises ont déposé leur bilan. Des dizaines de milliers de jeunes scientifiques quittent notre pays qui s'enfonce de plus en plus dans les ténèbres du Moyen Age. Des milliers de personnes qui étaient aisés jusqu’à un temps récent, sont maintenant à la recherche de nourriture dans les ordures et dorment sur le trottoir.

    Entretemps, nous sommes censés vivre grâce à la générosité de nos prêteurs d’argent, les banques européennes et le FMI. En fait, l’intégralité du paquet de dizaines de milliards d’euros versé pour la Grèce, retourne à son expéditeur, tandis que nous sommes de plus en plus endettés à cause des intérêts insupportables. Et parce qu’il est nécessaire de maintenir en fonction l’Etat, les hôpitaux et les écoles, la Troïka charge la classe moyenne et inférieure de notre société de taxes exorbitantes qui mènent directement à la famine. La dernière fois que nous avons vécu une situation de famine généralisée dans notre pays était au début de l'occupation allemande, en 1941, avec près de 300.000 morts en six mois seulement. De nos jours, le spectre de la famine revient dans notre pays infortuné et calomnié.

    Si vous pensez que l'occupation allemande nous a coûté un million de morts et la destruction complète de notre pays, comment pouvons-nous accepter, nous les Grecs, les menaces de Mme Merkel et l'intention des allemands de nous imposer un nouveau Gauleiter... mais cette fois-ci, il sera porteur d’une cravate...

    La période de l'occupation allemande, de 1941 jusqu'à octobre 1944, prouve à quel point la Grèce est un pays riche, et à quel point les Grecs sont travailleurs et conscients (conscience du devoir de liberté et de l'amour pour la patrie).

    Lorsque les SS et la famine tuaient un million de personnes et la Wehrmacht détruisait notre pays, confisquait toute la production agricole et l'or de nos banques, les Grecs ont pu survivre grâce à la création du Mouvement de Solidarité Nationale et d’une armée de partisans comptant 100'000 soldats, – ce qui a retenu 20 divisions allemandes dans notre pays.

    En même temps, non seulement les Grecs ont-ils survécu grâce à leur application au travail, mais il y a eu lieu, dans des conditions d'occupation, un grand développement de l'art grec moderne, en particulier dans le domaine de la littérature et de la musique.

    La Grèce a choisi la voie du sacrifice pour la liberté et la survie en même temps.

    Nous avons été attaqués, nous avons répondu avec Solidarité et Résistance et nous avons survécu. Nous faisons maintenant exactement la même chose, avec la certitude que le peuple grec sera finalement vainqueur. Ce message est envoyé à Mme Merkel et M. Schäuble, en soulignant que je reste un ami du peuple allemand et un admirateur de sa grande contribution à la science, la philosophie, l'art et la musique en particulier. La meilleure preuve de cela est le fait que j’ai confié l’intégralité de mon œuvre musicale à deux éditeurs allemands, Schott et Breitkopf, qui sont parmi les plus grands éditeurs dans le monde, et ma collaboration avec eux est très amicale.

    Ils menacent de nous expulser de l'Europe. S'ils ne veulent une fois pas de nous, c'est dix fois que nous ne voulons pas faire partie de l'Europe de Merkel – Sarkozy.

    Aujourd'hui, dimanche 12 février, moi et Manolis Glezos – le héros qui a arraché la croix gammée de l'Acropole, donnant ainsi le signal du début, non seulement de la résistance grecque, mais aussi de la résistance européenne contre Hitler – nous nous préparons à participer à une manifestation à Athènes. Nos rues et nos places vont être remplies de centaines de milliers de personnes qui manifesteront leur colère contre le gouvernement et la Troïka.

    J'ai entendu hier le premier ministre-banquier dire, en s’adressant au peuple grec, que nous avons presque touché le fond. Mais qui nous a amené à ce point en deux ans? Ce sont les mêmes qui, au lieu d’être en prison, menacent les députés, afin qu’ils votent pour le nouveau Mémorandum pire que le premier, qui sera appliqué par les mêmes personnes qui nous ont amenés là où nous sommes. Pourquoi? Parce que c’est ce que le FMI et l’Eurogroup nous obligent à faire, en nous menaçant que, si nous n’obéissons pas, c’est la faillite... Ici l'on joue du théâtre de l'absurde. Les cercles qui nous haïssent (grecs et étrangers) et qui sont les seuls responsables de la situation dramatique de notre pays, nous menacent et nous font du chantage, afin de pouvoir poursuivre leur œuvre destructrice, jusqu’à notre extinction définitive.

    Au cours des siècles, nous avons survécu dans des conditions très difficiles. Il est certain que, non seulement les grecs vont survivre, mais ils vont aussi revivre s’ils nous amènent de force à l'avant-dernière marche de l’escalier avant la mort.

    A présent je consacre toutes mes forces à unir le peuple grec. J'essaie de le convaincre que la Troïka et le FMI ne sont pas une route à sens unique. Qu'il y a une autre solution: changer l’orientation de notre nation. Se tourner vers la Russie pour une coopération économique et la formation de partenariats qui nous aideront à mettre en valeur la richesse de notre pays en des termes favorables à notre intérêt national.

    Je propose de ne plus acheter du matériel militaire des Allemands et des Français. Nous allons tout faire pour que l'Allemagne nous paie les réparations de guerre dues. Ces réparations s'élèvent, avec les intérêts, à 500 milliards d’euros.

    La seule force capable de faire ces changements révolutionnaires, c'est le peuple grec uni en un Front de Résistance et de Solidarité pour que la Troïka (FMI et banques européennes) soit chassée du pays. En parallèle, il faut considérer comme nuls tous ses actes illégaux (prêts, dettes, intérêts, impôts, achats de la richesse publique). Bien sûr, leurs partenaires grecs – qui ont déjà été condamnés dans l'esprit de notre peuple en tant que traîtres – doivent être punis.

    Je suis entièrement concentré sur ce but (l'Union du peuple en un Front) et je suis persuadé que nous l’atteindrons. Je me suis battu les armes à la main contre l'occupation hitlérienne. J'ai vu les cachots de la Gestapo. J’ai été condamné à mort par les Allemands et j’ai miraculeusement survécu. En 1967, j'ai fondé PAM (Patriotikò Mètopo - front patriotique), la première organisation de résistance contre la junte militaire. Je me suis battu dans la clandestinité. J'ai été arrêté et emprisonné dans «l'abattoir» de la police de la junte. Finalement, j'ai encore survécu.

    Aujourd'hui, j’ai 87 ans, et il est très probable que je ne serai pas vivant le jour du sauvetage de ma patrie bien-aimée. Mais je vais mourir la conscience tranquille, parce que je continuerai jusqu’à la fin de faire mon Devoir envers les idéaux de Liberté et de Droit.

    Athènes, 12.02.2012

    Mikis Theodorakis

     

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