• Que s’est-il passé depuis le Seizième siècle dans l’ordre des choses. Il y a eu la révolution de 1789, quelques rechutes monarchiques, avant l’installation de nouvelles nomenklaturas politico-financières et deux grandes guerres contre l’Allemagne. Certains ont peut-être étudié l’ouvrage de La Boètie « La servitude volontaire ». L’auteur y pose la question: comment peut-il se faire que « tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent ? » Aujourd’hui les chefs d’Etat ne sont plus des rejetons d’une noblesse décapitée ou pas mais des dictateurs ou des monarques républicains de la grande finance.

    L’association paradoxale des termes « servitude » et « volontaire » est toujours d’actualité. Pour accéder à la liberté, il faut n'être ni maître ni esclave. La Boètie nomme le « Malencontre » comme étant une malchance inaugurale dont les effets ne cessent de s'amplifier au point que s'abolit la mémoire de l'avant, au point que l'amour de la servitude s'est substitué au désir de liberté. Ce qui est désigné, c'est la naissance de l’État comme malchance inaugurale dans la mesure où l’Etat tombe entre les mains des puissants qui soumettent le peuple à leurs intérêts. Il dit des chefs d’Etat : « S’ils arrivent au trône par des moyens divers, leur manière de régner est toujours à peu près la même. Ceux qui sont élus par le peuple le traitent comme un taureau à dompter, les conquérants comme leur proie, les successeurs comme un troupeau d’esclaves qui leur appartient par nature. » Il ajoute qu’ils font parfois, avant de commettre leurs crimes, de beaux discours sur le bien général et la nécessité de l’ordre public. Cela nous rappelle toutes ces campagnes électorales pleines de promesses.

    Pour la Boètie, les tyrans « ne sont grands que parce que nous sommes à genoux » et ceux qui n’ont pas connu la liberté « servent sans regret et font volontairement ce que leurs pères n’auraient fait que par contrainte. La première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c’est qu’ils naissent serfs et qu’ils sont élevés comme tels. » Comme le précise encore l’auteur de la Servitude volontaire : on ne regrette jamais ce que l’on n’a jamais eu.

    Que font actuellement nos chefs d’Etat successifs ? Ils dirigent les générations à venir vers la servitude : le peuple, comme s'il était victime d'un sort, d'un enchantement, doit servir le monde de la Finance, ce nouveau tyran dont la domination ne tient que par le consentement des individus. Sans ce consentement, la domination ne serait rien : « soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres ». Ce monde da la Finance n’est pas une abstraction mais un consortium d’exploiteurs qui détiennent tous les pouvoirs. Le consortium a ses vassaux et leurs courtisans qui habituent les peuples à la servitude volontaire. Nos enfants ou petits enfants connaîtront-ils encore la sécurité sociale, la retraite à 60 ans, les indemnités de chômage, les 35 heures, le smic…etc ? Ou bien ne regretteront-ils pas ce qu’ils n’auront pas connu ? Auront-ils encore le désir de liberté ? Auront-ils encore des idéaux de justice sociale ? S’indigneront-ils encore des inégalités ? Quelle est la solution pour refuser cette servitude vers laquelle on les conduit ? La Boètie a établi le principe de la désobéissance civique qui sera ensuite repris d’Henry David Thoreau à Gandhi. Sans le soutien actif du peuple, un pouvoir ne peut plus rien imposer.

    On connaît l’amitié qui liait La Boétie à Montaigne malgré des divergences de points de vue. Nous préférons le modernisme de La Boétie à la prudence de Montaigne. Loin de nous l’idée de dénigrer ce dernier. Nous ne portons pas de jugement littéraire ou philosophique sur un auteur qui a vécu avant le siècle des Lumières. A son époque, il ne croyait pas au changement possible. Pour l’auteur des célèbres essais, prétendre changer l’état des choses, c’est prendre le risque de l’aggraver ou lieu de l’améliorer. Dès lors à quoi bon innover ?

    Le scepticisme de Montaigne conduit au conservatisme. Nous étions au moyen-âge et au Vingt-et-unième siècle, c’est toujours l’argument des conservateurs et des réactionnaires qui préfèrent la restauration de l’Ancien régime à toute innovation ou refondation capitale. On se souvient que la révolte, Montaigne l’avait montrée comme une curiosité exotique chez des indiens en visite à Paris :  Ces visiteurs "avaient aperçu qu'il y avait parmi nous des hommes pleins et gorgés de toutes sortes de commodités, et que leurs moitiés étaient mendiants à leurs portes, décharnez de faim et de pauvreté; et trouvaient étrange comme ses moitiés ici nécessiteuses, pouvaient souffrir une telle injustice, qu'ils ne prissent les autres à la gorge, ou missent le feu à leurs maisons."

    Les hommes sont responsables de leur assujettissement au pouvoir. En un mot, la tyrannie repose moins sur la répression que sur la dépossession volontaire de la liberté. La liberté, il faut toujours la désirer pour la garder. Si vous n'êtes pas libre, c'est que vous avez renoncé à votre désir de l’être.

    La situation actuelle semble indiquer que, malgré quelques révolutions, rien n'a vraiment changé depuis le 16ème siècle. Aujourd’hui, nous sommes peu à peu dépossédés de la maîtrise de nos conditions d’existence par la droite et par des socio-démocrates qui  trahissent les idéaux de la Gauche, répétant ce que disait Montaigne en son temps. Vouloir plus de justice sociale ne peut pas aggraver la situation de la majorité des Français qui voit justement les choses s’aggraver sans que rien ne change. « Le changement, c’est maintenant » était pourtant le slogan gagnant du candidat Hollande avant que, président, il ne suive le conservatisme archaïque  d’un Montaigne. On nous répète que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. En vertu de quoi, les campagnes électorales deviennent des mascarades telles que le décrivait la Boètie car , selon lui, « ceux qui sont élus par le peuple le traitent comme un taureau à dompter ». N’est-ce pas ce que François Hollande a fait avec le peuple de gauche ? Il a agité une cape rouge pour que l’on ne voie pas les banderilles que, depuis son élection, il plante dans le dos des électeurs du Front de gauche. Le Président de la république est un politicien qui, en énarque, met la stabilité de l’Etat et l’Etat de droit au dessus du progrès social. Cela fait de lui un légitimiste de la Cinquième république, un immobiliste comme Montaigne et démontre qu’il n’est pas un homme des Lumières, un moderne. François Hollande est un conservateur qui se méfie du changement alors qu’il en avait fait son slogan électoral. Il n’est pas un héritier de Jean Jaurès mais celui de Montaigne.

    De nouvelles élections arrivent. A chacun de montrer son désir de liberté et d’égalité. L’abstention peut être un vote responsable lorsqu’il enlève toute légitimité à des élus au lieu de les faire bénéficier du vote dit « utile » qui n’est qu’un piège électoral éculé. Toutes les formes de résistance sont préférables à une soumission, à cette « servitude volontaire » vers laquelle on nous mène. La désobéissance civique  prônée par La Boétie a pris des formes légales avec le droit de grève et de manifester. D’autres moyens d’action sont possibles comme le boycott.

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    Au sein du Front de gauche, Le mouvement « Ensemble » offre un espace politique de liberté où il n’est pas demandé de faire preuve d’instinct grégaire. Si vous refusez cette « servitude volontaire » à la grande Finance, à la Troïka, aux ultralibéraux, au grand patronat, à tous les exploiteurs, allez consulter le site de ce mouvement citoyen pour une 6ème république en cliquant ICI. Il offre une véritable alternative dans un monde politique figé qui ne répond plus aux attentes d’une majorité de Français poussée par les média vers la Droite, le PS, l’abstention ou le Front national.

    Pidone

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  • La-boîte-de-Pandore1

    L’abstention n’est pas la solution lorsque l’électeur peut exprimer un choix clair. Toutefois elle devient un acte politique responsable dans une démocratie qui ne laisse plus que le choix d’approuver la ligne libérale. C’est un vote responsable qui évite de celui de l’UMPS sans céder aux sirènes protestataires du FN qui utilise une stratégie subversive tout en restant parfaitement réactionnaire et haineuse.

    Les taux de participation diminuent et donc le nombre des abstentionnistes progresse de façon significative. Pour les prochaines Européennes, il pourrait atteindre 65%. A qui la faute ? A ceux qui ont accepté ce que la majorité des Français avaient refusé par référendum, à ceux qui soumettent le peuple à la Troïka. Dès lors certains pensent que la façon unique de délégitimer le Parlement européen est de ne pas aller voter.  L’idée de l’Union européenne a été dévoyée par la collusion d’une mafia  avec les lobbies financiers et industriels. On en connaît les ténors. Barroso, par exemple, qui alerte contre la menace des « extrémistes » et des « populistes ». Quel manque d’imagination et cet épouvantail est repris par les ténors français du libéralisme. Lors du  référendum sur le projet de Constitution européenne en 2005, la France comptait  54,68%de dangereux « extrémistes populistes » qui ne veulent pas d’une Europe de la finance qui entretient le  chômage et  la misère. Les taux de participations aux élections européennes depuis 1979 jusqu’à 2009 montrent une baisse importante: de 60,7% nous sommes passés à 40,5%, ce qui met le taux d'abstention en 2009 à 60% qui était celui de la participation en 1979. Il existe auourd'hui un mouvement des abstentionnistes pour les élections européennes.

    L’abstention est parfois une solution à l’occasion des élections municipales. Alors plutôt que de légitimer l’élection d’un maire socialiste, de droite ou d’extrême-droite, l’abstention peut être une solution pour ceux qui ont rejoint les idées du Front de gauche en l’absence d’une liste les représentant. Toutefois l’abstention n’est pas justifiée à l’occasion des élections européennes et partout où le Front de gauche est présent comme étant une opposition à cette politique libérale désastreuse menée par Nicolas Sarkozy et poursuivie par François Hollande. Ce dernier vient d’annoncer un nouveau cadeau au Medef : 30 milliards de réductions des cotisations familiales sans que l’on en connaisse le nouveau financement. Le président du Medef en profite pour enfoncer ses prétentions dans le ventre mou d’un Président social-libéral et réclame le double, 60 milliards, sans aucun engagement chiffré sur le nombre d’emplois que cet allègement induiraient au moment où les chiffres du chômage continuent de croître. La courbe du chômage n’est pas inversée alors Hollande et Ayrault disent de concert qu’elle se stabilise. Elle se stabilise dans la hausse ! Le chômage n’a augmenté que de 0,3%, nous dit-on. Quel piètre résultat qui ne doit rien au patronat car les plans de licenciements se multiplient. Seuls les emplois aidés freinent de façon précaire l’augmentation du nombre des demandeurs d’emplois. Pour Pierre Gattaz ce serait « suicidaire » de s’engager dans la voie de donner des objectifs chiffrés d’embauche. Le patronat veut bien encaisser les milliards que lui propose le Président de la République mais n’a pas l’intention de rendre quoi que ce soit en retour, ni en emploi, ni en compétitivité. Aucun engagement, rien. Hollande n’est pas le seul responsable puisqu’il ne fait que poursuivre l’œuvre de son prédécesseur. La droite le critique en demandant d’avantages de cadeaux au patronat et d’avantages de coupes budgétaires dans le service public. Les petits patrons font de la surenchère en demandant que les indemnités de chômage soient dégressives et que les fonctionnaires cotisent. Ce sont certainement les mêmes qui profitent du dumping social et du travail au noir. On nous sort même un sondage qui demande d’approuver les privatisations de la SNCF et des Postes pour faire entrer de l’argent dans les caisses de l’Etat et réduire les impôts.

    Les impôts ? Parlons-en ! Et la fraude fiscale ? Le 26 décembre 2008, l'informaticien Hervé Falciani livre aux enquêteurs du fisc français quatre DVD contenant des dizaines de giga-octets de données brutes, cryptées, recueillies au cours de longues nuits de travail à Genève, et portant sur deux années : 2005 et 2006. N’allez plus nous faire croire avec le coup de gueule d’un acteur alcoolique que c’est la gauche qui provoque l’évasion fiscale. L’Etat devrait vendre ses bijoux de famille pendant que des fraudeurs sont les vrais responsables des hausses d’impôts, sans oublier le bouclier fiscal de Nicolas Sarkozy. Depuis 2008, les données ont été analysées et le Monde publie un reportage mentionnant des centaines de fraudeurs français dont une soixantaine de personnalités connues. La fraude se chiffrerait en milliards d’euros.

    Les Libéraux font feu de tous bois car François Hollande a enfoncé un nouveau coin dans la porte ouverte à l’ultralibéralisme, au marché transatlantique, à des Etats unis d’Europe sous influence oligarchique,  tels que le rêve Viviane Reding, en bonne mère fouettarde luxembourgeoise, membre de la Commission européenne depuis 1999, commissaire successivement à l'éducation, à la culture, au multilinguisme et à la jeunesse, puis à la société de l'information et aux média, enfin à la justice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté. Elle est membre du Parti populaire chrétien social (centre droit), dont elle fut vice-présidente entre 1995 et 1999. Le Parti populaire chrétien social est membre du Parti Populaire Européen (PPE), regroupant les partis du Centre-droit.

    De qui se moque-t-on ? Il faut refuser cette politique antisociale, cette soumission aux puissances de l’argent. Le vote utile donne une légitimité à ceux que nous combattons. Les abstentions ne doivent pas être la réserve pour le vote utile mais plutôt un vote responsable de second tour des élections partout où le Front de gauche n’est plus présent. Devant l’importance de l’abstentionnisme, la question de la légitimité de la constitution de la Cinquième république se posera. En favorisant le bipartisme et l’alternance de politiques libérales, elle pousse les Français dans le camp des abstentionnistes ou le piège du Front national.  Hollande et Ayrault marchent sur les platebandes de l’UMP qui en est réduit à une contestation outrancière incarnée par l’entourage de Sarkozy et l’affligeant Jean-François Copé. Pour se démarquer, la droite va chercher des voix à l’extrême-droite tout en pratiquant l’amalgame honteux entre le Front national et le Front de gauche.

    Pour un vote utile et citoyen, un seul choix reste à faire : le Front de gauche lorsqu’il est présent et l’abstention en son absence.

    Pidone

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  • « O love! O life! Not life but love in death (O amour ! O vie ! Non la vie mais l'amour dans la mort). Cette phrase de Shakespeare dans la bouche de Paris[1]prend une autre résonance dans le contexte politique actuel en réponse au terrorisme. La violence est-elle la bonne réponse à l’oppression ? La question se pose dans diverses régions du monde. Elle s’est posée tout au long de l’Histoire du monde. Elle est tranchée par une vision manichéenne selon laquelle les bons sont tantôt au pouvoir tantôt dans l’opposition à l’oppression. Il faudrait alors se mettre d’accord sur une définition de la violence supportable et de la violence insupportable. Le monde a connu et connaît des révoltes. Nous n’avons pas oublié la période appelée « le printemps arabe ». Des peuples se soulèvent contre des dictateurs. L’actualité révolutionnaire s’est déplacée en Syrie, Turquie, en Ukraine... Tous les révoltés tiennent le même langage : plutôt mourir que vivre soumis à des dictatures, plutôt mourir que laisser nos enfants vivre cette soumission. Cette révolte pousse au sacrifice et au terrorisme. Lorsque l’on laisse un peuple sombrer dans le désespoir, c’est le terrorisme qui monte en puissance. Inspirés par ces aviateurs japonais formés pour précipiter de façon suicidaire leurs avions sur les navires de guerre américains, des groupes islamistes djihadistes envoient des kamikazes fanatisés se faire exploser pour tuer un maximum de gens. Peu importe qu’il y ait des enfants, disent-ils, car on tue les nôtres. Le point de départ d’une révolution est toujours l’étouffement d’un peuple par le pouvoir qu’il soit colonial ou une dictature.

    La pièce « Les Justes » écrite par Albert Camus est basée sur des faits historiques réels : le 17 février 1905, le groupe terroriste des socialistes révolutionnaires (Organisation de combat des SR). C'est d'après un événement lié à la révolution de 1905 qu'Albert Camus a fait un drame en cinq actes : l’attentat contre le Grand Duc. L’un des personnages Stephen dit : « Je n'aime pas la vie mais la justice qui est au-dessus de la vie. »  Cette phrase fait écho à celle de Shakespeare. C’est cet idéal de justice qui pousse des révoltés au terrorisme considéré comme un acte d’amour dans la mort. Bien sûr Albert Camus met en scène la violence non pas pour l’approuver mais pour l’empêcher. Dora met en garde Kaliayev : lorsqu’il lancera la bombe il aura en face de lui non une fonction mais un être humain. Kaliayev lui  rétorque que la haine le guidera, ne voyant ainsi non le Grand-duc en tant qu’homme mais en tant que despote. Camus donne une vision romantique du terroriste, comme si une révolution est l’affaire d’un individu, poète de surcroit.  La morale est sauve : Yaneck Kaliayev ne jette pas la bombe car deux enfants se tenaient à côté du Grand Duc. Il est ensuite arrêté. Stephen lui reproche d’avoir fait échoué l’attentat en ces termes : « Des enfants ! Vous n’avez que ce mot à la bouche ! Vous ne comprenez donc rien ? Parce que Yaneck n’a pas tué ces deux-là, des milliers d’enfants russes mourront de faim pendant des années ? Avez-vous vu des enfants mourir de faim ? Moi oui ! ». Pour Dora, la mort d’un enfant est  le geste face auquel l’action révolutionnaire perd toute dignité s’il est perpétré. 

    Il ne s’agit pas ici de justifier ou de condamner les attentats terroristes, d’oublier toutes les victimes innocentes qui chaque jour sont tués, martyrisées… terrorisées. Toutefois, le manichéisme est la solution de facilité pour juger des actions désespérées lorsqu’elles sont collectives. Sous l’occupation allemande, les résistants étaient poursuivis et exécutés comme des terroristes. Des dictateurs désignent comme terroristes leurs opposants. Des révoltes ont été conduites avec succès lors du printemps arabe et le pouvoir a parfois changé de mains pour devenir plus féroce que l’ancien. En Syrie, en Lybie, en Egypte… des révoltés se retrouvent entre deux feux diaboliques, la dictature et les Djihadistes.

    Au lieu de condamner simplement les soulèvements et le terrorisme, il faut toujours rappeler la violence économique. La violence la plus significative, c’est la violence historique où les Hommes deviennent victimes d’une non - maîtrise des conditions de leur existence. Or comme l’histoire montre que l’Homme peut acquérir cette maîtrise, il n’est pas totalement utopique d’affirmer qu’il pourrait arriver, par la connaissance des causes, à une suppression relative de la violence. L’humanisme doit avoir d’autres issues que la mort.

    Condamner le terrorisme et ne rien faire contre la désespérance n’a jamais résolu à long terme la question de la violence révolutionnaire qui reste le dernier recours contre la violence d’Etat. Dans les pays démocratiques, une révolution citoyenne est encore possible par les urnes. Il s’agit de placer l’humain d’abord pour éviter la désespérance et le recours à la violence qui devient « love in  death », amour dans la mort. La paix sociale ne se décrète pas, elle exige la justice sociale, plus d’égalité et plus de liberté. C’est en allant dans cette voie que l’on obtient plus de fraternité. O love ! O life !...

    Une démocratie dans laquelle le taux d’abstentions augmente considérablement à chaque élection est une démocratie malade : des citoyens ne croient plus aux partis politiques pendant que d’autres se radicalisent. Le Front de gauche propose une révolution citoyenne en France pour reprendre le pouvoir à l'oligarchie, au monarque présidentiel, et à l'argent roi. Pour chambouler notre société immobile et prendre la maîtrise de nos conditions d’existence, il faut refuser la soumission mortifère à une politique ultralibérale et antisociale. L’abstention est une fuite en avant lorsqu’une véritable alternative se présente. Le refus de se soumettre commence par un bulletin de vote à chaque élection pour éviter le désespoir et le recours toujours possible à la violence lorsqu’il sera trop tard pour réagir légalement et pacifiquement contre   « les amis de l'argent, non seulement ce Président et son gouvernement, mais aussi toute l'oligarchie : les patrons hors de prix, les sorciers du fric qui transforment tout ce qui est humain en marchandise, les financiers qui vampirisent les entreprises, les barons des médias qui ont effacé des écrans le peuple» (Extrait de la présentation de l'ouvrage "Qu'ils s'en aillent tous!" écrit par J.L Mélenchon).

    La-boîte-de-Pandore1

    L’abstention est une réponse individualiste et non constructive à des questions collectives. Non seulement elle ne résout rien mais elle laisse le champ libre à des pseudo-majorités dont le pouvoir est disproportionné au regard de leur peu de légitimité par les urnes. L’abstentionnisme laisse la France dans le conservatisme et l’immobilisme, tout en fragilisant la démocratie. On ne peut plus jouer le Ponce Pilate. Demain, la droite et l’extrême-droite pourraient accéder à nouveau aux commandes de l’Etat grâce à 60% d’abstentions. Pour sortir la Gauche du libéralisme et la France de la politique d’austérité où Hollande et les Solfériniens enlisent le parti-socialiste et ses alliés, le Front de gauche est la seule alternative citoyenne crédible.

    Partout où cela est possible, des listes « Front de gauche » seront présentes aux élections municipales. Le Front de gauche sera représenté aux élections européennes qui seront la véritable occasion pour chacun de manifester l’espoir d’un changement radical de politique. Prière de ne pas s’abstenir !

    Pidone


    [1] Roméo et Juliette, Acte ‘, scène 5

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  • Marine Le Pen poursuit ses pérégrinations non seulement en France, mais également à l’étranger. Elle est en quête non pas du graal mais de reconnaissance et d’alliances nouvelles. On a en mémoire, entre autres, sa fameuse visite en Autriche où elle avait rencontré la crème de l’extrême droite du pays et s’était adonnée à une valse endiablée aux bras d’un émule du IIIe Reich. La voilà qui se pointe en Italie pour y trouver une autre âme sœur. Ainsi, elle  devait y rencontrer un certain Matteo Salvini, nouveau secrétaire général de la Ligue du Nord, la Lega, parti raciste et xénophobe. Celle-ci a été une fidèle alliée du Cavaliere, Silvio Berlusconi, homme politique célèbre, adepte du bunga bunga dont le résultat de près de vingt années de pouvoir a contribué à mettre à genou l’Italie. Cette Lega vient de se distinguer par une campagne ignominieuse contre la ministre de l’Intégration, Cécile Kyenge, originaire de la République démocratique du Congo. Cette campagne ressemble étrangement à celle menée contre notre ministre de la Justice, Christiane Taubira. Ainsi, par exemple, un député de la Lega a cru devoir se pointer en séance plénière de la Chambre des députés le visage peint en noir. Affligeant, minable, insupportable. Cet individu doit avoir, par ailleurs, la mémoire très courte, l’Italie ayant été un grand pays d’émigration. Il devrait se souvenir comment on accueillait et traitait les immigrés italiens dans divers pays dont la France. La Lega joue sur la haine de l’autre, de l’immigré. Cela lui permet peut-être de faire oublier les scandales financiers dans lesquels elle est actuellement empêtrée.

    Donc, Marine Le Pen et Matteo Salvini ont déjeuné ensemble. Ils se sont trouvés des inquiétudes et des points communs : l’immigration, l’euro, sources de tous les maux des deux pays. Au dessert, ils ont envisagé la création d’un groupe commun au parlement européen. Qui se ressemble, s’assemble.

    Angelo Leonetti

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  • Lors de sa conférence de Presse, comme à son  habitude, François Hollande a dit qu’il œuvrait pour la jeunesse sans rien lui proposer, sans idéal autre que le libéralisme économique. Son œuvre est celle d’un comptable, une œuvre de compromis et de compromissions. Il a le souffle court et aucune vision politique digne de la généalogie de la gauche et de ses racines. Il a un discours de vieux politicien du parti de la diplomatie et de l’énarchie qui réduit l’action politique à l’impuissance face à la machinerie libérale de domination. En dehors de l’anaphore, il interpelle maintenant le public par des questions qui contiennent les réponses comme le fait si souvent son meilleur ennemi Sarkozy. Les présidents se suivent et se ressemblent.

    Comme antidote à l’hollandisme ringard, nous proposons à la jeunesse la première partie d’un autre discours plus jeune. Pourtant Jaurès l’a été prononcé au début du Vingtième siècle…

    Discours à la jeunesse (Première partie)

    C’est  le discours de Jean Jaurès le plus célèbre, mais aussi le texte le plus connu et le plus fréquemment cité. Il l’a prononcé le 30 juillet 1903 lors d’une cérémonie. Il s’adresse aux élèves du lycée d’Albi, où il a lui-même été élève, puis professeur. Il tente de donner une définition de la République, en présentant les grands principes de la République, autrement que d’en donner une définition juridique.


    « Mesdames, Messieurs, Jeunes élèves,

    C’est une grande joie pour moi de me retrouver en ce lycée d’Albi et d’y reprendre un instant la parole. Grande joie nuancée d’un peu de mélancolie ; car lorsqu’on revient à de longs intervalles, on mesure soudain ce que l’insensible fuite des jours a ôté de nous pour le donner au passé. Le temps nous avait dérobés à nous-mêmes, parcelle à parcelle, et tout à coup c’est un gros bloc de notre vie que nous voyons loin de nous. La longue fourmilière des minutes emportant chacune un grain chemine silencieusement, et un beau soir le grenier est vide.

    Mais qu’importe que le temps nous retire notre force peu à peu, s’il l’utilise obscurément pour des œuvres vastes en qui survit quelque chose de nous ?Il y a vingt-deux ans, c’est moi qui prononçais ici le discours d’usage. Je me souviens (et peut-être quelqu’un de mes collègues d’alors s’en souvient-il aussi) que j’avais choisi comme thème : les jugements humains. Je demandais à ceux qui m’écoutaient de juger les hommes avec bienveillance, c’est-à-dire avec équité, d’être attentifs, dans les consciences les plus médiocres et les existences les plus dénuées, aux traits de lumière, aux fugitives étincelles de beauté morale par où se révèle la vocation de grandeur de la nature humaine. Je les priais d’interpréter avec indulgence le tâtonnant effort de l’humanité incertaine.

    Peut-être, dans les années de lutte qui ont suivi, ai-je manqué plus d’une fois envers des adversaires à ces conseils de généreuse équité. Ce qui me rassure un peu, c’est que j’imagine qu’on a dû y manquer aussi parfois à mon égard, et cela rétablit l’équilibre. Ce qui reste vrai, à travers toutes nos misères, à travers toutes les injustices commises ou subies, c’est qu’il faut faire un large crédit à la nature humaine ; c’est qu’on se condamne soi-même à ne pas comprendre l’humanité, si on n’a pas le sens de sa grandeur et le pressentiment de ses destinées incomparables.

    Cette confiance n’est ni sotte, ni aveugle, ni frivole. Elle n’ignore pas les vices, les crimes, les erreurs, les préjugés, les égoïsmes de tout ordre, égoïsme des individus, égoïsme des castes, égoïsme des partis, égoïsme des classes, qui appesantissent la marche de l’homme, et absorbent souvent le cours du fleuve en un tourbillon trouble et sanglant. Elle sait que les forces bonnes, les forces de sagesse, de lumière, de justice, ne peuvent se passer du secours du temps, et que la nuit de la servitude et de l’ignorance n’est pas dissipée par une illumination soudaine et totale, mais atténuée seulement par une lente série d’aurores incertaines.

    Oui, les hommes qui ont confiance en l’homme savent cela. Ils sont résignés d’avance à ne voir qu’une réalisation incomplète de leur vaste idéal, qui lui-même sera dépassé ; ou plutôt ils se félicitent que toutes les possibilités humaines ne se manifestent point dans les limites étroites de leur vie. Ils sont pleins d’une sympathie déférente et douloureuse pour ceux qui ayant été brutalisés par l’expérience immédiate ont conçu des pensées amères, pour ceux dont la vie a coïncidé avec des époques de servitude, d’abaissement et de réaction, et qui, sous le noir nuage immobile, ont pu croire que le jour ne se lèverait plus. Mais eux-mêmes se gardent bien d’inscrire définitivement au passif de l’humanité qui dure les mécomptes des générations qui passent. Et ils affirment, avec une certitude qui ne fléchit pas, qu’il vaut la peine de penser et d’agir, que l’effort humain vers la clarté et le droit n’est jamais perdu. L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir.

    Dans notre France moderne, qu’est-ce donc que la République ? C’est un grand acte de confiance. Instituer la République, c’est proclamer que des millions d’hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action ; qu’ils sauront concilier la liberté et la loi, le mouvement et l’ordre ; qu’ils sauront se combattre sans se déchirer ; que leurs divisions n’iront pas jusqu’à une fureur chronique de guerre civile, et qu’ils ne chercheront jamais dans une dictature même passagère une trêve funeste et un lâche repos. Instituer la République, c’est proclamer que les citoyens des grandes nations modernes, obligés de suffire par un travail constant aux nécessités de la vie privée et domestique, auront cependant assez de temps et de liberté d’esprit pour s’occuper de la chose commune. Et si cette République surgit dans un monde monarchique encore, c’est assurer qu’elle s’adaptera aux conditions compliquées de la vie internationale sans rien entreprendre sur l’évolution plus lente des peuples, mais sans rien abandonner de sa fierté juste et sans atténuer l’éclat de son principe.

    Oui, la République est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace. L’intervention en était si audacieuse, si paradoxale, que même les hommes hardis qui il y a cent dix ans, ont révolutionné le monde, en écartèrent d’abord l’idée. Les Constituants de 1789 et de 1791, même les Législateurs de 1972 croyaient que la monarchie traditionnelle était l’enveloppe nécessaire de la société nouvelle. Ils ne renoncèrent à cet abri que sous les coups répétés de la trahison royale. Et quand enfin ils eurent déraciné la royauté, la République leur apparut moins comme un système prédestiné que comme le seul moyen de combler le vide laissé par la monarchie. Bientôt cependant, et après quelques heures d’étonnement et presque d’inquiétude, ils l’adoptèrent de toute leur pensée et de tout leur cœur. Ils résumèrent, ils confondirent en elle toute la Révolution. Et ils ne cherchèrent point à se donner le change. Ils ne cherchèrent point à se rassurer par l’exemple des républiques antiques ou des républiques helvétiques et italiennes. Ils virent bien qu’ils créaient une œuvre nouvelle, audacieuse et sans précédent. Ce n’était point l’oligarchique liberté des républiques de la Grèce, morcelées, minuscules et appuyées sur le travail servile. Ce n’était point le privilège superbe de la république romaine, haute citadelle d’où une aristocratie conquérante dominait le monde, communiquant avec lui par une hiérarchie de droits incomplets et décroissants qui descendait jusqu’au néant du droit, par un escalier aux marches toujours plus dégradées et plus sombres, qui se perdait enfin dans l’abjection de l’esclavage, limite obscure de la vie touchant à la nuit souterraine. Ce n’était pas le patriciat marchand de Venise et de Gênes. Non, c’était la République d’un grand peuple où il n’y avait que des citoyens et où tous les citoyens étaient égaux. C’était la République de la démocratie et du suffrage universel. C’était une nouveauté magnifique et émouvante.

    Les hommes de la Révolution en avaient conscience. Et lorsque dans la fête du 10 août 1793, ils célébrèrent cette Constitution, qui pour la première fois depuis l’origine de l’histoire organisait dans la souveraineté nationale la souveraineté de tous, lorsque artisans et ouvriers, forgerons, menuisiers, travailleurs des champs défilèrent dans le cortège, mêlés aux magistrats du peuple et ayant pour enseignes leurs outils, le président de la Convention put dire que c’était un jour qui ne ressemblait à aucun autre jour, le plus beau jour depuis que le soleil était suspendu dans l’immensité de l’espace ! Toutes les volontés se haussaient, pour être à la mesure de cette nouveauté héroïque. C’est pour elle que ces hommes combattirent et moururent. C’est en son nom qu’ils refoulèrent les rois de l’Europe. C’est en son nom qu’ils se décimèrent. Et ils concentrèrent en elle une vie si ardente et si terrible, ils produisirent par elle tant d’actes et tant de pensées qu’on put croire que cette République toute neuve, sans modèles comme sans traditions, avait acquis en quelques années la force et la substance des siècles.

    Et pourtant que de vicissitudes et d’épreuves avant que cette République que les hommes de la Révolution avaient crue impérissable soit fondée enfin sur notre sol ! Non seulement après quelques années d’orage elle est vaincue, mais il semble qu’elle s’efface à jamais de l’histoire et de la mémoire même des hommes. Elle est bafouée, outragée ; plus que cela, elle est oubliée. Pendant un demi-siècle, sauf quelques cœurs profonds qui garderaient le souvenir et l’espérance, les hommes la renient ou même l’ignorent. Les tenants de l’Ancien régime ne parlent d’elle que pour en faire honte à la Révolution : “ Voilà où a conduit le délire révolutionnaire ! ” Et parmi ceux qui font profession de défendre le monde moderne, de continuer la tradition de la Révolution, la plupart désavouent la République et la démocratie. On dirait qu’ils ne se souviennent même plus. Guizot s’écrie : “ Le suffrage universel n’aura jamais son jour ”. Comme s’il n’avait pas eu déjà ses grands jours d’histoire, comme si la Convention n’était pas sortie de lui. Thiers, quand il raconte la Révolution du10 août, néglige de dire qu’elle proclama le suffrage universel, comme si c’était là un accident sans importance et une bizarrerie d’un jour. République, suffrage universel, démocratie, ce fut, à en croire les sages, le songe fiévreux des hommes de la Révolution. Leur œuvre est restée, mais leur fièvre est éteinte et le monde moderne qu’ils ont fondé, s’il est tenu de continuer leur œuvre, n’est pas tenu de continuer leur délire. Et la brusque résurrection de la République, reparaissant en 1848 pour s’évanouir en 1851, semblait en effet la brève rechute dans un cauchemar bientôt dissipé.

    Et voici maintenant que cette République, qui dépassait de si haut l’expérience séculaire des hommes et le niveau commun de la pensée que, quand elle tomba, ses ruines mêmes périrent et son souvenir s’effrita, voici que cette République de démocratie, de suffrage universel et d’universelle dignité humaine, qui n’avait pas eu de modèle et qui semblait destinée à n’avoir pas de lendemain, est devenue la loi durable de la nation, la forme définitive de la vie française, le type vers lequel évoluent lentement toutes les démocraties du monde.

    Or, et c’est là surtout ce que je signale à vos esprits, l’audace même de la tentative a contribué au succès. L’idée d’un grand peuple se gouvernant lui-même était si noble qu’aux heures de difficulté et de crise elle s’offrait à la conscience de la nation. Une première fois en 1793 le peuple de France avait gravi cette cime, et il y avait goûté un si haut orgueil, que toujours sous l’apparent oubli et l’apparente indifférence, le besoin subsistait de retrouver cette émotion extraordinaire. Ce qui faisait la force invincible de la République, c’est qu’elle n’apparaissait pas seulement de période en période, dans le désastre ou le désarroi des autres régimes, comme l’expédient nécessaire et la solution forcée. Elle était une consolation et une fierté. Elle seule avait assez de noblesse morale pour donner à la nation la force d’oublier les mécomptes et de dominer les désastres. C’est pourquoi elle devait avoir le dernier mot. Nombreux sont les glissements et nombreuses les chutes sur les escarpements qui mènent aux cimes ; mais les sommets ont une force attirante. La République a vaincu parce qu’elle est dans la direction des hauteurs, et que l’homme ne peut s’élever sans monter vers elle. La loi de la pesanteur n’agit pas souverainement sur les sociétés humaines, et ce n’est pas dans les lieux bas qu’elles trouvent leur équilibre. Ceux qui, depuis un siècle, ont mis très haut leur idéal ont été justifiés par l’histoire.

    Et ceux-là aussi seront justifiés qui le placent plus haut encore. Car le prolétariat dans son ensemble commence à affirmer que ce n’est pas seulement dans les relations politiques des hommes, c’est aussi dans leurs relations économiques et sociales qu’il faut faire entrer la liberté vraie, l’égalité, la justice. Ce n’est pas seulement la cité, c’est l’atelier, c’est le travail, c’est la production, c’est la propriété qu’il veut organiser selon le type républicain. À un système qui divise et qui opprime, il entend substituer une vaste coopération sociale où tous les travailleurs de tout ordre, travailleurs de la main et travailleurs du cerveau, sous la direction de chefs librement élus par eux, administreront la production enfin organisée.

    Messieurs, je n’oublie pas que j’ai seul la parole ici et que ce privilège m’impose beaucoup de réserve. Je n’en abuserai point pour dresser dans cette fête une idée autour de laquelle se livrent et se livreront encore d’âpres combats. Mais comment m’était-il possible de parler devant cette jeunesse qui est l’avenir, sans laisser échapper ma pensée d’avenir ? Je vous aurais offensés par trop de prudence ; car quel que soit votre sentiment sur le fond des choses, vous êtes tous des esprits trop libres pour me faire grief d’avoir affirmé ici cette haute espérance socialiste qui est la lumière de ma vie.

    Je veux seulement dire deux choses, parce quelles touchent non au fond du problème, mais à la méthode de l’esprit et à la conduite de la pensée. D’abord, envers une idée audacieuse qui doit ébranler tant d’intérêts et tant d’habitudes et qui prétend renouveler le fond même de la vie, vous avez le droit d’être exigeants. Vous avez le droit de lui demander de faire ses preuves, c’est-à-dire d’établir avec précision comment elle se rattache à toute l’évolution politique et sociale, et comment elle peut s’y insérer. Vous avez le droit de lui demander par quelle série de formes juridiques et économiques elle assurera le passage de l’ordre existant à l’ordre nouveau. Vous avez le droit d’exiger d’elle que les premières applications qui en peuvent être faites ajoutent à la vitalité économique et morale de la nation. Et il faut qu’elle prouve, en se montrant capable de défendre ce qu’il y a déjà de noble et de bon dans le patrimoine humain, qu’elle ne vient pas le gaspiller, mais l’agrandir. Elle aurait bien peu de foi en elle-même si elle n’acceptait pas ces conditions.

    En revanche, vous, vous lui devez de l’étudier d’un esprit libre, qui ne se laisse troubler par aucun intérêt de classe. Vous lui devez de ne pas lui opposer ces railleries frivoles, ces affolements aveugles ou prémédités et ce parti pris de négation ironique ou brutale que si souvent, depuis un siècle même, les sages opposèrent à la République, maintenant acceptée de tous, au moins en sa forme. Et si vous êtes tentés de dire encore qu’il ne faut pas s’attarder à examiner ou à discuter des songes, regardez en un de vos faubourgs ? Que de railleries, que de prophéties sinistres sur l’œuvre qui est là ! Que de lugubres pronostics opposés aux ouvriers qui prétendaient se diriger eux-mêmes, essayer dans une grande industrie la forme de la propriété collective et la vertu de la libre discipline ! L’œuvre a duré pourtant ; elle a grandi : elle permet d’entrevoir ce que peut donner la coopération collectiviste. Humble bourgeon à coup sûr, mais qui atteste le travail de la sève, la lente montée des idées nouvelles, la puissance de transformation de la vie. Rien n’est plus menteur que le vieil adage pessimiste et réactionnaire de l’Ecclésiaste désabusé : “ Il n’y rien de nouveau sous le soleil ”. Le soleil lui-même a été jadis une nouveauté, et la terre fut une nouveauté, et l’homme fut une nouveauté. L’histoire humaine n’est qu’un effort incessant d’invention, et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création »

    La suite est sur un plaidoyer pacifiste au moment où la première guerre mondiale va eclater. Le premier mort sera Jean Jaurès, assassiné.

    Vous pouvez lire l’intégralité du discours en cliquant ICI.

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    Dans un autre texte Jean Jaurès parle de l’idée socialiste. Dans un monde ou l'idée capitaliste est prédominante et ou le patronat à la main mise sur les capitaux, quelles alternatives propose Jean Jaurès vis à vis des questions de propriété et sont elles viables au sein de cette société de la Troisième République ?  C’est l’époque des grèves de Carmaux et de la naissance jaurésienne de l'idée socialiste, l’émancipation ouvrière, la création des premières sociétés coopératives. Jean Jaurès livre une approche sensible de la question de propriété, ce droit réservé au patronat et de la propriété sociale une alternative à la propriété privée. Il évoque l'héritage de 1848, l'émergence d'idées à valeur sociale. Pour lui, c’est une marche immuable vers un socialisme humaniste qui marque le pas avec François Hollande et les Solfériniens au sein du PS.

    Pour le lire cliquer ICI

    Pour ne pas perdre leur âme, les Socialistes marginalisés au sein de leur propre parti devraient faire scission, rejoindre l’opposition de Gauche à cette démocratie sociale libérale prônée par François Hollande et les Solfériniens. Le locataire de l’Elysée ne changera pas de cap et se satisfait des bons papiers dans la presse de droite.

    A Jean Jaurès, les forces réactionnaires, nationalistes et bellicistes ont envoyé un assassin le soir du 31 juillet 1914 devant le Café du Croissant, 146 rue Montmartre à Paris. L’assassin fut épinglé par l’Agent Georges Marty. Cet assassin, le nommé Raoul Villain (ça ne s’invente pas) étudiant nationaliste, sera acquitté le 29 mars 1919.  Mme Veuve Jaurès sera même condamnée aux dépens. Pour Villain, Jaurès était « le disque rouge qui empêche la France de rejoindre l’Alsace-Lorraine ». Le député du Tarn était livré par une certaine presse à la vindicte publique et s’en tait ouvert. Justice immanente : l’assassin  fut exécuté sommairement le 13 septembre 1936 par un groupe de Républicains espagnols. Que penser de son acquittement ?

    A François Hollande, on envoie des paparazzis pour le faire entrer dans la presse people où il avait déjà volontairement mis un pied dans l’hebdomadaire Match avec Valérie Trierwielller. Il est simplement passé à Closer avec sa dernière conquête féminine. Il est  conservateur, belliciste et heureux dans son rôle de chef des armées. «  Je marche sur mes traces, je fais ce que je pense être conforme à mes idées et conforme à l’intérêt de la France. Social, réformiste, réaliste mais surtout patriote », a-t-il déclaré. A droite sa seule véritable opposition, c’est l’extrême-droite qui lui sert d’épouvantail pour bénéficier du vote utile. La presse dominante montre à la vindicte publique le Front de Gauche et tous les petits partis de gauche. C’est à l’évidence chez ces derniers que Jean Jaurès est chez lui.  

    Fucone

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  • En décembre dernier, le projet de loi de programmation militaire a été adopté par nos parlementaires. La loi permet à plusieurs ministères d’autoriser la surveillance en temps réel de tout citoyen lambda sur une simple demande administrative. Ainsi l’Etat pourra collecter des informations et documents de nature personnelle auprès des fournisseurs d’accès à Internet et opérateurs de télécommunication, mais aussi des hébergeurs et fournisseurs de services en ligne. Aucune garantie et aucun mécanisme de contestation n’est prévu pour assurer le respect des droits de ceux qui font l’objet de ces intrusions. Cette loi rendra permanents des dispositifs de surveillance qui n’étaient jusqu’à présent que temporaires et exceptionnels.

    En août 2013, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur les surveillances opérées par la NSA en France, à la suite du dépôt d’une plainte de la FIDH et de la LDH, le 11 juillet 2013. Les gouvernants des pays européens s’étaient offusqués et avaient protesté auprès de Barak Obama.Curieusement le gouvernement a institutionnalisé un système de surveillance informatique et de collecte des données personnelles qui ressemble fortement à celui de l’agence américaine.

    Depuis lors la quenelle occupe les menus médiatiques qui offrent en dessert la liaison de François Hollande avec une actrice. Notre président s’offusque de la violation de sa sphère privée alors que son gouvernement et  sa majorité ont voté une loi qui, selon la ligue des droits de l’Homme et la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, menacerait celles de tous les Français. Dans le même temps, on apprend que le Projet de Loi sur la protection des sources des journalistes n’est plus d’actualité et la discussion repoussée à des jours meilleurs, sur injonction de deux ministres et notamment du Ministre de l’intérieur.

    Nous ne sommes pas dupes. Pendant que la presse glose sur la quenelle et les escapades amoureuses de François Hollande, elle ne parle plus de la levée d’immunité de Serge Dassault et du rôle de VIP joué par notre Président pour vendre le Rafale. L’actualité sociale et ses luttes sont passées presque sous silence. Toutefois, comment pourrait-on considérer que les aventures amoureuses d’un Président qui trompe sa concubine installée à l’Elysée n’aient pas d’incidences politiques. Si l’appartement servant de lupanar présidentiel pouvait représenter un risque de scandale politique, cela pose la question de l’image du Président qui aurait dû être informé du risque médiatique par son ministre de l’Intérieur. Tous les policiers savent qu’un Président se rend à une adresse après une enquête policière serrée du voisinage. En théorie, l’appartement utilisé ne devait avoir aucun secret pour le service de sécurité et tous les occupants de l’immeuble ont dû être identifiés. Leur sphère privée a donc dû être envahie pour le bon plaisir « privé » du Président. Si leurs données de connexion à l’Internet ont été obtenues depuis la promulgation de la loi de programmation militaire, les services du Ministère de l’Intérieur pouvaient même suivre leurs comptes sur les réseaux sociaux. Si son service de sécurité n’a pas fait son travail et ainsi mis en danger sa personne, c’est la sécurité de l’Etat qui a été négligée. Que se serait-il passé si le paparazzi présent devant la porte de l’immeuble avait été un terroriste armé ? Certains évoquent la responsabilité éventuelle de Manuel Valls bien informé qui aurait fait le canard.  Le Monde qui  a défendu la loi de programmation militaire et voyant derrière ses détracteurs les lobbies de l’Internet vient de sortir la théorie d’un complot fomenté par Sarkozy avec ses taupes restées au Ministère de l’Intérieur et dans le service chargé de la sécurité présidentielle. Le problème n’est pas qu’un magazine comment Closer a sorti l’information à scandale mais que ce journal ait pu la sortir, ce qui pousse à s’interroger non pas sur sa fidélité amoureuse d’un homme mais sur sa fiabilité politique d’un Président. Pour le reste, nous savons toute la capacité de nuisance de son prédécesseur à l’impopularité duquel il doit son élection. Il semble l’avoir oublié, comme il a oublié la phrase qu’il a prononcée à la suite d’un des syntagmes de sa célèbre anaphore : « Moi président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit en chaque instant exemplaire ». Et qu’il ne nous dise pas aujourd’hui que l’exemplarité concernait le Président normal  qu’il est devenu et non pas l’homme libertaire qu’il est resté.

    Le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a pour sa part accusé le chef de l'Etat de "tartufferie". "Tartuffe il l'est. Il est surtout victime de cette habitude de penser qu'il peut rouler tout le monde", a déclaré lundi ce chef de file du Front de gauche à LCI et Radio Classique. Avec lui, "la tartufferie est permanente", a-t-il insisté."On voit bien qu'il y a un impact public au moins sur un plan : ça nous intéresse, la sécurité du président. On ne peut pas considérer que c'est son affaire privée de savoir s'il est en sûreté ou pas", a poursuivi Jean-Luc Mélenchon.

    François Hollande joue le protecteur de la vie privée lorsqu’il s’agit de la sienne. Sa liaison avec une actrice ne doit pas faire oublier qu’il mène une politique économique libérale compensée par une politique sécuritaire dont le fer de lance est Manuel Valls. Il maintient le désordre économique avec ses conséquences sociales tout en voulant instituer un ordre policier. Certes Dieudonné est un antisémite mais la quenelle surmédiatisée ne doit pas devenir l’emblème scandaleux du « vote utile » et de censures à venir. Une justice administrative ne devrait pas prendre le pas sur le pouvoir judiciaire avec des règlements et lois pouvant mettre en danger les libertés publiques et la protection de la vie privée.

    L’article 20 de la dernière loi de programmation militaire votée est défendu par les partisans médiatiques du PS. Selon ces derniers, elle n’instituerait pas une «surveillance généralisée », « à moins de considérer qu'une majorité de nos concitoyens œuvre à la destruction de notre système démocratique, car seuls les terroristes, les espions ou les factieux seraient légitiment en mesure de se plaindre d'une potentielle atteinte à leurs libertés individuelles ! Et à ceux qui pointent du doigt la dérive opérée par la NSA sur la base des mêmes motifs, nous rappellerons que la France n'a jamais institué un régime d'exception (à l'instar du Patriot Act) et qu'elle n'en aurait d'ailleurs pas les moyens constitutionnels ou juridiques – en raison notamment des obligations découlant de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales que notre pays a signée et ratifiée ». Le texte adopté, en même temps qu'il octroie des capacités juridiques aux services spécialisés, les encadrerait très strictement et ne créerait pas de nouveaux moyens. Elle unifierait et clarifierait le droit, condition indispensable pour un contrôle démocratique. Le secret des correspondances resterait sanctuarisé par l'article L241-1 du code la sécurité intérieure, alors que les articles 226-1 et suivants du code pénal protègeraient la vie privée de nos concitoyens.  Ces deux verrous ne seraient pas affectés par la LPM. Les services de renseignement ne pourraient pas accéder aux contenus mais uniquement aux données techniques de connexion. Jamais les agents des services spécialisés n'accéderont, disent-ils, directement au réseau, comme le souligne  l'article L.246-3 institué par la LPM. Seules les données de connexion seront donc transmises par les opérateurs aux services sous le contrôle de la commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS) qui se serait toujours montrée indépendante et intransigeante.

    Nous aimerions croire à cet esprit de la loi et à l’indépendance du CNCIS, mais nous nous interrogeons sur ce qu’il est possible de faire hors la loi avec les données de connexion ?

    La loi a été promulguée le 18 décembre 2013. L’article 20 – anciennement article 13 – de la LPM  fait polémique car il élargit le régime d’accès aux données de connexion des internautes, c’est-à-dire la surveillance des individus via leurs données numériques. Les motifs pour invoquer le dispositif sont plus nombreux : sécurité nationale, sauvegarde du potentiel scientifique ou économique français, criminalité et délinquance organisée, prévention du terrorisme, reconstitution ou maintien de groupements dissous ; les acteurs aussi : services de police et gendarmerie (comme auparavant) mais aussi agents habilités des services des ministères de la Défense, de l’Economie et du Budget ;  les moyens sont élargis : la géolocalisation en temps réelle est autorisée ; le contrôle est non judiciaire : une « personnalité qualifiée » rattachée au Premier ministre aura le dernier mot quant à la validation ou au rejet des demandes. Nous ne sommes pas encore entrés dans un monde orwellien avec son « Big Brother », certes ! Peut-être y avons-nous mis un pied.

    On relève que la loi a été votée par le Sénat le 10 décembre…  c’est aussi la date de l’anniversaire de la proclamation de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ainsi que la Journée mondiale des droits de l’homme. Drôle de façon de fêter ça ! Une saisine du conseil constitutionnel avait été envisagée par l’UMP et certains écolos. Finalement, cela ne s’est pas fait. La messe est dite. Les dés sont jetés, rien de va plus ! Il ne reste plus qu’à jouer à la roulette russe avec la démocratie.

    Les services de police ont, depuis longtemps, la possibilité de pratiquer des écoutes dites administratives (donc non autorisées par commission rogatoire d’un magistrat). Dans le langage policier, ces écoutes sont appelées « les GIC » (Groupement interministériel de contrôle). On se souvient des écoutes dites de l’Elysée sous la présidence de François Mitterrand. Il s’agit d’une pratique qui, lorsqu’elle est décidée au plus haut niveau de l’Etat (via le Premier Ministre) ne rencontre pas de réels obstacles. Le contrôle est de forme. Il entérine plus qu’il n’interdit. En serait-il déjà de même avec la surveillance des internautes ?

    La loi votée en décembre dernier ne fait certainement que légaliser des pratiques,  ce qui nous laisse penser que la loi peut aussi ouvrir légalement la porte à des abus. Ces abus peuvent d’ailleurs concerner la Corse où le seul fait d’être indépendantiste ou de fréquenter un bistrot peut classer une partie de nos compatriotes dans l’une des catégories visées. A partir de quel critère, devient-on à priori terroriste, factieux ou criminel ? Si on en juge par la politique corse du gouvernement, son action apparaît davantage judiciaire et policière que sociale. Les arrestations se succèdent alors que le dossier de la SNCM fait l’objet d’une gestion aléatoire qui a conduit à une grève pouvant être évitée. Il faut dire que notre ministre de l’intérieur, pulvérisateur de quenelles, jugent les Corses culturellement violents et complices du grand banditisme. Le nombre des « terroristes et des parrains corses » surveillés risque d’augmenter considérablement avec lui.

    La loi de programmation militaire nous amène au voyage de François Hollande en Turquie. Il est prévu pour les 27 et 28 janvier prochains. Dans ce  pays au lourd  passé,  on s’interroge sur l’utilisation faite d’une telle loi par le dictateur turc Erdogan qui dénonce des complots dès qu’éclate des troubles sociaux. Il voit des ennemis extérieurs partout alors qu’il fait l’objet d’une contestation populaire et que son entourage est empêtré dans des scandales financiers. A une autre époque, dans ce qui constituait l’empire ottoman, les Arméniens ont été considérés comme des ennemis de la Turquie et exterminés sous le prétexte d’un complot extérieur. Les données de connexion permettent de géo-localiser tout internaute, de connaître ses relations, ses goûts, ses opinions… Elles sont précieuses pour les dictateurs. Elles sont utilisées pour contrôler l’espace de liberté que représente le Net.   

    Nous savons que la France dispose d’un savoir-faire en matière de surveillance informatique. On se souvient qu’une société française a vendu du matériel sophistiqué à Kadhafi avant que ce dernier ne devienne l’ennemi N°1 d’un Sarkozy qui l’avait pourtant reçu très amicalement et en grandes pompes. Aujourd’hui, on peut se demander le but de la visite de François Hollande en Turquie. Est-ce pour plaider la cause de tous les détenus politiques dont la vie privée a été violée et qui sont emprisonnés. Ou bien pour vendre une centrale nucléaire clé en main en échange de l’appui diplomatique de la France dans l’Union européenne et de l’oubli des promesses faites aux Arméniens de France d’une nouvelle loi de pénalisation du négationnisme englobant celui du génocide arménien ?

    Le  scandale de la NSA nous rappelle que des moyens techniques n’ont pas besoin d’une loi pour violer la vie privée. Avec ces moyens et la communication des données de connexion, on peut jouer plus facilement au Big Brother.  Aucun sanctuaire privé n’est véritablement « sacralisé » lorsque l’on ouvre des portes législatives à sa violation. De même la liberté d’expression, si elle a des limites, est dangereusement menacée par la censure administrative dite préventive. En Angleterre, les empreintes de 300 000 enfants ont été enregistrées sans l'accord des parents. Jusqu’où ira-t-on ? Peut-être jusqu’à implanter une puce dès la naissance comme on le fait déjà pour les animaux domestiques et les viandes pour leur traçabilité.

    Le libéralisme économique n’a de lien avec les libertés que la racine du mot. Les Libéraux veulent faire croire que la liberté économique est fondamentale alors qu’elle n’assure pas la liberté de tous mais seulement celle de quelques uns. Pour se maintenir en période de crise, les tenants du libéralisme ont recours aux thèmes sécuritaires en étendant le pouvoir réglementaire et policier. Plus le sentiment d’insécurité est accru par des campagnes médiatiques, plus les atteintes aux libertés fondamentales se multiplient.

    Au nom de la cohésion sociale, la politique se dissous dans la police. L’alternative devient une alternance. Le passage de droite à gauche devient un stationnement alterné sur une même route. Le Front de Gauche offre une véritable alternative, c’est-à-dire un changement de route, la prise en main de notre destin commun vers plus d’égalité, plus de liberté et plus de fraternité.

    Pour clore notre propos sur de vraies paroles de gauche, nous faisons appel à la voix, la flamme, la stature et la barbe de Jean Jaurès qui nous a laissé un testament en forme de conseil lapidaire pour « marcher dans le chemin sombre qui mène à la justice, pour rallumer tous les soleils… »

    «  Le pays de France, nous dit-il, ne saurait se passer longtemps d’idéal. Or la liberté étant sauvée, de quel côté pourra se tourner le besoin renouvelé d’idéal, si ce n’est vers la justice sociale ? »

    Ce n’est pas la parole de François Hollande qui rallumera tous nos soleils et sa présidence n’entrera pas ni au Panthéon de l’Histoire ni dans l’histoire de la Gauche si ce n’est comme une falsification car cette histoire ne lui a enseigné qu’à la falsifier et la trahir.

    Quant à sa vie privée, elle ressemble à un vaudeville et amuse plus qu’elle ne choque, en ridiculisant un peu plus l’homme dans sa fonction. Affligeante, c’est le seul qualificatif qui convient. On pensait que la présidence de la République avait touché le fond avec Sarkozy mais, restée dans la presse people, elle est simplement passée de Match à Closer.

    U Mustacciutu

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  • Nous venons de relire un texte d’Henri Maler[1]  « Eloge de la Rébellion » paru dans la revue « Les temps modernes » en 1996. Notre lecture personnelle nous a librement inspiré les propos  qui vont suivre…

    D’abord, nous reprenons une citation du poète lumineux René Char, mis en exergue de l’article relu : « Ce qui suscita notre révolte, notre horreur,  se trouve à nouveau là, réparti, intact et subordonné, prêt à l’attaque, à la mort. Seule la forme de la riposte restera à découvrir ainsi que les motifs lumineux qui la vêtiront de couleurs impulsives ».

    Notre révolte doit être permanente car les utopies d’aujourd’hui peuvent être les réalités de demain et il faut réinventer notre révolte pour ne pas succomber, depuis que l’histoire ne s’ordonne plus autour du fil conducteur de la lutte des classes, depuis que la géographie ne partage plus les oppresseurs et les opprimés. Notre réalité serait devenue complexe et nous échappe. Autour de cette complexité s’affairent des généralistes et des spécialistes auxquels se référent les politiques qui métissent les options. Mixtures et bigarrures seraient notre lot. Les reformes ne sont plus que l’alternance de médecines douces et de traitements de choc. La politique et la diplomatie sont mises au service de l’Economie. Les experts financiers du FMI justifient la misère et l’humiliation à coups de statistiques avec la complicité de gouvernements dociles. La politique, l’économie et le militaire ont leurs légions d’experts, de technocrates, de courtiers, de courtisans et de gouvernants VIP… tous adeptes d’une seule religion : l’argent.

    La constitution de la Cinquième république a conduit la société française à la seule alternative entre oui et non, entre le pour et le contre. Un choix dangereusement simplifié qui partage la France en deux. A chacun sa version du partage, telle est l’éthique minimale de la démocratie. Ce n’est qu’une illusion car il n’existe plus qu’un seul parti : celui de la complexité.

    Lorsque le parti de la complexité consent à agir, il se confond aisément avec le parti de la diplomatie et de l’énarchie, celui de la gestion de l’état de fait et du moindre mal. Les rouages se succèdent mais restent des rouages au service de la grande Finance.  Le système est bien huilé. A la gestion à courte vue, les espérances de l’utopie à longue durée ne sont-elles pas préférables ? La résistance au présent sinistré pointe en direction d’un avenir libéré. Il faut défaire ce qui apparaît comme une fatalité et changer l’ordre social lorsqu’il n’est pas subordonné à la justice sociale.

    Notre président normal n’est qu’un rouage du libéralisme économique, un professionnel de la suture qui avait promis la rupture. Il est un moraliste de la normalité et de la connivence qui badigeonne les valeurs de la Gauche pour les décolorer. Il est un philosophe de la politique, garant de notre normalité, qui veut nous faire croire que le statu quo deviendra respirable si l’on amende ses justifications. Selon lui, la radicalité devrait s’effacer devant la compétence et abdiquer au bénéfice de progrès insensibles comme l’inversion de la courbe du chômage. Il veut ménager pour aménager en réduisant l’action politique à l’impuissance face à la machinerie libérale de la domination. Il devrait lire plus attentivement par exemple Foucault lorsque ce dernier dit une réalité historique : « Les transformations réelles et profondes naissent des critiques radicales, des refus qui s’affirment et des voix qui ne cassent pas ».

    Notre président s’est cassé la voix. Il est inaudible à gauche. Il n’a ni visée, ni méthode. Il veut traiter  les symptômes de la crise par des réformettes octroyées, sans éradiquer les causes. Il prend d’une main et donne de l’autre mais sa main gauche reste malhabile. Il est droitier, n’en doutons plus. Il veut être jugé sur des résultats en oubliant que la Gauche n’est jugée que sur les combats qu’elle mène. Il entretient la démobilisation sociale. Il considère aujourd’hui comme utopie le réalisme de la gauche dont il se prévalait hier. Pourtant la radicalité est moins impuissante qu’il ne le prône contre le Front de gauche. Il suffit de comparer les transformations sociales qu’elle a favorisées et les reculs sociaux  qu’elle a permis de contenir, aux effets d’une technocratie qui ne cesse de privilégier l’urgence des solutions qu’elle assène au détriment de celle des besoins sociaux restés à satisfaire.

    La gauche a besoin de sortir des castings du PS qui produit des acteurs nourris par les préceptes économiques de la droite. François Hollande a fait sa sortie du placard à l’occasion des vœux présidentiels. Il n’est plus le candidat élu mais lui-même, c’est-à-dire celui qui abandonne les valeurs de gauche pour celles conservatrices du libéralisme économique de la droite.

    Nous n’allons pas ici reparler des derniers rebondissements du vaudeville élyséen qui se joue actuellement et qui tournerait même au polar corse. Nous ne pouvons que regretter qu’un homme politique soit parvenu au plus haut niveau de l’Etat sur des tromperies. Jospin, en son temps, avait fait perdre lamentablement la gauche en reniant le socialisme. Hollande est en train de faire le lit à la droite et l’extrême-droite. Le Front de gauche est entré dans l’opposition dès le lendemain des élections. Il reste la seule alternative à une politique libérale et propose le passage à la Sixième République.

    Le changement n’a pas eu lieu. Il ne peut intervenir qu’après une réforme constitutionnelle et le renouvellement des partis politiques pour sortir d’une alternance du « Même ». Les contrastes imaginaires du bipartisme et les noces consensuelles ne sont pas une fatalité et, même s’il en était une, il faut lutter.  Nous avons commencé avec René Char, nous terminerons avec lui : « Juxtapose à la fatalité la résistance à la fatalité. Tu connaîtras d'étranges hauteurs ». (Extrait de Fureur et mystère, 1948).

    Il faut de tout pour faire un monde mais rien n’empêche de préférer les détecteurs de catastrophes et les prospecteurs d’utopie, aux responsables efficaces et aux fondateurs prolixes, aux historiens notariés et aux commentateurs patentés, aux rebouteux diplômés et aux représentants attitrés. Rien n’empêche de préférer le Front de gauche au parti de la complexité. Rien n’empêche de préférer le Front de gauche, seule alternative au système huilé, aux rouages d’une machine qui fabrique des électeurs d’extrême-droite et des abstentionnistes désenchantés.

    Pidone



    [1] Henri Maler est maître de conférences en science politique à l'Université Paris VIII. Il est également fondateur et animateur de l'association Acrimed depuis début 1996. Vous pouvez lire son  texte orignal « L’éloge de la Rébellion » à l’adresse ci-dessous :

     http://www.homme-moderne.org/societe/philo/hmaler/textes/rebellion.html

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  • La liberté d'opinion et d'expression est l'une des premières libertés politiques et plus généralement des libertés fondamentales. On connaît la formule : « La liberté des uns s’arrête où commence la liberté des autres ». Les autres ont aussi des droits fondamentaux et le respect de la personne implique une limitation de la liberté d’expression. Cette liberté existe sous réserve d'en répondre devant les tribunaux en cas de diffamation ou calomnie... Existent donc aussi les restrictions imposées à la notion de liberté d'expression pour toute parole publique, comme pour l'incitation à la haine et au meurtre. Sans entrer dans une argumentation juridique que nous laissons aux experts, l’affaire Dieudonné illustre bien la limite à ne pas franchir et, en vertu de laquelle Dieudonné a été déjà condamné neuf fois. Il s’agit donc d’un multirécidiviste qui s’est soustrait aux condamnations financières et agit en toute impunité depuis des années. Il utilise la liberté d’expression en franchissant ses limites et en incitant obsessionnellement à la haine contre les Juifs. Par son incivisme et son comportement délictuel, il aura provoqué la censure de son spectacle et la remise en cause de la liberté d’expression. Comme dans le passé, il va rentabiliser sa victimisation en vendant cher son DVD. La question reste : où va son argent ?

    D’aucuns comparent les propos de Dieudonné à ceux de Geluck, de Desproges, de Guy Bedos et du journal Charly l’Hebdo.  La comparaison est caricaturale car seul Dieudonné s’affiche publiquement et constamment comme antisémite et négationniste. Sur le site de FranceTv Info, François Jost (professeur à l'université Sorbonne Nouvelle-Paris 3 et directeur de la revue Télévision) l’explique : Mais ce qui compte, ce n’est pas seulement ce qui est dit, c'est aussi ce que l'on connaît de l’énonciateur et du contexte dans lequel il parle. Or Dieudonné a proféré plusieurs fois des attaques antisémites, dans des contextes tout à fait sérieux, comme à l'encontre de Patrick Cohen, en évoquant les chambres à gaz. Il a également invité Alain Soral sur scène, alors que ce dernier n'est pas un showman. Tous ces propos attestent qu’il pense vraiment ce qu’il dit et que ce n’est pas "pour rire".

    Le journal Charlie l’Hebdo a répondu à « un certain nombre d’abrutis qui, sur France Inter notamment, n’ont pas hésité à comparer le cas Dieudonné avec celui de Charlie Hebdo. Dieudonné est poursuivi lorsqu’il tient des propos antisémites, pourquoi Charlien’est-il pas poursuivi lorsqu’il met en scène les symboles de l’islam et des musulmans de manière caricaturale? D’abord, Charlie Hebdoest régulièrement poursuivi par l’extrême droite catholique et l’extrême droite musulmane. Le fait est que notre journal n’est jamais condamné pour racisme lorsqu’il se moque de quelques adeptes d’une religion. Pourquoi? Parce que, pour la millième fois, insulter une prétendue race n’est pas la même chose que de se moquer des aspects d’une religion. Critiquer un courant de pensée, ce n’est pas du racisme. Critiquer Marx et se moquer des communistes, ce n’est pas du racisme anticommuniste. Critiquer Descartes et se moquer des cartésiens, ce n’est pas du racisme anticartésien. Insulter les Juifs parce qu’ils sont Juifs ne revient pas au même que de se moquer de la manière dont certains juifs pratiquent la religion juive. Hélas pour les mal-comprenants, il n’y a qu’un mot pour désigner celui qui se déclare issu du peuple juif et celui qui pratique la religion juive… Il y a Juif et juif. Notez qu’on met une majuscule au «Juif» du peuple juif ». Nous citons ce passage d’un article publié par cet hebdomadaire satyrique qui fait la distinction entre critique satyrique d’un courant de pensée et racisme. Les diatribes de Dieudonné n’ont rien à voir avec la ligne éditoriale de Charly l’hebdo. Il s’agit bien chez lui d’antisémitisme, de haine du Juif sous couvert d’antisionisme. Il va même jusqu’à des allusions négationnistes suffisamment explicites pour tous et condamnables.

    Toutefois sa « quenelle gammée » aura lancé un débat sur la liberté d’expression et permet de rappeler ses limites démocratiques sans lesquelles l’Histoire ne servirait à rien et ne nous enseignerait aucune sagesse puisque des génocides pourraient être niés et la haine se propager à nouveau. Dieudonné et le diable vous le rendra !  Il ne faut surtout pas retomber dans l’angélisme du slogan « il est interdit d’interdire » pour laisser libre cours au racisme dont l’antisémitisme n’est qu’une spécificité rendue tragiquement particulière par la Shoah. Nous savons où a conduit l’antisémitisme en 1939 et de quoi il est capable. La question n’est pas « Peut-on encore rire de tout » mais doit-on rire de tout ?  On peut rire de tout mais il ne faut pas le faire. C’est sans doute ce que chacun devrait se dire. C’est une clause de conscience. Tous les grands humoristes se la posent sans doute, même ceux qui pensent que l’on peut rire de tout. Seuls les propagandistes comme Dieudonné l’ignorent volontairement. Il faut la rigueur de la loi contre ceux qui se servent du rire pour répandre la haine. Toutefois, lorsque cette rigueur s’applique conformément à l’esprit de la loi, elle n’a pas besoin de se transformer en censure, c’est-à-dire en interdiction préventive.

    L’affaire Dieudonné, si nous déplorons la publicité qui lui a été offerte, est l’occasion de lire ou de relire le portrait de l’antisémite publié par Jean-Paul Sartre dans la revue des « Temps modernes », article repris dans « Réflexions sur la question juive », un petit opus didactique et pédagogique. Il ne faudrait pas retomber dans les cinq ans des années 1939 à 1945 avec sa campagne antisémite et le sort réservé au Juifs, raflés, poursuivis, déportés, exterminés et ignorés. Si nous laissons à nouveau le venin antisémite inoculé par un pseudo-humoriste proche de l’extrême-droite se répandre, l’Histoire ne nous aura rien enseigné. Veut-on à nouveau accepter que les Juifs deviennent « autres » exclus de la communauté nationale ? On ne fait pas ce que l’on veut et pourtant on est responsable de ce que l’on est. C’est en ce sens que nous sommes condamnés à la liberté. Nous sommes responsables de nos choix. « Rire des propos antisémites haineux » illustre un choix condamnable car le rire est alors une forme d’acquiescement. On ne peut pas interdire le rire mais on peut condamner les propos antisémites et plus généralement ceux qui incitent à la haine raciale. En public, on ne peut pas faire rire de tout. Certes, tous ceux qui sont nés après 1945 ne sont pas individuellement responsables de la Shoah. Il s’agit d’une responsabilité collective à ne pas reproduire. De la même manière, les Juifs ne sont pas individuellement responsables de la politique menée par l’Etat israélien contre les Palestiniens. L’antisionisme ne doit pas être une forme masquée de l’antisémitisme.

    Le 9 janvier, un chroniqueur estampillé Canal +, Pierre-Emmanuel Barré, s'est fendu d'une chronique humoristique sur notre île, dont voici le lien: http://www.canalplus.fr/c-infos-documentaires/pid6591-c-barre.html?vid=999507. Est-ce de l'humour ou du racsisme?

    Le racisme prend souvent une forme rampante et des personnalités qui s’élèvent aujourd’hui contre Dieudonné pourraient se voir rappeler quelques unes de leurs déclarations (sans humour) envers notamment les Roms ou bien encore les Corses. N’est-ce pas Monsieur Manuel Valls ? N’est-ce pas Monsieur Christophe Barbier ? Non, messieurs les moralistes d’aujourd’hui, les Corses ne sont ni culturellement ni cultuellement violents, pas plus qu’ils ne sont tous fainéants. Ils ne sont pas les complices ataviques et  muets des assassinats et de la mafia. Si nous n’avons aucun moyen d’interdire les discours anticorses, nous sommes étonnés que de tels propos n’aient pas été publiquement condamnés par l’ensemble de la presse française et tous les politiques prompts à dénoncer l’antisémitisme. Par ailleurs nous aimerions que tous ceux qui condamnent le négationnisme en ce qui concerne la Shoah en fassent de même pour tous les négationnismes comme celui qui nie le génocide de 1915 avec ses 1500000 morts arméniens ou plus proches de nous les génocides cambodgien et rwandais.

    La liberté d’expression reste une liberté fondamentale et nous sommes heureux d’en user sans en abuser. Elle ne peut devenir une arme de la haine, destructrice de la démocratie, entre les mains de ceux qui, dans leur généalogie historique et politique, ont toujours voulu la supprimer. La haine n’a jamais été le fondement de la tolérance. Doit-on  laisser un antisémite multirécidiviste et provocateur insulter impunément le Juif et narguer  des hommes au nom des droits de l’homme ? L’interdiction de son one man show affligeant ne remet pas en cause la liberté d’opinion et d’expression dont les limites sont déjà fixées par la loi. Nous pensons qu’il fallait agir mais cela aurait pu être fait depuis longtemps, ce qui aurait évité le spectacle médiatique actuel et l’usage de la censure en établissant une jurisprudence administrative qui pourrait s’avérer liberticide. Par ailleurs, un recours devant la Cour européenne pourrait se retourner contre Manuel Valls et coûter cher à l’Etat français, ce qui serait une victoire pour un délinquant récidiviste qui aurait organisé son insolvabilité depuis longtemps sans que la Justice et le Fisc ne lui demandent des comptes.

    Battone

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  • Dans sa directive de ce 6 janvier 2014 adressée aux préfets à propos de Monsieur Dieudonné, Monsieur Manuel Valls, ministre de l’Intérieur et des cultes, donne pour instruction de « susciter, proposer ou valoriser des initiatives de sensibilisation et de pédagogie préventives contre les comportements racistes, antisémites, antimusulmans ou intolérants ».

    Son oubli des actes antichrétiens ne fera qu’alimenter la xénophobie et la théorie du racisme anti-blanc qui la justifie. Il faudra qu’il apprenne à prendre des décisions à portée générale en tenant compte de toutes les religions et de toutes les origines présentes sur le territoire national, même si les discriminations et l’intolérance touchent certains plus que d’autres. Les actes politiques ne doivent être porteurs d’aucune discrimination  pour éviter de dresser les uns contre les autres.

    Si Manuel Valls fustige Dieudonné, il s’accommode de l’humour d’un Serge Dassault, maire invalidée pour fraude électorale, fabricant et  marchand d’armes qui considère le modèle chinois comme un paradis fait de dictature et de libéralisme économique. Le Ministre de l’Intérieur avait inauguré, fin 2012, une foire de Corbeille-Essonne, le fief des Dassault. Lors des déclarations faites par chacun, Serge Dassault déclarait : « Je veux dire un mot à Manuel. Pour moi, pour nous, la sécurité n’est ni de gauche ni de droite. Et je dois vous dire que nous sommes très heureux de son action».  «C’est pour ça qu’il a l’appui d’un journal bien connu», a poursuivi le sénateur UMP, provoquant le rire embarrassé du ministre socialiste. Il s’agit bien entendu du Figaro dans lequel Dassault, propriétaire, tient un éditorial. «Mais, s’il fait des bêtises, on en reparle. Actuellement, c’est très bien. Pour les Roms et tous les autres, c’est formidable. Donc bravo Manuel et continue !» a-t-il conclu en patron de presse devant une assistance hilare.

    Ces connivences affichées alimentent le sentiment de collusion des « élites ». Le Sénat l’a encore illustré en refusant la levée d’immunité du même Serge Dassault, toujours sénateur UMP. Le vote a été secret et anonyme. Bravo pour la transparence ! La  droite a voté contre la levée de l’immunité mais il lui  a fallu deux votes à gauche. Parmi les sénateurs PS, EELV et Parti radical, aucun n’a reconnu avoir voté contre la levée d’immunité. Quel courage ! Dans une tribune publiée le 2 janvier par son journal, Le Figaro, le milliardaire Serge Dassault présente ses vœux pour 2014. Ils prennent des allures d'encouragements, à peine critiques, à destination des socialistes, pour la politique économique néolibérale qu'ils conduisent. Curieux ? Non ! On chuchote que les deux traitres seraient au PS. Si cela est vrai, avaient-ils des consignes ? Pour couper court la suspicion, un vote à main levée serait souhaitable pour éviter les votes honteux. Drôle de démocratie dans laquelle des sénateurs élus par des grands électeurs sont au dessus des lois et où un Conseil constitutionnel retoque celles votées par l’Assemblée nationale. Ces deux corps constitués sont malades d’une déformation de naissance. Ils n’ont aucune véritable légitimité car leurs membres doivent leurs sièges à un système de nominations partisanes pour des fonctions conservatrices. L’immunité des sénateurs n’a aucune raison d’être car ils ne sont pas élus au suffrage direct. Nul n’ignore que des nominations peuvent être faites pour échapper à la justice.

    Tout cela passe presqu’inaperçu, caché derrière une quenelle condamnable certes mais il fallait le faire depuis longtemps et  sans cette publicité tapageuse qui couvre toutes les autres informations. Elle ne date pas d’hier et le nombre de condamnations prononcées contre Dieudonné l’illustre. Pourquoi avoir attendu tout ce temps pour s’intéresser à la façon dont il aurait organisé son insolvabilité pour ne s’acquitter d’aucune amende et d’aucun impôt ? On peut penser que la quenelle est tombée toute cuite au retour de François Hollande qui a fait une visite officielle et très amicale en Israël. Il est évident que Dieudonné dessert  la cause palestinienne en faisant, sous couvert de l’antisionisme, de l’antisémitisme. Sa quenelle est nauséabonde mais son instrumentalisation d’où qu’elle vienne est encore une fois le jeu cynique de certains politiciens.

    Lors d’un déplacement dans le quartier du Gros Saule, lundi 6 janvier 2014, Manuel Valls s’est fait interpeller par un habitant plein de bon sens qui lui a dit : « La prochaine fois, ça serait bien de venir aussi avec le ministre de l’Emploi, Michel Sapin. [Les ministres], on les voit super actifs sur BFM-TV, mais en ce moment on a du mal à les voir sur le terrain. Parce qu’en ce moment on vous voit beaucoup avec cette affaire de quenelle... Ramenez-nous de l’emploi. Je pense que le problème des Français, il est un peu plus grave qu’une histoire de quenelle ou de visite d’un quartier soi-disant 'insécurisé'. Nous, ce qu’on veut, les habitants du quartier, c’est qu’on vous a élu certes par rapport à l’insécurité, mais on a surtout élu un Président pour l’emploi. C’est le vrai problème ».

    Décidément Manuel Valls est un ministre d’une fabrique de courroies pour fabriquer des martinets et des ceintures. Braves gens, la police réprime et vous vous serrez la ceinture !  En attendant bouffez-vous de la quenelle comme plat unique servi au menu de  tous les journaux ! Pour Pierre Dac et Francis Blanche, « la quenelle est le poisson le plus mal connu de la faune maritime ». Ces humoristes ne provoquaient pas des rires de veaux comme la quenelle de Dieudonné. Sa quenelle nous casse les valseuses…. Des quenelles dans son genre, on commence à en avoir plein l'cul. Vous comprenez, des quenelles, vous savez c'que c'est, des quenelles… Une quenelle, c’est comme un boudin, quelque chose de mou, de très mou (adaptation d'une réplique dans le film "Les valseuses"). La quenelle accompagne souvent des ris de veau. Manuel Valls ne va pas nous faire tourner autour comme des derviches encore longtemps. Il faudra revenir au chômage indigeste et à la justice sociale qui est notre plat de résistance.

    Pidone

    Manuel Valls interpellé à Aulnay : "Ce serait bien de venir aussi avec le ministre de l'emploi" par Gentside

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  • Les traumatisés de la quenelle sont déjà nombreux : gluante dans sa sauce fluo à la cantine de l’école, elle est souvent maltraitée dans la restauration collective ! Voilà que Dieudonné en a fait un sujet de polémique en se gardant bien d’en donner sa vraie recette médiatique.  Il s’agirait d’un geste à la fois antisystème et antisioniste, une sorte de bras d’honneur si on en croit un de ses commentaires sur le sujet lorsqu’il a dévoilé son intention : « glisser une quenelle dans le fond du fion du sionisme ». Est-ce un salut nazi inversé ou pas? l’ambiguïté est entretenue par les dérives antisémites de l’humoriste et sa proximité avec l’extrême-droite. Pour autant est-il le seul responsable de la montée des idées xénophobes de cette extrême-droite ? Assurément pas même si sa quenelle est devenue un sport répandu parce que le racisme et la xénophobie progressent jusque dans les milieux sportifs. Non seulement le racisme progresse mais il s’affiche de plus en plus ouvertement. Que faut-il faire pour inverser cette tendance nauséabonde ? D’abord, c’est une évidence : sortir de la crise et du chômage. Ensuite ne plus propager un sentiment d’insécurité en désignant des boucs émissaires. Enfin il reste un travail constant d’information auprès des jeunes pour éviter qu’ils perpétuent la haine inoculée par des parents comme ceux de cette fillette qui a offert une banane à Christiane Taubira.  Cette banane reprise par le journal d’extrême-droite « Minute » ne vaut pas mieux que la quenelle,  plat de résistance de Dieudonné. Que dirait-il si une gamine lui offrait une banane comme dessert ?  

    Des millions de gens ont pratiqué le salut nazi en Allemagne et ailleurs. D’autres singent Dieudonné qui devrait se sentir visé par la banane de la honte. Tout cela est bête et méchant. Faut-il interdire la quenelle et la banane ? Certainement pas dans nos menus. Par contre il faut dénoncer le racisme rampant et l’antisémitisme si proche de l’idéologie nazie.

    Les propos tenus par Dieudonné sur le journaliste Patrick Cohen et ses multiples condamnations pour propos antisémites ne plaident pas en la faveur d’une quenelle sans arrière-pensée antisémite. Au théâtre de la Main d’or, ce triste humoriste a dit « « Moi, tu vois, quand je l'entends parler, Patrick Cohen, j'me dis, tu vois, les chambres à gaz… Dommage » : une ellipse qui ne laisse aucun doute sur le caractère antisémite du propos.

    Il peut expliquer qu’il est antisioniste, antisystème et que sa quenelle est un bras d’honneur, mais, derrière la grossièreté du geste, on trouve la haine. Ce n’est même pas de l’humour noir, c’est de la propagande haineuse à l’attention d’une clientèle en majorité raciste et xénophobe. C’est un humour agressif, négationniste et malveillant. Il est à craindre qu’une interdiction administrative prônée par le Ministre de l’Intérieur se termine par son annulation devant un tribunal et soit l’occasion d’une nouvelle tribune pour ce camelot de l’humour qui a trouvé son fond de commerce en se faisant de la promotion gratuite grâce à des provocations. Faut-il prendre le risque de victimiser un provocateur et de lui faire de la publicité ? Si l’intention du Ministre de l’Intérieur paraît hasardeuse, il existe en revanche des lois réprimant les propos racistes et antisémites. Elles doivent être appliquées dans toute leur rigueur.  Dans le cas où Dieudonné ne réglerait pas les amendes, ses cachets pourraient faire l’objet de saisies. Il paraît que l’argent n’a pas d’odeur.

    Fucone

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